Quand la jungle s'éveille
Titre original: Curucu, Beast of the Amazon
Genre: Aventures , Exotisme , Sorcellerie
Année: 1956
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Curt Siodmak
Casting:
John Bromfield, Beverly Garland, Tom Payne, Harvey Chalk, Larri Thomas..
Aka: Le justicier du temple d'or (titre vidéo) / Curuçu, sorcier de l'Amazone
 

L'aventurier Rock Dean et le Docteur Andrea Romar partent en expédition à la recherche de plantes médicinales, dont les autochtones se servent pour réduire des têtes. Des plantes qui pourraient aider la science et notamment être utilisées pour traiter des patients atteints du cancer. Cependant, un mystère reste insoluble : les travailleurs des plantations, pris de panique, ont quitté ces mêmes plantations, craignant d'être victimes d'une créature monstrueuse portant le nom de Curucu, résidant dans un endroit reculé d'où aucun blanc n'est jamais revenu vivant. Mais Rock Dean, en aventurier téméraire, décide de remonter le cours du fleuve Amazone à la recherche de la créature. Cédant aux arguments du Docteur Andrea Romar, il l'emmène dans ses bagages...

 

 

Curt Siodmak, qui nous a quitté à l'âge de 98 ans en l'an 2000, outre son premier film qui dès 1930 fut un joli coup d'éclat ("Les hommes le dimanche"), est plus réputé pour ses scénarios ayant engendré quelques classiques que pour ses propres réalisations, finalement assez rares. Il fut, quelques années avant deux films d'aventures se situant aux abords du fleuve Amazone, celui-ci et "Love Slaves of the Amazons" dans la foulée, l'auteur de deux petites SF assez modestes : un "Bride of the Gorilla" de facture plutôt médiocre et peu imaginative et "Le monstre magnétique" un brin plus dynamique et gratifiant. Sa carrière derrière la caméra se limite quasiment à ces seuls films tandis que sa participation en tant que scénariste à de petites productions aventurières ou science-fictionnelles est bien plus pléthorique : on le retrouve d'un côté derrière des projets de séries B fantastiques : "Le retour de l'homme invisible", "La femme invisible", "Frankenstein rencontre le loup-garou", "L'agent invisible contre la Gestapo", et même certains classiques ("Vaudou" de Jacques Tourneur, La bête aux cinq doigts de Robert Florey), et de l'autre, on le retrouve affairé à des récits d'aventures exotiques avec "Toura, déesse de la jungle" ou "Tarzan et la fontaine magique". Quand la jungle s'éveille fait bien entendu partie de cette seconde mouvance dont il se retrouve alors, en 1956, pleinement en charge.

 

 

Le début de ce Justicier du temple d'or (on préférera à ce titre vidéo le titre Quand la jungle s'éveille, plus proche de ce qu'on y trouve) laisse augurer le meilleur avec une vue subjective de notre Curucu local à travers les branchages, épiant une jeune femme indigène isolée en train de prendre de l'eau dans une rivière, ce, avant de l'attaquer puis de la tuer sans sourciller. La scène donne le ton, les enjeux sont rapidement installés, un gros plan sur notre créature monstrueuse laisse entrevoir une espèce de mutant mi-homme, mi-oiseau de proie, bref, la mise en place est presque idéale.
Hélas, les choses se gâtent dès qu'il s'agit de nous présenter nos deux héros : John Bromfield et Beverly Garland. On connaît un petit peu le premier pour l'avoir aperçu aux côtés de John Agar dans "La revanche de la créature" de Jack Arnold. Quant à Beverly Garland, sa carrière fut bien plus fournie et on put la croiser assez régulièrement dans diverses séries télé durant trois décennies ("Les mystères de l'Ouest", "Mannix", "Kung Fu", "L'homme de fer" ...) entre deux séries B pas toujours folichonnes (L'homme de Neandertal, It Conquered the World) ou le plus réussi Not of this Earth de Roger Corman. Reste que nos deux héros ont tôt fait de s'enamourer l'un de l'autre : à peine se croisent-ils dans un cabinet médical que chacun cristallise son partenaire. C'est du reste à partir de là que, légitimement, on commence à penser que nous serons régulièrement menés en bateau, contraints de se farcir, sur une durée d'à peine 75 minutes, moult intermèdes romantiques...

 

 

Evidemment, ça ne loupe pas ! Ce qui nous permet du reste, le temps de présentations, de nous souvenir qu'autrefois nous fumions cigarette sur cigarette lors des auscultations médicales. Mais le problème de Curucu, Beast of the Amazon n'est finalement pas là. Le hic était déjà perceptible dès la scène d'ouverture qui, à la fois en montrait trop ou pas assez, et nous laissait avec l'immédiate impression que notre Curucu n'était que subterfuge et prétexte, ménageant un suspense de polichinelle. La découverte de la supercherie (le titre belge dévoile d'ailleurs tout) tombera évidemment à l'eau en plus de faire l'effet d'un pétard mouillé.
Durant ce temps (on évitera de parler périple ou péripéties), ce que nous craignions de prime abord arrive inéluctablement : Curucu alterne scènes romantiques désuètes et forcées ainsi que de nombreux stock-shots animaliers, donnant même au film par moments des allures de récit à la King-Kong en Amérique du Sud, lequel attendrait (en vain) l'arrivée de Tarzan. Curt Siodmak se rabat alors sur la singularité des indigènes du film, les rendant tour à tour menaçants puis sympathiques (tant est que l'on considère un homme se déclarant l'esclave d'une blanche, sympathique), tandis que le récit se perd peu à peu, à l'image d'une promenade en forêt mal planifiée.

 

 

Finalement, c'est dans son dernier quart-d'heure que Curucu se reprend... après avoir croisé mygales, serpents, panthères, crocodiles et encore d'autres amis de la jungle, ce, entre deux étreintes. On a droit à une déferlante de cris horrifiés de la part de Beverly Garland qui joue les screaming girls de façon tellement outrée et répétitive (pas moins de cinq hurlements en cinq minutes pour cinq événements différents, outch !) que le ridicule et le rire finissent par s'en mêler. A retenir cependant de cette pellicule assez médiocre et surannée un final à base de tête rétrécie plutôt marquant. Pour le reste, malgré les promesses de départ, ses outrances kitsch, son cadre brésilien aux abords du fleuve Amazone, c'est pas vraiment le Pérou !


Mallox

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