[M] [Critique] Le porte del silenzio - 1991

 
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mallox
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MessagePosté le: Sam Mai 06, 2017 8:57 am    Sujet du message: [M] [Critique] Le porte del silenzio - 1991 Répondre en citant



Le porte del silenzio - 1991

Origine : Italie
Genre : Thriller / Fantastique / Macabre

Réalisé par Lucio Fulci (Sous le pseudo de H. Simon Kittay)
Avec John Savage, Sandi Schultz, Richard Castleman, Jennifer Loeb, Elizabeth Chugden, Joe 'Cool' Davis...

Autres titres : Door to Silence / Door Into Silence (dvd US) / Hell Crash! Hearse from Hell (titre anglais vidéo Japon) / Enigma Mortal (Portugal)

Melvin Devereux, homme d'affaires prospère, se rend sur la tombe de son père avant d'être pris dans un embouteillage causé par un cortège funèbre. Bientôt, il est hanté par des visions d'une femme à bord d'une voiture de sport. Cette dernière ayant disparu au petit matin après avoir laissé un mot écrit au rouge à lèvres sur le miroir de la chambre, il reprend la route. Un corbillard le suit alors, finit par le dépasser sur une petite départementale à la périphérie de La Nouvelle-Orléans et semble lui bloquer le passage...




Produit par la Filmirage de Joe D'Amato, ces Portes du silence est un projet qui, dès le début des années 90, tient à cœur à son réalisateur mais qui pâtit des difficultés commerciales que rencontre la petite maison de production. Il est du coup distribué directement en vidéo. Fulci, au vu des piètres résultats commerciaux de ses films précédents, est contraint de modifier son nom comme scénariste (Jerry Madison) et comme réalisateur (H. Simon Kittay) pour que le film puisse se vendre.

Méconnu, rarement défendu, Le Porte del silenzio mérite pourtant d’être réhabilité à une valeur plus juste, celle d'un conte macabre, ironique, hanté, exploitant au maximum son décor et s'imprégnant parfaitement de son ambiance mystique pour finalement dépasser son mince et restrictif budget.

Il s’agit de l'ultime film de Lucio Fulci et rarement le terme "film-testament" aura mieux porté son nom. Dans celui-ci, la mort est partout et tient à la fois de la peur, de l'obsession, de la fatalité et même du pouvoir séducteur.




Au-delà de l'étiquette "poète du macabre" collée à la va-vite sur un réalisateur qui mérite bien mieux et bien plus que cette mise en bière expéditive, la mort est une constante de son oeuvre : elle apparait sur le devant de la scène dès Le Temps du massacre et culmine avec la peinture funeste d'une Renaissance ayant conservé toute la pourriture moyenâgeuse dans Liens d'amour et de sang. Une mort qui a toujours été en marche. Soit par l'intermédiaire d'icônes satanistes comme Charles Manson (4 de l'apocalypse), soit par des messagers, issus de la colonisation (les zombies de Zombi 2) ou plus largement des créatures de l'Enfer (Frayeurs, L'au-delà), soit encore par les garants de la bénédiction catholique (La longue nuit de l'exorcisme) et parfois même donnée par les êtres humains aux contours lisses et respectables, loin de la débauche (L'Éventreur de New York, d'autres titres déjà cités). Pourtant, qu'on apprécie ou non ces étiquettes, jamais cette mention n'a jamais été plus appropriée que pour Le porte del silenzio.

Le porte del silenzio se fait donc introspectif. À trop penser à sa propre mort, on finit par la rattraper. Une métaphore macabre illustrée avec malice par ce corbillard qui, au départ, bloque le passage et, ainsi, laisse entrevoir au conducteur situé juste derrière lui, son propre nom sur le cercueil déposé à l'arrière. Une manière pour Fulci qui adapte ici l'une de ses nouvelles, "Porte dal nulla" (Les portes de nulle part), parue dans l'anthologie "Le lune nere" (Les lunes noires), d'exorciser ses démons du moment. Malade, le cinéaste entrevoit alors son propre destin comme une fatalité dont il ne peut réchapper. La mettre en scène est une manière d'exorciser sa peur mais aussi d'illustrer son obsession qui selon lui contribue à l'en rapprocher. Une autre tentation, assimilée à l'illusion de l'apaisement, est de se laisser glisser vers elle, de l'accepter. Après tout, elle fait aussi partie de la vie et se laisser séduire jusqu'à la pénétrer est peut-être une option de délivrance. Une option représentée ici par la sensualité de cette femme (Sandi Schultz) dont il ne cesse également d'avoir des visions jusqu'à se laisser tenter par cet obscur objet du désir.




Le porte del silenzio est une oeuvre imparfaite et inégale, mais humble. Fulci n'est pas le seul cinéaste italien à avoir tourné en Louisiane et l'on peut citer en vrac Claudio Lattanzi et Joe D'Amato pour L'attaque des morts-vivants (Killing Birds: Raptors, 1987) et "Au-delà des ténèbres" (La Casa 5, 1990) de Claudio Fragasso, soit deux productions Filmirage du sieur Aristide Massaccesi, mais c'est le seul à en avoir réellement tiré parti. Avec L'Au-delà déjà, en y installant une première porte, celle de l'Enfer, et en se servant, entre autres, des marais comme d'une passerelle onirique pour donner la mort (le lynchage du peintre en préambule). L'une de ses des énormes qualités de Door to Silence (titre anglophone plus répandu dans lequel il ne reste, on ne sait pourquoi, qu'une seule porte), tourné à La Nouvelle-Orléans mais aussi en location à Madisonville, est la façon dont Lucio Fulci capte des lieux désolés, le plus souvent désertés, partout où passe le personnage principal, en voiture le plus souvent, lui conférant ainsi un cachet funeste en plus de couvrir un périmètre géographique important. Un parti-pris idéal pour illustrer une histoire morbide dans laquelle l'onirisme prime. Qui sait, Melvin Devereux, tout comme son père, évolue-t-il peut-être déjà en territoire des morts...




Outre un budget limité qui forcément le musèle, on peut reprocher à Le porte del silenzio qui emprunte des sentiers proches d'oeuvres telles que Carnival Souls ou des plus tardifs The Survivor et Sole Survivor, une direction d'acteur délaissée, signe d’une probable obligation de tourner le moins de prises possible. À ce sujet, dans sa poursuite du corbillard, John Savage assure le minimum syndical mais sa manière de dodeliner de la tête pour souligner sa perplexité puis son désarroi devant ses découvertes successives paraissent autant outrées qu'inutiles. La scène la plus onirique, celle où il découvre que chaque cercueil est au même nom, le sien, n'est pas non plus la plus réussie de ces Portes du silence. Elle reste cependant totalement représentative de l'onirisme funèbre omniprésent chez le réalisateur, du Venin de la peur à "Voix profondes" et, en cela, s'inscrit de manière logique dans une œuvre souvent faite de commandes mais néanmoins totalement cohérente.




Quoi qu'il en soit, le chemin de croix (voir capture) du personnage principal au sein d'un monde purgé de vie parvient à fasciner assez souvent pour que l'on puisse classer Le porte del silenzio parmi les demi-réussites du réalisateur mais aussi et surtout, parmi ses films les plus personnels. Il demeure à ce jour trop méconnu, ignoré même parfois et, en tout cas, régulièrement minoré.

À l’instar des processions ayant cours à La Nouvelle-Orléans, rythmées par des fanfares constituées de Jazz Funeral, Le porte del silenzio n’est finalement rien d’autre que l’orchestration par Lucio Fulci de son propre enterrement. Cinématographique, mais sans doute un peu plus encore...
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Dernière édition par mallox le Dim Sep 30, 2018 2:44 pm; édité 8 fois
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MessagePosté le: Jeu Mai 11, 2017 3:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant

On va pas y aller par quatre chemins (comme dirait Melvin) : La représentation de la Louisiane par Fulci est la meilleure que j'ai vu au cinéma. Fou comme le type a tout compris et su s'imprégner de l'ambiance mystique de cet Etat définitivement à part.
Ce grain d'image presque poussiéreux colle tellement bien au cadre général, la moiteur ambiante et ces bâtiments isolés, ces quartiers abandonnés.

Hélas, sur la durée, le film finit par ennuyer par son voyage sépulcral répétitif. Il manque de rencontres hautes en couleur comme dans le "Kidnapped Coed" de Friedel.

Après, cela reste un volet incontournable de la saga Fast and Furious et comme Jean Sauvage a une drôle de manière d'appuyer sur son klaxon quand il emprunte les multiples détours signalés par des panneaux indicateurs, on comprend vite que Fulci est un grand fan de Bip-Bip et Coyote, lui qui déclarait déjà son amour à Donald dans 2 de ses films.
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MessagePosté le: Jeu Mai 11, 2017 3:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Content que cet aspect là t'ait plu parce que j'ai été bluffé par la façon dont Fulci exploite la Louisiane. Même si comme tu le rappelles, l'ensemble n'est pas toujours convaincant, John Savage en premier lieu. Je pense que l'histoire était parfaite pour faire office de segment dans une anthologie, pas forcément pour atteindre les 90 minutes.
Malgré ses faiblesses narratives (et pas que), le film a réussi à me hanter quelques jours durant, les décors n'y étant pas étrangers.
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