[M] [Critique] (De) Corléone à Brooklyn - 1979

 
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mallox
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MessagePosté le: Mer Déc 19, 2018 6:40 am    Sujet du message: [M] [Critique] (De) Corléone à Brooklyn - 1979 Répondre en citant



Corléone à Brooklyn - 1979
(Da Corleone a Brooklyn)

Origine : Italie
Genre : Poliziesco / Thriller

Réalisé par Umberto Lenzi
Avec Maurizio Merli, Mario Merola, Venantino Venantini, Van Johnson, Biagio Pelligra, Nando Marineo, Sonia Viviani, Laura Belli...

Autres titres : From Corleone to Brooklyn (USA) / The Sicilian Boss






Michele Barresi, grand ponte mafieux italien, décide de migrer pour un climat de sécurité plus sûr, celui de Brooklyn, après que son principal concurrent ait été abattu dans la petite ville sicilienne de Corleone. Le commissaire Berni apprend que le ponte a mis un contrat sur les deux seuls témoins du meurtre : Salvatore Scalia, l'assassin, et sa petite amie. Aux États-Unis, les chefs d'inculpation envers le parrain italien tombent successivement à plat. La fille est tuée mais Berni réussi à arrêter Scalia. Il s'agit dès lors d'amener ce même Scalia de Palerme à New-York afin de le faire témoigner contre Barresi, pour enfin le faire mettre en taule. Qui dit mafia dit ramifications et réseaux, celle-ci n'a donc aucune intention de permettre à Berni et son témoin à charge d'arriver vivants à New York...






Da Corleone a Brooklyn est produit par Sandro Infascelli, lequel remettra le couvert juste après avec La Guerre des gangs de Lucio Fulci. Il s'agit également du dernier film d'Umberto Lenzi qu'on peut affilier au poliziottesco, ainsi que, selon les propres dires du réalisateur, son préféré dans le genre. Notons que le titre français, comme d'autres titres étrangers, trahit l'histoire si bien que l'on pourrait croire de prime abord qu'un certain Vito Corleone s'est échappé de chez Coppola pour venir trouver refuge chez Umberto Lenzi. Il n'en est rien, du reste, Corleone, même dans "Le Parrain", tirait son nom de la petite ville sicilienne où il avait grandi. Aussi, au lieu d'un Corleone à Brooklyn il est préférable d'évoquer une sorte de road movie périlleux allant "De Corleone à Brooklyn". Quant à la destination, elle n'est pas sans évoquer à nouveau Lucio Fulci qui, la même année, venait de tourner sur son pont et à la sauvette, son Zombi 2, produit quant à lui par Ugo Tucci. Selon ce dernier, c'est Fulci lui-même qui aurait convaincu l'acteur Mario Merola de participer au film de Lenzi (Fulci, chantre du Musicarello, tournait à l'époque "Un uomo da ridere", une mini-série mettant en vedette Franco Franchi et dans laquelle apparaissait lors d'un épisode son ami Merola). Rappelons enfin que Mario Merola est bien plus célèbre en Italie pour sa carrière de chanteur que pour celle, plus tardive, d'acteur, et que, même si celui-ci a déjà joué en 1973 dans "Sgarro alla camorra" sous la houlette de Ettore Maria Fizzarotti, son incursion-retour sur le grand écran est alors toute récente, avec trois poliziesco tournés successivement et en moins de deux ans pour Alfonso Brescia ("Napoli serenata calibro 9", "L'ultimo guappo" et "Il mammasantissima"), cinéaste avec lequel il entretient une forte amitié au point de lui réserver quasiment l'exclusivité de ses talents d'acteurs.






Niveau poliziesco, la vigilance est ici pour les policiers eux-mêmes, ainsi que pour tout témoin ayant une chance de nuire au big boss parti aux États-Unis. Il ne s'agit plus d'assurer la protection des citoyens par des actes justiciers autonomes, et ce sont les garants-même de la loi et de l'ordre qui sont dès lors en danger quand un grand ponte mafieux se retrouve prêt à être extradé d'Outre-Atlantique en Italie. À ce niveau, Da Corleone a Brooklyn n'est pas sans évoquer l'excellent "Un juge en danger" de Damiano Damiani et, à ce propos, c'est en les mettant en parallèle que le bât blesse. Umberto Lenzi tergiverse trop longtemps avant d'emmener son récit dans un road-movie mouvementé et de livrer au final ce que le film aurait dû être : un pur film d'action mené à cent à l'heure. Au lieu de cela, le spectateur se voit trimballé durant un moment de commissariat en commissariat, de région en région, de pays en pays, avec, en point de mire, des instances plus ou moins complaisantes ou laxistes. Mais la passerelle entre le cinéma de Damiano Damiani et celui d'Umberto Lenzi est aussi intéressante à faire que de traverser le pont de Brooklyn pour porter témoignage. Une façon de rappeler ce que doit le poliziottesco, genre que l'on situe plutôt à droite, à ses précurseurs, des films "dénonciateurs" et plus rhétoriques, jugés plutôt de gauche ("Bandits à Milan", Confession d'un commissaire de police au procureur de la république, ...). Une erreur de catégorisation assez manifeste puisque les deux genres se complètent au point que les policiers italiens des années 70 ont fini par achever le travail initié par les pamphlétaires de la fin des années 60, en outrepassant les limites d'une loi qu'on leur annonçait viciée par les instances supérieures.






L'un générait la frustration lorsque l'autre apportait un pouvoir cathartique. C'est en cela aussi que Da Corleone a Brooklyn et "Un juge en danger" sont intéressants à rapprocher car ils constituent des fins de cycle pour leur réalisateur respectif et, outre leurs similitudes au niveau du récit, ils sont tous deux marqués du sceau de leur désenchantement.
Mais quoi qu'il en soit, De Corléone à Brooklyn est aussi un pur film d'action à suspens. À ce niveau, ce n'est pas forcément le plus galvanisant des polars "lenziens" et l'on peut lui préférer les débordements furieux de Brigade spéciale ou de La Rançon de la peur, ou bien encore la maitrise, certes plus mécanique de Le Cynique, l'infâme, le violent ; cependant on aurait tort de bouder son plaisir devant ce presque chant du cygne d'un genre qui agonisera aux débuts de la décennie à venir.
Maurizio Merli, plus reconnaissable jusque lors pour sa moustache et sa propension à se prendre au sérieux, se fend d'un brushing annonciateur des "années mauvais goût" (lesquelles suivent les années de plomb) et, bien qu'on s'attende de sa part à un tour de piste Disco, il faut bien admettre qu'il fait le job et continue de donner dans Da Corleone a Brooklyn de la vigueur à cet adage plein de bon sens envers les beau-parleurs et autres moralisateurs de salon : "Seuls comptent les actes !".






Le lien est aussi établi avec l'Amérique et, à ce sujet encore, s'il surfe de façon lointaine sur le film de Coppola, sa vision du milieu est délestée ici de tout romantisme. En revanche, comme souvent dans le poliziesco tout comme dans le giallo, c'est l'occasion de croiser quelques anciennes gloires de Hollywood. À défaut de Jack Palance, de John Saxon, de Joseph Cotten, de Martin Balsam ou d'Arthur Kennedy, on a plaisir à retrouver le sieur Van Johnson, ici de l'autre côté de l'Atlantique, dans le rôle de l'inspecteur Sturges (toute coïncidence avec le célèbre réalisateur américain, voire même avec "McQ - Un silencieux au bout du canon" ne saurait relever que du hasard !). Fort d'une carrière comptant plus d'une centaine de films, on rappellera, histoire de marquer le coup (de pétoire), qu'il fut le protagoniste principal d'un proto-giallo signé Henry Hathaway ("À vingt-trois pas du mystère") qui accouchera entre autres et pour le plus évident de l'Argentesque Chat à neuf queues. Même s'il ne met pas ici le quart d'un doigt de pied en Italie, on l'y a déjà vu dès 1969 avec Texas de Tonino Valerii puis avec "L’œil de l'araignée" de Roberto Bianchi Montero. La même année que ce Corleone il prend de l'altitude avec Ruggero Deodato et son "SOS Concorde" avant de redescendre un peu plus tard dans des bobines telles que "Crime au cimetière étrusque" de Sergio Martino ou Killer Crocodile de Fabrizio de Angelis.






Rayon acteurs, difficile de ne pas mentionner non plus l'excellent et très polyvalent Venantino Venantini. Celui-ci nous a quitté en cette année 2018, laissant derrière lui une immense carrière, loin de l'image du dernier "Tonton flingueur" "imprimée" pour la légende par nos incultes, réducteurs mais néanmoins suffisants médias nationaux. Bandidos, La Police au service du citoyen, Les Diablesses, Jeunes, désespérés, violents, Pulsions Cannibales, La Guerre des gangs, Frayeurs... Sa carrière est tellement riche qu'elle est impossible à résumer comme à énumérer. Contentons-nous de dire qu'il passe avec un naturel confondant dans le rôle du commissaire de Palerme, et que là où Merli et d'autres se forcent, il y a une part de génie naturel chez cet homme !

Pour conclure, disons que si Da Corleone a Brooklyn est inégal et voit la partition de Franco Micalizzi colmater de légères carences de punch, encore que sa composition arbore des airs un peu trop connus jusqu'à sembler tomber dans la facilité. Il n'en demeure pas moins qu'émaillé de discussions et de règlements de comptes tendus, de quelques fusillades bien ajustées et de poursuites en voiture efficaces, il s'agit d'un polar à suspens qui se laisse voir très plaisamment.



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Dernière édition par mallox le Mar Mar 05, 2019 5:33 pm; édité 5 fois
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MessagePosté le: Mer Déc 19, 2018 7:29 pm    Sujet du message: Re: [Critique] (De) Corléone à Brooklyn - 1979 Répondre en citant

Ah oui le titre français est donc parfaitement ridicule.
Bel hommage à feu Venantino Venantini au passage.
enaccord8
mallox a écrit:
qui se veut distractif.
"distrayant" ne serait il pas plus adéquat ?
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MessagePosté le: Jeu Déc 20, 2018 4:54 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai mis "prenant" à la place. Pour paraître avoir le dernier mot.

Sérieusement, je me trompe peut-être, mais pourquoi "distractif" ne convient-il pas ?
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MessagePosté le: Jeu Déc 20, 2018 7:39 am    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:
J'ai mis "prenant" à la place. Pour paraître avoir le dernier mot.

Sérieusement, je me trompe peut-être, mais pourquoi "distractif" ne convient-il pas ?

Non tu as raison les 2 sont admis (comme dirait Chirac), mais distractif me semble plus récent et surtout à une signification plus large d’après le Larousse : "Qui est capable de divertir, de délasser ou qui fait diversion." le "qui fait diversion" peut prêter à confusion.
Tandis que distrayant, toujours d’après le Larousse, ne signifie que : "Propre à distraire, susceptible de divertir ; amusant". Quoi que le propre à distraire peut aussi prêter à confusion.

Voilà c’était histoire d'avoir le dernier mot (en vrai c'est surtout que distractif ça fait plus novlangue administrative).
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MessagePosté le: Jeu Déc 20, 2018 9:44 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne sais pas si je préfère distrayant à distractif ou l'inverse mais ce débat ne me laisse pas indifférent et il est du genre dont on ne sort pas indemne.






























mario


(bon, en fait, si, je sais : je préfère également distrayant à distractif, que je ne connaissais point avant de lire la prose malloxienne reprise par le Sig)
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MessagePosté le: Ven Déc 21, 2018 4:56 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai fini par mettre "à suspens". (oui je suis versatile et j'aime ça).
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MessagePosté le: Ven Déc 21, 2018 10:51 am    Sujet du message: Répondre en citant

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MessagePosté le: Sam Mar 02, 2019 4:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Comment, pas un mot sur Sonia Viviani, je suis outré. frank_PDT_10

Bel hommage à Venantini, tout à fait justifié. Quant au film en lui-même, je l'ai vu il y a longtemps par le biais de la VHS René Chateau et je n'en garde pas un souvenir impérissable.
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MessagePosté le: Sam Mar 02, 2019 6:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
Comment, pas un mot sur Sonia Viviani, je suis outré. frank_PDT_10


N'empêche qu'elle n'a pas été très bien servie au cinoche, quasi toujours confinée aux rôles "tertiaires", voire pire encore, et ce n'est hélas pas ce pur film d'hommes qui lui donne sa chance. icon_confused - Faut peut-être revoir le Hercule de Cozzi pour la voir davantage ! frank_PDT_10
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MessagePosté le: Lun Mar 04, 2019 5:44 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Son fils Elia est champion olympique, ça compense.


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