Territoire des ombres : le secret des Valdemar, Le
Titre original: La herencia Valdemar
Genre: Horreur , Epouvante , Drame , Maisons hantées , Possession
Année: 2010
Pays d'origine: Espagne
Réalisateur: José Luis Aleman
Casting:
Daniele Liotti, Laia Marull, Francisco Maestre, Paul Naschy, Rodolfo Sancho, Silvia Abascal, Ana Risueno...
Aka: The Valdemar Legacy
 

Espagne, de nos jours – Eduardo est responsable d'une agence immobilière et il est sur le point de réaliser une affaire lucrative, à savoir la vente d'une vaste demeure de style victorien, le manoir des Valdemar bâti en 1870. Cette superbe propriété ne laissant aucun héritier doit être vendue aux enchères avec ses biens mobiliers, et pour ce faire Eduardo a dépêché sur place un expert en biens de valeur. Le problème est le suivant : Horticia, l'expert en question, est parti depuis trois semaines pour faire l'estimation de tout ce qui se trouve dans la maison et il n'a pas donné de nouvelles depuis. Il semblerait qu'il se soit évanoui dans la nature !
Eduardo fait donc appel à une autre personne, Luisa Llorente, et lui confie le dossier. Lorsque la jeune femme arrive au manoir des Valdemar, elle est guidée par Santiago, chargé de l'entretien du jardin. Luisa pénètre dans la demeure. Très vite, elle écoute des bruits étranges ; puis, tandis qu'elle se trouve dans le grenier, elle découvre le cadavre mutilé de Horticia. A peine a-t-elle le temps de se ressaisir qu'une créature effrayante se manifeste...

 

 

Le territoire des ombres, bien qu'inspiré des œuvres de Lovecraft, n'entretient aucun rapport avec le mythe de Cthulhu ou les Grands Anciens, pas plus qu'avec le Necronomicon, célèbre ouvrage de magie noire censé avoir été écrit par Abdul Al-Hazred.
Cela étant, de par son sujet, une maison hantée qui aurait été construite sur un lieu impie, et l'implication d'un occultiste cherchant à contrôler un démon mineur grâce à un sortilège, le Rituel de Dunwich, on peut effectivement rattacher sans problème le film de José Luis Aleman à la mythologie "lovecraftienne". On rappellera au passage que la cité de Dunwich, comme celles d'Arkham et Innsmouth, est une invention de l'écrivain de Providence.

 

 

Le film d'Aleman, du moins cette première partie (Le territoire des ombres, à cause de sa longueur dépassant les trois heures, a été exploité en deux parties), se déroule sur deux époques. La première est située de nos jours, se concentrant essentiellement sur le personnage de Luisa, dont la vie bascule dès lors qu'elle a franchi le seuil de la maison Valdemar. Autour d'elle gravitent différents personnages, dont le personnel de l'agence immobilière, ainsi qu'un ex-flic spécialisé dans des affaires sortant de l'ordinaire (une sorte de Mulder hispanique), les membres d'une mystérieuse fondation protégeant le manoir victorien pour des raisons obscures, et enfin des personnes au comportement peu orthodoxe (dont une faisant penser au Renfield de Dracula) laissant penser qu'ils pourraient être les sectateurs d'une confrérie occulte.
La seconde a pour cadre la fin du XIXème siècle (1874), c'est la plus longue en durée (de la 36e à la 95e minute), et elle se focalise sur les occupants de la résidence : Lazaro et Leonor Valdemar, ainsi que leur majordome Jervas. Photographe de talent, Lazaro caresse l'espoir avec sa femme de transformer leur demeure en foyer d'adoption de jeunes orphelins. Pour y parvenir, les Valdemar s'attirent la reconnaissance de la haute bourgeoisie en organisant des séances de spiritisme. Ce business de l'occultisme s'avère lucratif jusqu'au jour où un journaliste peu recommandable découvre la supercherie (tout était truqué). Lazaro est jeté en prison et devra sa libération à un certain Aleister Crowley, féru d'occultisme, qui demandera en retour un service à Lazaro : organiser dans son manoir un rite de magie noire.

 

 

La partie victorienne est de loin la plus intéressante, non seulement pour ce qui s'y passe (avec le Rituel de Dunwich en point d'orgue) mais également pour le jeu des acteurs, nettement supérieur au casting choisi pour la partie contemporaine (à l'exception de Silvia Abascal, dans le rôle de Luisa, qui tire parfaitement son épingle du jeu).
Evidemment, José Luis Aleman a pris quelques libertés en mêlant à la fiction des personnalités ayant réellement existé, dont Aleister Crowley, qui dans la réalité est né en 1875, et n'était donc pas encore né lors des événements se déroulant dans le film. Dans la réalité, Crowley s'intéressait vraiment à l'occultisme, il fit partie durant un temps de l'organisation secrète L'Aube Dorée (Golden Dawn), puis de l'Ordre des Templiers d'Orient. Dans le film, on le voit accompagné d'autres personnages renommés durant la séance de magie noire, l'écrivain Bram Stoker de même que Lizzie Borden, qui avait défrayé la chronique en 1892 aux Etats-Unis car suspectée d'avoir massacré son père et sa belle-mère à coups de hache, et Belle Gunnes, une tueuse en série qui sévit en Norvège à la fin du XIXe siècle. Dans la réalité, ces personnes ne se sont jamais rencontré.

A la vision de La herencia Valdemar, on peut dire que José Luis Aleman, jeune réalisateur dont c'est là le premier film, s'inscrit dans la longue liste des cinéastes ayant participé au renouveau du cinéma fantastique espagnol ces quinze dernières années grâce à des gens comme Amenabar, Balaguero (même si son [Rec]² était particulièrement insipide) ou Bayona ("L'orphelinat"). On rajoutera même que l'oeuvre d'Aleman apporte un second souffle à ce cinéma ibérique qui avait parfois tendance à piétiner ces derniers temps (citons par exemple "Les yeux de Julia" de Guillem Morales ou "Insensibles" de Juan Carlos Medina).

 

 

Pour autant, Le territoire des ombres n'est pas exempt de tous reproches. On pourra regretter ce déséquilibre dans le jeu des acteurs (comme expliqué plus haut) mais aussi cette tendance à avoir privilégié l'aspect mélodramatique dans la partie flashback (les vicissitudes du couple Valdemar) au détriment des éléments fantastiques intervenant essentiellement à la fin.
Mais pour le reste, le travail fourni par l'ensemble de l'équipe technique est plutôt remarquable, depuis la partition musicale jusqu'à la photographie, en passant par les décors et les costumes, sans oublier les effets spéciaux et maquillages particulièrement réussis. Tout cela participe à donner au film le climat d'angoisse recherché. Et enfin, c'est l'occasion de retrouver une dernière fois le regretté Paul Naschy, dans son ultime rôle, celui du majordome Jervas. Inutile de dire que l'acteur s'y montre impeccable, et très émouvant. Merci, Jacinto !

Flint

 

En rapport avec le film :

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