Terreur des barbares, La
Titre original: Il terrore dei barbari
Genre: Peplum
Année: 1959
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Carlo Campogalliani
Casting:
Chelo Alonso, Steve Reeves, Livio Lorenzon, Andrea Checchi, Arturo Dominici, Bruce Cabot, Giulia Rubini...
Aka: Goliath and the Barbarians
 

En 568 après JC, la plaine du Po est ravagée par des hordes barbares, tourbes des contrées les plus sauvages d'Europe et même d'Asie. Ne respectant rien, ils brûlent les villes, pillent les campagnes, tuent les femmes et violent les vaches (mais peut-être pas dans cet ordre). Leur chef Albouin restera-t-il plusieurs mois sur le Po sans rien faire ? Non point car il est pris d'une envie pressante et irrésistible de... conquête. Vérone et Milan choient, mais Pavie tient et Albouin doit rester sur le siège. Lors du pillage d'un village, le brutal Igor, son lieutenant, a tué le père du musculeux Emilio. Ce dernier s'est juré de venger son paternel et a organisé la rébellion dans les dolomites. Albouin envoie Delfo, un autre de ses lieutenants, s'occuper du problème tout en le plaçant sous l'autorité d'Igor qui chapeaute toute la Vénétie. Or Delfo est le père de la superbe Landa, pour laquelle Igor éprouve des désirs aussi violents qu'inassouvis...

 

 

La terreur des barbares, sympathique péplum du vétéran Carlo Campogalliani, restera dans les annales comme étant le premier film mettant en vedette la reine incontestée du genre, l'incendiaire Chelo Alonso. Si l'exotique Chelo n'est peut-être pas la plus belle actrice à avoir chaussé des caligae et autres spartiates (on peut lui préférer les beautés plus classiques que sont Gianna Maria Canale ou Sylvia Koscina), elle est sans aucun doute la plus "sexe". Sorte de Bardot amérindienne au corps gracile (et pourtant sculpturale) de ballerine, à la fois petit animal farouche et dominatrice agressive, Chelo Alonso est née Isabelle Garcia à Cuba d'une mère mexicaine. Elle fait d'abord une carrière internationale dans le music-hall avant d'être repérée par un producteur de Cinecittà qui lui offre un petit rôle de danseuse orientale limité à un seul numéro musical mais très suggestif, dans "Nel segno di Roma" où elle éclipse sans peine l'actrice principale, la pulmonée Anita Ekberg qui joue la reine Zenobie. Après "Nel segno di Roma", et surtout le présent métrage, s'enchaîne une première carrière riche en films mais qui ne durera que quatre ans, avant qu'elle n'épouse un producteur et se retire (provisoirement) des écrans.

 

 

On pourrait regretter, compte tenu de son physique typiquement mexicain qui l'a forcement limitée un peu dans le choix de ses rôles, que le zénith de la carrière (et de la beauté) de Chelo Alonso n'ait pas coïncidé avec le western spaghetti. Ce serait oublier que le péplum, malgré sa réputation machiste voire crypto-gay (tout du moins pour son versant "Muscle Opera"), offre en fait beaucoup plus de rôles féminins importants que le spagh' et même le western en général. Une réputation d'ailleurs à la fois tardive et usurpée provenant par capillarité des milieux culturistes et qui s'appliquerait sans doute beaucoup mieux aux "actioners" musclés des années 80, sur lesquels la première génération de critiques geeks se mastu... euh... fait jouer les violons de la nostalgie. (Ces mêmes guignols qui n'ont que mépris ricanant pour le péplum, et dire qu'ils servent de maître à penser de tas de pré-ado boutonneux et cinéphages... passons.) Quoiqu'il en soit, l'une des raisons de l'échec du retour de Chelo Alonso à la fin des années 60 dans le spagh', outre l'outrage des ans, c'est que dans sa première carrière, qu'elle fasse une reine barbare (dans les péplums), une princesse arabe (dans les capes et épées) ou une aventurière sud américaine (dans les films d'aventures), il y a toujours au moins un numéro musical qui est souvent un des clous du film, scène difficilement intégrable dans un euro western. Dans La terreur des barbares, le spectateur est gâté puisque ce n'est pas moins de deux danses lascives qu'exécutera la belle Landa.

 

 

Revenons au film lui-même. Nous sommes en 1959, au tout début et déjà à l'apogée de la vague du péplum "à culturiste" (j'aurais été tenté d'écrire du péplum fantastique, mais le présent métrage ne comprend aucun élément mythologique ou fantastique, à moins de considérer la force herculéenne du héros comme telle) initiée par Les Travaux d'Hercule l'année précédente. S'il ne fait pas partie des fleurons du genre, à cause d'un scénario passe-partout et en l'absence de séquences kitscho-délirantes ou hautement spectaculaires qui font le sel du péplum mythologique, La terreur des barbares constitue néanmoins un spectacle hautement recommandable, avec son abondante figuration et son casting 3 étoiles de (futurs) piliers du genre (le film étant une coproduction américaine, il bénéficia de moyens financiers important pour un péplum de Cinecittà). Alors certes, la tenue de vengeur (un masque d'homme chat) qu'adopte Reeves au début du film est plus risible qu'effrayante, certes dans ses attaques équestres il se contente d'agiter mollement une sorte de fléau d'arme en polystyrène qui reste toujours à plus d'un mètre des cascadeurs qu'il est censés terrasser, et certes Reeves est comme d'habitude totalement mono expressif, mais il a la stature qui convient au rôle et au cadre majestueux des Dolomites.

 

 

Aussi étrange que cela puisse paraître, La terreur des barbares est basé sur des faits historiques, rien moins que l'invasion de l'Italie du nord par les Lombards, d'ailleurs jamais nommés dans la version française, avec la participation en "special guest star" à la fin du film de leurs mythiques couronnes de fer (elles aussi jamais nommées) qui joueront un rôle scénaristique crucial dans le dénouement. Notons d'ailleurs que ce métrage n'est pas à strictement parler un péplum puisque l'action est sensée se dérouler au Haut Moyen Age. Albouin, seul personnage du film ayant historiquement existé, liquidera les restes d'un royaume ostrogothique d'Italie déjà fragilisé par la reconquête byzantine. Il va de soit que dans le film la reconstitution historique est des plus fantaisistes.
Outre Reeves et Alonso, le casting comprend des piliers du genre : Arturo Dominici dans son indispensable rôle de fourbe et le chauve Livio Lorenzon (à l'époque compagnon de Chelo Alonso hors des plateaux de tournage) dans celui de la brute cruelle ; ainsi que des vétérans du cinéma italien (Andrea Checchi qui joue le père de Chelo Alonso) et américain (Bruce Cabot en roi lombard). Le réalisateur est un autre vétéran, Carlo Campogalliani, dont la carrière commença avant la première guerre mondiale et qui restera dans les annales du cinéma pour avoir relancé le personnage de Maciste (quarante ans après avoir mis en scène une partie de ses aventures muettes) dans Le géant de la vallée des rois, toujours avec Chelo Alonso mais cette fois-ci au coté de Mark Forest.
Alor,s remercions Carlo pour nous avoir offert deux films avec une Chelo au sommet de sa beauté qui n'a rien de "chelou".

 

 

Note : 7,5/10

Sigtuna

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