Chiens de guerre, Les
Titre original: The Dogs of War
Genre: Guerre
Année: 1980
Pays d'origine: Etats-Unis / Grande-Bretagne
Réalisateur: John Irvin
Casting:
Christopher Walken, Tom Berenger, Colin Blakely, Hugh Millais, Paul Freeman, Jean-Francois Stevenin, JoBeth Williams, Robert Urquhart, Winston Ntshona, George Harris, Eddie Tagoe, Ed O'Neill, Harlan Cary Poe...
 

Jamie Shannon est un mercenaire. Au retour d'une mission en Amérique du Sud, un nouvel employeur lui propose 15 000 $ pour préparer une mission dans la petite république de Zangaro. Se faisant passer pour un ornithologue du nom de Keith Brown, Jamie tente de se renseigner sur le pays ainsi que son dirigeant, le général Kimba, un fou, tyrannique et sanguinaire. Dénoncé, Jamie est arrêté et torturé. Il rencontre dans les geôles du Zangaro le docteur Okoye, ancien candidat à la présidence, déclaré comme l'autre candidat, le colonel Bobi, ennemi du pays. Jamie est expulsé du Zangaro. À son retour, son employeur apprenant qu'il n'est pas possible de traiter commercialement avec Kimba, engage Jamie pour mener un coup d'État. Jamie découvre, au cours de ses préparatifs, les raisons de ce coup d'État : son employeur veut mettre à la tête du pays,, le colonel Bobi et garantir à une société américaine l'exclusivité des ressources minières de platine.

 

 

Le scénario est très librement inspiré d'un roman de Frederick Forsyth ("Le quatrième protocole", "Le Chacal"...) qui, pour se rapprocher au plus près de la vérité, aurait engagé de vrais mercenaires afin de leur faire préparer un coup d'état fictif en Guinée équatoriale. Le roman de Forsyth fit grand bruit à l'époque car il décrivait la mise en place et la préparation méticuleuse d'un coup d'état, son idée sera d'ailleurs reprise dans la réalité. L'adaptation, elle, s'attarde plus sur le personnage de Shannon (C. Walken) et ses états d'âme de mercenaire en quête de rédemption, qui seront balayés sans ménagement par sa petite amie (Jobeth Williams). Le film est un habile mélange entre la fresque guerrière (la dernière partie) et le film d'espionnage (la première partie), le tout dans une ambiance typiquement seventies, avec le héros atypique qui vit seul dans un quartier sans charme et triste de New York, pourtant très bien photographié par Jack Cardiff (un habitué de l'Afrique et des mercenaires, car réalisateur du magnifique "Dernier train du Katanga") ; le tout est un rien déprimant, ce qui n'enlève rien aux qualités du film, bien au contraire.

 

 

L'Afrique décrite est évidemment gangrénée par la corruption (voir le passage de Shannon à la douane, où le fonctionnaire se sert allégrement), la famine, et la violence omniprésente sous forme d'émeutes et de tortures. Le tout dirigé par un dictateur guidé par ses rêves et retranché dans une caserne. C'est dans ce contexte idyllique que débarque Shannon pour une "reconnaissance" en se faisant passer pour un ornithologue. C'est un clin d'oeil au roman car dans celui-ci le héros se fait passer pour un touriste, alors que dans le film le personnage réplique qu'il faut être fou pour aller en vacances au Zangaro ! Une couverture astucieuse si l'on veut se promener avec un appareil photo, mais qui ne l'empêchera pas de finir dans les geôles du coin, où il aura droit à une pénible séance de torture, mais où il rencontrera aussi un certain Dr Okoye, candidat malheureux aux dernières élections. Grâce à l'intervention d'un journaliste, Shannon retrouvera sa liberté, mais sera promptement reconduit dans un avion, avec comme consigne de ne plus revenir dans le pays. Une expérience qui aura des conséquences inattendues. En effet, le mercenaire décide, avec l'argent encaissé pour sa mission, de se retirer avec sa petite amie, mais celle-ci ne partage pas les mêmes espérances. Dépité, notre chien de guerre reprend les armes et décide de retourner faire une excursion au Zangaro, histoire de se défouler.

 

 

Christopher Walken fait partie de cette nouvelle race d'acteurs des années septante et quatre vingt (avec Al Pacino, DeNiro...) qui ont élevé le masochisme (cinématographique) au rang de grand art. A ses côtés, une distribution internationale, avec le tout jeune Tom Berenger ("Platoon"), le français Jean-Francois Stevenin ("Le pacte des loups"), l'anglais Colin Blakeley ("La vie privée de Sherlock Holmes") et le sud africain Winston Ntshona (Julius Limbani dans le fameux "The Wild Geese"). Notons une apparition furtive de Jean-Pierre Kalfon en trafiquant amateur d'huitres et un petit rôle pour JoBeth Williams, la maman de "Poltergeist", qui interprète la petite amie du héro.
L'anglais John Irvin débute sa carrière comme réalisateur de documentaires lors de la guerre du Vietnam, puis réalise plusieurs séries pour la télévision anglaise. Cinéaste éclectique, il passera d'un genre à l'autre en signant quelques films intéressants. On retiendra "Ghost Story", une histoire de fantôme au parfum de nostalgie, "Hamburger Hill", un film de guerre tendance "vietsploitation" sanglant mais un peu tardif, un Robin des Bois produit par Mc Tiernan, ou encore "Rawdeal / Le Contrat" un Schwarzy méconnu mais jouissif où l'autrichien dératise la mafia de Chicago. Irvin ne filme pas à l'esbroufe ; certains lui reprochent de manquer de punch, mais son approche quasi documentaire donne à ses films un ton particulier qui peut se rapprocher par moments d'un William Friedklin. En tout cas, les films d'Irvin sont toujours intéressants par leur rigueur, et permettent aussi aux acteurs de s'exprimer (même dans le Schwarzy, l'autrichien, entre deux fusillades, se fend de quelques plages de dialogues).

 

 

"Les chiens de guerre" ne dérogent pas à la règle, le film peut paraître un peu abrupt mais reste toujours intéressant, même si l'ensemble fait penser par certains aspects aux "Oies sauvages / The Wild Geese", tourné quelques années plutôt. Il reste un très bon film de genre servi par un acteur mythique, encore auréolé à l'époque de sa prestation dans "Voyage au bout de l'enfer" ; bref, voilà une petite curiosité à découvrir si ce n'est pas encore le cas.

The Omega Man

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