Bigbonn Psycho-cop


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Posté le: Jeu Déc 22, 2011 8:48 pm Sujet du message: [M][Critique] Negative Happy Chainsaw Edge |
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Negative Happy Chainsaw Edge – Negatibu happî chênsô ejji (ce titre "original" me parait être une traduction littérale de l’anglais ou même une adaptation phonétique, c’est celui trouvé sur imdb. N’étant pas "japonophone", je ne saurais dire s’il est le bon).
Japon - 2007
Genre : fantastique, chambara
Réalisation : Takuji Kitamura.
Avec : Hayato Ichihara, Megumi Seki, Terutaka Hasegawa, Itsuji Itao, Yôsuke Asari, Aya Kiguchi, Maho Nonami, Yamamoto Kéogaraj.
Yosuke est un lycéen médiocre et mélancolique, qui promène son spleen d’un lieu à l’autre, épiçant cette vie médiocre de petits larcins, comme un vol de barquette de viande dans une supérette. Traînant sans but dans une vie sans relief, il tombe un soir sur la belle Eri, qui semble attendre quelque chose ou quelqu’un. Tandis qu’il essaie vainement d’engager la conversation avec elle, des flocons de neige se mettent à tomber du ciel, rapidement suivis par un fou furieux drapé de noir et armé d’une tronçonneuse, venu tout droit de l’énorme pleine lune nimbant la nuit de sa clarté intense. S’engage alors un combat étrange entre la frêle Eri, qui se révèle capable de s’élever dans les airs et de résister vaillamment, et le gros monstre à l’engin vrombissant. D’une façon surprenante, ce dernier ne prend pas le dessus mais disparaît peu après comme il était venu, la lutte étant en quelque sorte interrompue plutôt que terminée. Etrange.

Yosuke, dont la vie terne et molle est encore plus vide depuis que son ami Noto s’est tué dans un accident de moto, s’accroche à Eri, promesse d’évènements sortant de l’ordinaire, et se dit même prêt à mourir pour elle, dans un serment à la fois romantique et chevaleresque, mais aussi de façon moins noble avec, en toile de fond, une vieille rivalité posthume avec Noto, l’idée de le rejoindre en accomplissant quelque chose que lui n’aura pu faire : mourir pour une fille.
De soir en soir, les retrouvailles de Yosuke et d’Eri leur permettent de nouer des liens, d’abord ténus puis plus affirmés, sans que Yosuke passe le cap de la relation amicale pour aller vers une complicité amoureuse à laquelle Eri l’invite pourtant à demi-mots. Mais Yosuke est plutôt lâche, fuyant en général devant la réalité, alors qu’il est toujours prêt à foncer vers ce qui la dépasse, c’est-à-dire ces rencontres mouvementées avec le sadique à la tronçonneuse, dont la puissance semble pourtant s’affaiblir, ce qui permet de rester sur un statu quo et de ne jamais trouver de vainqueur ni de vaincu dans ses affrontements avec Eri.
L’amour qui naît entre les deux lycéens et devrait logiquement les unir est soudain remis en cause par le déménagement prévu de Yosuke pour Sapporo et, tandis qu’Eri est touchée au cœur par cette rupture prochaine de leur relation, le tronçonneur reprend de la force et de la vigueur, grandissant au point de devenir plus grand qu’un géant et de plus en plus dangereux pour la jeune fille.

Tiré d’un manga de Tatsuhiko Takimoto, ce Negative Happy Chainsaw Edge loupe un peu toutes les promesses de son titre et de son histoire. Si le personnage du monstre à la tronçonneuse peut paraître impressionnant lors de son surgissement premier depuis le ciel, sa force relative et ses capacités de destruction finalement peu élevées le rendent trop inoffensif pour rendre passionnantes ses apparitions récurrentes. Elles se font d’ailleurs de plus en plus succinctes, presque anecdotiques, au profit de la romance entre les deux héros, ce qui est d’ailleurs justifié par le scénario mais un peu frustrant pour qui s’attendait à quelques éclairs gores. Pendant toute une partie du métrage, le tronçonneur ne fait plus que des passages éclairs et les combats deviennent elliptiques, au point de se réduire à une pose ou deux, un vrombissement, un échange de coups et basta. Trop peu pour celui qui voudrait un peu plus de brutalité dans ce monde de tendres...

La relation entre Yosuke et Eri, de son côté, reste décidément trop sage et surtout trop longue à se constituer, ne dépassant pas les clichés d’un sentimentalisme gentillet, même si l’idée de les réunir par petites touches complices n’était pas mauvaise en soi. Les petites rivalités amicales entre Yosuke et Noto, se révélant par un flash-back aux couleurs jaunes pisseuses ou une séquence onirique de course à moto défiant la mort, ne sont pas forcément non plus très crédibles et, surtout, n’apportent pas grand-chose au personnage de Yosuke, jamais très attachant. Les relations avec son colocataire Watanabe, un type qui se voit artiste mais se cherche sans se trouver, restent elles aussi au ras du bitume et de l’adolescence finissante, légèrement amères mais surtout très vaines et quasi inutiles au bon déroulement de l’intrigue.
Restent de belles images, présentant les jaillissements du monstre dans des lieux très cinégéniques, comme une piscine olympique aux plongeoirs impressionnants, un parc d’attraction aux lumières multiples, un centre aquatique aux aquariums géants, etc. Mais, si ces endroits servant de théâtres aux combats entre la belle et la bête se révèlent très esthétiques, on a aussi fortement l’impression qu’ils ne sont là que pour leur beauté visuelle plutôt que pour servir l’histoire. Bel écrin, donc, mais pour quoi faire ? On sait que Yosuke veut fuir la réalité, qu’Eri est dans les mêmes dispositions d’esprit, qu’ils se rejoignent dans une espèce de no man’s land au-delà du réel, leur offrant la possibilité de se confronter au danger et à la mort, mais tout cela est quand même trop artificiel pour véritablement captiver.

Peut-être suis-je trop vieux pour apprécier un film qui tient plus, à mon avis, du produit ciblant un public adolescent encore sensible aux premiers émois amoureux de deux êtres auxquels il peut facilement s’identifier, tout en frémissant devant l’incarnation monstrueuse d’une menace générée par la mélancolie et l’angoisse existentielle, que du film mixant de façon réussie un archétype de l’horreur cinématographique (le psychopathe à la tronçonneuse) et l’histoire d’amour se construisant petit à petit. La beauté de séquences souvent proches du rêve (comme celle où la neige tombe à l’intérieur de la piscine, par exemple), ou même de certains chambaras, pour les combats notamment, qui s'y réfèrent clairement, ne suffit pas à satisfaire la rétine. Negative Happy Chainsaw Edge est en plus un film trop long et décidément trop décevant par ses promesses non tenues.
Dernière édition par Bigbonn le Jeu Déc 22, 2011 9:32 pm; édité 1 fois |
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Bigbonn Psycho-cop


Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Jeu Déc 22, 2011 9:17 pm Sujet du message: |
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Negative Happy Chainsaw Edge
Région : Zone 2
Editeur : WE Productions
Nombre de disques : 1
Origine : Japon - 2007
Sortie DVD : février 2010
Durée : 109 minutes.
Format vidéo : 1.85 – 16/9 compatible 4/3
Langues : français ou japonais.
Sous-titres : français.

Très belle image et son impeccable pour ce film et heureusement, puisque il ne date que de 2007 et n’a donc pas eu à subir les outrages du temps. Tout comme Battlefield Baseball et Le bahut des tordus, Negative Happy Chainsaw Edge est vendu dans un boitier métal et dans la "Mad Asia Collection". Côté bonus, rien, ou presque, l’éditeur se contentant d’une bande-annonce et d’un spot TV japonais du film. Autant dire que ce n’est pas là qu’il faudra trouver son bonheur et comme le film lui-même n’est pas une franche réussite...
"Une love story sur fond de tronçonneuse !", nous dit l’accroche signée Variety. "C’est énorme !", rajoute Twitch, tandis que le dos de couverture nous annonce "un mélange unique de film d’horreur et de romance, doté de scènes d’action à couper le souffle"... Bon, autant le dire tout net : si le monstre à la tronçonneuse jaillit dans des endroits souvent improbables et toujours après quelques flocons de neige, il n’y a pas d’horreur dans ce film. Il a beau faire vrombir sa machine, jamais il ne fait couler le sang (à mon grand désarroi)... Quant à la romance, elle est trop longue à se mettre en place, tout en étant toujours prévisible. Bref, un film bien réalisé, dans un joli boitier dvd, mais un film sans intérêt, dont on peut très bien se passer.
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