Avec Supermarket, Brian Wood, Kristian et Milady Graphics nous proposent un polar mâtiné d'anticipation à la fois classique et original, que ce soit au niveau du ton de l'histoire et du graphisme. Et c'est probablement cette construction conventionnelle et son style insolite qui en fait tout son charme.
Vivant dans une banlieue plutôt calme et sécurisée, Pella est une adolescente rebelle et pleine d'illusions, travaillant dans un supermarché afin de gagner son argent de poche et espérant ainsi embêter ses parents à qui elle reproche d'être trop accrocs à la société de consommation. Elle vit ainsi son petit train-train quotidien sans se douter que le pire l'attend. Un beau jour, elle va rentrer chez elle et découvrir que ses parents ont été assassinés et qu'elle est la prochaine cible des yakusas qui les ont tués...

 

 

Ce qui fait l'une des particularités de Supermarket, c'est sa voix off. Alors, on en a connu beaucoup des voix off en matière de polar, c'est pas vraiment nouveau comme procédé mais le coté malin ici, c'est de ne pas nous mettre celle d'un vieux flic désabusé qui a tout vu, qui sait que tout le monde est corrompu et qu'il n'y a plus rien à sauver, mais celle d'une jeune fille à papa qui se croit vaguement rebelle, en guerre contre le système et qui semble parfois également désillusionnée.
Et c'est donc à son insu qu'elle va découvrir le monde et se retrouver poursuivie par les Yakusas et les Porn-Suède, groupe de criminelles blondes aux tenues sexy. Elle va se rendre compte que ses parents lui cachaient pas mal de choses et n'étaient pas uniquement des citoyens de classe moyenne à la vie banale. Elle va également découvrir que la vie dépasse de bien loin la supérette ou elle travaillait et le pavillon sécurisé où elle vivait...
Le principal problème vient du fait que l'histoire est très classique avec sa pauvre victime poursuivie par des gros méchants sans qu'elle sache ce qu'ils peuvent bien lui vouloir et qui va devoir le découvrir si elle veut survivre... L'histoire se résume donc ensuite à des scènes de course poursuites et des fusillades. Heureusement, c'est rondement mené et le ton choisi donne un peu d'épaisseur au récit, en faisant quelque chose d'originale et intéressant.

L'autre particularité et point fort de cet album est son graphisme à la fois réaliste et très légèrement cubiste, le tout servi avec des couleurs flashy qui semblent avoir été délavées et mixées avec une touche de pop art. C'est assez déconcertant au début mais ça participe très rapidement à l'ambiance générale de cette oeuvre un peu particulière.
Supermarket est donc une histoire de qualité qui joue avec pas mal de références pour mieux les réutiliser et proposer ainsi au lecteur une expérience plutôt originale et qui se démontre plus captivante et maligne qu'on aurait pu le penser au départ. C'est donc un comics très sympathique et assez bien construit pour qu'on se laisse conquérir par son petit, mais très bien utilisé,  potentiel.

Note : 8/10

 

Stegg

 

A propos de ce comics :

 

- Site de Brian Wood : http://www.brianwood.com/

- Site de Kristian :  http://prodigalnine.com/

- Site de l'éditeur : http://www.milady.fr/graphics