Princesse Sara
Genre: Adaptation , BD européennes , Autres genres
Année: 2010
Pays d'origine: France
Editeur: Soleil
Collection: Blackberry
Scénario:
Audrey Alwett D'après le roman de Frances Hodgson Burnett
Dessin:
Nora Moretti
Couleurs:
Claudia Boccato
 

Tome 1: "Pour une mine de diamants"
Tome 2: "La princesse déchue"

 

Mes lectures tiennent parfois à peu de choses, je me laisse souvent mener là où le vent et le hasard me poussent, et celle-ci m'a été inspirée par une évocation adolescente.
Celle d'une époque "fabuleuse" où je regardais encore le petit écran et où la France connaissait une véritable révolution de son paysage audiovisuel avec l'apparition d'une "nouvelle chaîne" qui, si elle a été sujette à nombre de critiques, n'en demeure pas moins également à l'origine de souvenirs télévisuelles inoubliables. C'était "La cinq" de Berlusconi: ses programmes entrecoupés de publicités, ses émissions de variétés ringardes orchestrées par Roger Zabel et Amanda Lear, ses lundi soirs consacrés aux films d'horreur, et ses séries américaines et animes multi diffusés!
A l'époque, je ne sais pas si en regardant "Princesse Sarah" j'avais vraiment conscience de sa nature (j'ai découvert l'univers des mangas postérieurement). En réalité, la nationalité de cette série m'importait peu; ce dessin animé était un des rares moments où je me retrouvais devant le tube cathodique avec ma maman…
En mars 1987 (date de sa première diffusion), on ne regardait pas la télé, on pleurait à chaudes larmes devant les mésaventures de Sarah et on s'insurgeait devant le comportement ignoble de Mme Mangin, la directrice du pensionnat auquel la jeune fille avait été confiée et de Lavinia (un ersatz de la Nelly Olson de "La petite maison dans la prairie" – Qu'est ce qu'on a pu pleurer là aussi!). En grandissant, je me suis souvent étonné des quelques rares occasions où, allumant par hasard la télévision pour trouver quelque chose d'intéressant à regarder, je tombais sur cette japanimation de Ryūzō Nakanishi, inspirée d'un classique de la littérature britannique du début du 20ème siècle: "La Petite Princesse" (A Little Princess) de Frances Hodgson Burnett qui est paru en 1905. On doit également à cette auteure pour enfant "Le Petit Lord Fauntleroy". Lorsque j'ai découvert "par hasard" cette bande-dessinée je n'ai pas pu m'empêcher de l'acquérir, et le plaisir que j'ai pris à la lire a été très vif. Au-delà de la nostalgie, cette œuvre se révèle une adaptation très intéressante!

 

 

Londres, avant de s'en aller faire fortune aux Indes, le Capitaine Crewe, descendant de l'inventeur des automates du même nom, confie sa fille Sara à Miss Minchin, directrice d'une école pour jeune fille.
Intéressée par établir la réputation de son établissement sur la notoriété des Crewe, la vieille dame accepte de répondre à tous les caprices de l'homme d'affaire qui n'a de cesse de combler sa fille, orpheline de mère depuis peu. Elle met Sara sur un piédestal, suscitant la jalousie chez les autres élèves!
Mais c'est sans compter sur la nature généreuse de la jeune fille qui n'est pas dupe. Sara charme la majorité de ses camarades par sa gentillesse et sa nature fantasque.
Solitaire, elle aime recourir à l'imaginaire et en plus d'avoir pris pour confidente sa poupée Emilie, aime à raconter aux autres pensionnaires de l'école des histoires où le fantastique et le merveilleux se côtoient.
Elle se prend également d'affection pour Becky, une modeste fille de cuisine.
Toutefois, dans l'ombre, l'orgueilleuse Lavinia attend "la chute" de celle qui lui a volé l'attention de tous…
Les puristes ne manqueront pas de relever dès la lecture du résumé ci-dessus le travail d'adaptation effectué par Audrey Alwett, scénariste française issue de "Lanfeust Mag" (elle co-scénarise avec Arleston la série "Sinbad" - 2 tomes à ce jour illustrés par Alary) et qui s'associe sur ce projet à Nora Moretti, artiste italienne rencontrée sur le salon d'Angoulême en 2008.
De fait, on retrouve la trame principale "classique" (Dès la fin du premier tome Sara se retrouve ruinée et orpheline. Elle devient le souffre-douleur de Miss Minchin et doit faire face aux brimades de Lavinia.), on retrouve nombre de personnages "connus" (La jeune Lottie, Mary la cuisinière, Mr Dufarge le professeur de français, et bien d'autres), avec quelques nouveautés bienvenues dont notamment ces automates qui placent le récit dans un univers différent de celui retenu jusqu'à présent, finalement plus merveilleux tout en restant très distingué.
De par ce parti pris et également par son dessin, cette collaboration qui vient s'inscrire dans la collection Blackberry (crée chez Soleil par Audrey Alwett herself!) n'est pas sans rappeler dans une certaine mesure une autre série proposée par la même maison d'édition, "Sky-doll" de Barbara Canepa (scénario) et Alessandro Barbucci (dessins), dont l'héroïne Noa est une poupée automate.
Des lignes arrondies pour les androïdes et les petites filles, qui tranchent avec les traits plus aigus des adultes présents dans la bande dessinée.
Un style différent, propre pour mettre en scène les contes (trop rares) de Sara. Autant de défis graphiques que relève avec brio Nora Moretti, dont le travail comblera et les amateurs de mangas (l'artiste y trouve beaucoup d'inspiration), et de bande-dessinées, et même de Science-fiction (cette version de "Princesse Sara" est légèrement "steampunk").
Le découpage des planches est effectué dans le même esprit: un mélange de classicisme et d'innovations qui termine de donner son identité à ce titre réservée (en théorie) au public féminin.

 

 

Une série donc délicieusement rétro, emplie de robes en crinoline, et qui nous immerge dans une ambiance victorienne inédite où engrenages et mécanismes d'horloger sont omniprésents.
Les couleurs signées Claudia Boccato sont elles aussi somptueuses. Peut être trop propre et lisse (acidulé?), diront certains. Le deuxième tome ("La princesse déchue") est paru en mai 2010 et est très réussi, il reprend tous les ingrédients du premier volet ("Pour une mine de diamants"), et pose nombre de jalons pour les développements à venir. Si le destin de Sara ne fait aucun doute, il n'en reste pas moins que l'on est curieux de connaître l'évolution que vont connaître Laviania ou Ermangarde dont la psychologie est plus creusée que dans la série télé.
Au sein d'une maison d'édition prolifique en titres, "Princesse Sara" se démarque incontestablement.
Je vous en recommande chaleureusement la découverte, que vous soyez déjà ou non fan de l'œuvre originale et de ses diverses déclinaisons.
Totalement charmé, j'en redemande!

Note : 8/10

 

Ludo

 

A propos de cette BD :

 

- Blog de Nora Moretti : http://noramoretti.blogspot.com/

- Site de l'éditeur : http://www.soleilprod.com/

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