Undead, The
Genre: Fantastique , Satanisme , Sorcellerie
Année: 1957
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Roger Corman
Casting:
Pamela Duncan, Richard Garland, Allison Hayes, Val Dufour...
 

L'histoire, introduite et conclue par Satan, nous présente la belle Diana Love, une jeune débauchée se soumettant à une expérience scientifique menée par le Dr. Quintus Ratcliff, qui se propose d'hypnotiser la jeune femme afin de la faire régresser mentalement dans le passé. C'est donc au Moyen-Age que se déroule l'essentiel du film. Là, Helen, l'équivalent de l'époque de Diana, est accusée de sorcellerie et s'apprête à être exécutée. C'est sans compter sur l'intervention de ses amis et du savoir venu du futur qui s'est ouvert à elle de part la "régression" de Diana.

 

 

Intrigue relativement complexe, en apparence, mais qui très vite se poursuit sous la forme d'aventures fantastiques dans le monde de la sorcellerie. Langage ancien (les dialogues sont souvent teintés de prononciation en anglais médiéval), vieille femme aux allures de sorcière qui s'avérera plus surprenante qu'il n'y paraît, jeune sorcière vouée à la perte d'Helen et à la conquête de son prétendant, transformations en animaux nocturnes, cimetière, sabbat de minuit... Bref un beau petit catalogue de mythes liés à la sorcellerie...
Pourtant, bien que fortement illustré d'imagerie populaire, le film sait se forger sa propre identité. De part son esthétique, d'abord. Empreinte de nombreux éléments faisant furieusement songer au cycle Poe qui naîtra trois ans plus tard (la brume, les costumes, la "femme fatale" magnifique et venimeuse...). Du cycle Poe, la destinée qui semble fatale peut aussi faire figure d'annonce. Mais c'est surtout à travers les conséquences de l'hypnose que le film se démarque des autres oeuvres de sorcellerie classique.
Sans tomber dans l'anachronisme constant, Corman met en avant les interactions entre deux périodes de l'Histoire pourtant complètement différentes. Le film est ponctué de retours au monde moderne, où le docteur Quintus et son collègue assistent d'abord impuissants puis ensuite actifs au fruit de leur expérience. La fin de son film offre ainsi un climax d'une intelligence et d'une audace certaine, prenant le postulat que toute modification du passé entraîne une modification du futur (comme quoi c'est un thème apparu bien avant le médiocre Effet Papillon). Ce qui provoque donc un choix cornélien pour l'héroïne médiévale, qui se voit attribuer la destinée de son alter ego du futur.

 

 

Il ne faut cependant pas non plus oublier que Corman donne avant tout dans le film populaire, et non dans le film d'auteur psychologique. A ce titre, "The Undead" est également un très beau succès, avec son intrigue extrêmement touffue pour un film de cette durée (1h08). Péripéties fréquentes, violence (à la mesure de l'époque, bien sûr), léger érotisme... Et même de l'humour, à travers le personnage du lutin facétieux accompagnant la "méchante" sorcière. Sans compter Satan lui-même, qui apparaît sous des traits humains, avec sa fourche, et ses succubes qui se livrent à une danse totalement grotesque.
Humour volontaire ou pas, pour cette dernière scène, cela importe peu, finalement, tant elle se marie bien avec le reste du film. Une légère morale clôt le tout, contrebalancée par une ironie plutôt bien vue vis-à-vis des expériences scientifiques hasardeuses. Ce qui nous ramène ici tout droit au cinéma fantastique des années 50. The Undead se présente donc comme l'addition de clichés (la sorcellerie), de considérations 50's, d'éléments gothiques et de réflexions sur l'apport du passé au présent. Un petit chef-d’oeuvre typiquement cormanien, en somme, réalisé élégamment et scénarisé tout aussi brillamment.
Rendons donc ici hommage au scénariste Charles B. Griffith, l'un des meilleurs scénaristes de Corman à qui l'on doit aussi "Bucket of Blood" et "La Petite Boutique des Horreurs" (avec Dick Miller, lequel apparaît aussi furtivement dans The Undead).

 

 

Note : 8/10

 

Walter Paisley
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