[M] [Critique] City under the Sea

 
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The Omega Man
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MessagePosté le: Dim Oct 15, 2017 5:27 pm    Sujet du message: [M] [Critique] City under the Sea Répondre en citant











War-Gods of the Deep

Titre original : The City Under the Sea

Genre : Fantastique, Aventure, Science-fiction

Année : 1965

Pays d'origine : Angleterre, États-Unis

Réalisateur : Jacques Tourneur

Casting : Tab Hunter, David Tomlinson, Vincent Price, Susan Hart, John Le Mesurier, Derek Newark...

Aka : City Under the Sea/City in the See/20.000 leghe sotto la Terra/Stadt im Meer/La cuida sumergida


Scénario : Bennett & Louis M. Heyward (d'après le poème The City in the Sea de Edgar Allan Poe)
Image : Stephen Dade
Image sous marine : Neil Ginger Gemmell & John Lamb
Musique : Stanley Black
SFX : Les Bowie & Frank George
Décors : Daniel Haller
Accroche : Nemo, vous avez dit Nemo ?

Distribution :
Tab Hunter (Ben Harris), David Tomlinson (Harold Tufnell-Jones), Vincent Price (Captain Sir Hugh Tregathian), Susan Hart (Jill Tregellis), John Le Mesurier (Reverend Jonathan Ives), Derek Newark (Dan)...

Résumé :
1903, au pied des falaises de Cornouailles - Des pêcheurs ont découvert un corps et le montrent à un jeune scientifique, Ben Harris. Ils reconnaissent Mr Pennrose, l’avocat qui conseillait Jill Tregillis, venant d'hériter d'un manoir familial. Harris décide d’aller prévenir lui-même Tregellis, car aucun des pêcheurs ne veut le faire.

Cinéaste de l'ombre, poète de la suggestion, Jacques Tourneur est une exception dans le monde du cinéma français. Né à Paris, il est exilé aux États-Unis avec ses parents et naturalisé américain. Il revient en France et devient réalisateur. De retour aux États-Unis, il réalise trois chefs-d’œuvre sous la houlette du producteur Val Lewton : « Vaudou », « La Féline » et « L'Homme léopard ». Beaucoup auraient pu s'arrêter en route, mais alors que le réalisateur est devenu "bancable" aux yeux des Américains (Berlin Express, La Griffe du passé, La Flibustière des Antilles), il part en Angleterre et réalise son chef-d’œuvre absolu, « Rendez-vous avec la peur ». Le film, remonté, mutilé, devient pourtant une référence du genre. Le réalisateur se tourne alors vers la télévision. A la demande de l'acteur Steve Reeves, il tourne un péplum, « La Bataille de Marathon », mais laisse Mario Bava réaliser certaines séquences. Paradoxalement, si Tourneur est reconnu dans son pays par les cinéphiles, il est boudé par le public et décédera en 1977 dans l'anonymat.

Après le tournage de « La Bataille de Marathon », Tourneur reçoit une proposition du producteur Samuel Z. Arkoff, patron de L'AIP, la réalisation de trois films. Le premier, « The Comedy Of Terrors », s'annonce sous de bons auspices avec son casting de choix (Vincent Price, Peter Lorre, Basil Rathbone et Boris Karloff), mais bien vite Tourneur se rend compte que sa vision du film (et surtout le ton qu'il voudrait lui donner) ne sont pas les mêmes que celle du producteur. C'est donc un Jacques Tourneur fataliste qui s'attelle à sa deuxième productions AIP, « The City Under the Sea », basée sur un court poème de Edgar Allan Poe.
L'astuce est évidente comme le nez au milieu du visage, l'ombre de Roger Corman et de son cycle Poe plane sur le projet comme un corbeau. Le but des producteurs est évidemment de capitaliser sur la réputation du cycle Corman, et d'utiliser les dons de suggestion et le grand professionnalisme de Tourneur pour réaliser de substantielles économies. Pour le réalisateur, c'était l'occasion de tourner un film d'aventures dans de superbes décors naturels (le film est tourné sur place en Cornouaille) et en studio. Pour cela, il peut compter sur l'aide de Daniel Haller, chef décorateur de génie (notamment pour le cycle Poe de Corman) et futur réalisateur de « The Dunwich Horror », qui confectionne quelques décors magnifiques, comme le manoir gothique , le repère de Price avec cette main géante au plafond ou la pièce vitrée donnant sur le fond de l'océan. Tourneur balade alors sa caméra au gré de son inspiration, captant de temps à autre quelques plans de toute beauté ; la scène où l'héroïne se promène la nuit dans les couloirs est tout bonnement magnifique. Cependant, Tourneur nous avait habitué à mieux, et le pauvre peine à retrouver son habilité à filmer. Il faut bien avouer que la motivation du réalisateur aurait pu être tout autre si ce dernier avait eu un scénario, ce qui est loin d'être le cas. Filmer des acteurs déambuler dans des décors, aussi beau soient-ils, n'est pas des plus enthousiasmant et le réalisateur prête surtout son nom pour l'associer à celui de Price qui, d'après une info présente sur le DVD américain, n'avait absolument aucune idée de l'histoire du film lorsqu'il signa son contrat !

Une nouvelle fois, Tourneur n'a pas de chance. Les producteurs anglais quittent le projet, alors que le scénario est continuellement remanié par des décisions aberrantes, comme le personnage de l'artiste excentrique qui se promène partout avec un poulet, même dans son scaphandre de plongée ! Presque le coup de grâce d'un film bancal que le réalisateur finira quand même, laissant les séquences sous-marines aux soins de John Lamb. Certaines critiques iront jusqu'à comparer la descente des héros vers le monde sous-marin à la situation du réalisateur sur le tournage (une descente aux enfers). Film de producteur à l'attention des ados des drive-in , le scénario mélange maladroitement un peu de Poe (Vincent Price, maison lugubre, portrait avec un sosie de l'héroïne et malédiction), de Jules Vernes (les scaphandres, le monde sous-marin), une larme de Lovecraft (les créatures sous-marines) et plein d'autres choses (l'Atlantide…) sans jamais vraiment convaincre personne, malheureusement (comment un homme-poisson réussit-il à se retrouver dans le manoir ? ). Il demeure toutefois quelques vignette d'une beauté rare, que Tourneur réussit à extraire de ce maelstrom d'incongruité ; on est bien loin de l'époque Val Lewton !

Presque oublié aujourd'hui, le film de Tourneur aurait dû lui donner une deuxième chance, mais ce sera son dernier film pour le cinéma. Le réalisateur prendra sa retraite dans le sud de la France. Le film est resté inédit en France pendant quelques années. Depuis, il a été diffusé sur quelques chaînes payantes. Par contre, le film est sorti dans plusieurs pays européens comme l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne ; il est d'ailleurs assez facile à trouver, chaque pays l'ayant édité sous divers formats.
Un troisième film devait clôturer le contrat de Tourneur, « When the Sleeper Wakes », d'après H.G. Wells.



























Le poème qui inspire le film :

Voyez ! la Mort s’est élevée un trône dans une étrange cité gisant seule en l’obscur Ouest ;
où les bons et les mauvais,
les pires et les meilleurs s’en sont allés au repos éternel.
Chapelles et palais et tours (par le temps rongées, des tours qui ne tremblent pas !) ne ressemblent à rien qui soit chez nous.
À l’entour, par le soulèvement du vent oubliées,
avec résignation gisent sous les cieux les mélancoliques eaux.

Nul rayon, du ciel sacré ne provient, sur les longues heures de nuit de cette ville ;
mais une clarté sortie de la mer livide inonde les tours en silence,
– luit sur les faîtes au loin et de soi,
– sur les dômes, sur les résidences royales,
– sur les temples,
– sur des murs comme à Babylone,
– sur la désuétude ombragée de vieux bosquets d’ifs sculptés et de fleurs de pierre,
– sur mainte et mainte merveilleuse chapelle dont les frises contournées enlacent avec des violes la violette et la vigne.
Avec résignation sous les cieux gisent les mélancoliques eaux.
Tant se confondent ombres et tourelles,
que tout semble suspendu dans l’air,
tandis que d’une fière tour de la ville la Mort plonge, gigantesque, le regard.

Là, des temples ouverts et des tombes béantes bâillent au niveau des lumineuses vagues ;
mais ni la richesse qui gît en l’œil de diamant de chaque idole,
ni les morts gaiement parés de joyaux ne tentent les eaux hors de leur lit,
car aucune lame ne s’enroule, hélas !
le long de cette solitude de verre,
– aucun gonflement ne raconte qu’il peut être des vents sur quelque mer plus heureuse du loin,
– aucune houle ne suggère que des vents ont été sur des mers d’une moins hideuse sérénité.

Mais voici ! un branle est dans l’air :
la vague – il y a mouvement.
Comme si les tours avaient repoussé,
en sombrant doucement,
l’onde morne,
– comme si les faîtes avaient alors faiblement fait le vide dans les cieux figés.
Les vagues ont à présent une lueur plus rouge,
les heures respirent sourdes et faibles,
– et quand, parmi des gémissements autres que de la terre,
– très bas
– très bas,
– cette ville hors d’ici s’établira,
l’Enfer, se levant de mille trônes, lui rendra hommage.
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