The Omega Man 99 % irradié


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Posté le: Dim Mai 04, 2014 2:54 pm Sujet du message: [M] [Critique] La Planète des hommes perdus |
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La Planète des hommes perdus
Battle of the Worlds
Il Pianeta degli uomini spenti
Planet of the Lifeless Men
Genre : Science-fiction
Origine : Italie
Année : 1961
Réalisateur : Antonio Margheriti (Anthony Dawson)
Scénario : Ennio De Concini (Vassilij Petrov)
Image : Raffaele Masciocchi
Musique : Mario Migliardi
Accroche : Vers l’infini et au delà !
Acteurs :
Claude Rains (le professeur Benson), Bill Carter (Robert Cole), Maya Brent (Eve Barnett), Umberto Orsini (le docteur Fred Steele), Jacqueline Derval (madame Collins), Carlo d'Angelo (le général Varek), Carol Danell (Cathy Cole), Renzo Palmer (le garçon), Giuliano Gemma (Moran)
Résumé :
Une météorite gigantesque menace d’entrer en collision avec la Terre. Afin d’éviter cette catastrophe, un groupe de scientifiques fait appel au professeur Benson, astronome réputé et fervent militant écologiste. Après maints calculs, Benson conclut que le corps céleste est une planète. Elle devrait arrêter sa course non loin de la Terre. Les autorités ignorent les dires du scientifique et envoient deux fusées en reconnaissance mais arrivé à proximité de notre planète, l'astre inconnu se met en orbite et délivre une flotte de soucoupes volantes…
Au début des années soixante, alors que la science fiction n’est pas un genre ancré dans la culture cinématographique européenne (mis à part "Metropolis" ), le réalisateur italien Antonio Margheriti se met en tête de réaliser deux films de science fiction : "Space Men" ("Le Vainqueur de l'espace") et "Il pianeta degli uomini spenti" ("La Planète des hommes perdus"). Avec un budget anémique, le réalisateur doit tout inventer, recycler et surtout innover, mais le résultat est tel que les Américains achèteront et distribueront les deux films. "La Planète des hommes perdus" connaîtra une nouvelle sortie en 1978 sous le titre "Guerre planetarie", après le succès de "La Guerre des étoiles".
En 1965, deux producteurs lui proposeront le pari insensé de réaliser quatre films de science fiction en douze semaines ! Prévus initialement pour la télévision, ces films sortiront finalement en salle sous les titres "I criminali della galassia" / "Wild Wild Planet", "I diafanoidi vengono da Marte" / "War of the Planets", "Il pianeta errante" / "War Between the Planets" et "La morte viene dal pianeta Aytin" / "Snow Devils". Seul ce dernier a, semble-t-il, été distribué en France sous le titre "La Mort vient de la planète Aytin". Etonnamment, dans les pays anglo-saxons, Margheriti est reconnu comme un précurseur, ses films sont souvent cités dans divers ouvrages de science fiction, alors qu'en Europe le réalisateur ne possède pas la même réputation et est fréquemment oublié.
Margheriti débute donc sa carrière de réalisateur par deux films complètement en marge des modes de l’époque (péplum et horreur gothique), en effet les voyages dans l’espace n’ont plus tellement la cote depuis quelque temps, ils ont été remplacés par d’autres thèmes (mutations, voyage dans le temps, etc.) C’est peut être de là que vient l’explication du succès de ces deux films : le manque d’offre, Magheriti venant à point combler une demande. Influencé par toute une culture venant d’outre-Atlantique (par moment on pense aux vieux serials des années 30), le réalisateur italien s’offre une petite friandise, répartissant les effets spéciaux avec parcimonie : la première partie du film compte peu de plans dans l’espace, mais la base martienne est particulièrement réussie. Autre détail, les vaisseaux spatiaux n’ont pas cet aspect "plastique" qui caractérise les maquettes mais un aspect métallique qui accentue le réalisme. Evidemment, la maniabilité n’est pas encore époustouflante, on notera aussi que les séquences spatiales sont presque monochromes (les vaisseaux sont blancs) mais lorsque l’un d’eux se pose sur l’astéroïde, il devient d’un rouge pétant. Petite particularité : la production ne pouvant se payer des effets de maquillage coûteux (et peut être ridicules) pour les extra terrestres, le scénario trouve un palliatif par le biais d’un super ordinateur seul rescapé d’une civilisation éteinte. Ainsi, les fameuses soucoupes volantes sont elles pilotées par un tube lumineux (effet simpliste mais d’une redoutable efficacité) relié au super ordinateur, alors que les extraterrestres ne sont que des pseudos squelettes tapissant le sol. Des stock-shots météorologiques sont utilisés pour simuler les catastrophes naturelles, la plupart des décors sont des installations industrielles censées représenter soit une fusée, soit une base. Seule la serre du professeur, l’intérieur de la planète et quelques décors subalternes ont été créés en studio.
Avec un budget plus important par rapport à "Space Men / Assignment Outer Space" la production s’offre un acteur connu qui permettra de vendre plus facilement le film, c’est le Britannique Claude Rains ("Casablanca", "Le Fantôme de l’opéra", "L’Homme invisible" - version Universal) qui fut choisi. En fin de carrière, l’acteur nous offre pourtant un magnifique morceau de cabotinage reprenant tout simplement son rôle de scientifique excentrique (il ne quitte que très rarement sa serre remplie de fleurs !) qu’il interprétait l’année précédente dans "Le Monde perdu" d’Irwin Allen. A ses côtés, trois débutants qui allaient devenir des visages familiers du cinéma franco-italien : Umberto Orsini, aperçu notamment dans les trois premiers "Emmanuelle" et d’autres joyeusetés comme "L’Antéchrist", "Big Guns", ou "L'Homme sans mémoire ", Renzo Palmer, qui sera un second rôle incontournable dans "Danger Diabolik", "Croc Blanc"ou "The Big Racket" et surtout Giuliano Gemma qui deviendra une véritable star du western spaghetti, et que l'on verra aussi aux côtés de Michelle Mercier dans la série des "Angélique" ou dans "Ténèbres" de Dario Argento. L’acteur nous a malheureusement quittés en 2013.
N’ayant pas la maîtrise visuelle d’un Aristide Massaccesi ou la poésie macabre d’un Fulci, Margheriti s’est cependant révélé être un technicien hors pair qui avait la particularité de tirer le maximum de ses décors et de pouvoir bricoler n’importe quoi avec deux bouts de ficelle, donnant toujours à ses films une plus-value. C’est encore le cas dans "La Planète des hommes perdus" : le réalisateur, à partir d’un budget dérisoire, réalise un film considéré comme une référence dans la science fiction européenne. Malheureusement, les producteurs ne lui offriront jamais des conditions qui auraient pu lui permettre de s’exprimer pleinement, bien au contraire, Margheriti héritera souvent de projets aux scripts anémiques et aux budgets ridicules, ou sera appelé au secours de productions en péril comme "Killer Fish" ("L'Invasion des piranhas"). Seul le suisse Erwin C. Dietrich, saura lui donner des moyens décents.
Le temps ayant fait son œuvre, certains trouveront "La Planète des hommes perdus" incroyablement kitch et désuet, alors que d’autres y verront un film plein de poésie et d’inventivité… En tout cas, ce vieux roublard de Margheriti (qui à l’époque n’avait que 31 ans) nous démontre une nouvelle fois son efficacité.
La Planète des hommes perdus
Région : Zone 2 PAL / DVD-9
Editeur : Artus Films
Pays : France
Durée : 93 min
Image : 1.85 original respecté – 16/9e compatible 4/3
Audio : Dolby digital 2.0
Langue : Français, Italien
Sous-titres : Français (optionnels)
Sortie italienne le 30 octobre 1961
Sortie DVD : 6 mai 2014 - Disponible un mois avant sur le site.
Bonus :
Margheriti et la SF italienne, par Alain Petit
Diaporama de photos
Bandes-annonces de la collection science fiction vintage
Si la copie est assez bonne, elle n’est pas exceptionnelle, l’image est nettoyée mais paraît assez sombre par moment, est-ce volontaire ou non de la part du directeur photo de l'époque ?
Même si, selon certaines sources, "La Planète des hommes perdus" est sorti de manière confidentielle (dans le Nord et le Sud-Est) dans les années 60, la piste française proposée ici est celle qui fut enregistrée en 2004 pour son passage dans la regrettée émission "Cinéma de quartier" en 2004.
Les menus fixes reprennent les lobby cards de l'époque, ce qui donne une petite touche vintage, qui convient parfaitement à l'ensemble.
Parmi les bonus, on retrouve Alain Petit, historien du cinéma et collectionneur, scénariste, dialoguiste et comédien qui avait déjà évoqué la carrière du réalisateur sur le DVD de "La Sorcière sanglante". Il fait un petit historique de la science fiction italienne, puis s’attarde sur les films de science fiction de Margheriti. On apprend une amusante anecdote sur le pseudo que le réalisateur avait d’abord choisi : "Anthony Daisies", mais ses producteurs américains lui déconseillèrent car en argot il avait une autre signification… On apprend aussi que le dernier film de sa fameuse "commande" de quatre films de science fiction intitulé "Snow Devils" fut en grande partie réalisé par un certain Ruggero Deodato qui était à cette époque l'assistant du réalisateur.
Le journaliste revient aussi sur la carrière prolifique du scénariste Ennio de Concini, qui a œuvré dans tous les genres populaires notamment sur "Le Masque du Démon" de Mario Bava ou les deux premiers "Hercule" avec Steve Reeve et rend hommage au regretté Guiliano Gemma.
Les bonus comportent aussi les bandes annonces des trois films de la collection : "La Planète des hommes perdus" d’Antonio Margheriti, "Terreur dans l’espace" (La Planète des vampires) de Mario Bava et "La Planète des tempêtes" de Pavel Klushantsev.
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