[M] [Critique] L'Etrangleur de Boston - 1968

 
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The Omega Man
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MessagePosté le: Mar Avr 16, 2013 10:05 am    Sujet du message: [M] [Critique] L'Etrangleur de Boston - 1968 Répondre en citant

L'Étrangleur de Boston / The Boston Strangler / 1968

Origine : USA
Genre : policier



Réalisateur : Richard Fleischer
Acteurs : Tony Curtis, Henry Fonda, George Kennedy, Mike Kellin, Sally Kellerman.
Scénario d’Edward Anhalt, d'après le roman de Gerald Frank
Photographie : Richard H. Kline
Montage : Marion Rothman
Musique : Lionel Newman
Accroche: Attache-moi !

Distribution:
Tony Curtis (Albert DeSalvo); Henry Fonda (John S. Bottomly); George Kennedy (Det. Phil DiNatale); Hurd Hatfield (Terence Huntley); Mike Kellin (Julian Soshnick); Murray Hamilton (Det. Frank McAfee); Jeff Corey (John Asgeirsson); Sally Kellerman (Dianne Cluny); William Marshall (Edward W. Brooke)

Résumé:
Boston, 1962. Une vieille femme est retrouvée étranglée à son domicile. Les mobiles du crime sont inexplicables. Au cours des deux années suivantes, douze autres femmes sont assassinées dans des circonstances similaires. Le procureur général Bottomly est désigné pour prendre l'affaire en main. Un jour, Alberto De Salvo, un modeste ouvrier, est arrêté par la police pour avoir pénétré dans un appartement par effraction...



Le film de Fleischer relate l'affaire Albert De Salvo, arrêté en 1964 et reconnu coupable de treize assassinats par strangulation. En fait, De Salvo commença sa carrière criminelle vers 1960 sous le pseudonyme du « Mesureur », il se présentait à ses victimes (des femmes évidemment) sous un faux nom « Monsieur Johnson » représentant d'une agence de mannequins, il en profitait pour les toucher en les mesurant en maillot ou même nues. Il sera arrêté pour effraction et vol, la police fera le rapprochement avec le « Mesureur » et De Salvo, condamné à 18 mois de prison, sera libéré après 11 mois ! Une fois libéré, De Salvo reprit ses activités sous deux autres pseudonymes : « L'Etrangleur » et « L'homme en vert ». Le premier assassinait ses victimes tandis que l'autre ne faisait que les violer. C'est d’ailleurs une des victimes de « l'homme en vert » qui permit à la police d'établir un portrait robot, ils reconnurent alors le fameux « Mesureur » et De Salvo fut de nouveau arrêté. De Salvo s'attaquait la plupart du temps à des femmes de plus de cinquante ans qu'il violait parfois avec divers objets (bouteille, manche à balai,...) , les bâillonnait avec leurs petites culottes et les étranglait à l'aide de bas. De Salva mettait souvent en scène ses méfaits et scènes de crime afin de choquer un maximum.



En 1966, Gerald Frank publie « The Boston Strangler » un livre extrêmement bien documenté (avec les éléments disponibles à l'époque) quoique légèrement romancé, il fut pendant longtemps considéré comme le livre officiel de l’affaire. C'est sur cette base que le scénariste du film travaillera. Si on est quelque peu coutumier de l'affaire De Salvo, on remarque que le scénario du film prend pas mal de libertés avec la réalité et utilise quelques raccourcis : les événements relatés ne s'attardent que sur les activités de « l'Etrangleur », on peut ainsi remarquer que Tony Curtis porte bien une veste verte dans le film, sans que cela ne soit jamais évoqué. Lorsque le film de Fleischer est tourné, l’enquête n'est pas encore terminée et aujourd'hui encore certaines personnes sont persuadées que De Salvo n'était pas l'étrangleur ! Loin de ces débats, le film de Fleischer ne fait qu'exposer les faits avec rigueur et efficacité, la première partie décrit l’enquête policière et les exactions du tueur, c'est pendant cette partie que le réalisateur utilise le fameux split-screen. La découverte d'un cadavre ou l’enquête sont ainsi décortiquées devant le spectateur. La seconde partie est plus épurée, les confrontations entre le procureur et le tueur sont filmées en plan serré avec un fond blanc, jusqu'au final glaçant ou retentit la voix d'Henry Fonda appelant le tueur.



Avec un sujet pareil on aurait pu tomber dans le sordide et la complaisance (imaginez la chose entre les mains de ce bon vieux Michael Winner !) mais Richard Fleischer est un réalisateur de la vieille école et il parvient habillement à éviter les clichés grâce à un montage habille et une réalisation ingénieuse. Il faut dire que Richard Fleischer était ce que l’on appelle communément un solide réalisateur de studio : il débute au département « série b » de la RKO, il va travaillera ensuite pour Disney, la Fox, la MGM et même pour Dino de Laurentiis. D’un professionnalisme exemplaire, il a toujours soigné ses films et fait de son mieux pour que le résultat soit le meilleur possible. Parmi ces réussites les plus connues on peut citer des références comme « 20 000 Lieues sous les mers », « Soleil vert », « Le Voyage fantastique », « Tora ! Tora ! Tora ! », « Les Vikings », « Dr. Dolittle » ou « Barabbas », ainsi que pas mal de films plus mineurs mais particulièrement jouissifs comme « Mandingo », « Conan Le Destructeur », « Don Angelo est mort », « Mister Majestyk » ou « Amityville 3D ». Lors de sa longue carrière, le réalisateur s’est illustré dans pas mal de genres mais le polar et en particulier les faits divers criminels l’on particulièrement inspiré, certains parlent même d’une trilogie composée de « La Fille sur la balançoire » (1955), «L'Étrangleur de Boston » (1968) et « L'Étrangleur de la place Rillington » (1971). Fleischer s’illustra aussi par d’autres histoires à suspense comme le fameux « Terreur aveugle » ou Mia Farrow interprète une aveugle se trouvant en mauvaise posture face à un mystérieux tueur.



De par son expérience et sa grande habilité technique, Fleischer était donc le réalisateur idéal pour un tel sujet, cependant la réalisation de « L'Étrangleur de Boston » ne fut pas une partie de plaisir pour Fleischer qui devait résoudre deux gros problèmes : faire accepter le nouveau procédé du split screen (écran multiple) et surtout imposer dans le rôle du tueur l’acteur Tony Curtis. Le split screen posa problème car les producteurs craignaient que le procédé n’embrouille le spectateur (ce qui était l’effet recherché par Fleischer), le réalisateur dut emmener l'un des producteurs à Montréal à l’exposition 1967 où il avait découvert le procédé pour le convaincre.
Le problème de Tony Curtis était plus délicat : Darryl Zanuck patron de la Fox ne voulait pas de l’acteur qu’il jugeait trop peu crédible dans le rôle, le réalisateur dut jouer en finesse, il montra simplement une photo de Curtis grimé comme le vrai De Salvo, la métamorphose était tellement incroyable que le producteur ne reconnut pas l’acteur.



Comme dans la plupart de ses films, Fleischer s'entoure d'acteurs renommés (ou du moins connus), les deux vedettes sont Henry Fonda en procureur humain mais implacable et Tony Curtis qui interprète tout simplement le rôle de sa vie, pourtant les deux acteurs n'apparaissent pas tout de suite dans le métrage. C'est à deux vieux de la vieille que revient la tâche ingrate de démarrer le film et l’enquête, heureusement Fleischer choisit deux seconds rôles en béton : primo ce bon vieux George « Patronni » Kennedy, excellent second couteau (« Les 12 salopards », la série « Airport », « Charade », « Luke la main froide »,...), il est ici excellent dans son rôle d’enquêteur. Si vous avez l'occasion, jetez un œil sur « Les Colts des 7 mercenaires », le troisième opus de la série : une petite merveille où ce bon vieux George remplace avec brio Yul Brunner. Autre second couteau magnifique, Murray Hamilton : ce nom ne vous dit sûrement pas grand chose, l'acteur est pourtant apparu dans quelques 150 films et séries, mais son rôle le plus connu restera celui du maire d'Amity dans « Les Dents de la mer ». On notera aussi la présence de Hurd Hatfield, interprète mémorable de Dorian Gray, dans le rôle d'un dandy homosexuel.
Fleischer signe un film techniquement bluffant (à se demander si De Palma n'en possédait pas une copie !) et interprété par une solide brochette d'acteurs, il réussit non seulement à restituer la complexité des investigations policières mais il nous fait aussi, grâce à la performance de Curtis, presque partager la folie et le dédoublement de personnalité du tueur. Un film dont le final pourrait paraître hermétique mais dont les influences multiples ont marqué le cinéma moderne, ce qui est plutôt rare pour un vrai film de studio !




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FICHE DVD





L’étrangleur de Boston
The Boston Strangler

Region ; zone 2 PAL
Origine : France

Editeur : Carlotta
Année de la première sortie : 16 octobre 1968 (Etats-Unis)
Reprise en salles le 25 Mars 2009
Sortie à la vente en DVD le 17 Avril 2013

DVD 9 – NOUVEAU MASTER RESTAURÉ
Version Originale Dolby Digital 2.0
Version Française Mono 1.0
Sous-Titres Français
Format 2.35 respecté
16/9 compatible 4/3 – Couleurs
Durée du Film : 112 mn



Bonus. "L'Écran schizophrène : William Friedkin à propos de L'Étrangleur de Boston" (21 min.). William Friedkin (Le Convoi de la peur) revient sur les faits réels qui ont inspiré "L’Étrangleur de Boston" et explique comment il s’est lui-même imprégné des techniques novatrices employées par Richard Fleischer dans le film.
"Faux nez, vrai tueur : souvenirs de L'Étrangleur de Boston" (30 min.). Retour sur le tournage du film, sa place dans l’œuvre de Richard Fleischer et la technique avant-gardiste du split-screen. Avec les témoignages de Mark Fleischer (fils de Richard Fleischer), du chef-opérateur Richard H. Kline et de l’actrice Sally Kellerman.
Bande-annonce.



L'éditeur offre une version remastérisée de toute beauté, en gardant la version française d'origine qui est particulièrement jouissive car toutes les grandes voix de l'époque sont présentes. Pas de menu animé, mais des menus qui rendent hommage au split screen.
En bonus, le disque propose deux reportages des plus intéressants, le premier est une interview de William Friedkin pleine d'anecdotes sur le film et l'affaire De Salvo : ainsi, on apprend que le réalisateur avait été pressenti pour réaliser le film mais Zanuck préféra confier le projet à un réalisateur de studio ! Le deuxième est un retour sur le tournage dans lequel le chef opérateur Richard Kline nous apprend que le film, outre l'utilisation du split-screen, fut aussi précurseur sur l'utilisation de la camera sur épaules Arriflex et de la prise de vue « réaliste ». Une véritable mine d'information pour les afficionados.

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