Obsession
Genre: Thriller
Année: 1976
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Brian De Palma
Casting:
Cliff Robertson, Geneviève Bujold, John Lithgow, J. Patrick McNamara, Nick Kreiger, Andrea Esterhazy, Tom Felleghy, Sylvia Kuumba Williams...
 

La Nouvelle Orléans, à la fin des années 50 - Le riche promoteur immobilier Michael Courtland organise une réception. Lorsque celle-ci s'achève, sa femme et sa fille sont kidnappées par des gangsters qui se sont dissimulé en extras. Courtland reçoit une demande de rançon. Pressé par la police, il remet aux kidnappeurs une valise remplie de faux billets et contenant un mouchard. Mais l'intervention des forces de l'ordre tourne mal et les gangsters, cernés par la police, s'enfuient en utilisant leurs otages comme boucliers. Dans la poursuite qui s'en suit, leur véhicule sombre corps et bien dans le lac Pontchartrain. Courtland, effondré et rongé de remords, car persuadé d'être responsable de la mort de son épouse, lui construit un superbe mausolée en marbre blanc, réplique miniature de la façade de l'église San Miniato où ils se rencontrèrent alors qu'ils étaient tous deux des touristes américains visitant Florence.
Quinze ans plus tard, Courtland, harassé par son associé Lasalle, se rend à nouveau à Florence pour affaires. Il ne peut résister à l'envie de revoir l'église San Miniato, et là...

 

 

Variation ouvertement revendiquée du Sueurs froides (Vertigo) du grand (et gros) Alfred par le (alors très) brillant De Palma, ce film est sans aucun doute sa première oeuvre totalement aboutie et la plus réussie de ses démarcations Hitchcockiennes. La réalisation est, dit-on, une affaire de style, et il faut bien reconnaître que pour ce métrage (et même si son style est "sous influence") De Palma, débarrassé des scories "expérimentales" de ses précédents films, fait oeuvre de virtuose. Mais si du point de vue de la mise en scène on ne peut pas reprocher grand-chose au film, pour le reste il y aurait quand même beaucoup à redire.
La première chose, et même si le film est loin d'être un vulgaire rip-off de "Vertigo" (tout comme De Palma était loin d'être un vulgaire épigone du grand Hitch), la comparaison entre les deux métrages est inévitable ; et il faut être un admirateur pur et dur de De Palma, ou De Palma lui-même, pour considérer qu'elle est favorable à Obsession. Et forcément, le spectateur de l'époque qui découvrait le film n'avait pas de mal à capter rapidement les tenants et les aboutissants de la machination, ce qui pour un thriller est quand même gênant.

 

 

Par un curieux paradoxe (celui de la paille et la poutre), si De Palma trouve son film supérieur à son modèle, c'est parce qu'il pense que le scénario d'Obsession est bien meilleur. Comme ce n'est pas le propos de cette modeste critique de vouloir relever les invraisemblances respectives de ces deux films, je me contenterai d'écrire (sans rentrer dans les détails afin de ne pas "spoiler" l'histoire, pour ceux qui n'auraient jamais vu Obsession) que la machination qui sert de pivot au scénario du présent métrage ferait passer celles de bien des giallos pour des modèles de crédibilité. Un scénario signé Paul Schrader, qui le reniera par la suite du fait des modifications qu'apporta De Palma. Modifications qui expliquent une fin un peu abrupte (un épilogue se déroulant vingt ans plus tard mais qui alourdissait trop le film fut supprimé) et certaines scènes "onirico-kitsch" sur les rapports entre Robertson et Bujold, une fois ceux-ci installés à la Nouvelle Orléans (sous la pression des producteurs, afin de laisser planer le doute sur la consommation effective de l'inceste).

 

 

Incontestablement, le point fort du film, outre la mise en scène de De Palma, demeure l'extraordinaire interprétation de la Canadienne Geneviève Bujold, qui vole facilement la vedette à un terne Cliff Robertson. Même si on pourrait trouver à redire sur son accent italien (qui, après tout, est peut être volontairement artificiel), sa palette de jeu et surtout sa frimousse enfantine (alors que Bujold était plus que trentenaire) sont parfaitement exploitées et rendent la séquence de "l'enlèvement revécu" (qui aurait pu facilement sombrer dans le ridicule) parfaitement réussi. Il suffit de comparer avec la fin d'un "Pulsions", où un Michael Caine (pourtant excellent acteur dans l'absolu) grotesque en travelo achève de décrédibiliser tout le film, pour se dire qu'Obsession doit beaucoup à Geneviève Bujold, et qu'avec une autre actrice le film n'aurait pas "fonctionné". Il convient aussi de saluer la prestation très réussie de John Lithgow qui débutait alors au cinéma. Je serais plus mesuré concernant Cliff Robertson, dans un rôle il est vrai difficile, qui peine à faire passer à l'écran les états d'âme de son personnage.

 

 

Je ne saurais terminer cette notule sans parler de la musique de Bernard Herrmann, ni souligner la très efficace utilisation par De Palma du merveilleux écrin que constitue la ville de Florence, en évitant tout cliché touristique. Sur la musique de Herrmann (sa pénultième oeuvre) qui était alors bien fatigué, je me contenterai de dire que je l'ai trouvé souvent trop envahissante et lyrique (soulignant à l'excès certains moments), trop "hitchcockienne", bref... trop. Sur Florence (la plus belle ville du monde après Sienne et Eger), le choix de San Miniato peut paraître étrange au premier abord car ce n'est pas, loin s'en faut, la plus belle église de la ville, mais ce serait oublier sa situation géographique exceptionnelle en surplomb de Florence, avec son parvis en pente offrant un splendide panorama sur le centre de la cité. Pour l'anecdote, les scènes de l'intérieur de l'église n'ont pas été filmées à San Miniato, l'évêché de Florence s'étant opposé au moindre tournage suite à une récente expérience malheureuse, mais dans la Collégiale de San Gimignano.

Sigtuna


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