Ce roman paru en 2OO1 avait obtenu le prix Masterton lors de sa publication dans la très regrettée collection Terreur de Pocket et élu meilleur roman de la décennie en 2009 par le jury du même prix. Voilà qui place la barre haut et les attentes des lecteurs toutes aussi hautes. Voilà donc une réédition qui tombe à point nommée pour voir si ce prix est mérité ou usurpée, mais également découvrir ce roman apocalyptique.

Comme les lecteurs de Masterton le savent, la particularité de cet auteur est de raconter des thriller horrifique, voir gore, dont le meurtrier est très souvent une créature issue d'un folklore ou un autre, indien pour Manitou ou Japonnais pour Tengu. Or L'Arpenteur de Monde commence justement avec un meurtre violent puisqu'on retrouve une famille assassinée de manière particulièrement affreuse, a priori par le chef de famille devenue fou.
Mais en suivant des traces de pas, la police découvre qu'une secte satanique s'est suicidé dans une ferme environnante et qu'il semble y avoir un survivant, le propriétaire d'une boite de jeux vidéo, qui a mystérieusement disparu. Pendant ce temps, une journaliste cartésienne enquête sur les milieux occultes et rencontre un mystique australien qui lui annonce que la fin du monde arrive et qu'elle va devoir l'empêcher.
On retrouve donc une partie de ce qui fait l'oeuvre de Masterton, mais jean-Christophe Chaumette le fait à sa façon, en utilisant la bible et en lui donnant un nouveau méchant : L'Arpenteur de Monde, une créature qui traverse les dimensions en détruisant celles qui n'ont pas la foi et ne respecte pas les commandements du seigneur. Un monstre va donc déferler et seul une poignée de personnes peut l'arrêter.
Une quête va alors commencé pour Vigdis, qui doute de moins en moins de sa mission et la réalisation de la fin du monde. Sur son chemin, elle va trouver un paquet de personnages aux caractères bien trempés dont un policier aux méthodes scientifiques ou un lutteur russe au sourire permanent. De plus, l'auteur propose une violence hors champs, laissant deviner les massacres horribles se déroulant aux quatre coins du monde.
Mais c'est surtout en introduisant le jeu vidéo que l'auteur réussi son roman. Il y décrit en effet des MNORPG bien avant son explosion qui semble rendre fou certains joueurs, devenant incapables de différencier réalité et virtualité. Surtout que l'écrivain y ajoute un système de puce obligatoire à ceux qui veulent jouer. Bref, le monde virtuel envahit ainsi la réalité et la rejoint même de manière effrayante.
C'est en effet plus dans cette version cyberpunk d'un monde où l'on devient accroc à sa connexion que dans son histoire apocalyptique assez classique que L'Arpenteur arrive à faire peur. Et il suffit de voir certains des derniers outils, voir ceux à venir, pour constater que Jean-Christophe Chaumette décrit un monde très proche, même si a priori, il n'y a aucune apocalypse qui devrait nous tomber sur le coin du nez !
Ce mélange d'horreur et de cyberpunk fonctionne donc très bien et propose un roman horrifique plutôt malin et n'allant pas là où on l'attend dans sa seconde partie, même s'il n'est pas exempt de défaut, notamment son style assez plat, n'arrivant pas à assaisonné suffisamment le plat proposé, à le rendre vraiment effrayant, même s'il arrive à plusieurs moments à susciter quelques sueurs froides bienvenues.

Au final, on peut dire que ce roman est réussi et son prix finalement mérité, car on y retrouve une partie de ce qui fait le charme de l'auteur écossais, mais possède surtout sa propre personnalité et son propre style. Puis, les romans qui mélangent horreur et sf ne sont pas forcément courant. Du coup, il serait tout de même dommage de bouder son plaisir et de ne pas aller fréquenter cet Arpenteur de Monde.

Note : 8/10

 

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'éditeur : http://www.editions-lokomodo.fr/