Des filles pour le bourreau
Titre original: L'ultima orgia del III Reich
Genre: Erotique , Nazisploitation
Année: 1976
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Cesare Canevari
Casting:
Marc Loud (Adriano Micantoni), Daniela Levy (Daniela Poggi), Maristella Greco, Antinesca Nemour, Fulvio Ricciardi, Caterina Barbero...
Aka: Les orgies du 3ème reich / La dernière orgie du IIIème Reich / Bourreaux SS / Filles pour le bourreau / Deux filles pour le bourreau / La séquestrée des SS (Canada) / Gestapo's Last Orgy...
 

Qu'il était beau le temps où, dans les camps de concentration, l'on pouvait s'adonner sans retenue à ses fantasmes les plus extrêmes, faits de chairs, d'entrailles et de sang. Qu'il était soyeux ce temps où, autour d'une bonne table, entouré d'hommes de goût, on tapait un apéro entre SS, avec comme suprême tapas, un foetus d'enfant juif. Ah, nostalgie quand tu nous tiens !
Décidément, les bonnes manières se perdent ! Encore heureux que quelques jeunesses pouvaient y voir là matière à apprentissage, s'initier aux joies du vice et de la perversion (encore qu'à ce niveau ici atteint, je doute que les mots soient assez justes ou assez forts pour décrire ce que, par moments, le spectateur doit quant à lui se farcir...).

 

 

Bref... C'est en tout cas sur ces bases qu'un homme assez âgé déambule à travers des ruines avec, en voix off, le procès d'un haut fonctionnaire nazi. On ne tarde pas à apprendre qui est cet homme. Il s'agit de l'ancien commandant Conrad Von Starker, qui vient retrouver dans un élan d'amour et de nostalgie, Lise Cohen, l'une de ses anciennes captives et victimes.
Victime consentante, vous vous en doutez bien, nous ne sommes pas là conviés dans une suite de "Marathon Man", mais plutôt une exploitation autant absurde, mi-grotesque, mi-vomitive du "Portier de nuit" de Liliana Cavani, lequel avait rencontré et scandale et succès deux ans auparavant. A ce postulat nostalgique nauséeux, Cesare Canevari, qui n'a rien d'un réalisateur intimiste sondant en profondeur l'âme humaine, choisit d'assaisonner son film de bonnes grosses pincées de "Salo, les 120 journées de Sodome", tourné par Pasolini et sorti l'année d'avant sur les écrans.
Viennent se greffer bien entendu, sans complexe aucun, les influences des incontournables du genre : Ilsa, la louve des SS et "Salon Kitty", pour un nouveau pèlerinage au royaume trash d'un temps révolu où des circonstances heureuses avaient eu la grâce de réunir deux êtres qui s'étaient alors trouvés au-delà des frontières du bien et du mal...

 

 

Evidemment, les ruines s'avèrent être, après un long prologue, un quartier pénitencier pour femmes ; grosso-modo, un camp de la mort dans lequel se pratiquaient durant la guerre des séances orgiaques de tortures et des expérimentations physiques et génétiques toutes "mengelesques", en même temps que de parfois offrir de véritables festins romains.
Un flash-back nous rappelle alors aux bons souvenirs. Von Starker dirigeait alors d'une main de fer son camp, jusqu'au jour où Lise arriva en tant que prisonnière lors d'un choix douloureux au sein duquel seules les jolies femmes (mais aussi des enfants, parfois) vont être retenues pour leur simple physique supérieur. Parmi elles, Lise, qui très vite obtiendra les faveurs de l'officier jusqu'à devenir une obsession pour celui-ci. Il en fera même une sorte d'alliée en lui octroyant un régime (Heil Hitler !) de faveur. Celle-ci, en plus d'être bientôt en charge de la surveillance et du tri des autres femmes, aura le droit, par exemple, de rester debout lors d'un banquet cannibale où un foetus juif sera mangé, tandis qu'une jeune femme sera flambée vive au Cognac.


Les femmes, sitôt arrivées, seront soumises une seconde sélection : un examen gynécologique en bonne et due forme afin de devenir les jouets les plus neufs qui soient pour nos vigoureux officiers allemands. La mort des non-sélectionnées physiquement sera une chose abominable (même si la plupart des scènes sont filmées hors-champ et, pour la plupart, plus suggérées que montrées). Il en sera de même pour la série de saillies sexuelles nazies qui s'en suivra ; celle-ci sera par ailleurs précédée de la vision d'un film montrant une femme juive en train de manger des excréments avant de se vautrer dedans ; un moment éprouvant lui aussi. Les femmes juives ne seront dès lors que des objets souillés et faites de toutes manières pour ça. Elles seront humiliées autant physiquement que moralement, rabaissées au rang "d'animal-toys"au service de l'élu aryen.

 

 

Il y aura bien d'autres moments de "festivités" dans cette Ultime orgie du IIIème Reich, mais autant la superficialité des thèmes traités que la platitude de la mise en scène le font échouer dans les grandes largeurs. Il ne possède que dans les intentions un esprit fumetti qui peine à atteindre l'écran puis à se communiquer ensuite ; les scènes "d'anthologie", soi-disant choquantes, parviennent parfois (mais toujours dans le domaine de l'idée) à déranger, mais il eut encore été souhaitable que la réalisation possède, un tant soit peu, plus de tenue, de tonus, et pour tout dire, d'efficacité. La mise en scène de Cesare Canevari ("Moi, Emmanuelle", "Parties déchaînées", "Delitto carnale"...) est pour le moins anémique, sans saveur ni point de vue.
Une mise en scène pauvre que ne parviennent pas à la relever les comédiens. Adriano Micantoni (Le manoir maudit) fait franchement pitié. C'est son dernier rôle pour le cinéma, et c'est assez triste de le voir nous quitter ainsi sur un tel plat indigeste dont même Néron n'aurait pas voulu. Daniela Poggi, bien que jolie, reste trop froide, jusqu'à l'hermétisme le plus total, renvoyant toute notion d'empathie à un stade hypothétique. Bref, impossible de se rabattre sur des personnages ou une histoire d'amour dont on a que faire, laquelle reposant qui plus est sur une structure narrative incompréhensible, voire inexistante.


Pourtant, malgré tout ce qui pourrait être dit de négatif à propos Des filles pour le bourreau, on retient, après vision, une succession de scènes toutes autant hallucinantes les unes que les autres, ce, pour des raisons parfois différentes ; ça varie de certaines scènes frôlant le comique involontaire à d'autres plus brutales, dérangeantes et nauséabondes. D'un côté, une scène de partouze de gerboises qu'on nous fait passer pour des rats en train de grignoter une touffe de cheveux, une autre scène où du lait est censé être pris pour de la chaux vive (à noter que la dame qui fera les frais de cette mort atroce n'est autre qu’Antinesca Nemour, que l'on avait déjà vue dans "Salo ou les 120 journées de Sodome"). Puis, à l'autre pôle (plus réaliste celui-ci), une femme jetée en pâture à un doberman (race de chien juif-allemand, si l'on se fie à la terminaison de son nom et à son museau tout en longueur), une gelée de foetus juifs mangée entre officiers, une jeune femme flambée au Cognac pour dessert, et j'en oublie... le menu restant copieux (beurk !), quoique servi à la-va-vite.

 

 

Finalement, Des filles pour le bourreau offre un film peu attractif à sa vision mais dont les idées sales qui l'émaillent poursuivent ensuite un temps, comme un démon, le spectateur. Comme quoi, il se peut que dans la complaisance la plus totale et la plus assumée, émerge un embryon de mémoire. Et si Canevari prend finalement au mot pour mettre en images des propos sur une race juive qui aurait été créée pour nourrir la race aryenne, en l'état et d'un point de vue purement technique et du domaine de la cohérence, il n'en demeure pas moins un film grotesque. Et ce n'est pas un final dramatique "très shakespearien" qui le rattrape.

 

Mallox

 

En rapport avec le film :

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