[M] [Critique] La Femme bourreau

 
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flint
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MessagePosté le: Dim Nov 08, 2015 9:15 am    Sujet du message: [M] [Critique] La Femme bourreau Répondre en citant



La Femme bourreau

Genre : Polar, Thriller, Drame

Année : 1968

Pays d'origine : France

Réalisateur : Jean-Denis Bonan

Casting : Solange Pradel, Claude Merlin, Catherine Deville, Myriam Mézières, Jackie Raynal, Serge Moati...



1966 – Hélène Picard est condamnée à mort pour l'assassinat de plusieurs femmes, prostituées comme elle. La meurtrière est exécutée deux ans plus tard ; c'est Louis Guilbeau, fonctionnaire du Ministère de la Justice, qui fait office de bourreau.
Mais voilà qu'en avril 1968 l'on retrouve le corps déchiqueté d'une jeune femme près d'une voie ferrée. Le 1er mai, une autre victime est identifiée dans les bois de Boulogne ; elle a été étranglée. Et quelques jours plus tard, c'est au tour d'une certaine Angèle de connaître un sort identique. Son cadavre, laissé dans une décharge publique, a subi les derniers outrages par l'intermédiaire d'un manche à balai dans un endroit que la morale réprouve. Point commun de ces trois femmes : elles étaient toutes des prostituées.
Affirmant être l'objet de menaces, Louis Guilbeau va se confier à Solange Lebas, l'adjointe du commissaire chargé de l'enquête. Avec cette nouvelle série de meurtres, Solange commence à croire qu'une innocente est passée à la guillotine. Guilbeau, qui n'est pas insensible à la beauté de la policière, propose d'assister Solange dans son enquête. Elle accepte, et bientôt une mystérieuse brune est suspectée d'être l'auteur des crimes. Une traque commence alors dans le quartier de Pigalle et celui de Belleville, ce dernier en pleine phase de démolition. Une traque dans un Paris nocturne, où la mort semble être en mesure de frapper à chaque coin de rue…



Quarante-sept – C'est le nombre d'années qui se sont écoulées entre le moment où Jean-Denis Bonan a tourné « La Femme bourreau » et celui où un large public peut enfin voir le film. Quarante-sept années… comment cela a-t-il pu être possible ?
Remontons le temps. Nous sommes en avril 1968, le réalisateur et son équipe sont en pleine préparation de « La Femme bourreau ». En parallèle, ils sont sur le front et filment le mouvement étudiant, la révolte qui gronde et atteindra son paroxysme le mois suivant. Gérard de Battista, le directeur de la photographie, filme « La Femme bourreau » le jour et les émeutes la nuit. Jean-Denis Bonan a choisi comme cadre principal le quartier de Belleville, transformé en champ de ruines pour cause de rénovation urbaine. Ce décor post-apocalyptique va servir de fil rouge à l'intrigue.
Après tout, Belleville n'est-il pas un cadre mythique du cinéma français ? C'est là que furent tournés entre autres « Casque d'Or » et « Jules et Jim » puis, peu après « La Femme bourreau », « Dernier domicile connu ».



Lorsque le tournage s'achève, l’œuvre peine à trouver un producteur mais Anatole Dauman (qui a produit dans le passé plusieurs longs métrages d'Alain Resnais et Chris Marker) accepte de le financer, séduit par la qualité et l'originalité de « La Femme bourreau », où s'entrechoquent l'expressionnisme allemand, l'ombre de Luis Buñuel et l'esprit de la Nouvelle Vague. Mais plus qu'une « vague », « La Femme bourreau » est une déferlante, tellement brutale que les distributeurs n'y étaient pas préparés. Les distributeurs refusent le film en bloc car il est « inclassable ». « La Femme bourreau » est un film à multiples facettes, un polar adoptant le ton du reportage, dans lequel le spectateur croise un tueur en série, écoute un narrateur dont le verbiage rappelle les journaux spécialisés dans les faits divers comme Détective et voit quelques jeunes femmes dénudées absolument ravissantes. En résumé, on ne peut pas mettre d'étiquette sur ce film et, c'est bien connu, tout ce qui sort de la norme fait peur. Qui plus est, le fait qu'il n'y ait pas de vedette au sein du casting enfonce un peu plus le clou.
Le verdict est donc sans appel, « La Femme bourreau » ne sort dans aucune salle. Il meurt avant d'avoir existé, ou plutôt, comme le dit joliment Jean-Denis Bonan, il va s'endormir pendant de longues années.



Jusqu'au jour où… En 2010, Jean-Pierre Bastid, autre trublion du cinéma français à qui l'on doit également des films « inclassables » (parmi lesquels « Massacre pour une orgie » et « Hallucinations sadiques ») présente à la Cinémathèque Française « La femme bourreau » ainsi que l'un des courts métrages de Jean-Denis Bonan, « Tristesse des anthropophages » (réalisé en 1966, il avait été purement interdit à tout public en France comme à l'exportation, par le Comité de Censure). C'est donc le 23 avril 2010 qu'une poignée de spectateurs est en mesure de voir « La Femme bourreau »… dans une version non définitive. En effet, Mireille Abramovici (scripte et monteuse de « La Femme bourreau », mais aussi réalisatrice et écrivain) et Jean-Denis Bonan terminent le montage du film en 2014, car il était considéré comme inachevé par son auteur. Une fois la postproduction terminée, l’œuvre est montrée pour la première fois dans sa version définitive lors du festival du LUFF (Lausanne Underground Film & Music Festival), du 15 au 19 octobre 2014.
Le film est bien accueilli. Le travail du réalisateur est enfin révélé au grand jour, si bien qu'un éditeur (Luna Park Films) décide de sortir « La Femme bourreau » (format dvd) en cette fin d'année 2015, en compagnie d'autres travaux de Jean-Denis Bonan.



Lorsqu'on a vu « La Femme bourreau », on a du mal à comprendre pourquoi le film n'a pas trouvé de distributeur à l'époque. Enfin… si, on comprend très bien la frilosité de ces gens qui font la pluie et le beau temps, décident de ce qui est bon ou mauvais, et agissent en fonction de ce que cela peut leur rapporter.
Jean-Denis Bonan ne rentrait pas dans les cases (ce qui est pourtant une qualité à mon sens), il a de ce fait rejoint le clan des réalisateurs français méprisés (comme son ami Jean-Pierre Bastid d'ailleurs, ou José Bénazéraf), subissant un sort parallèle au clan des auteurs moqués (où figuraient Jean Rollin et Mario Mercier, par exemple).
Qu'importe, « La Femme bourreau » est un film qui surprend, et cela fait du bien à une époque où tout est calibré, formaté et politiquement correct. Alors oui, effectivement, les sources d'inspiration du réalisateur sont bien réelles (l'expressionnisme allemand, la Nouvelle Vague, Luis Buñuel…), mais pas seulement. Le cinéma de Jean-Denis Bonan possède plusieurs facettes, d'où se détachent un penchant pour l'absurde, un désir de briser les conventions, s'élever contre le système. On y trouve également une touche de provocation et de surréalisme, et lorsque l'on découvre les courts-métrages de l'auteur, on se rend compte qu'il y a avec « La Femme bourreau » une forme de continuité dans le cinéma de Jean-Denis Bonan, qui le rapproche également de cinéastes comme Fernando Arrabal et Alejandro Jodorowsky.



Mais Jean-Denis Bonan, à travers son œuvre, fait avant tout du Jean-Denis Bonan. C'est une forte personnalité qui explique, dans le bonus « En marge », que l'un de ses thèmes récurrents a été la fuite, l'évasion. Quelle fuite ? Celle de la société, absurde et anxiogène. Qui emprisonne l'individu dans un carcan alors qu'elle devrait lui permettre de s'épanouir, par le libre arbitre, l'amitié, et surtout… l'amour. Le cinéma de Jean-Denis Bonan découle, si l'on peut dire, d'une « logique irrationnelle » mais légitime dans la mesure où elle s'érige contre les diktats de la société. Enfin, le réalisateur aime dire que le cinéma est avant tout muet. « La Femme bourreau » alterne ainsi les dialogues entre les personnages, la voix-off du narrateur et des plages de silence durant lesquelles les acteurs font parler leur corps et les expressions de leur visage. Il en résulte des scènes d'une sensualité inouïe avec Solange Pradel, allongée sur un lit, ou d'une étrange beauté quand Claude Merlin revêt ses habits de femme puis se maquille.



Le film n'est pas à proprement parler une intrigue policière, du moins dans le sens classique du terme. Le but ici n'est pas de révéler l'identité du tueur à la dernière minute car on devine assez vite de qui il s'agit. Ce qui importe, c'est de faire plonger le spectateur dans la psyché de ce personnage tourmenté, de le suivre dans sa folie culminant avec une longue course-poursuite et un moment particulièrement fort où le tueur, qui se travestit en femme avant de commettre un meurtre, perd dans sa fuite éperdue une moitié de sa perruque. La caméra s'attarde sur son visage, et toute la dualité de ce personnage apparaît alors comme une évidence. On ne m'a pas permis d'être un homme, dira-t-il avant de rendre son dernier souffle. Une phrase qui en dit plus long que de longs discours.



A propos du casting, s'il ne comporte effectivement pas de « pointures » (selon le critère de nos fameux distributeurs), il n'en est pas moins de qualité. On relève plusieurs noms qui figuraient au générique du premier long métrage de Jean Rollin : « Le viol du vampire ». Ce qui n'est pas étonnant, dans la mesure où Jean-Denis Bonan fit ses premiers pas dans le cinéma avec « Les pays loin », court-métrage de Rollin, en 1965 en tant qu'assistant. Une expérience qui lui donnera l'envie de poursuivre dans le 7ème Art.
Si Jean-Denis Bonan a voulu rendre hommage à la beauté avec les actrices présentes dans « La Femme bourreau », il y est parvenu haut la main. Toutes illuminent l'écran de leur présence, leur beauté et leur talent. Nommons-les car elles le méritent : Velly Beguard (« Morgane et ses nymphes »), Catherine Deville ("Le viol du vampire" mais aussi trois films de Claude Chabrol dont "Madame Bovary"), Jackie Raynal (« La collectionneuse »), Myriam Mézières (« J'irai comme un cheval fou », « Change pas de main », « Jonas qui aura 25 ans en l'an 2000 ») dont c'était la première apparition au cinéma et bien sûr Solange Pradel (« Sans sommation », « Le monde sur le fil »), rayonnante autant sous la douche qu'avec un revolver dans les ruines de Belleville.



Enfin, Claude Merlin campe un Louis Guilbeau étonnant, doté d'un magnétisme qui le rapprocherait d'acteurs comme Laurent Terzieff ou Pierre Clementi. Un premier rôle au cinéma remarquable, mais hélas on ne lui proposera guère de rôles aussi marquants par la suite, et on peut le regretter au regard de son potentiel et de sa prestation dans « La Femme bourreau ».
Un mot sur la musique, pour terminer, qui alterne morceaux instrumentaux de free-jazz composés par Bernard Vitet et chansons interprétées par l'acteur Daniel Laloux. Des textes décalés qui ne sont pas sans rappeler ceux de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem de la même époque. Un mélange surprenant qui nous conforte dans l'idée que « La Femme bourreau » est décidément une œuvre atypique qui méritait bel et bien une seconde naissance.



(Fiche dvd à suivre...)


Dernière édition par flint le Lun Nov 09, 2015 10:31 am; édité 1 fois
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Bigbonn
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MessagePosté le: Dim Nov 08, 2015 10:29 am    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8
Il est clair que lorsque l'on sort des sentiers battus et rebattus, on n'a plus de mal à trouver un public (soit qu'il manque de curiosité, soit qu'on ne lui donne même pas la possibilité d'exercer sa curiosité, comme ici pendant toutes ces années).
Finalement, c'est un vieux et un nouveau film à la fois, une découverte plus qu'une redécouverte, et une bonne surprise en plus, à t'en croire.
Une bonne nouvelle en espérant que cette Femme bourreau trouve enfin son public.
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flint
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MessagePosté le: Dim Nov 08, 2015 4:30 pm    Sujet du message: [Fiche dvd] La Femme bourreau Répondre en citant



Fiche dvd -

La Femme bourreau – Luna Park Films

Région : Zone 2 PAL
Editeur : Luna Park Films

Pays : France
Sortie film : 15 octobre 2014 (version définitive)
Sortie dvd : 18 novembre 2015



Durée : 68'51
Image : 1.33:1
Audio : Dolby digital 2.0 (mono)

Langue : français
Sous-titres : non

Bonus :

- Tristesse des anthropophages (1966, 23'40, 1.66:1)

- Une saison chez les hommes (1967, 17'31, 1.33:1)

- En marge (2015, 36'17, 1.85:1)

- La vie brève de Monsieur Meucieu (1962, 12'39, 1.33:1)

- Un crime d'amour (1965, 6'36, 1.33:1)

- Bande-annonce de La Femme bourreau (2014, 1'37, avec sous-titres anglais)



Commentaire : Un long métrage, trois courts-métrages, tous invisibles ou presque depuis leur création, plus les rushes d'un autre court inachevé et un entretien récent avec le réalisateur Jean-Denis Bonan et quatre de ses collaborateurs, voilà ce que contient le dvd de « La Femme bourreau ».
On doit cette sortie inattendue ou inespérée à Luna Park Films, une structure de production, d'édition et de distribution créée en 2014 et établie à Toulon. Au verso de la jaquette de « La Femme bourreau » on peut lire cette annotation :
La Femme bourreau est le premier opus d'une collection DVD consacrée à des raretés du cinéma français des années 60.
Diantre ! Eh bien… Si les sorties à venir de Luna Park Films sont aussi riches tant au niveau de la qualité que de la quantité au regard de ce premier essai, on attend la suite avec impatience !
Car il faut le reconnaître, la sortie d'un premier titre n'est jamais évidente et les obstacles sur la route de l'édition sont nombreux. Luna Park Films a néanmoins fait preuve d'un savoir faire à toute épreuve avec l'expérience d'un vieux briscard.



En fait, il n'y a rien à reprocher sur cette édition, que ce soit « La Femme bourreau » avec un master de très belle qualité et dont le noir et blanc restitue parfaitement les contrastes, ou les divers bonus qui permettent de suivre l'évolution de Jean-Denis Bonan à travers ses courts métrages, sans oublier l'entretien « En marge », riche en informations.
Par ordre chronologique, on commence avec « La vie brève de Monsieur Meucieu » (Bonan avait alors tout juste vingt ans), où l'auteur met en place ce qui deviendra son leitmotiv : le thème de la fuite, de l'évasion, conduisant irrémédiablement à l'échec. Jean-Denis Bonan incarne Monsieur Meucieu, qui cherche à échapper à sa condition humaine, écrite à l'avance, et qui décrète que l'on ne peut pas vivre sans malheur. Mais même sa quête de l'amour sera vaine, et le retour aux dogmes, aux conventions redeviendra son quotidien.



« Un crime d'amour » est un court inachevé. La voix off du réalisateur commente les rushes de cette histoire se déroulant à la campagne, sur fond de rancœurs. Jean-Denis Bonan achèvera son histoire en 1967, elle sera rebaptisée « Mathieu-fou ». Entre temps, il aura tourné son premier film « à scandales », « Tristesse des anthropophages », critique féroce de la consommation, des premiers fast-foods. Dans une ville imaginaire vit un homme confronté aux lois d'une société dans laquelle tout est interdit, sauf ce qui est obligatoire (dixit Jean-Denis Bonan dans le supplément « En marge »). Condamné à mort parce qu'il chantait, le héros ressuscite mais est à nouveau condamné car il est interdit de ressusciter. On l'oblige de ce fait à renaître, lors d'une scène surréaliste évoquant le calvaire du Christ. Après un long exil, il trouvera un emploi dans un scato-service, temple de la consommation où les clients mangent de la merde (au sens propre).



« Tristesse des anthropophages » est une satire virulente dans laquelle le réalisateur égratigne les institutions, et décrit un monde où l'homme ne semble plus avoir le moindre espoir (il ne peut s'épanouir ni dans l'amour, ni dans le travail). On retrouvera un peu cet esprit une trentaine d'années plus tard dans « Totò qui vécut deux fois », de Daniele Cipri et Franco Maresco.
« Une saison chez les hommes » adopte quant à lui un style très différent, à la lisière du documentaire. Jean-Denis Bonan le définit comme un essai et un détournement. On pourrait aussi le considérer comme un long poème. A l'époque monteur aux Actualités Françaises, l'auteur récupère des chutes de pellicules destinées à la poubelle. Il en fait un montage racontant l'histoire d'un homme côtoyant les soulèvements populaires, la vieillesse, la maladie et la mort. C'est une forme de questionnement sur le sens de la vie.



Enfin, « En marge » est un documentaire récent qui permet au spectateur de découvrir la personnalité de Jean-Denis Bonan, cinéaste engagé et militant. L'équipe de tournage a intégré dans ce document les témoignages de quatre personnes ayant régulièrement travaillé avec le réalisateur : Mireille Abramovici (scripte, monteuse, écrivain), Jackie Raynal (actrice, réalisatrice, monteuse), Daniel Laloux (acteur et chanteur), et Gérard de Battista, directeur de la photographie de « La Femme bourreau », ainsi que de films comme « Sans peur et sans reproche », « Une époque formidable » et « Un-deux-trois-Soleil ».
Il s'agit là d'un entretien passionnant, qui nous permet d'apprendre un maximum d'informations sur le background du réalisateur : sa jeunesse en Tunisie, la guerre d'Algérie, son retour en France. Et puis son travail comme monteur aux Actualités Françaises, où il fait la connaissance de Jean Rollin, avec qui il va découvrir le milieu du cinéma. Ensuite, ses courts-métrages, ses déboires avec la censure, le CNC, la création de l'ARC (Atelier de Recherche Cinématographique), le militantisme, mai 1968 et bien sûr les conditions dans lesquelles « La Femme bourreau » fut élaborée. Les quatre autres intervenants apportent leur pierre à l'édifice avec un intérêt qui demeure constant jusqu'à la fin.



En résumé, « En marge » conclut en beauté un dvd de très belle facture, qui nous invite à la découverte d'un cinéma « différent », à la rencontre d'un cinéaste qui a beaucoup de choses à dire et à la résurrection d'un film dans un pays où il n'est pas encore interdit de ressusciter.

Note : 10/10





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flint
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MessagePosté le: Dim Nov 08, 2015 5:20 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Tristesse des anthropophages :















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MessagePosté le: Dim Nov 08, 2015 9:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Excellent boulot Phil ! enaccord8

Comme j'ai dit ailleurs, j'ai une petite préférence pour "Tristesse des anthropophages" qui est plus 'trash' et effectivement JDB a un réel talent pour filmer la sensualité de ses actrices quelle que soit la situation !

A propos d'actrices, tu n'a cité aucun film pour Catherine Deville qui a quand même joué dans "Le viol du vampire" et 3 Chabrol ("Betty", "Madame Bovary" et
"Une affaire de femmes") C'est volontaire ?
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sigtuna
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MessagePosté le: Lun Nov 09, 2015 8:09 am    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8 enaccord8 enaccord8 enaccord8

Bravo pour ce boulot considérable, ceci pour un film ou plutôt un auteur qui le mérite amplement à en juger par ton enthousiasme.
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MessagePosté le: Lun Nov 09, 2015 10:26 am    Sujet du message: Répondre en citant

Valor a écrit:


A propos d'actrices, tu n'a cité aucun film pour Catherine Deville qui a quand même joué dans "Le viol du vampire" et 3 Chabrol ("Betty", "Madame Bovary" et
"Une affaire de femmes") C'est volontaire ?


Non, c'est un oubli ! (je vais rajouter cela).

Et merci à tous pour vos encouragements. icon_wink
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mallox
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MessagePosté le: Lun Nov 09, 2015 10:30 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je me joins à la secte des sectaires assumés : bravo ! (Sans dec, ça semble vraiment chouette et en tout cas, très bien mis en valeur. icon_wink ).

D'ailleurs, pour t'aider à garder le rythme, je te signale que je viens de te poster le dvd du Massacre des morts vivants. enaccord8
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flint
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MessagePosté le: Lun Nov 09, 2015 10:35 am    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:

D'ailleurs, pour t'aider à garder le rythme, je te signale que je viens de te poster le dvd du Massacre des morts vivants. enaccord8



Parfait, c'est bon de garder le rythme ! frank_PDT_10
Merci Mallox, j'ai donc rajouté une parenthèse après Catherine Deville, suite à la remarque pertinente de Valor. icon_wink
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Valor
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MessagePosté le: Lun Nov 09, 2015 11:07 am    Sujet du message: Répondre en citant

Bigbonn a écrit:
en espérant que cette Femme bourreau trouve enfin son public.

Alors là, c'est pas gagné : outre des photos signalées sur FB (rien de très surprenant), JDB a également rapporté recevoir des menaces téléphoniques anonymes ! frank_PDT_16
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MessagePosté le: Lun Nov 09, 2015 4:29 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Valor a écrit:
Bigbonn a écrit:
en espérant que cette Femme bourreau trouve enfin son public.

Alors là, c'est pas gagné : outre des photos signalées sur FB (rien de très surprenant), JDB a également rapporté recevoir des menaces téléphoniques anonymes ! frank_PDT_16
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MessagePosté le: Ven Nov 20, 2015 9:40 am    Sujet du message: Répondre en citant

Alors, j'ai jeté ces derniers jours, mes petites pensées profondes comme elles venaient, au fil des films et courts du réalisateur.
Je n'ai pas regardé les suppléments, de manière volontaire, pour voir s'il y avait des correspondances entre mon ressenti et ce qui y était dit.
Je n'ai pour le moment aucune idée s'il y en a ou si je suis hors-sujet et à côté de la plaque.

Bref, jeté à chaud donc, et souvent dans le désordre, mes petites impressions :


"La femme bourreau" :
C'est un détail mais j'aurais rajouté en plus de tes catégories, Psycho-Killer.
J'ai amené le film chez mon psy qui, comme moi, a beaucoup aimé et j'ai eu le sentiment assez constant que sous ses airs de cinéma libertaire (à forte tendance de gauche toutefois. la présence de Serge Moati, membre de la fédération anarchiste puis deux mois après, en juin 1968, membre de la SFIO) d'avoir un tueur hypersymbolique :
Il est d'ailleurs présenté comme schizophrène et :
- Son côté implanté politiquement en fait un ancien de l'Algérie ("les rides du passé") avec des valeurs réactionnaires rigides.
- Son travestissement en femme peut se voir comme des idées progressistes qui viennent le contaminer, celles de Mai 68 par exemple, qui n'est pas bien loin.

De là, tiraillement d'un personnage dans le déni, soit filmé sous plusieurs influences : nouvelle vague, narration classique et esprit expérimental, ce qui contribue à la schizophrénie ambiante. Là dessus, y a aussi une ambiance paranoïaque, très marquée post-guerre d'Algérie. On sait que de nombreux engagés furent mis sur écoute ensuite, surveillés.
Finalement, à sa manière très personnelle, on tient pas loin d'un film post-trauma Algérien. Sur les repères chamboulés.

J'ai été épaté par la façon dont le quartier de Ménilmuche/Belleville est bien exploité. (c'est fou de voir comment certains endroits ont complètement changé et d'autres sont presque intacts. Cette ruelle, fine et interminable est à ce jour toujours aussi flippante que dans le film...)

Enfin il émane une vraie poésie trouble, ambigüe et macabre à la fois des décors naturels comme des personnages, tous à demi-morts. Des pantins plus dépassés par le social que maître de leur vie et de leur destin. Il s'en dégage même une sorte de fatalisme pessimiste, un brin morbide, voire nihiliste.

C'est cependant dans la forme que le militantisme de Jean-Denis Bonan s'exprime le plus, faisant de son budget un atout où sont convoqués néoréalisme (de proximité) et nouvelle vague. Il est possible de voir le film comme miné lui-même, à l'instar du personnage qui finalement ressemblerait à une France coupée en deux avec un Ying et un Yang en complet décalage. Mais je spécule...

J'allais oublier... les corps sont filmés comme des ombres, ils vivent à l'écran indépendamment de celle à qui il appartient, comme des fragments du hasard et des étapes.

C'est en tout cas un peu ainsi que j'ai vu la chose qui, il est vrai, se prête à de nombreuses interprétations ou bien se passe de commentaires. Après tout, les mots ont tendance à amoindrir le sensoriel.

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"Tristesse des anthropophages" :
Dépeint une société qui tourne en rond (ces personnages tels des zombies dans une pièce, un nouveau Christ attendu = le besoin d'un nouveay Christ, en gros de nouvelles valeurs). Bonan se filme lui-même (et cite Boby Lapointe et sa "pine de cheval"), un Christ qui en renaissant commet un sacrilège : plus personne n'en veut ("pourriture !").

Dans "la femme bourreau", il filme des toits dangereux, de longue ruelles très étroites, dans ""Tristesse des anthropophages" la fuite se fait aussi dans chemins étriqués, même entre des rochers.
l'amour y est déshumanisé et lorsqu'on fait l'amour, on couvert de bandelettes, blessé. On peut le voir comme le symbole de son pouvoir guérisseur. La seule alternative, même au seuil de la mort.

Un rejet de l'ostracisme (nègres, pédés, feignasses...)

Bonan semble soucieux des reflets (le miroir où le tueur se regarde dans "La femme bourreau", le Christ ressuscité dont le reflet apparait dans le lac lors de sa fuite dans "Tristesse des anthropophages".

On peut dire que c'est un oeuvre de jeunesse : très maitrisé techniquement, il est possible qu'il veuille trop en dire. La justice pourrie, la loi carcan et injuste, "faites l'amour, pas la guerre !", "n'hésitez pas à renaître pour mieux vivre!" "Pratiquez la fuite en avant". (ce qui pour lui revient à filmer. Son dernier ressort d'expression).

Finalement on touche au thème de la coprophagie et celle-ci se fait le symbole de la merde que l'être humain emmagasine, "alimentairement" comme spirituellement et ce, de façon non naturelle, presque déviante : le système est pourri.
Et si l'on veut être libre de ces contingences, on se marginalise, on est exclu du groupe, de la communauté, souvent avec violence, comme ce Christ ressuscité tapé avec une chaine, lynché.
La femme devient l'objet d'amour expiatoire de fautes commises et est exclue à son tour du groupe.

Enfin l'anthropophagie, à l'image du cimetière est signe d'une mémoire éphémère : le souvenir est l'absorption du souvenir du vivant mais peu à peu, il pourrit.

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"Une saison chez les hommes" :

Insiste beaucoup sur les racines du réalisateur.
La Tunisie n'est pas loin d'annoncer, outre le protectorat français, le Pogrom contre les Juifs après la guerre des six jours. Juste après la rétrocession par la France de la base de Bizerte.
Bonan revient sur la difficulté à se forger une identité dans ce chaos. (le personnage censé être lui qu'on ne reconnait pas).
Les hommes se prennent pour des dieux, les artistes ne sont que des plagiaires eux-mêmes sous le joug d'autres artistes (Dali à propos de Picasso). L'histoire répète ses erreurs et demeure une impasse menant inéluctablement à la mort.

Une sorte de "America, America" nihiliste et radical. Le réalisateur doute plus que jamais de son avenir et est alors hanté par la mort.
On peut en déduire qu'il a finalement du mal à se projeter dans l'avenir.

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Bonan parle de finalement de lui. Ses films sont autobiographiques, mettent en scène ses doutes, ses fantasmes et ses peurs. Elles sont un miroir social. Il filme comme si c'était la seule alternative de fuir un monde qu'il craint. En cela, filmer pour Bonan, apparait comme nécessaire, salvateur. Il ne filme pas contre, mais pour exorciser ses craintes. D'où des tableaux sociaux menaçant. Même l'amour qui guérit un temps les blessures, est une impasse car assujetti aux règles sociétales.
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Dernière édition par mallox le Ven Nov 20, 2015 12:53 pm; édité 1 fois
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sigtuna
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MessagePosté le: Ven Nov 20, 2015 10:44 am    Sujet du message: Répondre en citant

Il y a des tas de questions au réal en germe dans cette analyse. enaccord8

Sinon quand est ce qu'il s'inscrit au forum ton psy ? frank_PDT_10
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