[M] [Critique] Le Vampire et le Sang des Vierges
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flint
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MessagePosté le: Ven Aoû 24, 2007 3:49 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Le Vampire et le Sang des Vierges Répondre en citant




Le Vampire et le Sang des Vierges/Die Schlangengrube und das Pendel/Blood of the Virgins/The Blood Demon/The Snake Pit and the Pendulum

genre : horreur
origine : Allemagne
année : 1967
durée : 1H20

réalisateur : Harald Reinl

interprètes : Lex Barker, Karin Dor, Christopher Lee, Carl Lange, Vladimir Medar, Christiane Rücker

Au XIXème Siècle, le Comte Frederic Regula est emprisonné puis condamné à mort par écartèlement pour avoir torturé et tué douze jeunes femmes dans son château. C'est grâce à la fuite inopinée d'un treizième victime, Béatrice de Brabant, que Regula a pu être confondu. Après avoir prononcé la sentence, le juge Richard de Montmarie ordonne au bourreau d'apposer un masque serti de pointes sur le visage du coupable. Puis, celui-ci est amené en place publique pour être écartelé devant la foule. Avant de mourir, le Comte jure de se venger...

Trente-cinq ans plus tard, Roger de Mont-Elise, avocat de son métier, reçoit de la part d'un unijambiste un étrange courrier le conviant à se rendre au château d'Andomai, où réside le Comte Regula, ce dernier ayant d'importantes révélations à lui faire sur ses origines. Car il s'avère que le nom de Mont-Elise n'est pas le sien, il lui a été donné et l'avocat ignore tout de ses origines, et qui étaient ses parents. Il décide de se rendre sur place, et doit faire face à la superstition locale afin de connaître la route qu'il doit emprunter. Finalement, un cocher accepte de le conduire dans la Vallée de la Sandre, où se trouve le château, un endroit réputé maudit. Mont-Elise effectue le voyage en compagnie d'un prêtre débonnaire mais au comportement curieux pour un homme d'église : Père Fabian. En chemin, les deux hommes portent secours à la Comtesse Lilian de Brabant, dont la diligence a été attaquée par de mystérieux cavaliers noirs. Lilian de Brabant, accompagnée de Babette, sa Dame de compagnie, a elle aussi une lettre similaire à celle de Mont-Elise, indiquant pour sa part qu'elle était conviée à toûcher l'héritage de sa défunte mère.



Après être passés devant une auberge détruite par les flammes, avoir voyagé sous un brouillard épais et traversé une forêt aux arbres recouverts de corps démembrés, et aux branches ployant sous le nombre de pendus, les voyageurs arrivent au Château d'Andomai. Mais auparavant, la Comtesse et sa suivante auront été kidnappées par l'homme de main de Frederic Regula : Anathol, un ex-pendu ramené à la vie par son maître et qui, à son tour, va tout faire pour ressusciter le Comte.

Le repaire du Comte va s'avérer être un véritable labyrinthe truffé de pièges mortels et d'instruments de tortures sophistiqués. Frederic Regula doit revenir d'entre les morts afin d'accomplir ce qu'il n'a pu réaliser trente-cinq ans auparavant : sacrifier la treizième vierge afin de parachever l'oeuvre de toute son existence : l'élixir de la vie éternelle !



"Le Vampire et le Sang des Vierges" est l'un des rares démarquages réussis du cinéma gothique, qui possède à la fois l'esthétique de ses illustres prédécesseurs anglais et italiens, et la folie démesurée du cinéma bis comme on l'aime. Soi disant adapté d'une nouvelle d'Egar Poe, Harald Reinl n'a conservé que la fameuse scène du "Puits et du Pendule", elle même délirante à l'image de tout le film, qui ne met pas d'ailleurs en vedette un vampire, ni même des vierges. Le personnage de Frederic Regula, s'il craint le symbole de la Croix, est plus à considérer comme une sorte de nécromancien, alchimiste de surcroît, en passe de devenir immortel non pas par un statut de vampire, mais à la suite d'études scientifiques (et magiques). Et magique, le film l'est assurément, puisqu'il possède tout le charme du cinéma gothique sans les défauts inhérents à celui-ci, à savoir une tendance au clacissisme, un cinéma à la beauté glacée mais figé dans des codes ayant tendance à rendre ce genre trop statique dans la forme.

Mais dans "Le Vampire et le Sang des Vierges", le décalage est total, à commencer par la musique de Peter Thomas pour le moins étonnante. Le générique du film est en soi un véritable chef d'oeuvre, avec un Christopher Lee affublé du "Masque du Démon", accompagné de ses juges et d'un bourreau torse nu gonflant des pectoreaux, le visage caché sous une immense cagoule rouge. Tous déambulant dans de sombres couloirs interminables au son de cette musique incroyable, mêlant cuivres endiablés et synthés démentiels, que même un Charly Oleg sous acide n'aurait pas été en mesure de composer. Et le reste est du même acabit. Dès que nos héros auront pénétré dans le repaire du "méchant", il n'y aura pas une seconde de temps mort. Un coup de théâtre à la minute, des idées comme s'il en pleuvait, des situations toutes plus folles les unes que les autres. La logique est aux abonnés absents, et c'est tant mieux. On ne s'ennuie pas une seconde, et à suivre les pérégrinations des personnages dans le château d'Andomai, on a l'impression de retomber en enfance et de se balader dans un train fantôme, quand il se passait quelque chose d'inattendu à chaque virage amorcé par le wagonnet.



Bien sûr, le film pêche parfois par des effets spéciaux, des trucages plus qu'approximatifs, mais qu'importe, puisque l'ambiance qu'il se dégage de cette oeuvre compense largement ses quelques défauts. De plus, "Le Vampire et le Sang des Vierges" est esthétiquement réussi, aussi bien dans les décors extérieurs qu'à l'intérieur du château, avec notamment ces fresques gigantesques héritées de Jérôme Bosch. Si l'on excepte Christopher Lee, cantonné dans un second rôle et qui a dû se demander pourquoi il avait accepté ce rôle, tous les autres acteurs, habitués pour la plupart des films de Reinl, semblent à y avoir pris du plaisir. A commencer par Lex Barker, le héros, le légendaire Tarzan des années 50, spécialiste des films d'aventures et qui a dû retrouver dans ce film l'esprit pulp, "serial" qu'il avait connu dans le passé en maintes occasions. A ses côtés, Karin Dor, avec qui il avait tourné l'un des segments du "Carnaval des Barbouzes", l'année précédente, un film chroniqué ici-même par Throma. Notons enfin la présence de Christiane Rücker dans le rôle de Babette, qui a joué, sous le pseudo de Christiane Royce, dans "Le Château de Frankenstein", de Robert Oliver.



Cette perle du cinéma bis a donc été réalisée par Harald Reinl, metteur en scène d'origine autrichienne qui s'est illustré dans des adaptations de romans d'Edgar Wallace, deux adaptations du "Docteur Mabuse", une transposition de Siegfried et du mythe des Nibelungen (avec Terence Hill et... Karin Dor), sans oublier la série des "Winnetou", dans laquelle on retrouve Lex Barker. Mais ce "Vampire et le Sang des Vierges" restera probablement comme son oeuvre la plus mythique, tout du moins pour les fans de cinéma de genre.

note : 8,5/10
accroche : gothique à la sauce serial


Dernière édition par flint le Dim Mar 29, 2009 9:42 am; édité 2 fois
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mallox
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MessagePosté le: Ven Aoû 24, 2007 6:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un excellent souvenir que ce film lors d'un passage sur cinécinéma il y a quelques années. Souvenir malheureusement un peu flouté avec le temps, mais la critique donne très envie d'y rejeter un oeil!
Un film de bon aloi quoiqu'il en soit.

Dédé quintoux.
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Valor
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MessagePosté le: Ven Aoû 24, 2007 9:10 pm    Sujet du message: Re: [Critique] Le Vampire et le Sang des Vierges Répondre en citant

enaccord8

Karin Dor a été l‘épouse de Harald Reinl de 1954 à 1968 et ils ont eu un fils.
Après leur divorce, Reinl a épousé Daniella Maria Dana, ce qui n’était pas vraiment une bonne idée puisque c’est elle qui l’a tué à coups de couteau le 9 Octobre 1986 ! frank_PDT_16



Ah ! Le supplice du pendule c'est ce que mériterait celui qui a eu l'idée de cette signalétique pour demeurés qui défigure de si belles images... (C'est pas Dominique Baudis ?) new_diable

Pareil pour les directeurs de chaînes qui ont accepté, de peur de se voir retirer leur fréquence et qui vont même plus loin en plaçant les sigles sur l'image et pas sur les bandes noires quand le film est en 1:85 ou même en Scope ! :non:

icon_wink
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flint
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MessagePosté le: Sam Aoû 25, 2007 7:53 am    Sujet du message: Répondre en citant

Entièrement d'accord, ces sigles sont ridicules et inadéquats, surtout pour des chaînes satellites. Une interdiction aux moins de 12 ans pour un film tel que celui-ci est parfaitement grotesque, comparée à ce que les gosses d'aujourd'hui ont l'habitude de voir à la télévision, et à travers les jeux des consoles.

Sinon, pour en revenir à Reinl, c'est effectivement une mort stupide que de se faire poignarder par sa femme à l'âge de 78 ans !
Karin Dor (de son vrai nom Kätherose Derr) étant née en 1936, elle avait donc 28 ans de différence d'âge avec le père Harald. Cela peut expliquer leur séparation en 1968. icon_wink
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Throma
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MessagePosté le: Dim Aoû 26, 2007 4:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et puis, faut etre un peu con pour envoyer paitre Karin Dor, faut dire. y'a des coups de couteaux qui se perdent, j'vous jure frank_PDT_10.

Pour en revenir au "Vampire..." j'en ai deja dit tout le bien que je pensais autre part mais jamais 203, pour citer Bertrand Renard.
Tu as parfaitement souligné, et c'est capital, le rythme absolument sans temps mort du film et c'est tout à fait vrai et même surprenant pour une oeuvre gothique, des bandes qui ne nous avaient pas habitué à tant de vivacité.
Un vrai bonheur bourré de trouvailles scénaristiques et visuelles (le clou du spectacle étant sans nul doute la traversée de la forêt aux pendus et des arbres jonchés de débris humains). Très très grand film.
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mallox
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MessagePosté le: Dim Mar 29, 2009 8:01 am    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
Entièrement d'accord, ces sigles sont ridicules et inadéquats


Et font vraiment chier pour mettre les critiques en ligne ! new_mur

(je dis ça, car j'étais en train de récup les images pour la prochaine maj vu l' ancienneté de la chronique ... icon_confused )

En tout cas, il me tarde de le revoir !
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MessagePosté le: Dim Mar 29, 2009 10:45 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai découvert ce film sur ARTE courant été 2008. J'ai été très agréablement surpris par l'atmosphère pesante et la photo irréprochable du produit.
Harald Reinl mérite pus d'égards que ceux qui lui sont accordés. C'était un vrai artisan, à la façon d'un Caiano en Italie... Pas toujours flamboyant leur cinoche mais jamais chiant.
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MessagePosté le: Lun Mar 30, 2009 12:39 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Purée, comme ça à l'air bien! :happy:
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mallox
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MessagePosté le: Ven Avr 03, 2009 2:51 pm    Sujet du message: Re: [M] [Critique] Le Vampire et le Sang des Vierges Répondre en citant

flint a écrit:
La logique est aux abonnés absents, et c'est tant mieux.


Le film a récolté, il faut le signaler, le Barker Dor, du plus beau jet de Galet dans un pendule, au festival gothique du puits du Dôme en 67.

(En passant, c'est vraiment très bon ! Et très beau ! Un vrai petit régal).
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Camif
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MessagePosté le: Sam Aoû 01, 2009 8:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un regal ce film !
Il passe vite, on ne s'ennuie jamais, les trouvailles pour les pièges sont excellentes , l'ambiance et les décors sont gothiques à souhait. Du tout bon, sauf le coup de la pierre sur la pendule, là c'est un peu osé on va dire. Et le happy-end de rigueur
Mais rien de bien méchant. L'acteur qui joue le curé/voleur est excellent.

Merci pour la découverte messieurs
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MessagePosté le: Dim Aoû 02, 2009 11:44 am    Sujet du message: Répondre en citant

ARTE avait eu la bonne idée de le repasser voici quelques mois, dans une très belle copie (et sans le sigle d'interdiction).
"Le vampire et le sang des vierges" semble faire l'unanimité parmi tous ceux qui l'ont vu. Il le mérite amplement.
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MessagePosté le: Jeu Sep 22, 2016 5:15 am    Sujet du message: Répondre en citant



L'affiche belge. Tombé dessus par hasard à un endroit où elle était mise pour illustrer "La Fosse aux serpents" d'Anatole Litvak avec Olivia de Havilland. frank_PDT_07
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sigtuna
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MessagePosté le: Jeu Sep 22, 2016 6:41 am    Sujet du message: Répondre en citant

Sans doute en effet le meilleur film de Reinl (réalisateur que j'aime beaucoup par ailleurs et qui mérite mieux que sa réputation de tâcheron (que lui "attribuera le nouveau cinéma allemand" même s'il y a beaucoup de déchet dans sa filmo) et 100% d'accord avec Flint comme toujours.

Karl Langue faramineux dans ce métrage qui éclipse Christopher Lee.
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Valor
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MessagePosté le: Jeu Sep 22, 2016 6:44 am    Sujet du message: Répondre en citant

... et des captures du DVD allemand (sans sigle !)

Thank you peeknocker@KG!



















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sigtuna
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MessagePosté le: Jeu Sep 22, 2016 6:46 am    Sujet du message: Répondre en citant

Tiens je vous remet un extrait de ma notule (expurgé du paragraphe sur ses Krimi) pour Medusa (avant modif, le texte n'est donc pas exactement le même frank_PDT_10 )

Citation:
Réalisateur de Krimi : Harald Reinl

Dans ses interviews Alfred Vohrer aimait répéter que son seul critère d'évaluation artistique (de ses films) était le succès public. Cette phrase s'applique sans doute bien plus à l'autre grande figure du cinéma de genre allemand, Harald Reinl, qu'à lui-même. Si pour le Krimi l'importance quantitative et qualitative de Reinl le cède à celle de son cadet de 6 ans (une différence d'âge qui permet à Reinl d'éviter la mobilisation durant la Seconde Guerre mondiale), on peut par contre, tous genres confondus le considérer comme le plus grand réalisateur germanophone des années 60.
Les débuts de Reinl dans le cinéma se font presque par hasard, ancien grand espoir du ski autrichien et étudiant juriste (il obtiendra un doctorat en droit ce qui lui permettra quarante ans plus tard de signer ses documentaires pseudo-scientifiques d'un pompeux "Dr Reinl", en omettant de préciser dans quel domaine) il est engagé par Arnold Fanck (le pape des "Bergfilme", les films de montagne) en 1930 comme cascadeur. Fanck constate que la silhouette élancée et vaguement androgyne de sa nouvelle recrue correspond parfaitement à celle de sa vedette Leni Riefenstahl, Reinl devient alors la doublure de cette dernière pour les scènes de ski et d'alpinisme. La ressemblance physique n'était pas le seul point commun que le jeune Harald Reinl possédait avec Leni Riefenstahl, car les deux partageaient aussi une forte attirance pour les graciles et brunes apprenties comédiennes, ceci pour le meilleur (Reinl fut l'époux et le Pygmalion de la sublime Karin Dor) et pour le pire (sa dernière épouse, actrice ratée et alcoolique, le poignardera à mort dans une crise de delirium tremens).
Quoi qu'il en soit les deux sympathisent rapidement et Reinl passe derrière la caméra en tant qu'assistant-réalisateur de Riefenstahl. Mais sa carrière de réalisateur ne débute véritablement qu'à l'orée des années 50 quand le cinéma allemand renaît de ses cendres. Contrairement à ses mentors (Riefenstahl et Fanck) Reinl n'a jamais été impliqué directement dans la propagande nazie, il devient donc en l'absence de ces derniers "le" réalisateur de Bergfilme, genre il est vrai sur le déclin, il passe ensuite rapidement à celui à la mode, les Heimatfilme. Sa grande maitrise technique, son aisance pour les mouvements de caméra et dans les grands espaces, tranche sur la plupart de ses collègues qui ont débuté dans des studios étriqués et des paysages urbains en ruine. Il est donc normal que les producteurs pensent en priorité à lui pour mettre en scène les films de guerre et d'aventure qui refont leurs apparitions dans le paysage cinématographique allemand dans la seconde moitié des années 50. Normal encore que, pour lancer les Edgar-Wallace-Filme, Gerhard Fritz Hummel le choisisse. Normal toujours qu'Artur Brauner fasse de même pour remplacer Fritz Lang. Normal aussi me direz-vous que Reinl soit choisi pour réaliser le premier Sauerkraut-western "Le trésor du lac d'argent" ("Der Schatz im Silbersee" 1962) et les trois Winnetou qui suivirent. Et bien étrangement ce fut moins évident, car entre-temps l'étoile d'Alfred Vohrer était apparue à l'horizon et celle de Reinl avait pâli en proportion, mais alors que Horst Wendlandt voulait imposer son chouchou (Vohrer), Fritz Hummel et Philipsen parvinrent à le convaincre que le style de Reinl était plus indiqué pour un western.
Il serait tentant, au-delà de toute comparaison de style et de talent, de voir en Harald Reinl une sorte de Mario Bava germanique, les deux ayant été les initiateurs de genres "majeurs" de leurs cinémas nationaux. Mais alors que pour le giallo, par exemple, Bava fut à la fois la "tête pensante" et la "cheville ouvrière" de "La fille qui en savait trop", il n'en va pas de même pour Reinl et les krimis qui sont d'abord des films de producteurs.
D'ailleurs, trêves de compliments, il était tout sauf un auteur : quasiment jamais impliqué dans les scénarios de ses films (sauf pour les documentaires de sa fin de carrière), la qualité de ceux-ci était d'ailleurs grandement tributaire de celles de leurs scénarios (ce qui, pour paraphraser Gabin, est une évidence pour tous films non expérimentaux) mais aussi des conditions de tournage et de son degré d'implication, Reinl ayant souvent tendance à céder au je-m’en-foutisme et à la politique du moindre effort. Ainsi pour figurer une attaque d'ours en ouverture du "Trésor des montagnes bleues" ("Winnetou 2. Teil" 1964) et alors qu'on a fait venir trois ours du cirque de Hambourg et leur dresseur, Reinl décide de tourner uniquement avec le dresseur habillé d'une grotesque tenue de nounours. Reste que Harald Reinl a au moins un chef-d'oeuvre à son actif, son unique film d'horreur gothique "Le Vampire et le Sang des vierges" ("Die Schlagengrube und das Pendel" 1967). Digne des meilleurs Bava, cette adaptation, très libre, du "puits et du pendule" d'Edgar Poe enterre largement la version de Corman.
Dans les années 70, alors que son cinéma (le cinéma populaire allemand) est en pleine déconfiture, il se fait surtout remarquer pour ses documentaires à tendance ésotérique, dont l'indéniable beauté plastique ne compense pas l'indigence du propos (le premier de la "série" "Les extraterrestres. Sur les traces de l'étrange" / "Erinnerungen an die Zukunft" 1970, est sans doute son film le plus connu aux États-Unis, sous le titre de "Chariots of the Gods"). Mettons cela sur une crise de spiritualité liée à l'âge. Quoi qu'il en soit Reinl dans sa fin de carrière ne s'est jamais compromis avec une industrie télévisuelle allemande produisant des téléfilms à la chaine et s'était installé dans une semi-retraite dorée que sa troisième épouse abrégera dans le sang.


Et en bonus celle sur Karl Lange
Citation:
Visage du Krimi : Carl (ou Karl) Lange

Grand, le visage dur et impassible, les cheveux argentés et la voix grave, Carl Lange a déjà près de 50 ans quand il passe du théâtre au cinéma, il est rapidement catalogué dans les rôles de Junker, d'officier prussien ou de père noble. On l'imagine facilement avec monocle et cravache en main porter un toast en l'honneur de Bismarck. Il est, quoi qu'il en soit, un excellent acteur, même si c'est dans une palette de rôle limité, et ceci quelle que soit la valeur du film dans lequel il joue. Par exemple dans le très mauvais "Les Mystères d'Angkor" ("Herrin der Welt" 1960) désastreuse tentative de modernisation du serial il est le seul acteur à surnager, et dans l'excellent "Le Vampire et le Sang des vierges" ("Die Schlagengrube und das Pendel" 1967) il domine toute la distribution rejetant dans l'ombre un Christopher Lee dont il joue le serviteur.
Né à la frontière du Danemark 50 ans plus tôt il était donc normal qu'en 1959 il soit à l'affiche du germano-danois "La Grenouille attaque Scotland Yard" ("Der Frosch mit der Maske") dans le rôle de l'inquiétant père de la fragile héroïne. Il ne rempile dans le Krimi que 3 ans plus tard pour "Espions sur la Tamise" ("Der Teppich des Grauens" 1962) dans un rôle tout aussi ambigu et inquiétant. Plus d'ambiguïté par contre pour son personnage dans "Le défi du Maltais" ("Der Hexer" 1964) clergyman impliqué dans un réseau de traite des blanches. On le retrouvera en couleur dans "La main de l'épouvante" ("Die blaue hand" 1967) en directeur louche d'un encore plus louche asile psychiatrique. Parallèlement à sa carrière cinématographique Lange a écumé les dramatiques historiques puis les séries policières à la télé allemande.

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