[M] [Critique] Les Pistoleros - 1964

 
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mallox
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MessagePosté le: Mer Sep 19, 2018 4:30 am    Sujet du message: [M] [Critique] Les Pistoleros - 1964 Répondre en citant




Les Pistoleros - 1964
(La tumba del pistolero)

Origine : Espagne / France
Genre : Western Européen

Réalisé par Amando de Ossorio (sous le pseudo de Albert Mann)
Avec George Martin, Jack Taylor, Mercedes Alonso (sous le pseudo de Mercedes West), Silvia Solar, Luis Induni, Luis Villar, Frank Braña, Miguel del Castillo, Tito García, Aldo Sambrell, Todd Martens, Ángel Ortiz, Alfonso de la Vega, José Villasante, Lorenzo Robledo...

Autres titres : Tomb of the Pistolero / Grave of the Gunfighter / Attento gringo... ora si spara! (Italie) / O Túmulo do Pistoleiro (Brésil)







Tom Bogard (George Martin) s'en vient de Boston pour la petite ville minière de Pearson City afin d'élucider la mort de son frère Jack (Todd Martin), quelques semaines auparavant. Très vite, il se heurte aux réticences de la population, en premier lieu celle du banquier Herbert Brandon (Jack Taylor), qui semble imposer sa loi dans ce coin perdu attendant toujours sa voie de chemin de fer pour prospérer. Même le shérif (Luis Induni) semble à sa botte. Seule Russ (Mercedes Alonso), la sœur de Brandon, l'accueille favorablement. Il finit par trouver refuge chez Gonzalès (Miguel del Castillo), un ami de Jack. Intrigué par les bouquets de fleurs laissés sur la tombe de son frère, Tom se cache et surprend Taffy (Silvia Solar), la jolie chanteuse du saloon, déguisée en homme...






Coproduction hispano-française (Marius Lesoeur est de la partie avec Eurociné, et régulièrement présent à l'époque dans ce genre de productions - n'en déplaise à Narnaqueland), il s'agit du second film que signe Amando de Ossorio, dix ans après une méditation sur le destin et la mort en forme de monologue ("La bandera negra"), et juste avant d'enchainer avec un second western, "Massacre d'Hudson River" (aka "La Frontière de la haine"). On y retrouve le duo George Martin et Jack Taylor, présent la même année dans le "Billy le Kid" de León Klimovsky, à une période où le western paella devançait chronologiquement le western spaghetti, tandis que l'un se fondra peu après dans l'autre régulièrement. George Martin s'était fait également remarquer dans "La Furie des Apaches" de José María Elorrieta tandis que Jack Taylor, qui était déjà apparu dans le genre en 1958 ("Les desperados de la sierra") campait régulièrement les assistants démoniaques ou les professeurs dans les horrifiques vampiriques signés Federico Curiel (lui aussi présent en tant qu'acteur dans le film de 1958). Aucun des deux n'est à proprement affilié au genre même si l'on reverra le premier dans quelques westerns dont "Un Pistolet pour Ringo" et "Le Retour de Ringo" de Duccio Tessari.







Il faut dire que "Billy le Kid" de León Klimovsky n'incitait pas à la clémence. Nos deux acteurs mèneront ensuite assez vite une carrière loin de l'Ouest sauvage. On retrouvera George Martin dans Le Baron vampire (Mel Welles), Devil Blade, Le Corsaire noir avant de réaliser trois films dans lesquels il s'octroiera la vedette, "Vamos a matar Sartana" (coréalisé par Mario Pinzauti), "Frissons diaboliques" puis "Los hijos de Scaramouche" avant de disparaître des écrans. Quant à Jack Taylor, son chemin croisera celui d'un certain Jesús Franco (Les Inassouvies, Les Nuits de Dracula, "Les Cauchemars naissent la nuit", "La Comtesse noire", "Des Frissons sur la peau", Deux sœurs vicieuses,...) et on le verra régulièrement à l'écran jusqu'en 2014 ("Exorcismo", Enigma rosso, Le Sadique à la tronçonneuse,...) ; il retrouvera d'ailleurs de Ossorio pour La Nuit des sorciers et "Hydra, le monstre des profondeurs" ; on le croisera également dans "Conan le barbare" de John Milius. Était-il nécessaire de refaire leur carrière ? Oui, car non seulement ils tiennent les premiers rôles ici, en rivaux irascibles, mais en plus ils s'y montrent convaincants, ce qui était loin d'être gagné d'avance.







Si La tumba del pistolero joue beaucoup sur leur antagonisme meurtrier, la véritable vedette du film (une certaine Liz), celle autour duquel l'histoire s'articule, est morte dès le départ, assassinée. Et c'est parce qu'elle a été tuée que Jack Bogard l'a été en retour. C'est du reste la mort non élucidée de Liz qui constitue une grande partie de l'originalité de ce western qui tient donc de la pure enquête policière. Écrit par Amando de Ossorio lui-même, le scénario demeure constamment surprenant. Entre une tombe vide, semble-t-il profanée, un flashback énigmatique, une gente féminine mise au premier plan, des convois d'or systématiquement volés par des cavaliers noirs, on se laisse facilement prendre au piège d'une intrigue savamment tissée, toute faite de coups de théâtre, jusqu'à un dénouement dont on ne dira bien entendu rien.

Mis en scène de façon dynamique et nerveuse, La tumba del pistolero est, chose étonnante pour son époque, tourné en scope mais en noir et blanc et bénéficie à ce titre d'un soin tout particulier apporté à la photographie, dont se charge un certain Miguel Fernández Mila ("Quatre hommes à abattre", "L'Homme qui a tué Billy le Kid", Toutes les couleurs du vice, Une Libellule pour chaque mort...) et d'une musique au diapason composée par Daniel White (*)
, le plus souvent associé à Eurociné et à Jess Franco, mais pas que ("Le Sadique Baron Von Klaus", "Les Maîtresses du Docteur Jekyll", Sumuru, la cité sans hommes, The Million Eyes of Sumuru, "L'Homme à la tête coupée", Le Lac des morts vivants...).






Malgré ses allures de série B à l'américaine, le fait que La tumba del pistolero fut tourné dans la zone de Hoyo de Manzanares, notamment à Golden City, l'assimile forcément au western spaghetti où y seront tournés moult bobines dont, la même année, une partie de l'initiateur "Pour une poignée de dollars" du sieur Leone. Un sentiment renforcé par la présence de certains seconds couteaux qui jalonneront le genre, mais dont on ne citera pour le coup que leurs incursions dans le trop méconnu western hispanique pré-Leonien : l'immanquable Aldo Sambrell, présent dans le western paëlla depuis le début des années 60 avec "Trois Cavaliers noirs" et "Les Trois Implacables" de Joaquín Luis Romero Marchent ou encore "Duel au Texas" de Ricardo Blasco (dans lequel il croise déjà Tito García ici présent) ; Frank Braña, jusque là plus présent dans le genre péplum ou aventures (mais également chez José María Elorrieta dont le déjà cité "La Furie des Apaches" ainsi que dans "Renegade at Fort Grant") ; Miguel del Castillo (l'hispano-italien "La Griffe du coyote" réalisé en 1963 par Mario Caïano, "4 balles pour Joë" de Agustín Navarro, "L'Ange noir du Mississippi" de Ramón Torrado...) ; idem encore pour Luis Induni ("Les Cavaliers sans peur" de Josep Maria Forn, "Ride and Kill" de José Luis Borau)...






On pourrait ainsi recenser puis énumérer une grande partie du casting et s'apercevoir qu'il y a encore du beau monde dans ce La tumba del pistolero, qui eut les faveurs d'une sortie en France en mars 1965. Des seconds plans qu'on connait pour la plupart et pour leur présence dans les spagh, et pour bien d'autres méfaits dont Psychovision aime à se repaître.
Concluons en touchant deux mots à propos des deux actrices principales, dont les présences, comme suggéré avant, sont importantes, et signalons les impeccables prestations de Mercedes Alonso ("We are 18 Years Old" de Jess Franco, mais aussi déjà présente dans "Les Hors-la-loi de Casa Grande", western hispano-américaine signé Roy Rowland) qui s'amourache ici de George Martin et dont la présence est très charismatique. Elle jouera dans un autre western l'année suivante, "Solo contro tutti" de Antonio del Amo, avant que sa carrière ne se limite à son propre pays et dont les faits de gloire les plus marquants sont dans des séries télévisées ("Suspiros de España" de 1974-1975, 35 des 39 épisodes de "Duro como la roca... frágil como el cristal" dès 1985, etc.). Dans un rôle a priori plus superficiel, Silvia Solar (Chats rouges dans un labyrinthe de verre, "Le Baiser du Diable", Los violadores del amanecer, "Terreur cannibale"...) a elle aussi vite fait d'emballer son spectateur.






Bref, Les Pistoleros est un spectacle fort plaisant, voire même un peu plus par moments. Il est donc dommage qu'il reste si méconnu, en France en premier lieu. Mais n'est-ce finalement pas là le cas de nombreuses œuvres précurseurs de même nationalité ?






(*) Daniel White, vieux briscard né en 1912, n'hésitera pas, en plus de signer la musique, de faire des caméos dans des œuvres peu recommandables telles que Les Expériences érotiques de Frankenstein, "Les orgies du Golden Saloon", Train spécial pour Hitler, Elsa Fräulein SS, Nathalie rescapée de l'enfer ainsi que dans bien d'autres "cancreries".
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Dernière édition par mallox le Dim Mar 17, 2019 8:17 am; édité 1 fois
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MessagePosté le: Mer Sep 19, 2018 9:38 am    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8 Un paella western pré-spagh (mais post sauerkraut).
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flint
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MessagePosté le: Sam Mar 16, 2019 6:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

A lire cette critique instructive, je me posais cette question : Existe-t-il un ouvrage consacré au western ibérique ? Celui-là a l'air tout à fait sympathique, et j'imagine que d'autres westerns "paella" le sont tout autant (j'en ai vu très peu, en fait).
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mallox
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MessagePosté le: Dim Mar 17, 2019 8:46 am    Sujet du message: Répondre en citant

Des ouvrages qui se soient penché de manière exhaustive sur le western ibérique, pas sûr que ça existe.

C'est d'autant plus dommage qu'à bien y regarder, il n'est pas seulement coincé entre le spagh et le sauerkraut puisque c'est un genre qui était déjà pas mal pratiqué au milieu des années 50, avant des coprods avec l'Italie, l'Allemagne ou la France. Joaquín Luis Romero Marchent, par exemple, tournait déjà "Le Coyote" et sa suite. Fernando Méndez avait déjà tourné "Vengeance Apache" et "Le Renard blanc" avec Rafael Baledón, en 1959 et 1960, certes en co-prod avec le Mexique. Même "Sentence contre une femme" d’Isasi-Isasmendi est un western à sa manière. Y a pas mal d'autres exemples à citer même si le genre qui avait plus encore le vent en poupe dans les années 50 était le film d'aventures, de pirates et de capé et d'épée.
Mais bon, finalement, le western ibérique est presque un genre plus mexicain qu'espagnol durant cette décennie. Mais sûr que ce serait intéressant d'exhumer les tombes espagnoles autant que mexicaines.
En tout cas le western ibérique pré-spagh comporte un nombre assez impressionnant de titres.
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sigtuna
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MessagePosté le: Lun Mar 18, 2019 8:24 am    Sujet du message: Répondre en citant

Rien en français à ma connaissance, le problème c'est qu'à partir des années 60 ça devient une branche plus ou moins "exotique" du spagh (et plutôt moins d'ailleurs), reste effectivement les westerns espagnol pré spagh mais là je n'y connait rien.
L’évocation par Mallox du western mexicain (que j'avoue ignorer encore plus) me fait penser aux films de "Gauchos" du cinéma argentin où Fregonese fit ses classes.
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