[M] [Critique] Les crocs du diable - 1976

 
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mallox
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MessagePosté le: Jeu Mar 16, 2017 7:36 am    Sujet du message: [M] [Critique] Les crocs du diable - 1976 Répondre en citant





Les crocs du diable - 1976
(El perro)

Origine : Espagne
Genres : Thriller / Animal Attack / Action / Aventures / Survival / Drame

Réalisé par Antonio Isasi-Isasmendi (Antonio Isasi)
Avec Jason Miller, Lea Massari, Marisa Paredes, Aldo Sambrell, Francisco Casares, Yolanda Farr, Juan Antonio Bardem...

Autres titres : Le Chien (France-VHS) / Les crocs du diable (Canada) / The Dog (RFA) / Vengeance (USA-VHS) / A Dog Called... Vengeance (USA-DVD) / Fuga dall'inferno (Italie)





Dans un pays d'Amérique du Sud, le dictateur Leónidas Arévalo fait régner la terreur. Tortures, meurtres et emprisonnements d'ordre politique se multiplient dans un pays en proie au chaos et au sein duquel s'organise néanmoins une révolution, à partir de réseaux et de groupes armés. Les admirateurs du régime totalitaire surnomment leur président "Le bienfaiteur" tandis que les opposants au régime le surnomment "Le Chien".





De chien en chien, cela nous amène à la prison de San Justo où sont retenus prisonniers les opposants politiques. Le gardien en chef est un dénommé Sancho qui, avec l'aide de son Berger Allemand, traque jusque dans les marais toute personne tentant de prendre la fuite. Sadique, le gardien prend non seulement un plaisir à pourchasser ses futures victimes, mais aussi à les voir se faire déchiqueter par son molosse dressé pour tuer. C'est dans ce périlleux contexte qu'Aristides Ungria, mathématicien réputé, enfermé pour ses convictions, prend la fuite après que l'homme auquel il était menotté ait été tué et son bras tranché à la machette. Dès lors, Sancho et son chien-tueur partent à sa poursuite.
Rattrapé par le geôlier, Ungria se voit contraint de l'abattre. Seulement, avant de mourir, le maton ordonne à son chien de tuer le prisonnier. Une traque impitoyable et sans relâche du Berger Allemand après le mathématicien s'ensuit...





"El perro" est une sacrée réussite à partir d'un audacieux mélange de parabole politique et de thriller animalier. Du reste, le film est scindé en deux parties. Une première (après qu'on nous ait présenté de quoi est capable le clébard-chasseur : rattraper en préambule deux fuyards) qui met en scène l'évasion du personnage principal, dès lors traqué sans relâche par le maton et son chien ; puis le chien seul, le tout dans des étendues toutes faites de broussailles, de rivières et de marais. Une seconde qui voit le mathématicien, aidé par un groupe d'opposants au régime, rejoindre la capitale pour rallier les dirigeants de l'organisation révolutionnaire dont il a mémorisé les noms. Alors même que le renversement du pouvoir est en marche, la traque du Berger Allemand envers le mathématicien, elle, ne cesse pas ; en ville comme dans la brousse le chien veille obstinément et inlassablement à suivre les ordres de son maître : le tuer. C'est par ce parti-pris que "Les crocs du diable" remporte non seulement la partie mais aussi soude ces deux parties en une, donnant au film des allures presque fantastiques. Ce n'est du reste pas seulement le mathématicien qui risque de se faire déchiqueter par la bête féroce, mais tout être, même un autre chien, qui l'aurait aidé dans sa fuite ou bien qui tenterait de se mettre en travers de sa route. Il ne fait pas bon non plus s'approcher de l'ex-détenu, au risque de garder son odeur.





Outre la nervosité de sa réalisation et son rythme sans faille, "El perro" bénéficie d'un casting solide et d'interprétations à la hauteur de ses ambitions. En premier, celle irréprochable de Jason Miller, acteur discret et relativement rare, surtout connu pour son premier rôle au cinéma, celui du père Karras dans L'Exorciste, dans une filmographie contenant quelques participations scénaristiques et une réalisation ("That Championship Season", un drame se situant dans les coulisses du basket avec Bruce Dern, Stacy Keach, Robert Mitchum et Martin Sheen). On retrouvera d'ailleurs l'acteur dans les réalisations de William Peter Blatty, auteur du roman initial du classique de Friedkin : La neuvième configuration, en 1980, et "L'exorciste: la suite", en 1990. Son implication dans "Les crocs du diable" culmine lors d'une longue scène où, se baignant nu, il se retrouve à affronter le cador l'ayant rejoint.
À ses côtés, on reconnait l'actrice Lea Massari qu'on ne présente plus mais dont on rappellera cependant quelques incursions dans le cinéma d'exploitation ("Clayton l'implacable", "La machination" (Senza via d'uscita) où elle croisait Marisa Mell). Si l'on connait mal Francisco Casares (le maton maître-chien sadique) dont la carrière se cantonne à des seconds rôles et à l'Espagne ("Macho" de Bigas Luna, entre autres), difficile de ne pas reconnaitre Aldo Sambrell, second plan présent dans un nombre incalculable de films et par ailleurs fort bien connu des "bisseux". Inutile d'énumérer sa filmographie, ni même ses participations dans des bobines chroniquées sur psychovision, cela prendrait deux paragraphes. Au rayon acteurs, il convient toutefois de mentionner les présences de Marisa Paredes, épouse à la ville du réalisateur, dont c'est loin d'être le premier rôle pour le cinéma, ce avant de devenir l'une des égéries de Pedro Almodóvar. De même qu'un petit mot s'impose sur la présence de l'acteur-réalisateur Juan Antonio Bardem (La Corruption de Chris Miller mais aussi un petit bout des Cloches de l'Enfer (ou "La cloche de l'enfer") suite au décès accidentel (et un peu cloche) de son réalisateur, Claudio Guerin Hill.





Film d'aventure et thriller politique, "El perro" est donc aussi une parabole sur la dictature franquiste que vient de subir l'Espagne durant trente-cinq ans. Le titre original est par ailleurs lourd de sens et peut-être même lourdement symbolique. Il reflète l'aspect pamphlétaire un peu trop appuyé de ce chien assassin, sorte d'alter égo démoniaque du dictateur Leónidas Arévalo en même temps que miroir de ses partisans. Cependant, cette charge politique se doit d'être jaugée à l'aune de braises encore chaudes. Lorsque Antonio Isasi tourne le film, au Venezuela, le décès du général Franco est synonyme d'une véritable délivrance pour une majorité d'Espagnols, ce qu'il est difficile de remettre en cause. La charge n'est donc pas injustifiée, loin de là, ni même que ce qui illustre ici la résistance précédant la guerre civile soit mauvais, mais le défaut principal de "El perro" reste que tout ce qui concerne l'affrontement entre le chien et le mathématicien en fuite (les deux tiers du film quand même) est tellement remarquable qu'il rend plus faible le reste, propos intrinsèque y compris. Globalement, malgré quelques aspects mal dégrossis, "El perro" est captivant de bout en bout tandis que le fait de réussir à maintenir ainsi l'intérêt 107 minutes durant, avec un budget plutôt modeste, n'est pas loin de tenir de l'exploit.





Dans les petits sentiments étonnants que distille "El perro" il y a celui d'avoir pu être source d'influence pour des œuvres ultérieures. Même si la démarche artistique est différente, la pause faite chez Campesina (Yolanda Farr) qui l'accueille chez elle durant le segment très "survival" du film, et à qui Jason Miller fait l'amour, n'est pas sans évoquer la rencontre entre Vincent Gallo et Emmanuelle Seigner dans le Essential Killing de Jerzy Skolimowski. Ailleurs, on y trouve une atmosphère asphyxiante, de plus en plus paranoïaque au fur et à mesure de la poursuite, au point que le mathématicien, se sentant menacé en plein centre-ville, abat dans un sursaut de peur le Berger Allemand d'une femme et sa petite fille. Un passage pour le moins troublant et marquant. Idem lorsque El Pierro, qui donne au film son titre, retrouve dans un parc Lea Massari, dont on soupçonne qu'il sent sur elle l'odeur du fuyard ; un passage assez tétanisant, pour elle comme pour le spectateur. Du reste, un autre personnage a fait les frais d'un changement de fringues et Isasi n'hésite pas à employer la vue subjective canine, sans toutefois en abuser.

Bien accompagné par une partition tour à tour efficace et jolie, due à Antón García Abril (Le baron vampire, Texas Adios, la série des templiers de De Ossorio...), cette bobine réussissant la gageure de distiller une tension de bout en bout, réalisée par l'auteur du Meurtres au soleil avec Chris Mitchum, eut les "faveurs" d'une sortie dans les salles françaises un peu tardivement, en juin 1980, plus tard en VHS chez Videofilms et Broadway Video (cf. VHSdb). En revanche, il convient d'aboyer franco devant l'absence de dvd ou de blu-ray décents pour une œuvre d'une telle qualité !









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Dernière édition par mallox le Lun Juin 04, 2018 4:28 am; édité 6 fois
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MessagePosté le: Jeu Mar 16, 2017 8:30 am    Sujet du message: Re: [Critique] Les crocs du diable - 1976 Répondre en citant

enaccord8

mallox a écrit:
l'acteur-réalisateur Juan Antonio Bardem (La Corruption de Chris Miller mais aussi un petit bout des Cloches de l'Enfer (ou "La cloche de l'enfer") suite au décès accidentel (et un peu cloche) de son réalisateur, Claudio Guerin Hill.
C'est uniquement pour le jeu de mots, ou l'accident était particulier ?
Edit : Ah oui tomber d'un clocher pour les cloches de l'enfer c'est de circonstance. frank_PDT_16 frank_PDT_08
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MessagePosté le: Jeu Mar 16, 2017 9:03 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ah oui il est très bon celui-là.
Propos pertinent, très bien fichu, bestiole incroyable de "naturel" (à se demander s'il y a eu réellement dressage dans son cas), tension qui ne faiblit jamais, bons petits instants d'action.

Du reste, il faudra se pencher un jour sur la carrière d'Isasi-Isasmendi, auteur peu remarqué et pourtant remarquable par la diversité et la qualité constante de ses oeuvres.
Même le petit film d'aventures mis en chantier pour le compte d'Eurociné "Les révoltes d'Alcantara" vaut le coup d'oeil.

"Le chien" ferait une belle sortie chez nos éditeurs, enfin quand le paluchage autour des gialli aura cessé cela va de soi new_noel
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MessagePosté le: Dim Juil 09, 2017 7:29 am    Sujet du message: Répondre en citant

L'affiche tchèque, pour le moins originale :

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MessagePosté le: Dim Juil 09, 2017 9:44 am    Sujet du message: Répondre en citant

frank_PDT_16 Ah oui, l'affiche tchèque c'est un concept en soi !

Je pensais trouver une meilleure copie du film mais le seul (?) DVD qui existe (coffret US 10 films "Tales of Voodoo") est lui aussi tiré d'une VHS !



Du coup ta copie est meilleure !
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MessagePosté le: Dim Juil 09, 2017 9:52 am    Sujet du message: Répondre en citant

frank_PDT_16

Parfois c'est sans conséquence mais là, pour un tel film, ça me laisse tout de même un peu perplexe. (pas tant pour les captures en elles-mêmes mais pour l'absence sur le marché d'une copie qui lui rend hommage... )



P.S. : Quant à l'affiche Tchèque, elle est un peu à l'Ouest par rapport au film mais magnifique. frank_PDT_10
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MessagePosté le: Lun Juil 10, 2017 4:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

frank_PDT_10

enaccord8
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MessagePosté le: Ven Oct 20, 2017 6:57 am    Sujet du message: Répondre en citant

Et vu l'aspect sélectif ultra balisé du magnifique univers du manège Bis enchanté, je profite du Ripping/Rippage du sieur Lenzi pour rappeler que cet excellent cinéaste que fut Antonio Isasi-Isasmendi nous a quitté il y a 3 semaines dans une indifférence et ignorance quasi générale...
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MessagePosté le: Ven Oct 20, 2017 2:47 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Tu me l'apprends. Je n'ai vu l'info absolument nulle part.

Adios Antonio.
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