Amok, l'homme à deux têtes
Titre original: The Incredible 2-Headed Transplant
Genre: Science fiction , Fantastique , Drame
Année: 1971
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Anthony M. Lanza
Casting:
Bruce Dern, Pat Priest, Casey Kassem, Albert Cole, John Bloom, Berry Kroeger, Larry Vincent...
 

Quoi de plus logique, lorsqu'on est un savant fou, que d'imaginer une transplantation de tête sur un autre corps, donnant ainsi lieu à un corps à 2 têtes ?!? Quoi de plus rationnel, quand en plus on est secondé par un autre docteur Maboul, que de greffer à un handicapé mental géant la tête d'un psychopathe particulièrement dangereux ?!? Quoi de plus naturel, enfin, de s'étonner que cet étrange attelage vous échappe et aille occire tout ce qui croise ensuite sa route, jeunes flirtant gentiment ou bikers pique-niquant ?!?

 

 

Une brute sanguinaire et un immense costaud plus doux qu'un agneau ; une belle qui plaît aux deux mais risque de finir sous les coups du plus fort, à savoir le dingue aux tendances perverses qui a pris l'ascendant sur son hôte involontaire. Des rencontres forcément insolites et une chasse à l'homme, ou au monstre, pour tenter de ramener le calme. Sans oublier un trauma initial qui offre un lieu idéal pour une scène finale dramatique et collective. A priori, tout cela n'est pas mal du tout. A priori...

En pratique, il faut bien reconnaître qu'on se fait assez vite chier à suivre les déambulations meurtrières du duo Danny le géant gentil / Cass le tueur psychopathe. Et, pour dire vrai, on se fait surtout vite chier à ne pas suivre leurs déambulations, puisqu'elles n'arrivent qu'après trois bons quart d'heure et que la tentation se fait de plus en plus grande d'accélérer tout ça, voire d'y mettre fin par un transplantus interruptus.

 

 

Que le brave docteur Gérard néglige sa jolie femme pour ses expériences absurdes de greffes de têtes (d'animaux dans un premier temps - singes, lapins, renards, serpents...) en compagnie d'un vieux à tête de vicieux qui semble le manipuler, c'est déjà assez surprenant. Que son ami Ken ne profite pas de la situation pour lui ravir sa tendre et douce mais au contraire pour l'inciter à s'en occuper, c'est également fort étonnant (surtout quand il découvre ce qui occupe tout le temps de son vieux copain de fac...) Qu'ensuite, la décision est prise de greffer au corps d'un malade mental la tête d'un autre malade mental, dont la dangerosité a failli coûter la vie à madame Gérard, voilà qui dépasse l'entendement ! Rien ne tient la route, ici et, pire, rien ne passionne ni même ne fait sourire (ou si peu). Danny, déjà, le géant benêt, a une morphologie un peu bizarre dès le début du long-métrage, qu'on imagine prétexte à faciliter ensuite la jonction des deux têtes. Mais celles-ci ne s'accordent que moyennement et on a du mal à ne pas "voir", ou en tout cas imaginer, le corps de Cass accolé à celui de Danny et réunis dans un vêtement ample et large. Les péripéties, elles aussi, sont très vite dépourvues d'intérêt tant on se contrefout de ce qui peut arriver aux personnages, trop souvent à peine esquissés (les victimes, le shérif, les policiers) ou à trop gros traits (les trois médecins et la jolie Linda).

 

 

Pourtant, il y a un peu de bon quand même dans cet Amok (titre français faisant référence, on l'imagine, à cette folie meurtrière qui s'empare parfois d'un homme et est connu sous ce nom en Malaisie, sauf qu'en l'occurrence ici l'homme n'est pas seul mais bien deux, même si le corps est unique). L'idée de base, pour absurde qu'elle soit, est sympathique puisqu'elle offre l'occasion de scènes comme on n'a forcément pas l'habitude d'en voir. Le personnage de Danny, pauvre d'esprit souffrant de la puissance de son greffon meurtrier et de ses actes, offre une portée dramatique au personnage. Le voir emporter dans ses bras la belle évanouie n'est pas sans rappeler les multiples personnages fantastiques qui ont peuplé les écrans et vécu ce type de scène. La chasse au monstre pouvait elle aussi en rappeler d'autres, la dualité du monstre en question posant forcément question sur la nécessité, voire la légitimité, de mettre fin aux jours de cette créature qui n'en peut mais.

Hélas, cela est mal traité, mal exploité, trop longuet, et manque énormément de souffle et de rythme. Dans un schéma quasiment identique, pour une histoire pratiquement similaire, l'amateur de curiosités bicéphales trouvera beaucoup plus de plaisir à suivre La chose à deux têtes, un film de Lee Frost réalisé l'année suivante et reprenant la même intrigue. Si l'on en croit IMDB, on retrouverait à l'écriture (ou co-écriture) des deux films, un certain James Gordon White, ceci expliquant cela. Alors qu'Amok est poussif, trop sérieux et mal rythmé, La chose est plutôt vive et traversée d'un humour beaucoup plus en phase avec le sujet. Et, aux pauvres animaux utilisés par Lanza pour montrer les résultats des premières expériences du docteur Gérard, on préfère, et de loin, le gorille à deux têtes de Lee Frost ! Si vous devez n'en voir qu'un, choisissez le bon. Pas celui-ci, donc...

 

 

Bigbonn

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