Un colt pour une corde (Billy Two Hats) - 1974

 
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mallox
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MessagePosté le: Ven Oct 13, 2017 7:27 am    Sujet du message: Un colt pour une corde (Billy Two Hats) - 1974 Répondre en citant



Un colt pour une corde - 1974
(Billy Two Hats)

Genre : Western
Origine : États-unis / Royaume-uni / Israël

Réalisé par Ted Kotcheff
Avec Gregory Peck, Desi Arnaz Jr., Jack Warden, Sian Barbara Allen, David Huddleston, John Pearce, Henry Medicine Hat, Zeev Berlinsky, Antony Scott, Dawn Little Sky...






Arch et Billy, deux hors-la-loi, prennent d'assaut une banque. Pendant le casse, ils tuent accidentellement un homme. Lancé à leurs trousses, le shérif Henry Gifford parvient à capturer Billy, mais laisse filer Arch. Cependant, le vieux bandit n'a pas dit son dernier mot et piste Gifford et son prisonnier... Profitant de leur escale nocturne dans une auberge, Arch blesse le shérif et libère son compère. Les deux bandits prennent la fuite et s'enfoncent dans le désert, mais Arch est touché à la jambe...

Quelques mots sur ce film à la fois accessible (diffusions sur des chaines du câble dont cinéclassic, présence d'un dvd Universal - et de blu-ray à l'étranger, si je ne m'abuse) et trop méconnu à mon goût pour ce qu'il vaut...





Billy Two Hats semble poursuivre le travail de sape sur la mythologie du vieil Ouest, celle entamée de manière crépusculaire pas Sam Peckinpah. Du reste il suit "Pat Garrett et Billy le Kid", dernier western de l'irascible réalisateur rebelle, comme s'il en prenait la relève. L'approche naturaliste, refusant toute concession aux stéréotypes, peut le rendre opaque par moments et ce n'est pas là une critique mais bel et bien une des grande qualités du film. Le spectateur n'est pas guidé, on le laisse seul avec les motivations des personnages qui n'ont rarement été montrés de manière aussi humaine dans le genre western, c'est-à-dire pleins de contradictions. Les mythes du bon et du méchant, du bandit honorable et du vilain shérif, du lyncheur, de l'adepte de justice expéditive, et réciproquement pour toutes ces figures de légende représentées depuis 80 ans au cinéma, tout cela laisse place à une sorte de théâtre en plein air, non pas à la manière aussi statique, limite expérimentale de Charley-One-Eye auquel on peut toutefois l'assimiler à certains endroits (dont le fait d'avoir depuis belle lurette reconnu la différence ethnique pour se concentrer ailleurs / ailleurs, l'action qui se fige également à un moment donné, à cause des blessures des personnages principaux) et Billy Two Hats prend le même point de vue du génial "Ulzana's Raid" de Robert Aldrich. Il n'est plus question de prendre parti et de trancher pour tel ou tel personnage plutôt qu'un autre, mais de rendre compte de façon réaliste d'une situation d'époque.




Il n'y a pas non plus de dimension à proprement parler démystificatrice. Comme dit avant, l'ambition est d'être réaliste, quitte à paraître mal aimable et cynique. C'est là où Une corde pour un colt gagne ses galons d'oeuvre moderne car, même si ce n'est pas son but, il succède à des décennies d'imageries qui véhiculaient des valeurs, allant de l'héroïsme communautariste fondateur (Ford) à l'humanisme engagé (Delmer Daves ou peu avant, Arthur Penn et son "Little Big Man"). On pourrait aussi évoquer les grands espaces verts, enneigés ou encore désertiques, le plus souvent magnifiés et qui désormais ne sont plus que rocailles sous un soleil de plomb.

Billy Two Hats ne fait ni dans la démagogie, ni dans le moralisme et se contente d'illustrer un monde où chacun est à la fois victime et coupable. Il s'agit peut-être même du western le plus rugueux des années 70, il est à l'image des personnages, seul avec lui-même.




Quant aux scènes au présent, elles renvoient à l'Histoire de l'Amérique et des États-unis mais se contente de constater l'impasse dans laquelle les guerres indiennes, les prospections et l'être humain en général a amené le territoire et les rapports sociaux, inter-ethniques comme humains.

Il est une séquence particulièrement représentative de cette volonté de réalisme historique : lorsque le vieux Arch (étonnant Gregory Peck) parvient à libérer Billy (Desi Arnaz Jr.) et qu'ils se sauvent au grand galop, l'homme qui va réussir à stopper leur fuite prend tout son temps. C'est un vieux fusil avec lequel il tuait jadis les bisons (dont il dit qu'il n'avait à l'époque pas besoin de viser, juste de tirer dans le tas, au loin) et qu'il n'a pas utilisé depuis au moins cinq années dont il se sert. Il cherche même sa boîte à cartouches, fouille dedans pour en trouver une destinée à cette vieille pétoire, en trouve enfin une, se met de la poussière sur les mains pour éviter sa main de glisser avec la transpiration, lèche le bout du canon pour le lubrifier puis, enfin s'échine à bien ajuster son tire, en réglant le viseur avec précision. Et lorsqu'il tire, il parvient à toucher l'un des deux fuyards, en tout cas suffisamment pour l'immobiliser et se donner les moyens ensuite de le rattraper. Dans cette même scène, l'homme étant blessé à la jambe, le cheval est touché lui aussi et agonise. Un fait qu'on retrouve dans une scène plus tardive. Les chevaux sont des dommages collatéraux auquel le réalisateur semble vouloir rendre hommage, une extension humaine d'époque.




Décidément, Ted Kotcheff est un cinéaste trop souvent réduit au seul "Rambo" (lui-même devant beaucoup à Seuls sont les indomptés). Il est difficile à la vision de Un colt pour une corde (on préfèrera la titre original, plus symbolique de la dualité humaine et du statut de métis de Billy, qui l'évince du monde des blanc comme de celui des indiens) de ne pas penser au génial "Réveil dans la terreur" (Wake in Fright, 1971), probablement son film le plus abouti. On y trouve la même immersion dans un univers rugueux où les amitiés et les rapports sont à double tranchant et où l'on se sent happé dans une peinture amère, pas loin d'être nihiliste et, en tout cas, désillusionnée. On retrouvera encore ces mêmes caractéristiques dans 40 hommes à battre (North Dallas Forty, 1979), dissection franche et cruelle des coulisses du Footbal américain. Quant à "Rambo" et son personnage éponyme, au delà du succès commercial qu'il rencontrera, il fait lui aussi partie des peintures sans fioriture d'un état des lieux, d'un état d'esprit, ainsi que de personnages évoluant dans une histoire elle-même dépendante de l'Histoire. Que ce soit en Australie, au Canada, dans le vieil Ouest ou dans quelques états reculés d'une Amérique moderne, la plupart des films de Kotcheff portent la marque d'un regard extrêmement personnel qui en font un véritable auteur qui aurait mérité consécration en son temps pour davantage qu'un film en l'occurrence réussi mais qui, s'il ne lui fera pas perdre son talent de filmeur et son efficacité, lui fera perdre une petite partie de son âme (à partir de "Uncommon Valor" - lol ).

En tout cas, à sa manière, ce Billy Two Hats qui exploite à merveille les espaces israéliens où il a été tourné, est une sorte de grand film. Un film marquant qui dépasse largement son statut d'oeuvre insolite.






P.S. : Je dépose ce texte juste comme ça, écrit au réveil (ça me fait ça quand un film me marque et me hante quelques jours durant). Il n'a pas de prétention préalable à faire office de critique, juste à donner envie, de rendre un peu hommage à Kotcheff et de faire raccord avec "North Dallas Forty" ici chroniqué et qu'on trouve sur le site.

P.S. 2 : Chérie, j'ai aussi rétréci les images qui étaient en 1808x1090 pixels, façon grands espaces... frank_PDT_07
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Dernière édition par mallox le Mar Avr 10, 2018 6:36 am; édité 2 fois
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MessagePosté le: Ven Oct 13, 2017 8:17 am    Sujet du message: Répondre en citant

Tu n'en avais pas déjà parler ?
ça été tourné en Israël sans être une coprod ?
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mallox
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MessagePosté le: Ven Oct 13, 2017 8:24 am    Sujet du message: Répondre en citant

Pas que je me souvienne. (Mais c'est peut-être la présence du spagh de Hossein "Une Corde, un Colt" qui donne cette impression.)

Oui, c'est en effet une coprod. icon_wink
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