Torticola contre Frankensberg
Genre: Horreur , Parodie
Année: 1952
Pays d'origine: France
Réalisateur: Paul Paviot
Casting:
Roger Blin, Michel Piccoli, Véra Norman, François Patrice, Héléna Manson, Marc Moussac, Pierre Brasseur, Daniel Gélin...
 

"Vous, qui avez applaudi "Terreur en Oklahoma", parodie de Westerns américains, et "Chicago Digest", satire des films de gangsters, vous aimerez Torticola contre Frankensberg, le film que nous vous présentons aujourd'hui, en riant des films d'épouvante."

 

C'est par ce carton très laconique que débute cet improbable court-métrage qu'il est aujourd'hui difficile de voir. Un court-métrage autant improbable que son réalisateur, qui semble, à ce jour, complètement oublié du public autant que des historiens. Paul Paviot a déjà commis le script du susnommé "Terreur en Oklahoma" que je n'ai pas vu, ainsi que réalisé "Chicago Digest", que je n'ai pas vu non plus. Il tournera d'autres court-métrages (dont certains avec Jean Cocteau ou Marcel Marceau), puis une poignée de films pour le cinéma (dont "Quelques pas dans la vie", un film à sketchs co-réalisé par Alessandro Blasetti, où l'on trouvait Vittorio de Sica et Yves Montand, mais aussi "Portrait-robot" en 1962, dans lequel se côtoyaient Maurice Ronet, Jacques Marin et Léon Zitrone), avant de se tourner vers la télévision ("Le chien qui a vu Dieu" avec Jean Bouise, "Le mauvais" avec Jacques Spiesser...). Certains de ses travaux furent hautement appréciés en son temps, toujours est-il qu'il m'est impossible de porter un quelconque jugement sur notre Paviot, n'ayant vu aucune de ses oeuvres.


Revenons-en donc à ce Torticola contre Frankensberg qui, autant à en découvrir l'existence qu'à le voir, fait vraiment figure d'ofni fini dans le paysage fantastique hexagonal.


Mais de quoi ça cause t'y donc ?


Nous sommes transportés en 1937 dans un petit village perdu de Poméranie. Une jeune et belle orpheline, Lorelei, est contrainte d'interrompre ses brillantes études, et de chercher refuge chez son oncle et tuteur, le Docteur Frankensberg (qui boit de la Calsberg ! En fait non, là je déraille, excusez, c'est plutôt Torticola qui finira par boire du Picon au goulot). Bref, ce dernier se livre à de mystérieuses expériences dans son château de Todenwald...
Et là, on s'arrête un peu, vu qu'il s'agit du premier épisode (et oui, non content d'être court -34 minutes - ce machin chose est découpé en trois épisodes).

 

Alors, on a Torticola qui erre dans la forêt, arrive en se déhanchant au bord d'une plage, tente des ricochets avec un pavé, rate son coup, mais tel Rocky Balboa, lève les bras au ciel, comme pour crier victoire. Celui-ci arrive ensuite au château en s'exclamant : "Ah ! Leu chatauh".
Il retrouve son maître, Frankensberg donc, ainsi qu'un homme transformé en chat, qui miaule et mange dans une gamelle. Frankensberg rassure Torticola ainsi : "T'inquiète man, elle va bientôt arriver, et tu vas les avoir tes cinq litres de sang pour manger !"
De son côté, Lorelei demande son chemin à une troupe de moines chantant "Frère Jacques" (l'un d'eux lui répondra : "c'est au quatrième menhir à gauche !" - qu'est-ce qu'on se marre !), avant de tomber sur un chat qui parle.
Vous l'aurez compris, la belle Lorelei est attendue comme cobaye, et puis c'est mare aux canards. De là, on passe au second épisode... "La proie du maudit" qui, vous en conviendrez, porte bien son titre.
Lorelei parviendra-t-elle à échapper aux puissances occultes qui se sont liguées contre elle ? Eric Von Meusenberg retrouvera-t-il son âme volée ? (l'homme-chat donc), vous le saurez en regardant cette seconde partie, qui sera suivie d'une troisième, sobrement intitulée : "Le monstre avait un coeur !". Là, tout est dit, je crois. Torticola tombera amoureux de Lorelei et fera tout pour l'aider à s'échapper d'entre les mains de son oncle, lequel s'apprêtait donc à la sacrifier sur l'autel de la science. L'enculé !



Oui, oui, ça c'est l'histoire, m'enfin ce qu'on aimerait savoir, monsieur mallox, c'est qui fait quoi, et quand...
Pas de problème les gars. Alors voilà : Michel Piccoli (qui finira donc, comme spoilé au début, par picoler) joue le gros monstre, tandis que Roger Blin ("Orphée" de Cocteau, voyez comme le monde est petit...) campe le vilain Frankensberg. Il y a aussi la géniale Héléna Manson dans le rôle de la gouvernante, mais aussi l'insipide Véra Norman ("Les corsaires du Bois de Boulogne"), qu'on ne verra plus guère au cinéma après 1956. Mais pas seulement. On a dans le château un squatteur dormant dans une tombe et qui fait deux apparitions pour le moins décalées ; il s'agit du sympathique Daniel Gélin, qui vient donc se fendre de deux répliques : "Y a pas moyen de dormir !", tandis qu'il est dérangé dans son sommeil : et un invraisemblable : "Avez-vous vu passer l'homme invisible ?". Phrase qui sera reprise par Pierre Brasseur, ayant semble-t-il perdu son chemin, qui trouvera plus tard enfin réponse par l'homme invisible, lui-même de passage : "Si on vous demande où je suis, vous dites que vous ne m'avez pas vu !".
Pendant ce temps, se joue donc la trame principale, que j'ai, je pense, assez dévoilée.


Que vaut le film ?


C'est un aimable et inégal divertissement tendant vers le surréalisme, reprenant la trame de "La fiancée de Frankenstein" en la malmenant gentiment. S'il y a deux choses à retenir à sa vision, ce sont les splendides décors d'Alexandre Trauner, rendant parfaitement hommage à l'expressionnisme allemand (aidé en cela par la belle photographie d'André Thomas – encore un que je ne connais pas !), ainsi que l'envoûtante musique de Joseph Kosma.
Pour le reste, on dirait une farce faite par les Compagnons de la chanson, et quand je dis ça, je dis rien, c'est à chacun de voir sa proximité avec un humour un peu trop daté pour ma part.
Comme disait l'autre dans l'temps : "Faut pas pousser Mémé dans les orties !".

 

Mallox

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