Survivant, Le
Titre original: The Omega Man
Genre: Fantastique , Anticipation , Post-apocalypse
Année: 1971
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Boris Sagal
Casting:
Charlton Heston, Anthony Zerbe, Rosalind Cash, Paul Koslo, Lincoln Kilpatrick...
 

Une guerre bactériologique a exterminé la majorité de la population du globe, Robert Neville est un des rares survivants grâce à un sérum qu'il s'est injecté. Harcelé par les autres survivants transformés en mutants, il vit reclus dans son repère ne sortant que pour trouver d'autres survivants.
Le livre de Richard Matheson "I Am Legend" à peine publié, celui-ci attira immédiatement l'attention des producteurs : en 1957 la fameuse firme "Hammer" acheta les droits du roman et fit venir Matheson à Londres pour qu'il rédige lui-même le script. Le film devait s'intituler "Night Creature" avec Val Guest comme réalisateur, mais le script fut rejeté par le comité de censure effrayé par le côté pessimiste de l'oeuvre. La Hammer revendit son scénario qui passa de main en main, des noms comme Fritz Lang et Orson Welles furent cités. En 1963, un film fut enfin réalisé sous le titre The Last Man on Earth avec Vincent Price.
Au début des années 70 un nouveau script circule et finit par tomber entre les mains de l'acteur Charlton Heston, qui venait de débuter une nouvelle carrière dans la science fiction (via "La Planète des singes") et le sauvetage des grosses pièces (747 en péril, sous-marins nucléaires en détresse, stade de football menacé et Ava Gardner ménopausée !). Ce dernier semblait particulièrement intéressé par le fait que les "vampires" du roman étaient devenus des mutants reniant toute technologie, retournant ainsi dans une sorte d'obscurantisme. L'acteur envisageait d'engager Sam Peckinpah comme réalisateur, mais ce dernier, peu enclin à renouveler l'expérience du "Major Dundee", refusa l'offre et c'est donc au réalisateur de télévision Boris Sagal que le poste échoua.

 


Dans la lignée des films d'anticipation pessimistes des années septante (Rollerball, Soleil Vert, "THX 1138", New York ne répond plus, Mad Max...), Le Survivant nous propose un avenir guère réjouissant. Robert Neville semble être le seul rescapé de l'armaguedon biologique qui a frappé la planète, chaque jour il cherche désespérément la trace d'autres survivants, mais l'angoisse de l'isolement et la solitude commencent à lui peser. Ce qui nous vaut une très belle scène de délire où notre héros croit entendre sonner tous les téléphones publics à la fois. Mais Neville n'est pas vraiment le seul à avoir survécu, il y a aussi un groupe de mutants appelé "La Famille", décrits dans le roman comme des vampires, ils deviennent dans le film des êtres rongés par la maladie qui ne se préoccupent guère du sang, mais qui, comme les vampires, craignent la lumière. Dirigés par Matthias, une sorte de gourou interprété par l'excellent Anthony Zerbe, leur seul but semble être l'extermination du seul rescapé et la destruction de tous les symboles de la technologie qui entraîna leur perte. Si la journée est le domaine de Neville, qui en profite pour chercher des traces de survivants ou le repère de ses ennemis, une fois la nuit tombée, il doit se réfugier dans son appartement, véritable musée transformé en forteresse dans laquelle il a rassemblé les reliques d'une civilisation éteinte et qui subit nuit après nuit les assauts d'une bande de lépreux albinos, un étrange rituel où chacun cherche à exterminer l'autre et qui se répète inlassablement.

 

 

Mais le destin va changer les choses lorsque Neville rencontre Lisa, une autre rescapée qui protège un groupe enfants encore sains. Pour le survivant c'est le signe qu'il attendait, un nouveau but, une nouvelle mission : assurer l'avenir de l'humanité. Après un combat acharné avec ses ennemis héréditaires et la destruction de son appartement, dernier symbole de l'ancien monde, Neville agonisant fera don aux enfants du précieux sérum extrait de son sang, à eux d'en faire bon usage et de bâtir un nouveau monde. C'est le côté le plus indigeste du film, ce sacrifice christique caricatural est vraiment trop appuyé (prenez mon sang et bâtissez un nouveau monde). Paradoxalement, à côté de cette nauséeuse imagerie du bon WASP (White Anglo-Saxon Protestant), le film se permet de montrer sans aucun tabou une relation amoureuse entre le réactionnaire Charlton et la mignonne black Rosalind Cash, actrice de séries télé qui jouera dans "Dr Black and Mister White", une version blaxploitation du "Dr Jekyll and Mister Hyde". Signalons que paradoxalement, malgré ses prises de position radicales sur certains sujets, Charlton Heston est l'un des rares acteurs américains blancs qui a osé embrasser et coucher avec une femme de couleur dans un film (il est d'ailleurs un activiste reconnu des droits des Noirs américains). Il rejoint ainsi William Shatner qui embrassa Michelle Nichols dans un épisode culte de "Star Trek" ou Roger Moore qui le fit deux fois au service de sa majesté. Si cela peu paraître anecdotique de ce côté-ci de l'Atlantique, n'oublions pas qu'aux Etats-Unis, symbole de la démocratie, ce genre de joyeuseté peut couler une carrière.

 

 

Si le livre de Matheson est considéré comme une réussite et un chef d'oeuvre dans le genre, il faut préciser que le script n'en est pas une adaptation comme beaucoup semblent le penser, mais une simple variation, le film n'utilise d'ailleurs même pas le titre du roman. Pourtant, voilà un film qui semble faire consensus contre lui : trahison du roman original pour certains, ridicule pour d'autres (qui semblent surtout avoir été frappés par la coupe afro de certains acteurs au point de considérer que "La Famille" est uniquement composée d'Afro américains, étonnant !). Le film est cependant loin d'être aussi mauvais que certains le prétendent. Certes il est daté (mais d'autres productions de la même époque le sont aussi sans perdre leur efficacité), et son plus gros défaut reste l'absence d'un réalisateur digne de ce nom. Il est évident que Sagal sert de prête nom au grand Charlton qui dirigea ainsi le film par son intermédiaire, laissant son vieux complice le cascadeur Joe Canutt s'occuper des scènes d'action. Néanmoins le résultat reste très honorable et particulièrement sympathique même si l'ensemble peut paraître assez maladroit et bancal avec une première partie (celle ou Neville est vraiment seul) réussie et des idées intéressantes mais mal exploitées. Malheureusement, le film s'essouffle avec l'arrivée des autres survivants. Reste un excellent divertissement, une série B de luxe un rien narcissique, car avant tout réalisée pour mettre en valeur sa vedette principale initiatrice du projet.

 

 

Malgré ses défauts et ses détracteurs, Le Survivant s'est constitué au fil du temps une petite poignée de fidèles qui n'hésiteront pas à en faire une oeuvre culte. Car il faut bien rappeler qu'il fut une époque (les années 80) où les rares passages de ce film à la télévision suscitaient un réel enthousiasme. Il est vrai que dans le paysage télévisuel morose de l'époque, il faisait l'effet d'une bouffée d'oxygène. Cette histoire de survivant incarné par l'un de ces héros du dimanche soir avait de quoi séduire les jeunes lecteurs de "Minuit l'heure des Sorcières" et autres "Vampirella". Aujourd'hui, le fait que Le Survivant soit disponible en DVD atténue légèrement cet enthousiasme, il demeure néanmoins pour certains une oeuvre intéressante et sympathique, qui pourrait bien passer au statut de chef d'oeuvre après la version de Will Smith qui semble être un remake du film plus qu'une nouvelle relecture du roman.

 

The Omega Man
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