flint Super héros Toxic


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Posté le: Sam Fév 11, 2012 12:13 pm Sujet du message: [M] [Critique] La Martienne diabolique |
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La Martienne diabolique
Titre original : Devil Girl from Mars
Genre : Science-fiction
Année : 1954
Pays d’origine : Royaume-Uni
Réalisateur : David MacDonald
Casting : Patricia Laffan, Hugh McDermott, Hazel Court, Peter Reynolds, Adrienne Cori, Joseph Tomelty, John Laurie…
Aka : La diabla de Marte
Dans le Comté d’Inverness, situé en plein cœur des Highlands, en Ecosse, se trouve l’auberge de Bonnie Charlie. L’établissement est tenu par les Jamieson, un couple assez âgé qui garde en pension son petit neveu Tommy. Durant la saison d’hiver, comme c’est actuellement le cas, les touristes sont peu nombreux. Toutefois, un concours de circonstances va entraîner un afflux inhabituel de voyageurs en cette période de l’année. En premier lieu, l’annonce de la chute d’un météore dans la région provoque la venue d’un astrophysicien, le professeur Arnold Hennessey. Le scientifique, accompagné en voiture par un journaliste correspondant au Daily Messenger, Michael Carter, n’aurait jamais dû se rendre jusqu’à l’auberge. Mais les deux hommes s’étant perdus dans l’immensité de la lande, le sort en a décidé autrement. Ensuite, c’est Robert Justin, un détenu en cavale fraîchement évadé, qui vient trouver refuge au Bonnie Charlie. Là, ce n’est pas le fruit du hasard, dans la mesure où le fugitif espère trouver de l’aide en la personne de son amie Doris, employée chez les Jamieson. En fait, la seule cliente effective de l’établissement s’appelle Ellen Prestwick, un mannequin londonien en exil volontaire après une déception amoureuse. Ajoutons enfin David, un homme contrefait également employé par les propriétaires de l’auberge, et la liste des protagonistes est à présent complète.
Du moins jusqu’à ce qu’un bruit étourdissant ne se fasse entendre dans le ciel. L’incroyable vient de se produire : une soucoupe volante atterrit à proximité de l’édifice ! Aussitôt, il s’avère que tous les moyens de communications sont bloqués ; le téléphone ne fonctionne plus, la voiture du professeur refuse de démarrer. Qui plus est, un champ de force empêche notre petit groupe de quitter les parages. Tous les occupants de l’auberge sont retenus prisonniers, et la responsable de ces événements finit par se manifester. Elle s’appelle Nyah, et vient de la planète Mars…
Le cinéma de science-fiction, au lendemain de la seconde guerre mondiale, fut dans l’ensemble le domaine de prédilection des Américains. Dans l’ensemble… mais pas uniquement. En pleine période de guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS, on trouve quelques exemples de films abordant la menace rouge (symbolisée par les Martiens) en provenance du Royaume-Uni. C’est le cas de ce « Devil Girl from Mars », réalisé par l’Ecossais David MacDonald, largement moins connu que ses homonymes Richard et Maurice, pionniers de la restauration rapide et responsables involontaires de la malbouffe dans la civilisation industrielle. David, lui, n’est pas porté sur la nourriture, mais sur les Martiennes tendance fétichiste. Vêtue de cuir noir de la tête au pied, Nyah ressemble en effet à une maîtresse SM adepte du bondage. Ce look n’est peut être pas anodin, finalement, puisque notre Martienne est venue sur Terre afin d’asservir les hommes.
Il se trouve que la planète rouge a connu une guerre des sexes dévastatrice, lors de l’émancipation des femmes, qui aboutit à la victoire des « amazones », et à la stérilité des hommes. Nyah a donc été désignée par ses consœurs pour se rendre sur Terre, trouver des hommes « sains », et les ramener sur Mars avant que la race ne s’éteigne.
Hautaine et méprisante, Nyah se targue auprès de nos pauvres Terriens de posséder une technologie largement supérieure à la leur, avec notamment ce vaisseau spatial auto-régénérant construit avec du métal organique ; sans oublier l’inquiétant Chani, robot-garde du corps à l’aspect hésitant entre le grille-pain et le rasoir électrique. N’empêche, elle a beau faire la maline, notre Martienne émule de Bettie Page, toute sa technologie ne l’a pas empêché d’atterrir dans le trou du cul de l’Ecosse, alors qu’elle devait initialement se rendre à Londres. Du coup, Nyah est un peu agacée, et pour passer ses nerfs elle désintègre le malheureux David qui n’avait rien demandé. Voilà, ça possède des armes qui congèlent, hypnotisent, emprisonnent ou désintègrent, et on s’en prend à un pauvre handicapé. Quelle salope cette Nyah, qui veut avant tout kidnapper un homme, un vrai, dans sa belle soucoupe ! Et il n’y aura aucune alternative pour les quelques mâles confinés dans l’auberge et possédant les attributs physiques adéquats. Elle veut l’un d’entre eux, et l’élu devra se plier à ses désirs (en gros, c’est Mars ou crève).
Voilà en résumé de quoi il retourne dans « La Martienne diabolique » (personnellement, j’aurais traduit le film par « La Martienne est une grosse salope », mais peut-être aurait-ce été moins vendeur). L’œuvre se résume à un huis-clos dans la dite auberge et ses proches alentours, avec des aller et retour incessants de Nyah depuis sa soucoupe jusqu’à l’établissement. Les scènes où on ne la voit pas sont clairement les moins intéressantes, puisqu’elles se focalisent alors sur divers psychodrames pas franchement passionnants, comme les états d’âme du fugitif, ses doutes quant à son avenir et sa relation avec Doris ; puis la passion qui naît entre le reporter et le mannequin ; et enfin la fugue du gosse qui inquiète tata et tonton Jamieson (à mon grand regret, le moutard ne sera pas désintégré ; mais fort heureusement on le voit peu dans le film).
Amusant mais très classique dans sa réalisation, « Devil Girl from Mars » n’évite pas, comme ses confrères d’outre atlantique, de verser dans la fibre patriotique dès lors qu’il s’agit, au moment du climax, de désigner l’homme qui devra se sacrifier en montant à bord de la soucoupe volante. Evidemment, chacun des mâles au sein du groupe se portera volontaire, histoire de montrer au spectateur que les rosbifs ne sont pas des mauviettes.
Dans l’ensemble, le film a indéniablement pris un coup de vieux, mais a conservé une patine kitsch très agréable, essentiellement due au look de la fameuse Nyah, interprétée avec talent par Patricia Laffan (« Quo Vadis »). On retrouvera également avec plaisir quelques visages familiers de la Hammer. Tout d’abord Hazel Court (qui incarne le mannequin londonien), vue dans « Frankenstein s’est échappé » et « L’homme qui faisait des miracles ». Mais c’est probablement dans certains des classiques de Roger Corman dans sa période Edgar Poe que l’actrice demeure inoubliable ; ainsi la verra-t-on successivement dans « L’enterré vivant », « Le Corbeau » et « Le masque de la mort rouge ».
Autre figure féminine de la Hammer : Adrienne Cori. Celle qui, ici, interprète Doris jouera elle aussi pour la firme britannique en plusieurs occasions, dans « La reine des vikings », « Alerte satellite 02 » et « Le cirque des vampires ». Autre point commun avec Hazel Court, Adrienne Cori croisera elle aussi Vincent Price dans une production de l’AIP, « Madhouse ».
Un point commun partagé également avec John Laurie (Mr Jamieson). Celui qui connut un début de carrière prometteuse, notamment dans « Les 39 Marches » et « Hamlet », se cantonnera progressivement à des seconds rôles durant la seconde partie de sa carrière. On a pu l’apercevoir dans « La femme reptile » et « L’abominable Dr Phibes ».
Si David MacDonald restera dans les annales du cinéma comme un metteur en scène secondaire, il aura pourtant connu son heure de gloire lors d’un exil aux Etats-Unis où, durant quelques années, il travailla pour Cecil B. De Mille en tant qu’assistant de production. A titre anecdotique, le responsable de la bande originale de « La Martienne diabolique », Edward Astley, était le beau-père de Pete Townshend, l’excellent guitariste des Who. En tant que compositeur, on doit à Astley la partition du « Fantôme de l’opéra » de Terence Fisher.
A présent, ce « Devil Girl from Mars » vaut-il le détour ? Oui, si vous êtes un nostalgique des séries B de science-fiction des années 50, du jeu académique des acteurs, des effets spéciaux cheap… Dans ce cas, cette œuvre saura vous redonner un peu de tonus. Car, et c’est bien connu : Un coup de barre ? Mars, et ça repart !
Fiche dvd –
La Martienne diabolique + Fusée pour la Lune – Bach Films
Région : Zone 2 PAL
Editeur : Bach Films
Pays : France
Sortie films : 27 avril 1955 aux Etats-Unis (mai 1954 au Royaume-Uni) pour « La Martienne diabolique », 15 novembre 1958 aux Etats-Unis pour « Fusée pour la Lune »
Sortie dvd : 26 décembre 2011
Durée : 77 mn X 2
Image : 1.33 – 4/3
Audio : Mono
Langue : anglais
Sous-titres : français (forcés)
Bonus : non
Commentaire : Bach Films poursuit sa collection SF des années 50/60 avec une fois encore deux titres issus du catalogue de l’éditeur espagnol L’Atelier 13. Nos voisins ibériques soignent leurs produits en proposant dans chaque dvd des bonus originaux plus un livret riche en informations et agréablement illustré. L’éditeur français se contente quant à lui de mettre un double-programme sur sa galette, avec un menu on ne peut plus rudimentaire. C’est basique, mais c’est moins cher : une quinzaine d’euros pour deux longs métrages chez Bach Films, contre environ vingt cinq euros pour un seul film chez L’Atelier 13.
Des cinq double-programmes sortis dans cette nouvelle fournée, celui-ci présente l’avantage de proposer deux titres complémentaires, non seulement par leur thème, mais également dans l’esprit. En effet, « La Martienne diabolique » et « Fusée pour la Lune » sont tous les deux des films à petit budget mais délicieusement kitsch. Ce dvd constitue, de ce fait, un achat conseillé pour toute personne qui souhaiterait découvrir (ou revoir) quelques fleurons de la science-fiction anglo-saxonne de cette époque. Qui plus est, les deux films sont proposés dans des copies convenables.
Note : 7/10

Dernière édition par flint le Dim Fév 12, 2012 9:58 am; édité 1 fois |
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