Shaolin vs. Wu-Tang
Titre original: Two Champions Of Shaolin / 少林與武當
Genre: Wu Xia Pian , Arts Martiaux
Année: 1981
Pays d'origine: Hong Kong
Réalisateur: Chang Cheh
Casting:
Lo Meng, Chiang Sheng, Sun Chien, Yang Tsing-Tsing, Lu Feng, Wang Li, Wen Hsueh Erh, Chien Hsiao-Hao...
Aka: Two Champions Of Death / 2 Champions Of Shaolin / Shao Lin Yu Wu Dang / Siu Lam Yue Miu Dong
 

Elève d'un temple Shaolin qu'il a intégré suite à l'assassinat de ses parents, Tung est blessé par des hommes du Wu-Tang et trouve refuge chez des experts du lancer de couteaux. Après avoir appris cet art à leurs côtés, Tung part, accompagné d'un combattant de Shaolin, pour prendre sa revanche sur ses agresseurs. En chemin, ils tombent sur un prince Manchou qui les trompe afin de s'approprier les arts martiaux des deux camps : les compétences et l'efficacité Shaolin associées à la saveur et la finesse Wu-Tang devraient lui assurer une longue suprématie. Abusés, les deux jeunes hommes vont conjuguer leur art pour le retourner contre ce prince diabolique...

 

 

Two Champions Of Shaolin fait partie de la fin de carrière de Chang Cheh et, autant le dire sans détour, pas sa meilleure, loin s'en faut...

Ces "Venins mortels", dont certains font partie ici du casting, furent repérés par le réalisateur dès 1976 alors qu'il était à Taïwan sur les tournages de "7 Man Army" et "New Shaolin Boxers" : une demi-douzaine d'hommes formant une équipe de cascadeurs de talent. Voyant là l'occasion de se renouveler, de se moderniser et de se relancer, il leur propose de venir le rejoindre à Hong Kong, puis de leur faire signer un contrat de trois ans avec une Shaw Brothers elle aussi sur le déclin, autant artistique que commercial.
Les producteurs et réalisateurs pratiquent les mêmes recettes de Kung-fu depuis trop longtemps tant et si bien que les résultats au box-office s'en font ressentir. Il en va de même pour certaines stars de la firme qui se font quant à elles vieillissantes : Ti Lung, David Chiang ou encore Lo Lieh, pour n'en citer que trois, n'ont plus la même fougue que durant les années 60 et 70. Leur trouver des successeurs n'est pas si simple, surtout pour un Chang Cheh que l'on peut considérer, avec King Hu, comme le créateur d'une nouvelle vague ramenant sur le devant de la scène la figure du héros classique chinois. En effet, si King Hu a ramené le Wu Xia Pian à un niveau plus féministe, redonnant une véritable place et des rôles importants aux femmes ainsi que soignant l'aspect historique de ses films, de son côté, Chang Cheh s'est tourné vers un cinéma plus viril, à la fois inspiré du western et du film noir américain ainsi que des fulgurances graphiques issues du chanbara. On peut rajouter, dans les véritables talents de la firme, l'excellent Chu Yuan (Intimate Confessions of a Chinese Courtesan).

 

 

S'ensuivront, donc, une série de bobines assez moyennes, mais dont le premier, 5 venins mortels, déjà poussif à sa manière (cf. critique-maison), fit un tabac... Tant et si bien qu'une série de plusieurs films mettant en scène les "Venoms" vit le jour : pas moins de 14 films mettant en scène cinq d'entre eux : Sun Chien, Philip Kwok, Lo Meng, Lu Feng et Chiang Sheng. A noter que Philip Kwok (Kuo Chui) ne figure pas à l'écran mais que les combats de Shaolin vs. Wu-Tang portent sa patte. En revanche, et c'est là que la bât blesse également, aucun acteur ne possède le charisme nécessaire pour porter le film sur ses épaules. A ce titre, on rappellera que ce n'est peut-être pas un hasard si Hong Kong fit un triomphe à une entité (les Venoms) plus qu'à aucun acrobate en particulier qui la composait.
Les années 80 sont celles du brushing et du body building, autant dire que cela se vérifie à l'écran. La présence au premier plan de Lo Meng, plutôt habitué aux seconds rôles, semble du reste trahir une impasse autant pécuniaire que créative... Chang Cheh n'innove plus, le réalisateur préfère alors miser sans trop prendre de risques, laissant de côté tout ce qui faisait l'originalité et la puissance de sa cinématographie. On rajoutera, histoire de leur foutre encore un peu de Kung-Fu du singe à charge, que dès 1983, et juste après la fermeture de la Shaw Brothers, en 1985, seul Philip Kwok est parvenu à poursuivre une riche carrière. Après tout, rien de plus logique, il est le plus multitâche et le plus talentueux... Hélas, il n'est pour le coup, pas à l'écran !

 

 

Two Champions Of Shaolin n'est pas relevé non plus par son scénario éventé, recyclant tout ce qu'on a déjà vu depuis une bonne quinzaine d'années en termes de guerre des clans. La façon dont les Mandchous sont stéréotypés renvoie à une période nationaliste purement revancharde, avec des portraits taillés au burin, ce pour des méchants de service ayant, en 1981, déjà trop servi pour convaincre. Ajoutez à cela des personnages de part et d'autre dénués de toute personnalité ou profondeur, et Shaolin vs. Wu-Tang se clôt comme il a débuté : dans une relative indifférence. Finalement, seuls les combats (nombreux), spectaculaires, fort bien exécutés (bien qu'approximatifs à d'autres moments), retiennent l'attention. Il n'y a d'ailleurs que dans les affrontements que l'on retrouve la personnalité et le style de Chang Cheh, tout fait d'outrances, de violence et même d'un certain nihilisme. A ce titre, la fin est, a contrario du métrage dans son ensemble, tout à fait réussie.

Alors soit, Two Champions Of Shaolin n'est pas non plus le dernier de la classe en son genre ; quelle qu'en soit la manière, ce n'est ni un navet, ni un film infréquentable, mais il reste une cruelle déception pour tout amateur du cinéaste en plus de ressembler dangereusement à un chant enroué du cygne. Autant se revoir les sublimes Vengeance ou "La brute, le bonze et le méchant" (alias "Le Justicier de Shanghaï", co-réalisé avec Pao Hsueh-Li et assisté d'un certain John Woo) que cet ersatz indigne de fin de série et synonyme d'une carrière touchant tristement à sa fin.

 

 

Mallox

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