Dabangg
Genre: Comédie musicale , Action , Policier
Année: 2010
Pays d'origine: Inde
Réalisateur: Abhinav Singh Kashyap
Casting:
Salman Khan, Sonakshi Sinha, Arbaaz Khan, Vinod Khanna, Dimple Kapadia, Sonu Sood...
 

Chulbul Pandey est un flic burné, aux épaules carrées et à la moustache bien lissée. Les lunettes noires vissées sur le nez ou accrochées dans le dos par le col de sa chemise, il affronte les bandits sans trop se préoccuper des règles ou de la loi. Sorte de muscle humain armé d'un gros calibre, il frappe, saute, jaillit sans crier gare et tatane les vils et les infâmes quand il ne leur troue pas la peau. Et, quand il n'est pas occupé à mater des gros bras, il fait comme tout le monde : il danse. Dans la rue, au commissariat, en plein milieu d'un combat, il se déhanche, agite son pelvis, roule des yeux langoureux ou bande ses muscles en chantant qu'il est dabangg ! dabangg ! dabangg ! Ce qui veut dire qu'il est sans crainte, bref, qu'il n'a peur de rien. Bienvenue en Inde.

 

 

Pour être tout à fait précis, les aventures de ce supercop comme on n'en fait plus ou presque chez nous (on dirait presque un Stallone réchappé de "Cobra"), se déroulent dans l'état d'Uttar Pradesh, à Laalgunj pour être précis, un village situé au nord du sous-continent indien. Chulbul "Robinhood" (c'est son surnom) Pandey n'utilise pas des méthodes très orthodoxes pour faire régner la loi mais cela ne lui réussit pas trop mal, et il pourrait presque être heureux si une vieille plaie familiale ne se rouvrait pas de façon récurrente : Chulbul a perdu son père à l'âge de deux ans et sa mère s'est remariée avec un homme qui ne l'a jamais considéré tout à fait comme son fils, contrairement à Makhanchan (Makhi pour les intimes), qu'elle enfanta peu après son remariage. Jalousie fraternelle, rivalités stériles, Chulbul et Makhi ont appris à ne pas s'aimer plus qu'à se détester et la force du premier souligne les faiblesses du second. Une opposition qu'un politicien véreux et particulièrement crapuleux, Chhedi Singh, saura exploiter pour protéger ses intérêts et lancer nos deux héros moustachus dans une lutte fratricide... à moins que la belle Rajjo, opportunément jaillie dans la vie de Chulbul, ne l'humanise un peu et ne le fasse changer son fusil d'épaule...

 

 

Un petit peu dur, ce Dabangg, au départ, mais pas forcément pour les raisons que vous croyez, c'est-à-dire à cause d'une succession de danses fastidieuses. Non, ce qui rebute en premier lieu, c'est la façon de filmer l'action, en multipliant les plans, les ralentis, les accélérés, et même les bullet-time à la "Matrix"... Des séquences qui donneraient bien vite mal au crâne s'il n'y avait... de la danse, mais oui, encore, une sonnerie de téléphone impromptue interrompant les combats pour quelques pas entre Chulbul et l'un de ses adversaires, dans un moment d'humour réitéré un peu plus tard. Car c'est l'un des atouts du film, cet humour. D'ailleurs, il bouffe à tous les râteliers et ne s'en trouve finalement pas si mal, naviguant entre le film policier brutal, la romance sirupeuse, l'amour impossible, le drame familial, la comédie satirique, la comédie musicale, le mélo tire-larmes et même le constat amer et désabusé d'un état indien gangréné par la corruption et abusé par des ministres criminels...

Soyons clair, pour le spectateur occidental de base, il faut un petit temps d'adaptation à ce genre de spectacle bollywoodien mais, incontestablement, le charme agit. La surabondance kitschissime de lumières colorées, de tenues éclatantes et de contorsions en tout genre ne gêne finalement pas plus que cela puisqu'elle fait clairement partie du jeu et de l'esprit du film. Qu'il clame son amour ou que ses choristes proposent de transformer le commissariat en brasserie (bonne idée), le beau héros se trémousse et se transforme, devenant sentimental et doux, lui qui était le plus dur des hommes.
L'amour d'une femme, et je ne parle pas de sa mère, qu'il aime beaucoup aussi (il faudrait d'ailleurs faire une étude sociologique sur les similitudes entre ces Indiens et les Italiens, très proches apparemment dans leur caricature, du look latin lover au machisme désuet), mais de Rajjo, dont le regard sublime... "a conquis mon coeur, tes yeux demeurent dans les miens, tes yeux ensorcelants ont volé mon coeur, volé mon coeur", et c'est reparti pour 5 minutes de danses et de chants.

 

 

Ça a l'air un peu irregardable, peut-être, présenté comme ça, mais en fait non, c'est vraiment plutôt sympa. Même les scènes d'action, bourrées de leurs effets superflus dénoncés plus haut, offrent leurs moments de réjouissances. Dans les excès, d'abord, comme lorsque Chulbul renverse l'un de ses ennemis pour l'envoyer se fracasser le crâne contre le bord d'un quai de gare... sauf que c'est le quai de gare, pourtant en bon béton bien dur, qui se brise et explose sous le choc. Gros duel de mâles gorgés de testostérones aussi, à la fin, lorsque nos deux protagonistes se retrouvent torse nu et roulent des mécaniques, se la jouant à celui qui bandera ses muscles le plus fort pour exploser l'autre... Macho man d'un côté comme de l'autre, gageons qu'avec leur allure d'affranchis des salles de musculation, ils sauront séduire les filles les plus naïves tout en relançant les théories souvent fumeuses mais qui voient quand même des sous-entendus homosexuels dans tous les films d'action, dès qu'un acteur joue un peu trop avec son gros calibre et semble affectionner les corps à corps virils.

 

 

Foin de vilénies et de sarcasmes, Dabangg est à ranger dans les petits plaisirs venus de loin, aux côtés d'un Quick Gun Murugan par exemple, dont il semble partager certains aspects semi-parodiques. Accessible, très varié et coloré, il fut l'un des gros succès au box-office du cinéma indien de l'année 2010 (et, apparemment, du cinéma indien tout court), ce qui lui a permis de franchir les frontières et d'atterrir chez nous. Les curieux peuvent s'y essayer : si on frôle parfois l'indigestion, au final, pour ma part, le pari est gagné.

Bigbonn

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