[M] [Critique] Texas (1969)

 
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Walter Paisley
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MessagePosté le: Jeu Juin 07, 2007 10:08 am    Sujet du message: [M] [Critique] Texas (1969) Répondre en citant



Il Prezzo del Potere. 1969.
Origine : Italie / Espagne
Genre : Western
Réalisation : Tonino Valerii
Avec : Giuliano Gemma, Fernando Rey, Van Johnson, José Suárez...


Troisième film pour Tonino Valerii, et troisième western. L'homme n'est pas l'élève de Sergio Leone pour rien et se dresse tout simplement comme l'un des maîtres du western spaghetti, donnant ici au genre une de ses oeuvres les plus politiques, non pas uniquement fondée sur l'époque où se déroule le film, mais s'ancrant sur un fait marquant des années 60 américaines, à savoir l'assassinat du Président Kennedy. L'histoire se déroule ainsi à Dallas, au Texas, juste après la guerre se secession. Une guerre officiellement finie, mais qui continue de se jouer en coulisses, avec de nombreux sudistes complotant pour l'assassinat prochain du nouveau gouverneur, vu comme un pantin mis en place par les yankees nordistes. Pour mener à bien leur projet, ils n'hésiteront pas à se débarasser de quelques personnes génantes, dont un vieil homme, père d'un certain Bill Willer (Giuliano Gemma, qui avec son visage juvénil est plus à son aise dans des personnages tels que celui ci que dans ceux relevant plus du style Eastwood) qui viendra donc venger son paternel en même temps qu'il tentera de protéger le gouverneur, puis quand celui-ci sera également assassiné, de découvrir tous les enjeux du complot : ses participants, ses objectifs etc...

Le film démarre de façon on ne peut plus clair : les portraits de Lincoln sont brûlés, tout comme le drapeau Stars and Stripes, et la violence passe dès la scène suivante à l'étape supérieure : la torture perpétrée contre un noir présumé coupable de vouloir déjouer le complot contre le gouverneur. D'entrée de jeu, on sait le shérif corrompu, et on assiste à ses méthodes sauvages démontrant ainsi que si la guerre est en principe finie, elle perdure malgré tout d'une façon presque terroriste. Car la terreur est présente partout, et seuls l'isolement et la neutralité peuvent mettre les citoyens à l'abris. Nombreux sont ceux qui refusent d'aider qui que se soit, nombreux sont également les opportunistes. Cet état de fait ne sera pourtant pas la préoccupation de Bill Willer, qui cherchera à s'en prendre aux responsables de tout cela. Et c'est là que le film devient politique : la corruption est ici à son maxiumum, et le parrallèle avec l'assassinat de Kennedy (qui eut lieu en 63, soit six ans avant la réalisation du film) et la situation des coulisses politiques américaines est clairement reflétée par Valerii, qui avec ses moyens reconstituera presque à l'identique la parade du Président (ici remplacé par le gouverneur du Texas) sur la fameuse Elm Street de Dallas, avec les tireurs isolés, la confusion qui suivit les coups de feux, et le bouc-émissaire idéal (le noir torturé au début), qui cependant ici n'est pas le responsable (alors que concernant Kennedy, la culpabilité Lee Harvey Oswald ne fait guère de dute). Il y aura même l'équivalent de Jackie Onassis... Valerii, consécutivement à cet assassinat, continue à appuyer la thèse qu'il avait déjà plus qu'amenée auparavant : le fameux complot, dont les tenants et les aboutissants politiques témoignent d'une société prise en tenaille par de nombreux intérêts divergeants, les "méchants" eux-mêmes n'étant guère solidaires. Bill Willer tentera de découvrir toute l'affaire, en même temps qu'il tentera de libérer son ami emprisonné. Tout en faisant ça, le réalisateur continuera à faire parler la poudre, et l'assassinat du gouverneur ne cessera pas les violences, bien au contraire : les coupables seront cette fois ci prêts à tout pour ne pas être menacés par la justice. Le nombre de morts final du film sera assez impressionant et illustrera intelligemment la dénonciation de la violence tout en donnant au film le côté action génèralement souhaité dans les westerns. Quelques scènes seront tout de même un peu trop poussées, tels que ces "jeux de flingues", sortes de duels pipeautés, qui sont sans doute là pour donner une touche plus classique à un film aux consonnances historiques dépassant le western brut pour dépeindre les coulisses du pouvoir moderne (et peut-être également de tous les pouvoirs ?). L'emploi de la musique, un peu trop fréquent, pourra également être reproché au réalisateur. N'empêche que ce Texas est l'un des westerns spaghettis les plus intéressant, et même si il est difficile de reconstituer entièrement une affaire complexe telle que celle de l'assassinat de Kennedy en une heure et demie, le film reste très pertinent dans le tableau qu'il dresse de la pourriture des coulisses politiques, loin des grands idéaux véhiculés dans le film par les espoirs du pays réunifiés, et dans la réalité du début des années 60 par les idées neuves du Président Kennedy.

7/10

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mallox
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MessagePosté le: Jeu Avr 18, 2013 1:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant



Texas - Artus Films

Région : Zone 2 (PAL)

Editeur : Artus Films
Pays : France

Sortie film : 25 novembre 1970 (France)
Sortie dvd : 7 mai 2013 (sortie officielle) / 7 avril 2013 (site de l'éditeur)

Couleur
Durée : 108 min.
Image : 2.35 original - 16/9 comp 4/3
Audio : mono

Langues : français, italien
Sous-titres : français

Bonus :
- Le prix du pouvoir, par Curd Ridel
- Diaporama d'affiches et photos
- Bandes-annonces




Commentaire : Pan ! Artus dégaine donc une belle copie, même si, égard à un doublage français hasardeux (voir ci-après), on privilégiera la version originale. Messieurs, mesdames, apprêtez-vous à ce que les colts brillent au soleil tandis que les locomotives et les balles sonneront une charge victorieuse dans votre saloon !



Si vous le voulez bien, passons aux bonus ! Curd Ridel (auteur de bandes dessinées et passionné de westerns italiens avec, à son actif, de nombreuses collaborations avec Seven 7 pour le genre qui nous concerne), revient sur la genèse de "Texas", son exploitation désastreuse au cinéma, ainsi que sur les carrières de Tonino Valerii et de Giuliano Gemma. On y apprend par exemple que le film est sorti mutilé de plus de 20 minutes, passant de 1h50 à moins de 90 minutes. Toujours pour les mêmes raisons mercantiles, liées au nombre de séances quotidiennes, qui font qu'à ce jour les cinéphiles tentent de recoller les morceaux. Sans nul doute, les gens d'Artus Films en font partie, nous permettant enfin de l'apprécier dans son intégralité.
Curd Ridel revient également sur le doublage français, assez fantaisiste quant à lui : "Texas" s'inspire de l'assassinat du président Kennedy ; néanmoins, dans le doublage français, le président, joué par Van Johnson, devient gouverneur. Entre ce détail primordial pour la crédibilité de l'histoire et des scènes de dialogues ôtées jadis, autant dire que la compréhension du film en a pris un sacré coup lors de son exploitation en France.
Enfin, notre prêcheur s'attarde sur les aspects techniques extrêmement peaufinés de "Texas". Un bonus de 30 minutes, très agréable, qui semble passer aussi vite qu'un pet de poney sur un cactus mexicain.




A cela viennent s'ajouter un sympathique diaporama fait d'affiches et de photos du film, ainsi que les bandes-annonces de la Collection Western, dont on attend la suite avec une impatience non "d'ici mulet". Et puisqu'on vous dit que le film est très bien, qu'est-ce qui pourrait encore vous empêcher de sortir vos liasses ?




Disponible sur le site de l'éditeur :

http://www.artusfilms.com/texas

En rapport avec le dvd :

# Le site officiel de Curd Ridel : http://www.curdridel.com/accueil.htm
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Bigbonn
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MessagePosté le: Mar Avr 14, 2020 11:59 am    Sujet du message: Répondre en citant

En ces temps de confinement, étonnamment, j'ai un peu de mal à regarder les films d'un bout à l'autre et surtout d'une traite...

Ici, ce Texas ne m'a pas passionné et j'ai effectivement et forcément pensé à l'assassinat de Kennedy en voyant le président du film mais ça m'a plutôt fait sortir du film qu'y entrer en y voyant une parabole politique.
Bon, pas convaincu, donc, pour ma part...

J'ai également été surpris en lisant (après avoir regardé le film) la critique de Walter parlant "du gouverneur" à chaque fois, au lieu du président. Mieux compris ensuite en lisant la fiche dvd qui explique que le doublage français avait remplacé systématiquement le mot président par gouverneur... (les fantaisies des doublages et les raisons de ces libertés prises avec l'original m'échappent souvent...)
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Walter Paisley
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MessagePosté le: Mar Avr 14, 2020 1:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bigbonn a écrit:
les fantaisies des doublages et les raisons de ces libertés prises avec l'original m'échappent souvent...


De toute évidence, c'est pour éviter que les spectateurs assimilent le président du film à Georges Pompidou.
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