Sentence de mort
Titre original: Sentenza di morte
Genre: Western spaghetti
Année: 1968
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Mario Lanfranchi (alias Marius La Frank)
Casting:
Robin Clarke, Tomas Milian, Richard Conte, Enrico Maria Salerno, Adolfo Celi, Lilli Lembo, Luciano Rossi, Eleonora Brown, Monica Pardo, Glauco Scarlini...
 

Afin de venger la mort de son frère, Cash (Robin Clarke) part à la poursuite de ses assassins. Le premier est Diaz (Richard Conte), un violent, impitoyable paysan qui a acheté une ferme avec sa part du butin. Cash traque ensuite Montero, un joueur professionnel endurci. Le troisième complice est un prédicateur fanatique qui tue au nom de Dieu. Pour finir, il déniche O'Hara (Tomas Milian), le dernier des assassins, un albinos épileptique obsédé par l'or...

 


Etrange, très étrange même, cette "sentence de mort" pourvue d'un charme certain et doté de paradoxes qui doivent sans doute contribuer à ses atouts communicatifs et finalement très sensoriels mais néanmoins efficaces au niveau de l'interactivité film/spectateur. Le script est on ne peut plus classique avec son histoire de vengeance et son héros destiné à abattre les assassins de son frère, et si la liste des westerns doté d'un même sujet ne tiendrait pas sur une simple page, c'est en premier lieu au très classique et un peu figé "Nevada Smith" auquel il fait le plus souvent penser. Soit, dans le film de Henry Hataway, Steve McQueen cherchait à se venger de la mort de son père et non de son frère, et qui plus est, pourchassait trois tueurs et non quatre comme ici. Pourtant, ailleurs c'est quasi copie conforme avec la même structure en sketchs bien découpés et du reste pas toujours bien reliés. "Nevada Smith possédait déjà ce même défaut de découpage un peu terne consistant finalement à enchaîner trois (ici quatre) historiettes différentes dotées du même motif inexorable.

En revanche et j'y reviendrai, si l'on ressent un peu moins le souffle de l'action et de l'aventure dans "Sentence de mort", ce dernier recèle à mon sens d'avantage d'idées astucieuses et originales.

 


Il est pourtant étonnant de voir au générique et derrière la caméra le nom de Mario Lafranchi qui, d'une part possède une filmographie en tant qu'acteur plus conséquente que la liste de ses réalisations, mais aussi et surtout ne semblait pas trop prédisposé au genre susnommé, ayant passé la majeure partie de sa carrière de cinéaste à illustrer des opéras ainsi que des biopics de divas et autres ténors dont je l'avoue j'aurai du mal à en parler, ne les ayant pas vus. Notons toutefois en vrac des films comme "Turandot", "La Traviata", "Madame Butterfly", enfin vous voyez le genre, plutôt une sorte de grand frère de Franco Zeffirelli plutôt qu'un maître es action. Au niveau de ses prestations en tant qu'acteur, on se rapproche déjà plus du film qui nous importe ici, avec des rôles notamment dans "Najaro Joe", "Sheriff with the Gold" ou encore des films d'action comme "La CIA mène la danse" et "La jungle des tueurs".

Pas étonnant qu'avec son script hyper classique, le film ne le soit pas tout à fait, et se pare le plus souvent d'allures complètement distanciées, d'un rythme toujours nonchalant, et crée petit à petit un véritable décalage qui en fait finalement toute sa valeur. On oubliera pas de mentionner la très étrange partition de Gianni Ferrio aux accent jazzy lounge qui prolonge habilement la nonchalance qui se dégage du spectacle et fini donc de lui conférer ce charme décalé qui lui sied plutôt bien.

 

 

Au niveau de la mise en scène, dès les premiers plans on sent un metteur en scène plutôt inspiré avec des cadres étonnamment cinégéniques, notamment au sein d'un désert fait de petites collines qui finissent par prendre le dessus sur les deux protagonistes mis pour le coup quasiment au second plan. Très vite aussi, on a droit à quelques beaux travellings bien travaillés en travers de la petite ville désolée et ses maisons semblant inhabitées. Cela ne se démentira jamais et la suite nous prouvera que le talent de metteur en scène de Mario Lanfranchi ne peut être remis en cause. Pourtant le film a un problème simple : son acteur principal, le bien nommé Robin Clarke, pour qui ce semble être le premier film ici et qui tout en s'en sortant relativement honorablement, se fait tranquillement voler la vedette par nos quatre scélérats. Il est vrai, vu les pointures présentes, qu'il n'y a pas trop de quoi s'étonner, et c'est tout à l'honneur de Lanfranchi d'avoir pris le risque, de prendre comme personnage principal un inconnu, qui plus est débutant. Malheureusement ce dernier passe moyennement et s'il gagne chaque fois la partie face à ses adversaires qu'il traque, il paraît dans un même temps bien pâle face à eux. Difficile alors de faire la moindre place à un quelconque processus d'identification vu le manque de charisme total de l'acteur qu'on tente pourtant de nous présenter comme un ange de mort, une figure angélique mais spectrale et sombre, comme on en a tant vu dans le genre mais en parfois plus réussi. On ne s'improvise pas Clint Eastwood comme ça ! Comparaison pas tout à fait fortuite de ma part puisque Mario Lanfranchi, d'entrée exploite "Le bon, la brute et le truand" avec sa scène en plein désert mettant en scène Tuco et Blondin. Ceci étant dit et pour éviter les quiproquos, si le réalisateur reprend quelques situations déjà vues ailleurs, il n'en reste pas moins qu'il propose assez souvent d'astucieuses innovations.

A cet égard et si je ne devais conserver qu'une seule scène de "Sentence de mort", ce serait la rencontre avec Adolpho Celi et plus précisément ce passage dans lequel cet idiot de bandit sadique laisse souffrir Cash en plein désert, le privant d'eau, lui balançant même par excès de zèle et pour s'assurer que ce dernier ne pourra pas se sauver, une balle dans la cuisse avant de repartir pour revenir un peu plus tard achever son poursuivant. Comme un idiot, le méchant de service lui aura laissé son colt il est vrai désarmé, mais Cash aura eu le temps d'extraire la balle de sa cuisse pour la placer dans son barillet. Alors que l'horrible bandit s'apprête à l'achever rigolard et sûr de son fait, laissant cash le menacer à bout portant de son colt, il se prendra finalement une bastouze en pleine gueule. Une scène inattendue et pleine d'humour et comme il y en a deux ou trois autres au sein du film que je ne dévoilerai pas, du même acabit, "Sentence de mort" parvient à faire preuve d'une malice et d'une inventivité assez régulière qu'on aurait tort de bouder.

 

 

La prestation des quatre bandits est bien sur l'autre maillon fort du film. Si la composition d'Aldopho Celi en pasteur factice est tout à fait délectable, celle du grand Richard Conte l'est toute autant avec son manque de cynisme le plus total, ce dernier étant devenu un éleveur rangé, c'est avec la plus grande gravité qu'il se fera abattre comme un chien par notre ange maléfique. Ailleurs Enrico maria Salerno ne s'en tire pas mal du tout avec une bonne scène de poker dotée d'un bel équilibre entre tension et décontraction, à l'issue de laquelle l'enjeu sera la vie de l'un ou de l'autre. Quand le dernier de la liste s'appelle Tomas Milian, qui offre ici une composition soit à la limite du cabotinage mais à contrario totalement savoureuse dans le rôle d'un albinos épileptique, le film fini de remplir son contrat et même plus, remporte au final la partie. Bref, "Sentence de mort" est un petit western avec quelques défauts notables (manque de charisme de l'acteur principal, scénario rabâché) mais avec de nombreuses qualités qui le rachètent amplement. Il reste à découvrir et à réévaluer d'autant qu'il ne trouva pas son public en son temps et reste à ce jour relativement méconnu. On remerciera donc l'éditeur Seven7 d'autant plus de l'avoir sorti du placard.


Note : 7/10

Mallox
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