Mitraillette Kelly
Titre original: Machin Gun Kelly
Genre: Policier
Année: 1958
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Roger Corman
Casting:
Charles Bronson, Susan Cabot, Morey Amsterdam, Frank DeKova, Jack Lambert, Barboura Morris, Connie Gilchrist...
 

"Mitraillette Kelly, c'est un teigneux. Un dur à cuire fringant et solide comme une vieille charentaise. Il rit à ses propres blagues, le mec, et ça, c'est pas rien. D'ailleurs, pas même son chapeau n'oserait le froisser, déjà qu'il ne le décoiffe pas d'un cran! Ouais, Mitraillette Kelly, c'est un "homme au masculin."

 


S'attelant ici au film policier teinté de noir, Roger Corman, pour son couple vedette, nous a chopé deux belles gueules du cinéma: Susan Cabot ("Kiss of Death" et "La Femme guêpe") et Charles Bronson ("Le Justicier de minuit", ou encore l'homme à l'harmonica dans "Il était une fois dans l'Ouest"). Tête à tête détonnant et relations dominant-dominé sont au rendez-vous, s'égrenant sur la pellicule "pa pa poum!" à la manière d'une poignée de billets verts tombés du ciel. "D'ailleurs, Kelly, c'est c'qu'il braque, le mec, des banques à billets verts!". Oui, Kelly est le gangster qu'il est à cause et pour les beaux yeux de sa femme -Florence-, tandis qu'elle, à son opposé, est la vicieuse féline se plaisant à le manipuler copieusement, réalisant de part ce fait son fantasme d'être l'"épouse d'un hors-la-loi". Le "vice par amour" est donc coiffé par un Charles Bronson parfait: raté sans grande personnalité, se payant la une des journaux en tant qu' Ennemi Public Numéro Un, il décrédibilise ainsi le personnage du Gangster traditionnel, donnant alors tout son éclat au film.

D'ailleurs,"Avez-vous déjà vu un gangster en train de fondre en larmes devant sa femme? Avez-vous déjà vu un gangster superstitieux au point de faire échouer son casse? Avez-vous déjà vu un gangster effrayé par un animal en cage?" Sûrement pas, et George Kelly se fera donc un plaisir de vous démonter -avec sa mitraillette chérie- les clichés sans la moindre retenue "pif", et surtout sans demander votre permission! "pam!" Dans le fond, on pourrait même être amené à dire qu'il compose dans ce film une sorte de "journal intime du ripou", triste mais vantard, celui que ce dernier cacherait dans le plus bas tiroir de son bureau et dans lequel il se réfugierait, entre un whisky et un cigare, heureux et rassuré de savoir qu'une part de lui même réside dans le personnage de Machine-Gun Kelly.

 

"Le film, qui a le même nom que lui, ressemble à ça: un générique tout à fait bonnard avec de la musique jazzy et des "boum boum" "pan", une poignée de séquences d'action ou "ça cause pas" (on ne l'ouvre pas face à Kelly) synchronisées au poil, des relations musclées, et aussi des "pim", des "poum", et des "Hum, il est bon mon clope"... "

 

 

Réalisé en huit petits jours pour une poignée de billets verts, autant dire qu'une fois encore, les pieds en éventail et prêt à enchaîner sur Un baquet de sang, Corman s'en sort avec brio. Conciliant efficacité de la mise en scène, sens du rythme (bafoué peut être une ou deux fois par une p'tite longueur) battu par une B.O jazzy des plus frénétiques, réparties mordantes (-"Tu t'amuses bien chéri?", il lui rétorque en riant -"A 50 briques de l'heure?"), photographie classique et réussie, idées révélatrices de son talent (ah les hold-up muets! ah ce premier braquage en plan fixe!), et personnages bien épicés, il concocte là un divertissement brillant.

 

"En gros, Mitraillette Kelly, le film où le mec, y t'envoie dans la cage au puma, te zigouille une tablée de gangsters en un quart de seconde, te répond que s' il le veut, et te fait "bam", surtout dans ta gueule."

 

Néanmoins, on pourra rester un peu sur sa fin vis à vis du dénouement qui semble un peu vite expédié (ou alors c'est que l'on était tout simplement bien en compagnie de George...). La loi de l'époque, via le code Hays, visant à ce que les gangsters perdent et que la " bonne morale " soit de rigueur, a sûrement dû faire entendre parler d'elle. Dommage, "pan!". On notera que le film s'inspire de la vie du véritable malfrat ayant opéré pendant la Grande Dépression sous le nom de George R. Kelly, et qu'il bénéficiera, en 70, d'une seconde sortie au cinéma.

 


Bref, de l'excellent Corman, carré et réglé comme le dernier hold-up de Diabolik, qui se regarde jouissivement, et qu'il faut classer sans hésitation dans les policiers de "qualité" du cinéma.

 

"Quoi? Il est pas si dur que ça l'Kelly? Ah, ben j' retourne voir The Majestik"

 

The Hard
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