Seventh Curse, The
Titre original: Yuan zhen-xia yu wei Si-Li
Genre: Fantastique , Aventures , Sorcellerie
Année: 1986
Pays d'origine: Hong Kong
Réalisateur: Ngai Kai Lam (alias Simon Nam)
Casting:
Chin Siu-hou, Ken Boyle, Maggie Cheung, Chow Yun Fat...
 

Alors qu'il explore la jungle thaïlandaise, le Dr Yuan sauve une jeune (et surtout belle) indigène d'un étrange rituel, mais le grand sorcier très contrarié de voir s'enfuir sa victime appelle sur le brave docteur la malédiction du sang. Heureusement pour le remercier la jeune femme suspend la malédiction pendant une année, en lui donnant une partie de son âme, mais dépassé ce délai le processus recommencera. Yuan demande alors conseil à son mentor le professeur Wales Lee: la seule chose qui puisse le sauver est de retourner en Thaïlande et de trouver l'œil de Bouddha.

 

 

Avec l'arrivée des nouvelles technologies (internet, DVD, VCD...) c'est l'un des escarpements les plus obscurs du cinéma d'exploitation, qui se retrouve à quelques clics de souris de son lecteur DVD. Un no man's land que l'on croyait à jamais inaccessible où vivent reclus d'inimaginables nanars et de flamboyants navets, mais aussi quelques curiosités qui défient l'imagination et le rationnel. Parmi ces nombreuses incongruités cinématographiques on peut enfin découvrir certains films de Ngai Kai Lam, l'un des réalisateurs les plus déjantés de Hong Kong, dont le leitmotiv semble être de reculer les frontières de la vraisemblance et de la logique le plus loin possible. Comparé à certains de ses confrères l'homme n'a réalisé que peu de films, à peine plus d'une dizaine, dont certains sont toujours introuvables. Mais lorsque ceux-ci sont édités en VCD ou DVD les stocks s'épuisent mystérieusement. Normal car Ngai s'est taillé au fil du temps une petite réputation auprès de certains maniaques. On peut même carrément parler de secte, car Ngai n'est pas le cinéaste de la demi mesure: soit on accroche à son "œuvre" soit on la rejette en bloc. Pour Ngai la notion de scénario, de continuité et de cohérence semble être une chose totalement abstraite, ses films sont avant tout basés sur un concept (puisé en général dans des bandes dessinées, des romans populaires ou inspiré par d'autres films) sur lequel le réalisateur vient greffer diverses idées personnelles aussi folles les unes que les autres et dont la plupart ne sont pas forcément intégrées à l'histoire. Le plus dur étant d'obtenir un ensemble homogène qui deviendra un film et qui techniquement tienne la route, ce qui n'est pas toujours évident avec des SFX parfois limite et des décors en carton. Le résultat fait un peu penser à ces gros bonbons rouges incroyablement acides qui vous condamnent à quinze jours de bain de bouche, et pourtant on ne peut s'empêcher de recommencer.

 

 

The Seventh Curse est inspiré par une série de romans d'aventures très populaires en Chine, mais surtout par les deux Indiana Jones de Spielberg sortis à l'époque. Heureusement pour nous le brave Ngai ne pouvait se contenter de réaliser servilement un simple ersatz des Aventuriers de l'Arche Perdue, il va donc se faire un plaisir de caviarder son film de scènes gores, de gunfights déjantés, d'un zeste d'érotisme gratuit et de combats oniriques (n'oublions pas que Philip "Hard Boiled" Kwok est son "action man" attitré). Parmi les nombreuses péripéties, on peut voir les deux héros escalader une (fausse) pyramide au volant d'un 4x4 et débouler vaillamment à l'intérieur en mitraillant au calibre 12. Un méchant sorcier qui s'amuse à réduire des enfants en steak tartare dans un broyeur pour récolter leur sang, un pauvre type dévoré de l'intérieur par des asticots et qui s'arrache les chairs ou encore un combat de catch entre deux monstres en plastique : en fait une marionnette qui représente une sorte de gros spermatozoïde mutant contre un pseudo alien interprété par un figurant dans un costume. Mais tous cela n'est rien à côté de LA séquence mythique du film, une idée grandiose où une momie ressuscitée s'avère être un combattant émérite et se castagne joyeusement avec le héros. Une momie qui a des goûts culinaires assez douteux puisqu'elle n'hésite pas à arracher la tête d'un pauvre indigène pour lui sucer la moelle. Le tout réalisé sans effets numériques avec une poupée grandeur nature animée comme ses consœurs du Muppet Show. Un de ces grands moments du cinéma d'exploitation qui rejoint sans honte le final des Rats de Manhattan de Mattei ou le viol de Dyanne Thorne par un lépreux dans Ilsa : La Chienne du Scheik".

 

 

Mais tout cela n'est qu'une partie des multiples péripéties que nous réserve le script. En effet comme dans un jeu vidéo lorsque le héros réussit une épreuve, il passe au niveau supérieur et se retrouve avec un nouveau challenge encore plus dangereux, comme escalader un bouddha protégé par une poignée de moines agiles comme des singes et suspendus à des lianes, un bouddha qui va pleurer une rivière de sang avant de perdre la tête (dont la coiffe est en réalité une multitude de crânes), qui en roulant va essayer d'écraser le héros (cherchez la référence). Inutile de dire que dans ce genre de production les stéréotypes les plus éculés font feu de tout bois. A l'image de ces malheureux porteurs indigènes qui se font joyeusement décimer, comme dans un bon vieux film de jungle italien, embrocher comme des poulets entre deux tartines de pics ou écarteler dans une scène qui rappelle furieusement "Amazonia Jungle Blanche" de Deodato sorti la même année. Sans parler de la belle et bronzée sauvageonne interprétée par une actrice qui a oublié d'enlever son maillot pour bronzer (on voit les marques du string). Heureusement entre ces morceaux d'anthologie le film nous réserve quelques plages de dialogue où les protagonistes essayent de comprendre les méandres d'un scénario qui semble sans cesse évoluer suivant les délires de son réalisateur.

 

 

Ne vous laissez pas berner par l'affiche qui nous présente l'acteur Chow Yun-Fat comme le héros de l'histoire. Il interprète un savoureux personnage secondaire qui intervient de manière régulière dans l'histoire pour prodiguer ses conseils et aider si le besoin s'en fait sentir, mais sa présence à l'écran est des plus réduites. C'est une sorte de joker utilisé volontiers lorsque l'intrigue se retrouve dans une impasse. Alors que tout le monde l'avait oublié, y compris le spectateur, le voila qui arrive calmement à la fin du film un lance roquette à la main pour exploser un monstre. Mais ce qui surprendra certains c'est la présence de la belle Maggie Cheung qui se trouve bien loin de l'univers de Wong Kar-Wai. C'est l'occasion de rappeler que la belle fut pendant des années la co-vedette de nombreux Jackie Chan (La série des "Police Story", "Armour of God"...), avec des prestations proches de l'hystérie, et une star du film d'exploitation HK (Heroic Trio, Green Snake, Holy Weapons...).
Ayant bénéficié d'un budget assez confortable, Ngai accouche d'un croisement improbable entre une aventure de Blake et Mortimer (voir le look de Chow Yun-Fat toujours une pipe aux lèvres), un kung-fu, un film de jungle et un film de monstre, et croyez moi cela fait déjà beaucoup pour un seul film. C'est pourtant d'après beaucoup l'œuvre la plus accessible du réalisateur, en tout cas celle qui se rapproche le plus d'un film conventionnel. Pour Ngai, qui a commencé sa carrière au sein du légendaire studio des frères Shaw, c'est surtout le premier film d'une série de productions (de 1987 à 1992) qui vont le propulser au firmament de la catégorie III... En tout cas, voila le film idéal pour aborder la carrière du grand homme, en effet si vous n'arrivez pas au bout de celui-ci inutile de vous obstiner, le cinéma de Ngai Kai Lam vous restera à jamais inaccessible et c'est bien dommage.

 

The Omega Man

 

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