[M] [Critique] Notre Homme Flint

 
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flint
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MessagePosté le: Mer Avr 30, 2008 9:20 am    Sujet du message: [M] [Critique] Notre Homme Flint Répondre en citant



Notre Homme Flint – 1965
(Our Man Flint)

Origine : U.S.A.
Genre : parodie d’espionnage

Réalisé par Daniel Mann
Avec James Coburn, Lee J. Cobb, Gila Golan, Edward Mulhare, Benson Fong


Le monde est en émoi, en proie à des catastrophes naturelles inexpliquées. Cyclones, typhons, raz-de-marées, avalanches et éruptions volcaniques se succèdent ainsi à un rythme effréné, n’épargnant aucune partie de la planète. Au siège de Z.O.W.I.E. (Zonal Organization World Intelligence Espionage, annexe officieuse du Siège des Nations Unies), c’est le branle-bas de combat. Lloyd Cramden (Lee J. Cobb), numéro un de Z.O.W.I.E. et bras droit du Président des Etats-Unis, a rassemblé les émissaires de toutes les nations du monde afin de leur faire part de la gravité de la situation. En effet, ces catastrophes ne sont pas vraiment naturelles, mais provoquées par une organisation mystérieuse qui est parvenue à contrôler le temps.



Tous les agents secrets envoyés pour enquêter ont été mis hors-course, l’organisation en question s’amusant même à renvoyer une photo de chaque espion défunt à Cramden.
008 étant déjà en mission, il ne reste plus un seul agent qualifié à envoyer sur le terrain, et capable de renverser la situation. Personne, sauf… Derek Flint, le meilleur d’entre tous. Le seul problème est qu’il s’est retiré au sommet d’un building, où il mène une vie paisible et harmonieuse en compagnie de Leslie, Anna, Gina et Sakito, ses quatre femmes.
Il faut dire que Flint n’est pas un homme comme les autres. En plus d’être le plus qualifié des agents secrets, c’est aussi un karatéka et un escrimeur hors-pair, et s’occupe occasionnellement de la chorégraphie des ballets du Bolchoï. La science et la médecine n’ont pas de secret pour lui ; il fabrique lui-même ses gadgets, à côté desquels ceux de la C.I.A. paraissent terriblement obsolètes. Flint parle aussi plusieurs langues, et a même inventé un code secret unique dont les combinaisons sont basées sur son prochain tiercé. Il s’intéresse à la culture de chaque pays, aime la cuisine, et peut se mettre en catalepsie grâce à une connaissance très poussée du yoga. Il a une empathie toute particulière avec les animaux, les femmes sont folles de lui, et tout le monde l’admire. Excepté Cramden, qui s’est brouillé avec lui lorsque celui-ci a décidé de prendre sa retraite. Mais devant le péril qui menace toute la planète, Cramden se voit contraint de convaincre Derek Flint de reprendre du service. Ce qui ne va pas être une mince affaire.



1962 : « Dr No », adaptation du roman de Ian Fleming, sort sur les écrans, et l’œuvre de Terence Young va révolutionner le film d’espionnage, ouvrant une voie nouvelle dans le cinéma de genre. En France et en Italie vont déferler toute une flopée d’agents secrets, certains provenant aussi de la littérature, comme Coplan ou OSS 117 ; d’autres issus de l’imagination de cinéastes (Super 7, Dick Malloy alias 077, 3S3…).
Mais le meilleur contrepied à la force brute, la virilité et le machisme incarnés à la perfection par Sean Connery va également venir des Etats-Unis, avec « Notre Homme Flint ». Exit le sérieux 007, et place à Derek Flint, dont les domaines de connaissances sont tellement nombreux qu’il faudrait rédiger une encyclopédie pour tous les nommer. On est évidemment dans le registre de la parodie, et qui mieux que James Coburn pouvait incarner cet agent aux facettes innombrables. Coburn, c’est la classe à l’état pur, le flegme sans vouloir se prendre au sérieux, une silhouette dégingandée et un visage anguleux, un regard malicieux et un charme indéniable. Sa nonchalance et sa décontraction font de lui le personnage idéal qui personnifie l’agent secret dans toute son exagération. Si 007 joue la carte du réalisme, Flint symbolise l’excès, l’abolition des frontières de la crédibilité, tout en demeurant un héros profondément humain, attachant, et en qui on a envie de croire.



C’est en étudiant une fléchette enduite de curare qui lui était destinée (et lancée par le biais d’une corde de harpe) que Flint va remonter la filière de l’organisation nommée Galaxy. Outre le poison, l’agent très spécial trouve en outre des traces d’ail, de safran et de fenouil. Qui d’autre que lui aurait fait le lien avec la recette de la bouillabaisse ? Personne, sauf Derek Flint qui file en direction de Marseille et s’en va goûter toutes les bouillabaisses dans les restaurants jusqu’à retrouver celle qui correspond point pour point au dosage utilisé. C’est là qu’il va rencontrer Hans Grüber, un ex-nazi, et le combattre dans les toilettes de l’établissement avant de sauver les convives, déguisé en Hindou hystérique, alors qu’une bombe est sur le point d’exploser.
En deux occasions, le film évoque ouvertement James Bond. Une première fois dans le rade marseillais, où Flint recueille des informations de la part de 008 qui lui glisse le nom de Galaxy, précisant que le Spectre n’était pas assez bon pour mettre en œuvre un tel plan. Et puis aussi lorsque Gila (l’espionne de charme de Galaxy) est en train de lire un bouquin dans le sous-marin la ramenant jusqu’à la base de l’organisation, au cœur d’un volcan situé sur un îlot du Pacifique. Elle finit par balancer le bouquin, déclarant :
« Quelle ânerie, comme si un homme pouvait être comme celui-ci ! »
Sur la couverture, on peut lire « The Adventures of 0008 » !



Mais cet homme existe vraiment, et elle va également succomber à son charme, se mettant ainsi en danger vis-à-vis des responsables de Galaxy, un trio de savants utopistes et cinglés, qui provoqueront des catastrophes climatiques tant que les gouvernements n’abdiqueront pas, c’est-à-dire détruiront leurs armements. Des scientifiques composés notamment d’un blanc nommé Wu, et d’un asiatique s’appelant Schneider, et qui bien que pacifistes n’en ont pas moins inventé un électro-volatilisateur, ou plus simplement un désintégrateur.
Un danger qui ne va pas empêcher Derek Flint de se rendre seul sur l’île pour affronter l’ennemi. Oui, seul, sans l’aide de personne, un individualisme que lui a toujours reproché Cramden, ce qui nous vaut cette superbe réplique :
- « Vous deviez faire preuve d’esprit d’équipe. » (Cramden)
- « C’est l’équipe qui n’a pas d’esprit. » (Flint)
Flint parti sauver ses quatre femmes kidnappées par Gila, et ayant subi un reconditionnement avant d’intégrer la population d’un nouvel Eden, sur cette île transformée en paradis terrestre, mais pas forcément pour des intentions louables.



Un Derek Flint qui, on le devine aisément, remplira sa mission haut la main, revenant sur le croiseur de l’armée américaine en compagnie de ses quatre… non cinq compagnes, Gila ayant intégré le cercle des « Flint Girls ». Notre agent secret pourra enfin goûter à un repos bien mérité, heureux d’avoir pu sauver ses maîtresses, et accessoirement la planète. Quant aux félicitations du Président des Etats-Unis, il s’en moque complètement, et refuse le téléphone rouge que lui tend un Cramden encore une fois dépité.
« Notre Homme Flint » est une truculente parodie des oeuvres d’espionnage, une comédie doublée d’un film d’aventures parfaitement réalisé et interprété, que l’on doit à Daniel Mann, responsable d’une trentaine de films et téléfilms durant sa carrière, parmi lesquels « Willard » (1971) qui fit l’objet d’un remake en 2003.
S’il est inutile de présenter James Coburn, acteur mythique et exceptionnel de la génération des Clint Eastwwod et Steve Mc Queen, Lee J. Cobb fut aussi un acteur talentueux, resté célèbre pour son rôle de flic dans « L’Exorciste », et qui finit sa carrière dans de nombreux polars italiens, dont plusieurs sous la férule de Stelvio Massi.
Moins connue, Gila Golan se fera bien trop rare dans le cinéma, et on peut le regretter. Elle a joué notamment dans « La Vallée de Gwangi », ce western atypique qui mêlait cow-boys et animaux préhistoriques.
En résumé, l’univers de Flint propose un héros plus drôle que Matt Helm, plus érudit que John Steed, plus expert en gadgets que James West, plus séduisant que James Bond, et plus tenace que Napoléon Solo. Oui, « tout est possible avec Flint », comme le résume Cramden à la fin du film. Du coup, il reviendra deux ans plus tard, pour de nouvelles aventures, tout aussi délirantes.

note : 10/10 (en toute partialité, bien sûr)
accroche : Vous êtes notre homme, Flint !



Dernière édition par flint le Sam Juin 07, 2008 5:19 pm; édité 1 fois
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MessagePosté le: Mer Avr 30, 2008 12:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

fainaim01 Couleur chatoyante, jolies filles, décors sixties et la cool attitude de Coburn, rien que du bonheur. Un excellent film, je ne me rappelle plus si flint utilise déjà son briquet gadget aux mille et une utilisations et qui donne du feu en plus ! Un chef d’œuvre de bonheur.
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flint
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MessagePosté le: Mer Avr 30, 2008 12:56 pm    Sujet du message: Répondre en citant

En dehors du film proprement dit, il y a dans "Notre Homme Flint" (et dans sa suite "F comme Flint") un esprit sixties prédominant, parfait reflet de l'époque, et que l'on qualifierait maintenant de "vintage", aussi bien dans les décors que les divers appareils et accessoires, les vêtements, et évidemment les gadgets.

Décors escamotables, systèmes de sécurité s'intégrant dans le mobilier, rien n'est laissé au hasard. Une caméra dissimulée dans un mur du hall d'entrée permet à Flint de voir Cramdell venant à sa rencontre, par le biais d'un cadre disposé sur la table basse et qui fait office d'écran de contrôle. Préalablement, la sonnette aura réveillé Flint non par le bruit, mais par la mise en service d'une lampe placée au-dessus du lit, juste en face du visage.
Comme disait Bonaldi : "C'est totalement inutile, et donc rigoureusement indispensable."

Le gadget ultime de Flint est une montre qui lui sert, entre autres, à réactiver les battements de son coeur qu'il a arrêté pour se mettre en catalepsie. C'est en faisant croire qu'il est mort que l'agent secret va pénétrer dans le repaire des "grands méchants".

Une base située sur une île volcanique, comme dans tout bon serial qui se respecte. Décors kitsch, savants fous, jeunes femmes en bikini, rien ne manque.

Un mot sur sur le téléphone rouge (énorme) qu'utilise Cramden pour communiquer avec le Président des Etats-Unis. Sa sonnerie caractéristique fut reprise en deux occasions : dans le génial et sous-estimé "Hudson Hawk" (où James Coburn s'auto-parodie d'une façon irrésistible) ; et dans "Austin Powers".

Ce téléphone rouge est un élément de décor essentiel dans la base de Z.O.W.I.E.
En 1971, David Bowie prénommera ainsi son fils qui vient de naître. Aurait-il vu le film ?

Enfin, terminons sur le clin d'oeil à James Bond, avec le roman que Gila parcoure lors de son voyage en sous-marin.

A très bientôt, soit en 1967, pour "F comme Flint" ! icon_wink
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mallox
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MessagePosté le: Mer Avr 30, 2008 1:15 pm    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
A très bientôt, pour "F comme Flint" ! icon_wink


Ah non merci bien ! icon_confused


Je m'avoue vaincu. Vu les deux à la suite il y a une bonne poignée d'années, j'étais légèrement resté sur ma F comme faim. Tout en aimant bien, s'entend. Alors comme ta critique est sur-enthousiaste (Mais qui en doutait ?) et sur-argurmentée, je me replongerai sous peu sous cet homme là. :happy:
En fait t'es in love de J comme Coburn, c'est ça ? icon_cool
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flint
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MessagePosté le: Mer Avr 30, 2008 1:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:

En fait t'es in love de J comme Coburn, c'est ça ? icon_cool


Coburn, c'est vraiment la Classe, avec un "C" majuscule, dans ce film, et dans bien d'autres.
J'ai découvert "Notre Homme Flint" à la télé, au début des années 70, j'étais encore un gosse. Depuis, tout ce qui transparaît dans cette oeuvre n'a jamais cessé de me fasciner : les années 60, le kitsch, le psychédélisme, cet esprit "cartoonesque" et délicieusement parodique qui s'en dégage. Et ce côté désinvolte, jusqu'à Jerry Goldsmith qui décline le thème de sa musique à toutes les sauces.
Bien sûr, j'en parle en parfaite subjectivité, mais j'assume !
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MessagePosté le: Mer Avr 30, 2008 2:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pas vu celui-ci mais j'ai vu F comme Flint qui m'a bien plu et on retrouve chez notre homme Flint (celui de Psycho), dans son écriture en particulier, certaines des qualités de celui du métrage: une certaine décontraction mâtinée d'une assurance toute de distinction qui n'interdit pas la coolitude ni même le karaté verbal! Vite la suite! icon_cool
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MessagePosté le: Mar Mai 13, 2008 8:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

ça faisait longtemps que je m'étais pas maté un p'tit film et là je dois dire que je suis bien tombé ! icon_cool


Un 007 improbable qui sait tout faire, des situations hallucinantes et hallucinées (la bouillabaisse...), un univers riche, kitch et peaufiné au détail près pour une aventure légère mais diaboliquement divertissante.

Note : 8/10


Merci Flint et merci... Flint icon_wink
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