Vacanze per un Massacro
Genre: Drame , Rape and revenge
Année: 1980
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Fernando Di Leo
Casting:
Joe Dallesandro, Lorraine De Selle, Patrizia Behn, Gianni Macchia...
 

Parmi les ersatz pullulant de "La dernière maison sur la gauche" de Wes Craven (réalisateur qui, il faut bien l'admettre, a une grosse faculté à créer des courants : "La colline a des yeux"/ "Scream") ce tardif "vacances pour un massacre" (je ne sais si le film possède un titre français, je n'ai pas trouvé) demeure à mon sens l'une des meilleures réussites. Se pose sans doute la question de préjugés positifs ou négatifs tant il est vrai que j'aime beaucoup son réalisateur, déjà coupable au préalable de pas mal de réussites ("L'empire du crime"/"le Boss"/ "Milan Calibre 9"/ "La jeunesse du massacre"/ "les insatisfaites poupées érotiques du Dr Hitchcock", ça fait quand même pas mal…).
Bref, ce film découvert récemment par l'éternel retardataire que je suis m'a plutôt enchanté.

 

 

Voici donc le film qui commence… avec un homme s'évadant de nuit, d'une prison, faisant le mur à l'aide d'un drap comme un collégien. La musique se fait entendre, un étrange mélange de rock progressif et de musique classique, complètement décalé, et qui d'entrée de jeu emmène le film dans un ailleurs, un autre monde, un univers parallèle dont on ne sortira qu'à la fin, pas avant.
Ca y est, il fait jour, on aperçoit enfin l'homme en question ; sacrebleu, mais c'est ce bon Joe Dallesandro, le primate de chez Warhol ! Et bien, allons-y, 'allonzo', ça fait trop longtemps que je n'ai pas vu un film avec le brave homme, et ça me réjouit assez qu'il soit chez moi à cette heure tardive. Tiens, le voici qui se met en quête de voler une voiture dans une ferme. Pas de quartier, un bon gros pavé fracassant le crâne de son propriétaire et hop le tour est joué ! Que nenni, voici qu'un fermier à qui personne n'a rien demandé, s'amène menaçant notre ami Joe - qui garde le même prénom dans le film - de sa fourche toute rouillée. Un brin crédule que ce fermier collabo à qui Joe fera vite fait bien fait sa fête, lui fauchant l'instrument d'une poigne ferme pour lui en foutre un bon coup de trident dans la gueule et se casser légitimement avec la caisse. Faut pas déconner !
Voilà qu'ensuite Fernando Di Leo casse le rythme, pour s'attarder sur son personnage déboulant dans une ferme qu'il croît désertée, s'y installant tranquillement, trouvant ses marques, et qu'il connaît fort bien puisqu'il y avait caché un magot avant de se faire arrêter.
Mais il n'a pas le temps de creuser dans sa cachette et récupérer son fric, car une voiture arrive avec trois personnes à son bord : un homme et deux femmes ; une situation non prévue obligeant  Joe à se retrancher dans la cave en attendant son heure. En 15 minutes, Joe n'a donc pas décroché un mot. Du reste il ne sera guère plus loquace durant les 85 minutes du métrage, et la façon dont Di Leo le film en gros plan, seul, à observer les nouveaux arrivants est assez troublante, voire inquiétante. Autant dire que je ne donnerais pas les clés de chez moi à cet homme aux allures de primate, et dont on sait qu'il est prêt à tout pour retrouver son fric, à savoir s'évader, fracasser un crâne, enfourcher un fermier, et voler une voiture.

 

 

Nous voici donc rentrés dans un quart d'heure de round d'observation unilatérale, où Joe étudie le plus souvent, depuis une remise, les mœurs de ces jeunes gens, et celui-ci ne sera pas déçu puisqu'à peine arrivés, (on comprend assez vite qu'il s'agit d'un jeune couple de vacanciers accompagné de la belle-sœur : la ravissante Lorraine De Selle/ "Cannibal ferox" ). Ceux-ci se mettront de suite à l'aise – c'est peu dire – et, aidé d'un seul coup par une espèce de chanson à la Adriano Celentano, le couple se désape et se met à niquer comme des malpolis tandis que la belle sœur, très émoustillée pour le coup, commence à se masturber dans la chambre d'à côté, battant la mesure des énergiques tourtereaux ; tandis que Joe en profite sournoisement pour venir zyeuter l'état des lieus.
Là pas de doute, on est bien chez Di Leo, qui s'auto-cite carrément, car on retrouvera exactement le même plan subjectif, avec cette porte à demie ouverte, et ce plan qui renvoie tout directement à "la clinique sanglante" ; à la petite différence près qu'on entrevoit dans le cadre le faciès primate de Dallesandro. En tout cas, le film prend alors des allures totalement réjouissantes, décomplexées, à la complaisance totalement assumée, ce qui fait du bien, puisque le mari, très compréhensif, ira directement visiter l'intimité de sa belle-sœur, véritable allumeuse et manipulatrice, dans un élan charitable et pour ne pas la laisser en reste. C'est beau, c'est vrai, et c'est touffu de partout, à tel point même qu'on se met à regretter ce bon vieux temps de touffes saillantes à tout va, plaisir que l'on retrouve donc le temps de ce film jouissif.
Ce qui est sympa avec Fernando Di Leo, c'est qu'on a le sentiment de se balader dans un univers parallèle ou se promener à poil, même dans la rue, paraît logique, sinon on ne peut plus naturel et légitime. Du coup, ici on parle à poil, on lit à poil, on danse à poil, on disserte à poil, on fait la cuisine à poil (mais là attention quand même à ne pas s'étrangler avec un restant de touffe évoqué ci-dessus !). Jamais il ne se justifie et c'est même un univers où l'on se prête tout, ce dont saura profiter (un peu à ses dépens quand même Joe qui entend bien participer, ce qui semble la moindre des choses, d'autant que fraîchement sorti de prison, on sent la bête en stand-by niveau sexe, depuis bien trop longtemps, de là à dire que le réalisateur nous offre une réflexion sur la difficulté à se réadapter, c'est une passerelle que je ne m'aventurerai pas à franchir).
Quoiqu'il en soit, cet idiot de mari parti alors avec un sourire béat à la chasse (et qui en reviendra tout aussi béat – que cet acteur est nul - Gianni Macchia ("La mala ordina"/ "Emmanuelle autour du monde") fera qu'on vérifiera le vieil adage qui dit "qui va à la chasse perd sa place", puisque la bête humaine, en profitera dès lors pour violer la belle-sœur, qui, après quelques minces secondes de résistance, prendra son pied et se fumera une clope post-coït avec le vigoureux étalon inconnu ( !). Joe ne manquera pas après coup de régler ses comptes avec chacun, vendant la mèche devant le trio réuni, à savoir que le mari trompe sa femme avec la frangine nymphomane, histoire de désunir le trio, stratégie nécessaire s'il veut maintenir le contrôle sur le groupe.

 

 

Bref, finissons-en tout de même car je risquerais de "spoiler" en racontant le film jusqu'à son dénouement (voir même me dépoiler vu les scènes particulièrement chaudes émaillant le film). Tout ce beau monde se verra séquestré, Joe obligera le mari à faire l'amour avec sa belle-sœur, sous les yeux de sa femme effondrée. Des quatre personnages, elle est le seul élément non corrompu, et en cela elle représente en quelque sorte la pureté face à la violence de Joe, l'infidélité de Sergio, et la perversité de sa sœur Paula. La façon dont elle se donne à Joe peut se voir comme un acte destiné à sauver son mari infidèle et sa sœur méprisable, et aussi, pourquoi pas, une tentative désespérée de ramener le criminel sur le chemin de la rédemption. Mais comme chacun des autres protagonistes a fini par atteindre un point de non retour, les espoirs de Lillian ne seront pas récompensés, tandis que la musique de Luis Enrique Bacalov et Osanna (une partition plus que variée, absolument hallucinée et très inégale) s'excite à nouveau dans des élans Jazz-rock électriques, annonçant un final à haute teneur dramatique, confirmant le pessimisme du cinéaste envers la nature humaine.

 

 

Note : 7/10

 

Mallox
 
A propos du film :
 
# Pour l'anecdote, il semblerai que la ferme où a été tournée le film appartenait, tout du moins à l'époque, à Alice Cooper...
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