[M] [Critique] La fille de Dracula

 
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flint
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MessagePosté le: Dim Juin 17, 2018 4:26 pm    Sujet du message: [M] [Critique] La fille de Dracula Répondre en citant



La fille de Dracula

Genre : Horreur, Erotique

Année : 1972
Pays d'origine : France, Portugal

Réalisateur : Jesus Franco
Casting : Britt Nichols, Anne Libert, Alberto Dalbés, Jesus Franco, Daniel White, Howard Vernon...

Aka : Daughter of Dracula/Eine Jungfrau in den Krallen von Vampiren/La hija de Dracula/De dochter van Dracula



« La fille de Dracula » est considérée comme une œuvre mineure dans la vaste filmographie de son auteur, même si les détracteurs de Jess Franco diront que tous ses films furent dans l'ensemble insignifiants. A sa décharge, « La fille de Dracula » traîne comme un boulet une mélancolie du début à la fin, pouvant sans aucun doute confiner à l'ennui. C'était probablement l'intention de son réalisateur, soucieux de se démarquer de son précédent « Count Dracula » (Les nuits de Dracula, 1970) pour lequel sa marge de liberté était réduite. Du coup, dès que l'opportunité se présenta, Jesus Franco ne se priva pas de dénaturer à outrance le roman de Bram Stoker, avec « Vampyros Lesbos », d'abord, puis « Dracula prisonnier de Frankenstein » et donc « La fille de Dracula », dont les amours saphiques des deux héroïnes principales évoqueraient plus Sheridan Le Fanu que Bram Stoker.



D'ailleurs, dans ce film il est question d'un Comte Karlstein, interprété avec sobriété par le compositeur Daniel White. Ce nom fait évidemment référence à la famille Karnstein au centre de l'intrigue du « Carmilla » de Sheridan Le Fanu, publié en 1871. Si le nom de Karnstein fut conservé par la firme Hammer pour sa trilogie comprenant « The Vampire Lovers », « Lust for a Vampire » et « Les Sévices de Dracula », Franco, roi du détournement, emprunta le nom sans chercher à en cacher l'origine, le transformant simplement en Karlstein, un nom qu'il utilisera à nouveau l'année suivante pour « La Comtesse noire », avec l'inoubliable Lina Romay dans le rôle d'Irina Karlstein.



Mais en attendant, nous sommes en 1972 et Lina n'est pas encore la muse de Jesus Franco. Soledad Miranda est décédée en 1970, et durant cette période de transition l'intérim est assuré par deux actrices aux physiques différents mais complémentaires : Britt Nichols et Anne Libert. La première, de son véritable nom Carmen Yazalde (ou plus exactement Marìa do Carmo da Resurreição de Deus – au Brésil les noms de famille sont aussi longs que les cris d'un commentateur de football pour célébrer un but), est un ex-modèle et danseuse de cabaret devenue actrice durant une brève période de sa vie, et presque exclusivement pour Jesus Franco. Sa première apparition dans un film du cinéaste ibérique est dans « Les vierges et l'amour » (Jungfrauen Report). Après quoi elle abandonne le 7ème Art pour se marier avec une vedette du football argentin (Hector Yazalde). Elle mènera en Argentine une carrière de mannequin, tournera dans des publicités et sera même animatrice d'émissions TV.



La seconde, née en Belgique, est la fille d'un romancier connu pour être l'un des deux auteurs de la série policière Coplan. Anne Libert sera l'une des comédiennes attitrées de Jesus Franco (sa première apparition étant dans « Trois filles nues sur l'île de Robinson ») puis de Jean-François Davy. Mais on la verra également dans « Les Charnelles » de Claude Mulot et « Ta gueule, je t'aime » de Serge Korber. Jess Franco réunit les deux actrices pour la première fois dans « Une vierge chez les morts-vivants ». On les retrouvera ensuite dans « Dracula prisonnier de Frankenstein », « Quartier de femmes », « Les expériences érotiques de Frankenstein », « Les Démons » et le film qui nous concerne ici.



Autant dire à ce propos que le duo féminin est l'intérêt principal de « La fille de Dracula », qui contentera bien plus les amateurs d'érotisme que de cinéma fantastique. Sachant que le Comte Dracula, ici incarné par Howard Vernon, passe la totalité de son temps de présence (passablement réduit) dans un cercueil (ce que l'on appelle un rôle de décomposition), on peut affirmer sans se tromper que « La fille de Dracula » n'a d'horrifique que son titre et qu'il ne s'apparente, ni de près ni de loin, au film éponyme de Lambert Hyllier tourné en 1936 qui est quant à lui un classique de la firme Universal.

Oui, l'intérêt de cette « Fille de Dracula » sauce Franco réside dans les ébats passionnés des deux actrices qui mettent d'ailleurs tout leur cœur dans leurs scènes de cul. Et elles sont fort belles les deux scènes en question, dont la première se situe à la 34e minute et la seconde à la 68e. Sept minutes environ pour la première scène entrecoupée par des passages de Daniel White au piano, et à peu près cinq minutes pour la seconde, s'achevant par la morsure fatale.



Anne Libert apparaît évaporée, évanescente et simplement Eve, croquant les pommes de Britt Nichols mais ignorant que la maîtresse est aussi le serpent. Dans le film, elles sont également cousines, ajoutant ainsi à leur relation amoureuse un caractère incestueux. Et Franco, qui n'a de catholique que le prénom, s'amuse d'ailleurs à blasphémer un peu plus lors du premier baiser échangé dans une chambre entre Karine (Anne Libert) et Luisa (Britt Nichols) juste en dessous d'un crucifix accroché au mur. Britt Nichols, en implacable prédatrice, apporte le contrepoids idéal face à la fragilité apparente de sa partenaire. Leurs étreintes passionnées et terriblement réalistes sont immortalisées par la caméra voyeuriste du metteur en scène, alternant plans d'ensemble sur les deux actrices et zooms sur des parties précises de leur anatomie, ne pouvant s'empêcher quelques flous artistiques sans pour autant en abuser. Ce n'est pas tous les jours qu'un vampire s'éclate au pieu…



Et pendant ce temps là, Howard Vernon roupille dans son cercueil, Daniel White pianote et fume la pipe, les victimes de sexe féminin s'accumulent, l'enquête piétine, Jess Franco tourne des scènes de cabaret avec strip-teaseuse comme il en a le secret, musique jazzy en prime, et un journaliste curieux accumule les indices. Franco s'octroie même un rôle dans lequel il enchaîne avec le plus grand sérieux des aphorismes abscons, avant d'expédier le final en trois minutes chrono, prenant ainsi le spectateur déjà perplexe à contre-pied. On n'en attendait pas moins de lui.


Fiche dvd/blu-ray



La fille de Dracula – Artus Films

Région : Zone 2 PAL (dvd) – B (blu-ray)
Éditeur : Artus Films

Pays : France
Sortie film : 14 décembre 1972
Sortie dvd/blu-ray : 5 juin 2018

Durée : 79 mn (dvd) – 82 mn (blu-ray)
Image : 2.35:1 – 16/9e compatible 4/3  (1920/1080p pour le blu-ray)
Audio : Dolby Digital 2.0 (dvd) – DTS-HD 2.0 (blu-ray)

Langue : français
Sous-titres : non



Bonus :

- « La main d'un assassin », par Jean-François Rauger (18mn49)

- Diaporama de photos (2mn42)

- Films-annonces de la collection Jess Franco



Commentaire : Tout comme « Les expériences érotiques de Frankenstein » et « Les Démons », « La fille de Dracula » est présentée dans sa version française d'origine, et dont la durée de 78mn50 équivaut à la version intégrale. Alors, si l'on compare avec le dvd allemand de X-Rated Kult, on recense un écart de neuf secondes puisque la durée totale de ce dernier atteint 78mn59. Mais point de coupe, aussi légère soit-elle, dans la version d'Artus Films, puisque cette différence d'à peine dix secondes trouve son origine dans le générique d'ouverture, X-Rated Kult ayant retenu à l'époque (en toute logique) le générique allemand qui présente les mêmes images, la même bande-son, mais une différence dans la présentation du casting et de l'équipe technique. Pour la petite histoire, on notera qu'Anne Libert devient chez nos voisins Anne « Liebert » mais, sachant que « Liebe » signifie « chérie » ou « amour » en allemand, on peut dire que ce petit changement n'avait finalement rien de choquant, eu égard à la beauté de l'actrice. Le master d'Artus Films, à la différence de celui de X-Rated Kult (qui remonte quand même à 2004), ne présente aucun défaut, pas de scories, de points blancs ou griffures diverses, et la piste française est très claire.





Le bonus principal nous permet de retrouver l'érudit Jean-François Rauger, historien du cinéma et directeur de la programmation à la Cinémathèque française. C'est d'ailleurs dans ce cadre qu'il organisa une grande rétrospective Jess Franco en ce lieu entre le 18 juin et le 31 juillet 2008, durant laquelle furent programmés une soixantaine de films du réalisateur. Jean-François Rauger est donc bien placé pour nous parler du cinéaste, ce dont il s'acquitte durant une vingtaine de minutes, analysant le film, son côté extravagant, et par conséquent la réaction du public à l'époque et les critiques assassines qui en suivirent. Il évoque tour à tour la collaboration de Franco avec Robert De Nesle, les lieux de tournage de « La fille de Dracula », l'intrigue à base de péripéties, la manière de filmer du cinéaste, l'emphase des dialogues, l'impression de temps suspendu, la dimension érotique et musicale et la beauté des scènes saphiques. En résumé, une analyse pertinente à laquelle on ne peut qu'adhérer.



Le module est accompagné d'un diaporama qu'il serait dommage de « zapper » car il montre exclusivement des photos de tournage du film dans un noir et blanc parfois fatigué (certaines archives ont souffert avec le temps) mais qui, tout comme le jardin de Gaston Leroux n'ont rien perdu de leur éclat.
Cette première sortie de « La fille de Dracula » en France, sous format dvd et blu-ray, est donc une réussite, et même si ce titre est loin de compter parmi les meilleurs de son auteur, il apporte un complément intéressant à la filmographie aussi riche que diverse de Jesus Franco.

Note : 8/10



(Autres captures à suivre...)


Dernière édition par flint le Lun Juin 18, 2018 7:28 am; édité 1 fois
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flint
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MessagePosté le: Dim Juin 17, 2018 4:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant



























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MessagePosté le: Dim Juin 17, 2018 5:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et pour le plaisir des yeux :























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sigtuna
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MessagePosté le: Lun Juin 18, 2018 5:17 am    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8

pokemon (faute de smyley belette)

Citation:
Ce n'est pas tous les jours qu'un vampire s'éclate au pieu


Sinon il était logique que Marìa do Carmo da Resurreição de Deus rencontre Jesus.
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