Dunwich Horror
Titre original: The Dunwich Horror
Genre: Horreur , Fantastique
Année: 1970
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Daniel Haller
Casting:
Sandra Dee, Dean Stockwell, Ed Begley, Lloyd Bochner, Sam Jaffe, Joanne Moore Jordan, Donna Baccala, Talia Shire...
Aka: Horreur à volonté (titre français alternatif)
 

Le mystérieux Wilbur Whateley se présente à l'université d'Arkham dans le but de parcourir un ouvrage ancien, le Necronomicon. La jeune Nancy Wagner lui permet de consulter l'ouvrage, mais le Dr Armitage s'y oppose. Néanmoins, ce dernier est très intéressé par l'histoire de la famille Whateley et invite Wilbur à boire un verre. Suite à une conversation prolongée, Wilbur rate son bus. Nancy se propose de le reconduire chez lui, ne se doutant pas que Wilbur à de sinistres projets.

 

 

Quelques années plus tôt, Roger Corman avait connu un beau succès avec ses adaptations d'Edgar Poe. Durant cette période, il essaye d'exploiter un nouveau filon avec un autre écrivain très peu connu à l'époque, HP Lovecraft. Il signe alors la première adaptation de l'écrivain, La malédiction d'Arkham/The Haunted Palace (1963), qui mixe maladroitement Poe et Lovecraft. Plus tard, il produit deux autres tentatives réalisées par Daniel Haller : "Die, Monster, Die! " (1965), et The Dunwich Horror (1970)".
Daniel Haller fait partie de la fameuse écurie Corman, directeur artistique et décorateur sur plusieurs productions maison. Il passe à la réalisation en 1965 avec "Die, Monster, Die". Par la suite, il deviendra un réalisateur télé très actif avec "Galactica", "Manimal", Buck Rogers, etc.. On sent que Haller aime les décors ; et on le remarque toute suite à cause du soin particulier apporté à ces derniers. On retiendra le manoir de Wilbur, qui ne paye pas de mine de l'extérieur mais nous offre un intérieur assez baroque. La bibliothèque d'Armitage, le cercle de mégalithes appelé aussi les pierres levées ont ainsi bénéficié des mêmes égards. On peut aussi retenir un superbe générique animé, accompagné par une partition de Les Baxter tout simplement géniale. Par contre, les effets spéciaux sont loin d'être aussi soignés. Afin de palier au manque évident de moyens et masquer l'indigence des maquillages (grosse tête en caoutchouc pleine de tentacules !), le réalisateur utilise à chaque apparition du monstre des filtres de couleurs tout droit sortis d'un mauvais trip de LSD (d'ailleurs, le spécialiste des SFX avait travaillé sur The Trip, film hallucinogène sur le LSD) ; l'effet est rudimentaire mais néanmoins efficace.

 

 

Le script est basé sur l'un des schémas classiques de l'oeuvre de Lovecraft, c'est-à- dire des dieux antédiluviens (ici, le Dieu Extérieur Yog-Sothoth) qui attendent qu'on leur ouvre les portes de notre dimension par l'entremise d'un sacrifice, une jeune femme en l'occurrence (cela ne fait jamais de mal de bien se faire voir par des dieux anciens !). Le choix des scénaristes s'est posé cette fois sur "L'abomination de Dunwich", le seul roman de Lovecraft qui se termine bien (Les Whateley sont vaincus par le Dr Armitage !).
En gardant tous les éléments de l'oeuvre, sont donc présentes la ville maudite (ici Dunwich, ville imaginaire inspirée par North Wilbraham où l'auteur passa quelques jours de vacance), le livre interdit (le fameux Necronomicon), les damnés (le personnage de Wilbur et son frère !), l'intrusion dans la vie courante de monstruosités incompréhensibles et cruelles (ici Yog-Sothoth, apparu pour la première fois dans le roman L'Affaire Charles Dexter Ward) et la jeune femme (Sandra Dee, mignonne !). Le gros problème, dans les adaptations de Lovecraft, c'est comment utiliser tous ces éléments à bon escient. Dans le cas présent, le réalisateur les dispose de manière parfois disparate et maladroite en les modifiant à son aise. Ainsi, le jeune héros du roman (le Dr Armitage) devient un vieil homme, le repoussant Wilbur se retrouve sous les traits d'un jeune homme (Dean Stockwell) et se voit affublé d'un frère difforme et Lavina (la mère de Wilbur) est clairement aussi jeune que son fils (malgré ses cheveux blancs).

 

 

Deux générations d'acteurs se croisent dans ce film. D'abord Sandra Dee, qui fut pendant des années l'incarnation de la jeune adolescente wasp (white anglo-saxon protestant), réconfort pour l'Amérique profonde. La voici dans une production bien éloignée des films qu'elle avait l'habitude de tourner. Alors que l'actrice n'avait même pas trente ans elle entamait le déclin de sa carrière. "Horreur à volonté" sera sa dernière apparition au cinéma et elle poursuivra sa carrière à la télévision, où elle apparaîtra dans quelques séries ("Le Sixième Sens", "L'Ile Fantastique", "Night Gallery"...). La pauvre finira sa vie anorexique, dépressive et alcoolique, cloîtrée dans sa propriété de Beverly Hills.
A ses côtés (dans le film, pas dans sa propriété !), Dean Stockwell fut lui aussi un enfant acteur mais sa carrière (contrairement à Sandra Dee) ne connut jamais le déclin. Bien au contraire, il a participé à près de deux-cents séries ou films. De "Code Quantum" à "Blue Velvet" ou "Dune", il aborde tous les genres à toutes les époques. Pour l'anecdote, il tournera dans la version 2009 de The Dunwich Horror, mais cette fois dans le rôle de Henry Armitage, Wilbur étant interprété par l'incontournable Jeffrey Combs ("Re-Animator", From Beyond).

 

 

Face à nos deux jeunes, on retrouve une véritable institution, Edward James "Ed" Begley Sr. (1901 – 1970), acteur au physique caractéristique qui commença sa carrière dans les année 20 à la radio et sur les planches de Broadway. A partir des années 40, il apparaîtra au cinéma et surtout à la télévision, où il deviendra l'un des grands méchants des feuilletons US, notamment les westerns : The Virginian, Bonanza, The Fugitive, Target : The Corruptors, The Invaders, The Wild Wild West... Au cinéma, on a pu le voir dans "Pendez-le haut et court", "Douze hommes en colère", "La Main qui venge", "Un Cerveau de un million de Dollars"... Horreur à volonté sera son dernier film.
On notera enfin une petite figuration de Talia Shire, alias Talia Coppola, l'Adrienne de "Rocky" qui, à l'époque, cachetonnait chez Corman ("Wild Racer", "Gassss").

Loin de nous effrayer réellement, Daniel Haller réussit à créer une ambiance de mystère, grâce à beaucoup de hors-champ et de suggestion. On imagine le corps nu de Sandra Dee se débattant sous sa robe de sacrifice (habile montage qui ne laisse pratiquement rien voir), comme on imagine le dieu Yog-Sothoth essayer d'entrer dans notre dimension (le magnifique décor de mégalithes aide beaucoup). Heureusement l'indicible, comme l'appelle l'écrivain, restera invisible, ce qui nous évitera le désagrément de perdre la raison ou d'être transformé en pierre (au mieux). Mais tout cela n'est qu'un sursis car tôt ou tard, selon l'écrivain, les fameuses entités cosmiques aussi cruelles que répugnantes auront trouvé le moyen de revenir dans notre sphère pour nous pourrir la vie. Bref... ça craint !

 

 

The Omega Man

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