[M] [Critique] Le tueur de Boston

 
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flint
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MessagePosté le: Mar Avr 17, 2012 5:13 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Le tueur de Boston Répondre en citant



Le tueur de Boston

Titre original : The Strangler

Genre : Thriller, Psycho-Killer

Année : 1964

Pays d’origine : Etats-Unis

Réalisateur : Burt Topper

Casting : Victor Buono, David McLean, Davey Davison, Ellen Corby, Russ Bender, Wally Campo, Diane Sayer, Jeanne Bates…

Aka : The Boston Strangler/Le bambole del desiderio/El strangulador de mujeres



Elevé par une mère possessive et castratrice, Leo Kroll a grandi avec un double handicap. Un physique peu avenant à cause d’un problème d’obésité, et un complexe auprès des femmes, dû autant à son physique ingrat qu’à l’éducation tyrannique de sa mère, qui ne manque jamais une occasion de le rabaisser. A présent, cette femme acariâtre est contrainte à rester à l’hôpital. Elle n’en garde pas moins l’emprise sur son fils, qui continue de lui rendre visite régulièrement. Leo aimerait voir sa mère quitter ce monde, mais il ne peut pas la tuer. Alors, il étrangle des jeunes femmes par « procuration », toujours des infirmières. Lui-même travaille comme laborantin dans un hôpital. Fétichiste, Kroll collectionne des poupées qu’il gagne régulièrement dans un stand de jeu. Ce stand est tenu par deux jeunes femmes, dont une qu’il aime secrètement. Il voudrait bien lui avouer son amour, mais il y a sa mère, toujours sa mère… Il croit enfin qu’elle va pousser son dernier soupir, mais l’infirmière à son chevet recule encore l’échéance. Leo est furieux. Il se rend à son domicile, un soir, et l’étrangle. Une neuvième victime, autant dire que la police va devoir jouer serré pour mettre un terme à cette hécatombe…



« Le tueur de Boston » est inspiré d’un fait divers dans lequel un tueur en série, Albert de Salvo, étrangla treize femmes entre 1962 et 1964, à Boston. Ces crimes inspirèrent d’autres cinéastes, dont bien sûr Richard Fleischer avec « L’étrangleur de Boston » en 1968, Tony Curtis incarnant le tueur. Récemment, on a pu recenser deux nouvelles adaptions tournées pour la vidéo, l’une par Keith Walley en 2006, l’autre par Michael Feifer en 2008.
Si Tony Curtis était magistral dans le film de Fleischer, Victor Buono est quant à lui impérial dans la peau de Leo Kroll. A l’époque du tournage, l’acteur est loin d’être un inconnu, grâce à Robert Aldrich qui l’a fait jouer dans « Qu’est-il arrivé à Baby Jane » (1962) et « Quatre du Texas » (1963). En 1964, outre « The Strangler », Victor Buono joue dans « Les sept voleurs de Chicago » (Gordon Douglas) et « Chut, chut chère Charlotte » (Aldrich, encore). A cause de son physique atypique (il accuse 180 kilos sur la balance), l’acteur est cantonné à des rôles spécifiques. De plus, sa santé fragile empêche sa carrière de prendre un véritable essor. Ce qui ne l’empêchera pas de briller également à la télévision, incarnant des méchants hauts en couleurs, que ce soit en Roi Tut dans le serial « Batman », ou en comte Manzeppi dans « Les mystères de l’ouest », sans oublier le terrible Schubert de « L’homme de l’Atlantide ».
Pour en finir avec cet acteur remarquable qui décéda en 1982 d’une crise cardiaque à quarante trois ans, notons sa participation durant les années 1970 dans des films de série B sympathiques, comme « L’étrangleur de Vienne » (1971), « La colère de Dieu » (1972) et « Le couloir de la mort » (1978).



Par contre, on connaît beaucoup moins le réalisateur du « tueur de Boston », Burt Topper. Auteur de huit longs métrages entre 1958 et 1973, dont une majorité de films de guerre, Topper réalisa également un polar vitaminé intitulé « Les huit diaboliques ». Malgré une filmographie restreinte, Burt Topper peut se targuer d’être l’auteur d’un petit chef d’œuvre avec « The Strangler ». Le ton est donné dès la scène d’ouverture, qui voit la prochaine victime de Kroll se déshabiller dans sa chambre. L’image se reflète dans la pupille du tueur, accentuant la tension et mettant en avant le côté voyeuriste de Kroll, qui est un maniaque sexuel. La scène vue à travers le prisme de l’œil avait déjà été exploitée par Robert Siodmak dans « Deux mains, la nuit » (« The Spiral Staircase »), en 1945, comme le souligne Stéphane Bourgoin dans l’entretien figurant dans les bonus du dvd d’Artus films. Il n’en demeure pas moins que Topper parvient à créer tout de suite un climat, une ambiance trouble et malsaine qui ne faiblira pas un instant jusqu’à la fin du film. Le réalisateur a réussi à concilier parfaitement les deux axes principaux de son long métrage, le thriller avec un tueur en série inquiétant à souhait, et le polar avec une enquête policière menée bon train dans un souci de sobriété et d’efficacité. Le rythme est donc parfaitement huilé, alternant les meurtres de Kroll et le travail des policiers à bon escient.



En dehors de Victor Buono, on notera un casting fleurant bon la série B tendance SF/fantastique, avec notamment Russ Bender (« It Conquered the World », « Le fantastique homme colosse »), et Willy Campo, un fidèle de l’écurie Corman aperçu entre autres dans « Mitraillette Kelly », « La petite boutique des horreurs » et « L’empire de la terreur ».
Enfin, la mère de Leo Kroll est interprétée par Ellen Corby, qui fit une grande carrière aux Etats-Unis. On put notamment la voir dans « Sueurs froides » d’Alfred Hitchcock et « Macabre » de William Castle.
Et puis, on remarquera la présence d’un certain Eugène Lourié en tant que directeur artistique. Une fonction qu’il occupa en alternance avec celle de chef décorateur et aussi celle de réalisateur (« Le colosse de New-York », « Gorgo »).



En résumé, « Le tueur de Boston » mérite le détour pour au moins deux raisons. D’abord, il s’agit d’un thriller particulièrement bien troussé. Ensuite, il offre à Victor Buono l’occasion de livrer une composition remarquable. L’acteur est vraiment impressionnant dans son jeu, notamment la palette de ses expressions lorsqu’il simule tantôt la folie, tantôt l’orgasme quand il tue ses victimes (voir l’acteur transpirer fait vraiment froid dans le dos), ou encore le désespoir lié à la solitude (la scène où il tient l’une de ses poupées, assis sur son lit). Dans la longue liste des tueurs en série vus au cinéma, nul doute que Leo Kroll occupe les premiers rangs.

Note : 8/10




Fiche dvd -



Le tueur de Boston – Artus Films

Région : Zone 2 PAL

Editeur : Artus Films
Pays : France

Sortie film : 20 janvier 1965 (France)
Sortie dvd : 2 mai 2012

Durée : 85 min. 20 sec.
Image : 1.66:1 original (16/9e compatible 4/3)
Audio : mono

Langues : français, anglais
Sous-titres : français

Bonus :
- Les étrangleurs de Boston, par Stéphane Bourgoin (38 min. 30 sec.)
- Diaporama d’affiches et de photos d’exploitation (42 sec.)
- Bandes-annonces de l’éditeur : Le tueur de Boston, L’Evadée, Fort Invincible, Le livre noir



Commentaire : Voilà encore une sortie inattendue et inespérée concoctée par Artus Films, qui confirme que l’on peut être efficace avec peu de moyens. Le catalogue de l’éditeur indépendant grossit et impressionne de plus en plus, proposant une palette de films variée et en mesure de combler un public en attente de raretés. Sans conteste, « Le tueur de Boston » en est une, même si l’œuvre est rentrée dans le domaine public, si bien qu’on peut la visionner dans sa langue originale sur des sites comme archive.org. Mais pour nous, public francophone, il va de soi qu’avoir enfin l’opportunité de voir ce film avec une piste française ou en VOSTF est fort appréciable. D’autant qu’en dehors de sa sortie relativement confidentielle dans les salles françaises en 1965, « Le tueur de Boston » n’avait pas eu les honneurs de la vidéo, ni du dvd jusqu’à maintenant.
Alors, certes, la copie proposée présente des défauts au niveau de l’image, avec notamment la présence de fines lignes noires verticales s’imposant à l’écran à intervalles réguliers, accompagnées de temps à autres de quelques scories. En deux ou trois occasions, la pellicule s’avère particulièrement abîmée, mais heureusement ce n’est l’affaire que de quelques secondes sur l’ensemble du métrage. Les pistes audio proposées sont quant à elles satisfaisantes.



Le bonus principal complète idéalement le film, puisqu’il s’agit d’un long et passionnant entretien avec Stéphane Bourgoin. Libraire, mais surtout écrivain, l’homme est un spécialiste de la criminologie et des tueurs en série, à propos desquels il a rédigé de nombreux ouvrages. La quarantaine de minutes passée en sa compagnie est particulièrement instructive, Stéphane Bourgoin se montrant parfaitement à l’aise dans l’analyse du film, et nous prouvant qu’il est à la fois un expert en criminologie et un cinéphile érudit. Bref, il s’agit là d’un bonus très utile, dont le seul inconvénient est qu’il renferme quelques spoilers, montrant notamment les dernières images du film. Il conviendra donc aux acquéreurs du dvd de ne pas regarder le bonus avant d’avoir vu « Le tueur de Boston ».

Note : 8,5/10







Dernière édition par flint le Jeu Avr 19, 2012 11:13 am; édité 1 fois
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Pierre
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MessagePosté le: Mar Avr 17, 2012 6:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Excellente critique, comme toujours !

Je ne connaissais pas du tout ce film, ni son acteur principal qui, à certains égards, m'évoque l'inquiétant Laird Cregar dans The Lodger (remake par Brams du film muet Hitchcock) un acteur mort jeune, lui aussi. ll faut croire qu'il existe au cinéma une certaine lignée de psychopathes adipeux (je pense encore à John Goodman dans Barton Fink).
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sigtuna
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MessagePosté le: Mar Avr 17, 2012 6:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pierre a écrit:
Excellente critique, comme toujours !

En effet enaccord8

Je serais moins enthousiaste sur le film qui est en effet très recommandable mais essentiellement grâce à l’extraordinaire prestation de Buono (les scènes où il est absent font un peu téléfilm plan plan) d'une part parce qu’il est un excellent acteur mais aussi parce que son physique hors norme est ici parfaitement exploité, un grizzly, une énorme masse inquiétante qui contraste avec son ton doucereux et son attitude badine quand il se contient.

Bon au niveau scenario, les raisons de sa haine des femmes, ses rapport avec sa mère, etc on se dit que c'est too much et pourtant... là je me suis documenté (pour une autre critique) sur l’écrivain William Irich qui a été élevé par une mère castratrice (artiste juive newyorkaise ) et bien c'est exactement ça sauf que Irish n'est pas devenu un serial killer mais une folle tordu misanthrope.
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flint
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MessagePosté le: Mar Avr 17, 2012 7:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pierre a écrit:


Je ne connaissais pas du tout ce film, ni son acteur principal qui, à certains égards, m'évoque l'inquiétant Laird Cregar dans The Lodger


Ton parallèle est d'autant plus juste que Stéphane Bourgoin l'évoque également dans le bonus. Personnellement, je ne connaissais pas Laird Cregar.
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flint
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MessagePosté le: Mar Avr 17, 2012 7:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

sigtuna a écrit:


Je serais moins enthousiaste sur le film qui est en effet très recommandable mais essentiellement grâce à l’extraordinaire prestation de Buono (les scènes où il est absent font un peu téléfilm plan plan)


Je trouve de mon côté que les scènes où Buono est absent (l'enquête de police, essentiellement) permettent de relâcher la pression, pour mieux en "remettre une couche" dès que notre tueur revient au premier plan.


(sinon, j'ai vu "L'Evadée", et j'ai trouvé cela plutôt pas mal. mais on en reparlera). icon_wink
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sigtuna
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MessagePosté le: Mar Avr 17, 2012 8:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
(sinon, j'ai vu "L'Evadée", et j'ai trouvé cela plutôt pas mal. mais on en reparlera). icon_wink

Je l'ai trouvé assez moyen pour ma part mais pas déshonorant, mais je commence à me demander si j'aime vraiment les films noirs (je me suis endormis en revoyant "Laura" récemment icon_confused ) mais on en reparlera bientôt.
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Dernière édition par sigtuna le Mar Avr 17, 2012 9:10 pm; édité 1 fois
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Valor
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MessagePosté le: Mar Avr 17, 2012 8:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

sigtuna a écrit:
je commence à me demander si j'aime vraiment les films noirs (je me suis endormis en revoyant "Laura" récemment icon_confused )


Les films noirs ou les films en noir & blanc ? ico_mrgreen
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sigtuna
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MessagePosté le: Mar Avr 17, 2012 9:11 pm    Sujet du message: Répondre en citant

ico_mrgreen
peut être bien les 2 icon_confused
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mallox
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MessagePosté le: Lun Avr 23, 2012 6:57 am    Sujet du message: Répondre en citant

Pareil que Pierre, une énorme pensée pour Laird Cregar et ses contributions au thriller psychopathe sous la houlette de John Brahm. The Lodger mais également Hangover Square (diffusé il y a peu sur France 3 si je ne m'abuse).
Sinon le film est une petite merveille tant que le Buono Beau est à l'écran. Je partage assez l'avis de Sigtuna quant aux seconds rôles, les flics en premier lieu. Le "Tueur de Boston" aurait mérité par exemple un George Sanders pour lui donner une réplique digne de ce nom et finir de le hausser vers l'excellence.
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