mallox Super héros Toxic


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Posté le: Ven Jan 24, 2014 10:37 am Sujet du message: [M] [Critique] Jessi's Girls - 1975 |
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Jessi's Girls - 1975
Origine : Etats-Unis
Genre : Western / Erotique / Rape & Revenge
Réalisé par Al Adamson
Avec Sondra Currie, Ellyn Stern, Regina Caroll, Jennifer Bishop, Geoffrey Lan, Ben Franck...
Autres titres : Jessi's Gun - la banda delle donne maledette / Wanted Women / Jessis gäng
Alors qu'ils campent, un jeune couple de mormons est attaqué par une bande de hors la loi. L'homme (Joe Cortese) est attaché à un arbre, contraint de regarder le triste spectacle, celui de sa femme Jessica (Sondra Currie) se faisant violer par chacun des hommes. Le mari est tué et Jessica se fait tirer dessus à bout portant, avant d'être laissée pour morte dans le désert. Réunissant ses dernières forces pour extraire cette balle, elle parvient à atteindre la cabane d'un vieil ermite (Ben Frank) qui la soigne, la remet sur pied et lui apprend enfin comment tirer.
C'est alors qu'elle libère tour à tour trois femmes criminelles : Claire (Regina Carrol), une prostituée, Rachel (Jennifer Bishop), sorte de Lee Van Cleef bisexuelle qui ne s'en laisse pas conter, et Kana (Ellyn Stern), dont la tête est mise à prix pour vol et meurtre. Jessica sollicite leur aide, les embauche afin de retrouver les coupables pour assouvir sa soif de vengeance.
A partir de là, dans leur traque infernale, elles chevauchent, elles chevauchent, et lorsqu'elles s'arrêtent, elles chevauchent encore !
Bref, vous l'aurez compris, "Jessi's Girls", 'transsexualisé' parfois en "Jessi's Gun", fait partie de ces petits westerns un brin polissons qui fleurirent entre deux cactus bandants depuis la fin des années 50 sur les écrans : on peut ainsi citer en vrac "Revenge of the Virgins", de Bethel Buckalew, en 1959, "Wild Gals of the Naked West" de Russ Meyer, en 1962, "L’éperon brûlant" et "The Scavengers", tous deux de Lee Frost, "Le totem du sexe" de Van Guylde en 1969, et d'autres encore, pour un genre typiquement américain, avant de s'émanciper plus encore durant l'âge d'or du pornard (poil au dard), avec par exemple "A Dirty Western" de Joseph "Foune". Robertson, ou encore "Sweet Savage" d'Ann Perry-Dural. Rares sont les exemples non états-uniens de pénétration du western paillard, et l'on peut citer pour flatter son chauve (inisme), les incursions du Frenchy Jean-Marie Pallardy, qui partit lui aussi à la chasse aux minous de l'Ouest pour leur mettre le feu avec "Règlements de comptes à OQ Corral" puis "L’arrière train sifflera trois fois".
Pour en revenir à "Jessi's Girls", plus qu'une cavalcade remplie de stupre et de luxure dans la poussière et la rocaille, il s'agit d'un round féministe, illustrant des femmes qui en ont, souhaitant en découdre dès lors qu'on touche à leurs libertétés, lattant de malotrus moustachus férus de barbus (oui, ceci n'est pas une figure de style, tous les méchants, ou presque, portent la moustache dans "Jessi's Girls" !).
Le scénario ? Il n'est ici qu'immense sombrero cachant une trame vengeresque trop bien connue : Celle de "Bravados" ou de "Nevada Smith", des westerns vigilantes, additionnés de quelques mercenaires piqué(e)s chez John Sturges. Il est signé Budd Donnelly qui bossera l'année suivante avec John D'Amato sur un autre film d'Al Adamson ("Le gang des tueurs") avant de retrouver encore le réalisateur pour deux films : "Cinderella 2000" et "Sunset Cove".
Quant au spectateur égaré ici uniquement pour le sexe, il mérite en tout bien tout honneur de lui être signalé, avec tout le respect qui lui est dû, qu'il l'aura dans le cul : en effet, non seulement les hommes dans "Jessi's Girls" comptent leurs munitions tant et si bien qu'ils tirent souvent leur dernière cartouche tandis que certaines de nos héroïnes ici-présentes, malgré nos encouragement à se faire justice ("Allez Currie !"), se prennent leur pied à l'étrier. Sondra Currie ("Cette femme est un flic"), qui n'a rien d'une épice, n'arrivera même pas à conquérir l'indien (Gavin Murrell), séduisant du tomahawk, mais assez peu loquace... Son seul dialogue est ici un tantinet réduit : "Tuez le !" (à propos d'un des brigands à la cervelle de zgeg rattrapé avec diligence par les roubignoles). En revanche, il sera bien plus expressif lorsque dans une grange il se fera caresser le totem par Regina Caroll, blondasse à tendance jument nymphomane qui, du reste, en ressortira avec une tête de poney albinos affublé de la perruque de Peggy la Cochonne. (*)
Tout cela est néanmoins plutôt bien mené par Al Adamson, qui alterne les séquences mettant en scène notre petit groupe en quête de vengeance et d'émasculation, et les pauses coquines dans le foin. A ce titre, n'y voyez pas de machisme outré, mais notre petit troupeau de belettes aime manifestement à se faire desceller le popotin jusqu'à voir 36 chandelles (et parfois même, une étoile de shérif). A noter qu'aucune d'entre-elles ne restera immaculée, et toutes, sans exceptions, se feront sauter comme des patates douces par des gros cow-boys éructant leur dernier plat de fayots. La jalousie sera pourtant de mise : si "la femme est l'avenir de l'homme", comme le chantait si bien Jean Ferraille en mangeant un Chili, elle n'est pas pour autant l'avenir d'elle-même puisque l'une d'entre elles tuera le pauvre indien violé (avec consentement, "qui ne dit mot consent" dit-on) dans la grange alors que selon elle, il lui revenait.
Si Regina Carrol est la plus expressive (une vraie carne !), Ellyn Stern ("L'homme à femmes", remake par Blake Edwards du film de Truffaut) fait assez forte impression elle aussi, avec un personnage ayant la bavette aussi chaude que son sang, faisant régulièrement tourner les situations en eau de boudin (sans jeu de mots tendant vers l'ostracisme, inutile de voir le mâle partout). Quant à Jennifer Bishop ("House of Terror" de Sergei Goncharoff), passé le sentiment - contredit plus tard - que le groupe se traîne une lesbienne pro-LGBT avant l'heure, c'est peut-être celle qui s'en trop en faire tient le mieux les rênes (et pas que ça). Logique, puisqu'il s'agit de la pouliche du lot la plus rompue aux rênes lorsqu'elle tourne ce "Jessi's Gun", ayant déjà chevauché des plaines aux allures similaires avec "The Female Bunch" du même Adamson ainsi qu'un gros cylindre aux côtés de Bambi Allen dans "Outlaw Riders" de Tony Huston.
"Jessi's Girls", fort bien cadré et photographié par Gary Graver, qui fit la carrière que l'on sait comme réalisateur de X ( "V - The Hot One", " Coed Fever", "Body Love", "The Ecstasy Girls" ...), évolue sur une très sympathique musique de Don McGinnis, entre folk et rock, laquelle lui donne unité de rythme et de ton. Tout cela culminera enfin dans un baroud d'honneur se voulant rendre hommage à "La Horde volage", au sein duquel Sondra Currie Olé-olé se la jouera à la Clint, cigarillo au bec et dynabite à la main, le tout dans un spectacle qui globalement désarçonne...
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Dernière édition par mallox le Sam Avr 21, 2018 7:16 am; édité 9 fois |
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