Femme aux seins percés
Titre original: Chikubi ni piasu o shita onna
Genre: Roman Porno , Erotique
Année: 1983
Pays d'origine: Japon
Réalisateur: Shôgorô Nishimura
Casting:
Jun Izumi, Nagatoshi Sakamoto, Nami Matsukawa, Kate Asabuki, Usagi Aso...
 

Quotidiennement, Satsuki se fait offrir des roses par un inconnu, Gondo. Le même homme qui enverra se faire percer les seins, à la clinique où travaille Satsuki, une femme semblant n'exister que par la domination que ce dernier lui impose, et dans sa cage. Gondo se trouve être un homme tout aussi élégant que raffiné et aisé, et donnera un premier rendez-vous à Satsuki, auquel s'en suivra une rencontre peu commune, la première étape consistant à la droguer, grâce à des chocolats dont il aura trafiqué la liqueur.

 


Il déguste les femmes comme une bonne bouteille, les conserve de la même manière, tout en ayant pris soin au préalable de les choisir avec goût. Gondo est un homme de grande classe, vivant sur une fortune certaine mais qui, malgré tout, reste assez discret à propos d'un éventuel emploi. Et, dans l'ensemble chic, mystérieux et décontracté que constitue ce premier film de la série des "ménagères perverses", il pourrait très bien se faire passer pour le metteur en scène de ce dernier, tant l'homogénéité "lisse", "souple" et "propre" de l'oeuvre renvoie à son physique et ses méthodes. Bien évidemment, ce n'est pas le cas, et c'est à l'un des plus fidèles artisans de la Nikkatasu, Shogoro Nishimura, que revient le droit de nous conter cette charmante et courte (un peu plus d'une heure) histoire SM. Le tout sur une idée très empreinte de "L’histoire de Juliette ou les prospérités du vice" du Marquis de Sade, ainsi que des fantasmes de l'héroïne d'"Histoire d'O" de Pauline Réage. Mais sans brouiller les pistes, disons que les deux se rejoignent, mais pas de la manière dont on aurait pu s'y attendre, puisque du premier reste son côté subversif, et du second ses jeux tout aussi déviants qu'amusants.

 


D'emblée, on mettra de côté une question qui, je suis sûr, est susceptible de passer par la tête du spectateur : faut-il voir, dans "La femme aux seins percés", une allusion à la femme au foyer et soumise, en ce temps là, au Japon ? Non, non et non. Il serait, je pense, futile d'y penser tant l'oeuvre fait écho à un vrai cinéma de soumission plutôt jouissif, luxueux et non dépourvu d'excitants. Non, rien, décidément, ne peut évoquer le sérieux engagé et enragé d'un Koji Wakamatsu. Et d'ailleurs, pour continuer sur le parallèle avec ce dernier, ce qu'il manque peut-être le plus à "La femme aux seins percés", c’est de la personnalité. Dans la mise en scène par exemple, réussie mais trop ordinaire, bien qu'annonçant presque une certaine couleur eighties ; ou encore un grain de folie, un peu d'âpreté, ne serait-ce qu'une tentative de captation de ce qui ne se filme pas, normalement, dans le style de rapports que l’intrigue exploite. Car ici, c'est bien du cinéma d'exploitation, à l'inverse d'un Wakamatsu, et dans le sens où c'est plus populaire, plus abordable, plus coloré et moins dense pour ce qui est, par exemple, des idées véhiculées. Reste juste ce problème de ton général qui, parfois, à peine amorcé, préfère se réduire à la sagesse.

 

 

Et donc, si Gondo pouvait très bien en être le réalisateur, c'est aussi et surtout dû au fait que le film, à partir des premières scènes, se place de son point de vue. Il n'y a que très peu de compassion pour la/les victime(s), et c'est en cela que ce roman porno peut trouver ses fans. Cet opus est apte à se laisser approcher, admirer, et le spectateur pourra peut être parvenir à s'identifier à cet homme qui n'a pas foncièrement l'air désagréable.

"La femme aux seins percés" est une oeuvre tout aussi réussie que divertissante, efficace, qui ne se la joue pas plus haut que les fesses de ses protagonistes, et que l'on devine assez sincère pour mériter d'être vue au moins une fois. On en retiendra, du point de vue historique, son investigation dans le genre SM (l'un des principaux sous-genres du roman porno) ; et, du reste, quelques beaux plans assez tordus et originaux pour éveiller l'esprit et ses vices les plus cachés, ainsi que deux acteurs très impliqués dans des personnages aussi intéressants que soumis, quand ce n'est pas à leur maître, à leur propre folie. Le roman porno, c'est chouette.

 

 

The Hard
 
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