Sinister
Genre: Horreur , Maisons hantées , Esprits
Année: 2012
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Scott Derrickson
Casting:
Ethan Hawke, Juliet Rylance, Clare Foley, Michael Hall D'Addario, Vincent D'Onofrio, Fred Dalton Thompson, James Ransone...
 

Ellison est un auteur de romans policiers inspirés de faits réels. Dans l'espoir d'écrire un nouveau livre à succès, il emménage avec sa famille dans une maison où les anciens propriétaires ont été retrouvés inexplicablement pendus. Ellison découvre dans le grenier des bobines 8mm contenant les images de meurtres d'autres familles. Qui a filmé ces tueries et pour quelle raison ? Ellison va tenter de répondre à ces questions tandis que le tueur présumé, une entité surnaturelle présente sur les films, menace de plus en plus sa famille…

 

 

Voilà un film qui avait tout pour se vautrer dans la mouise comme un banal Paranormal Activity, avec un même producteur que la série citée et un réalisateur, Scott Derrickson, qui commença sa carrière sur l'une des nombreuses séquelles de la série "Hellraiser" avant de réaliser un film d'exorcisme tout à fait honnête : "L'exorcisme d'Emily Rose". Par contre, la suite est moins glorieuse puisqu'on lui confie les commandes du remake de "Le jour où la Terre s'arrêta", film pataud et mal aimé, qui faillit lui coûter sa réputation.
Pourtant, dans ce projet qui sent le pâté, se dégage une lueur d'espoir. En effet, Jason Blum, le producteur, est aussi associé à quelques projets intéressants comme Insidious, "Des hommes sans loi" et "The Lords of Salem", des productions qui se démarquent dans le curriculum du producteur de "Tooth Fairy / Fée malgré lui", et prouvent que l'homme peut avoir quelques moments de lucidité artistique. Bref, c'est donc avec quelques appréhensions que l'on visionne Sinister. Première bonne surprise, la présence d'Ethan Hawke, un vrai acteur qui va littéralement porter le métrage sur ses épaules. Il serait peut-être un peu exagéré de comparer sa performance à celle du grand Nicholson dans "Shining", pourtant on en est pas loin ! Hawke réussit non seulement à nous foutre la trouille, mais en plus il instaure une ambiance de doute telle qu'on se demande si tout cela n'est pas simplement l'effet de son imagination.

 

 

La deuxième bonne surprise vient du réalisateur. Le film se passant en grande partie dans l'obscurité, il décide d'utiliser les vieilles ficelles de l'école Val Lewton, laissant son acteur déambuler, une lampe-torche à la main. Derrickson nous concocte quelques scènes chocs d'anthologie, la plupart du temps uniquement avec un montage adéquat et une bande-son opportuniste (voir le fils du héros sortir brutalement d'une caisse). L'effet est incroyable, car le réalisateur joue sur l'attente du spectateur, on sait que quelque chose va surgir ici ou là, mais l'effet est tel qu'on ne peut s'empêcher de sursauter.
Toute la première partie du film (plus ou moins une heure) joue habilement sur ce principe, et elle se conclut en apothéose avec une scène palpitante durant laquelle Ethan Hawke déambule dans sa maison sans jamais rencontrer les esprits qui circulent autour de lui. Ce qui nous vaut cette scène hallucinante où le visage d'un garçon se trouve à quelques centimètres de celui de l'acteur qui ne le remarque même pas. Si ce genre de séquence est répartie de manière métronome dans le récit, le script n'oublie pas de faire la part belle aux dialogues et aux relations entre les personnages, ce qui permet une identification avec la famille du héros (un peu comme dans le "The Amityville Horror" de Rosenberg). Aidé par son acteur, le réalisateur instaure un film à l'ambiance trouble, où même les séquences les plus banales prennent une tonalité parfois surréaliste, comme cet entretien avec l'adjoint du shérif qui semble sortir tout droit d'un épisode de "Twin Peaks".

 

 

Attention, le film n'est pas pour autant dénué de quelques faiblesses, notamment au point de vue du scénario un peu trop conformiste, surtout lors du final inévitable mais décevant qui s'inscrit pourtant dans la logique du récit. C'est justement lorsque le film bascule complètement dans le surnaturel (avec la divinité païenne qui rappelle un autre film !) qu'il perd une partie de son efficacité, mais l'ensemble garde néanmoins une incroyable vitalité et reste indéniablement l'une des bonnes surprises de l'année 2012.
Car le film offre une agréable alternative aux "found footages" qui envahissent les écrans depuis quelques années, même s'il en garde certaines scories par facilité. On a droit à un produit calibré et réglé comme une horloge qui, pour une fois, ne se fout pas de la gueule du spectateur et s'adresse à un public de connaisseurs, bien au-delà des habituels mangeurs de popcorn prépubères. D'ailleurs, s'il n'a pas explosé le box-office, il a cependant engrangé pas mal de billets verts (+/- 48 millions de $) par rapport à son budget modeste (3 millions de $), au point qu'une suite est déjà en chantier.
Sinister ne révolutionnera sûrement pas le genre, mais il peut être considéré comme une éclaircie dans la sinistrose ambiante. Comme le dit si bien le proverbe : "au pays des aveugles, les borgnes sont rois !"

 

 

En France, le film est plus connu pour avoir été l'objet d'une polémique. Plus que pour ses qualités artistiques, il a été la victime indirecte et malchanceuse du débordement de quelques énergumènes lors des projections de "Paranormal Activity 4" (déjections sur les fauteuils, insultes, pillages de bonbons…). Sinister, qui sortait la semaine suivante, s'est retrouvé interdit de projection dans quarante salles de la République. Vive le Général !

The Omega Man


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# La fiche dvd Wild Side de Sinister

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