La Montagne Sacrée
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Sinok
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MessagePosté le: Mar Juil 24, 2007 10:44 am    Sujet du message: La Montagne Sacrée Répondre en citant

La Montagne Sacrée



Réalisation : Alejandro Jodorowsky
Durée : 1h 54min.
Année de production : 1973
Titre original : La Montana sagrada
Distribué par Pretty Pictures

Avec :

Alejandro Jodorowsky
Horacio Salinas
Ramona Saunders
Juan Ferrara
Adriana Page
Burt Kleiner
Valerie Jodorowsky
Nicky Nichols
Richard Rutkowski
Luis Loveli



Produit par :

Alejandro Jodorowsky
Allen Klein
Robert Taicher
Roberto Viskin


Difficile de commencer cette critique, sans présenter celui qui habite et incarne ce film : j’ai nommé Alejandro Jodorowsky. Ce marginal hyperactif sévit sur plusieurs fronts : Scénariste de bande dessinée, il a travaillé avec pas mal de pointures : Moébius (« L’Incal »), Boucq (« Juan Solo »), ou Gimenez (« La caste des Méta Barons »). En 1962, il fonda le mouvement Panique ( du dieu Pan), avec entres autres Topor et Arrabal. Il est aussi connu pour sa pratique du tarot et a créé à cet égard la « psycho magie ».

Mais le Jodo qui nous intéresse est le réalisateur. Il a réalisé notamment Fando et Lys, El Topo, Santa Sangre ainsi que La Montagne Sacrée…

Et c’est de ce bijou qu’il s’agit : rares sont les films qui abordent le cinéma par cet angle sensitif, symbolique et surréaliste tout à la fois.

On peut tenter de résumer non pas le film (impossible) mais au moins la trame, comme suit : un « proto Jésus-Christ » effectue une sorte de quête de sa Spiritualité, de sa Vérité et sur son chemin, il croisera toutes sortes de gens et de situations, jusqu'à ce qu’il rencontre une sorte de « Dieu ». Ce dieu (joué par Jodorowsky, tout va bien) va lui présenter de nouveaux compagnons (des « voleurs » venus des différentes planètes du système solaire), afin qu’ils gravissent ensemble la Montagne Sacrée, pour y déloger les sages y résidant et y prendre leur place. Ouf !

Voila, en substance de quoi il retourne… Cependant, cette trame est difficilement visible tant le film est dense, éclaté, et visuellement hors normes. Pour tout vous dire, il est presque difficile de regarder ce film en une fois tant il y a de choses à retirer et tant cela fourmille d’idées visuelles et de données mystiques et métaphysiques. De même, c’est un film assez difficile à regarder car, c’est une esthétique du « choc » , à la fois visuel et intellectuel.

On y croise un nain sans bras avec un casque allemand, des « Marie-Madeleine » en prostituées à bas résille sortant de l’église, des moutons dépecés et crucifiés, une guerre fort sanglante entre crapauds espagnols et geckos mayas, un homme tronc qui se roule un gros pétard (l’hommage à Freaks semble évident), un bon paquet de christs en terre cuite, mille testicules gauches et j’en passe les trois quarts.

La première moitié du film – jusqu'à ce qu’il rencontre le Grand Initiateur, ou Grand Architecte Alchimiste – est quasiment exempte de tout dialogue : ça grogne, ça crache, ça crie, c’est assez animal. Cette partie du film est l’occasion pour Jodorowsky de mettre en scène des passages iconiques totalement ahurissants, de rendre des tableaux vivants, avec une fulgurance qui, en ce qui me concerne, confine au pur génie.

Mais là où il ne faut pas se méprendre au sujet de notre chilien surréaliste, c’est qu’il ne laisse jamais ce film se désincarner de sa substance mystique et de son arrière plan ésotérique au profit d’images racoleuses. La quête du « méta christ » est la nôtre, et Jodorowsky ne traite rien moins que sa vision du monde et la place de l’être humain dans celui-ci. Et plusieurs visions du métrage ne seront pas de trop si l’on veut s’imprégner totalement de tout ce qui est offert ici.

Par contre, je ne sais s’il faut conseiller ce film épique à ceux qui se désintéressent de toute considération mystique et religieuse, parce que c’est là dessus que se base tout son cheminement démonstratif. L’homme vient de la fange – un christ nu recouvert de mouches se faisant cracher dessus par des enfants – et il doit passer par tout un tas d’étapes – la multiplication jusqu’à l’écoeurement de son effigie – pour pouvoir ensuite s’élever – le crochet et la tour qui touche le ciel – et accomplir la quête finale, qui viserait en somme à devenir l’égal de dieu ou son propre dieu… Bien que la fin du film – qui m’a fortement fait penser à celle d’un film des Monthy Pytons – puisse ouvrir de nouvelles perspectives.

La musique du film est très intéressante et simplifiée, épurée. Une guitare, quelques trompettes et un petit morceau psyché par ci, et un petit chant simili-nazi par là…

Bref, la maîtrise du film est totale, selon moi. On assiste ému au plus grand bordel organisé du cinéma. Jodorowsky a d’ailleurs supervisé son film dans son intégralité, allant jusqu’à s’occuper des costumes, des décors, de la musique et du montage, et se sacrifiera même jusqu’à coucher avec tous les acteurs ou presque : un engagement total, donc.

Le film est traversé par un grand nombre de symboles et de signes : chrétien, bien sûr, mais aussi bouddhiques, alchimiques, ésotériques… C’est d’ailleurs de là que peut provenir la frustration, c’est le manque de connaissances que l’on peut avoir de tout ce qu’il évoque au niveau mystique. Mais ces scènes symboliques s’accompagnent toujours d’une richesse visuelle hallucinatoire et d’une mise en scène virtuose, qui préviendra tout ennui.

Un petit mot tout de même sur le cœur du film, lorsqu’on découvre la personnalité et la planète des sept voleurs. Je me permettrais de dire que j’ai été très déçu de Matthew Barney en découvrant ce film tant il semble s’être fortement inspiré de l’esthétique Jodorowskienne.

C’est en plus un film très moderne, voire même totalement post moderne pour l’époque. C’est également très critique, mais d’une façon inédite, sans lourdeur, mais souvent avec virulence.

C’est un film dont on pourrait parler sans fin, je ne déflore donc pas plus avant ce film unique qui se doit d’être vu pour sa forme, son fond et surtout pour la manière dont Jodorowski marie les deux.


9/10

Sinok
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Valor
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MessagePosté le: Mar Juil 24, 2007 12:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8


Bravo !

Les premiers films de Jodorowsky sont incroyablement riches au niveau visuel, symbolique et ésotérique. Je ne vois pas grand chose de comparable à part "Viva la Muerte!" de son copain Arrabal. Des oeuvres dans la lignée de « Un chien Andalou » ... en plus psychédélique ! ico_mrgreen

Il a l'air bien sympathique Jodorowsky mais son côté gourou-maître à penser- cartomancien m'inquiète un peu ...(cf: La Constellation Jodorowsky de Louis Mouchet) Je l'ai aussi vu à la TV s'emporter (au sujet de la drogue !) devant une pauvre journaliste qui était terrifiée ... frank_PDT_16

Je crois que tu as vu le DVD Raro, j’en profite donc pour redire que les rééditions sont indispensables vu le travail de restauration effectué après la réconciliation de Jodorowsky et Allen Klein :

RARO:

ANCHOR BAY:


Les captures viennent de là :

http://www.dvdbeaver.com/film2/DVDReviews30/Films_of_Alejandro%AD_Jodorowsky.htm

Il y a eu pas mal de polémique sur la meilleure édition ( Anchor Bay ou Wild Side ) au niveau des bonus et des sous-titres mais il semblerait que ce soit quasiment la même chose ...
Par contre « Fando & Lis » est présenté dans une version plus courte que sur l’édition Fantoma !

Le coffret Wild Side :

http://www.dvdrama.com/rw_fiche-8148-.php

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Sinok
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MessagePosté le: Mar Juil 24, 2007 1:03 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Yo valor!

Merci pour cette réponse!
J'avoue que je dois le revoir vu les captures... c'est un truc de dingues!
C'est vrai que Jodo doit etre un peu allumé mais je trouve que ca va avec le personnage (tarot...) et puis c'est un mec qui n'a pas pu faire de films pendant longtemps, donc il est coupé du mainstream, et fait tout pour l'etre encore plus...

Bon alors je sais pas si je vais prendre anchor bay ou wild side... frank_PDT_08 ...

je sens que le coffret sera le coffret de noel...

Salut valor!

Sonic Sinok
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The Omega Man
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MessagePosté le: Mar Juil 24, 2007 5:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

frank_PDT_01 Quel dommage que son adaptation de DUNE n'aie pas aboutit ! Imaginez un peu:
Réalisation : Alejandro JODOROWSKY
Storyboard : Jean ' Mœbius ' GIRAUD
Musique :MAGMA, PINK FLOYD, TANGERINE DREAM
Conception Graphique :Hans Rudy GIGER & MŒBIUS
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new_pleur
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flint
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MessagePosté le: Mar Juil 24, 2007 8:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant

The Omega Man a écrit:
frank_PDT_01 Quel dommage que son adaptation de DUNE n'aie pas aboutit ! Imaginez un peu:
Réalisation : Alejandro JODOROWSKY
Storyboard : Jean ' Mœbius ' GIRAUD
Musique :MAGMA, PINK FLOYD, TANGERINE DREAM
Conception Graphique :Hans Rudy GIGER & MŒBIUS
Effets Spéciaux : Dan O'BANNON


new_pleur


Et Salvador Dali dans le rôle de l'Empereur. A l'origine, le film était prévu pour durer pas moins de dix heures.

On est vraiment passé à côté de quelque chose...
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mallox
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MessagePosté le: Mar Juil 24, 2007 8:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
le film était prévu pour durer pas moins de dix heures.

On est vraiment passé à côté de quelque chose...


le seigneur des anneaux quoi... frank_PDT_10


---- mario
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flint
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MessagePosté le: Mer Juil 25, 2007 8:01 am    Sujet du message: Répondre en citant

Au niveau documentation sur ce film à la fois riche et touffu, sont parus à l'époque quelques articles intéressants et instructifs permettant de mieux comprendre et aborder le personnage complexe qu'est Jodorowsky.
Ces articles figurent dans les numéros 281 et 282 de la revue "Image et Son", datés de février et mars 1974.
Dans le numéro de février, Jacques Zimmer explique dans les grandes lignes ce qu'est le mouvement "panique", cerne l'homme, ses rapports avec la religion, et parle donc de "La Montagne Sacrée".
Le numéro de mars est plus intéressant, puisque c'est Jodorowsky lui-même qui réalise un "auto-entretien", non pas une interview, mais un véritable monologue fourmillant d'anecdotes.
On y apprend notamment qu'à l'origine, il avait prévu qu'à la fin du film, tous les personnages devenaient immortels et volaient dans l'espace.
Mais quand Jodorowsky a tourné la scène où ils gravissent la montagne, une tempête s'est levée. Jodo a perdu l'équilibre et s'est mis à dévaler dangereusement la pente, parvenant de justesse à arrêter sa chute. Il a réalisé qu'il n'était qu'un simple mortel, que la vie tenait à pas grand-chose. Cette expérience fut comme une révélation et il modifia donc la fin pour celle que l'on connaît.


A titre d'anecdote, "La Montagne Sacrée" fut le premier film de Jodo à sortir en France, avant même "Fando et Lis" et "El Topo".
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Sinok
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MessagePosté le: Mer Juil 25, 2007 8:49 am    Sujet du message: Répondre en citant

C'est interressant cette histoire ou plutot l'anecdote du gars qui dévale la montagne (ca me rappelle la scene dans bad taste frank_PDT_10 ), et ca explique mieux la fin du flm qui est deroutante... en mem temps ca rajoute vraiment "oune pimente" au contexte du film, et ca va assez bien avec sa demonstration finalement...

Merci pour ces précisions... et sinon, ces revues tu les as trouvées ou?

frank_PDT_16

Elles ont l'air class et old school...

Sinok
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flint
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MessagePosté le: Mer Juil 25, 2007 10:33 am    Sujet du message: Répondre en citant

Sinok a écrit:


et sinon, ces revues tu les as trouvées ou?

frank_PDT_16

Elles ont l'air class et old school...

Sinok


Vu leur âge canonique, la meilleure chance de trouver des "Image et Son" reste les brocantes et vide-greniers, ou ebay (une fois, j'en ai acheté un lot de 120 pour... 1 euro, frais de port non compris, quand même).
C'est une revue très ancienne datant de l'après-guerre qui a toujours eu dans ses rangs des journalistes plutôt réfractaires au cinéma de genre, à l'exception de quelques uns. A ce titre, les parutions annuelles (très intéressantes au demeurant) qui s'appelaient "La Saison Cinématographique" valent largement le détour, et sont de précieuses sources d'information. Après, les appréciations des journalistes sur tel ou tel film étaient souvent injustifiées, dès lors qu'on abordait le cinéma-bis. Ce qui n' a pas empêché la revue de parler régulièrement du cinéma de genre, et parfois de manière positive.

(Peut-être trouveras-tu certains exemplaires chez des bouquinistes. Ils sont en général bon marché, car non côtés).
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Valor
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MessagePosté le: Mer Juil 25, 2007 11:21 am    Sujet du message: Répondre en citant




Le format a changé par la suite:



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Sinok
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MessagePosté le: Mer Juil 25, 2007 1:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Coooool...
Merci pour ces precisions... D'ailleurs, c'est con, mais si tu retrouves des articles de l'époque sur des films Psychovisuels, ce serait genial d'en scanner un ou deux.. je sais pas...

En tous cas, merci pour le tuyau!

Sinok
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MessagePosté le: Ven Juil 27, 2007 7:48 am    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Quel dommage que son adaptation de DUNE n'aie pas aboutit ! Imaginez un peu:
Réalisation : Alejandro JODOROWSKY
Storyboard : Jean ' Mœbius ' GIRAUD
Musique :MAGMA, PINK FLOYD, TANGERINE DREAM
Conception Graphique :Hans Rudy GIGER & MŒBIUS
Effets Spéciaux : Dan O'BANNON


Quelques larmes en plus... avec des images...








IL y avait Dali de prevu et Orson Welles pinaise...

Vous reconnaissez Dali ici :



Quelques dessins de Moebius :












des decors de Giger pour dune aussi :













On aurait pris extremement cher quand meme... et dir eque le projet etait lancé...

new_mur

bon, ils sont pas morts en meme temps... frank_PDT_10

A part dali et wells new_diable

Sinok
[/img]
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Bigbonn
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MessagePosté le: Mer Avr 21, 2010 3:26 pm    Sujet du message: Re: La Montagne Sacrée Répondre en citant

Sinok a écrit:
La Montagne Sacrée

Réalisation : Alejandro Jodorowsky
Durée : 1h 54min.
Année de production : 1973
Titre original : La Montana sagrada
Distribué par Pretty Pictures

Avec :

Alejandro Jodorowsky
Horacio Salinas
Ramona Saunders
Juan Ferrara
Adriana Page
Burt Kleiner
Valerie Jodorowsky
Nicky Nichols
Richard Rutkowski
Luis Loveli



Produit par :

Alejandro Jodorowsky
Allen Klein
Robert Taicher
Roberto Viskin


Difficile de commencer cette critique, sans présenter celui qui habite et incarne ce film : j’ai nommé Alejandro Jodorowsky. Ce marginal hyperactif sévit sur plusieurs fronts : Scénariste de bande dessinée, il a travaillé avec pas mal de pointures : Moébius (« L’Incal »), Boucq (« Juan Solo »), ou Gimenez (« La caste des Méta Barons »). En 1962, il fonda le mouvement Panique ( du dieu Pan), avec entres autres Topor et Arrabal. Il est aussi connu pour sa pratique du tarot et a créé à cet égard la « psycho magie ».

Mais le Jodo qui nous intéresse est le réalisateur. Il a réalisé notamment Fando et Lys, El Topo, Santa Sangre ainsi que La Montagne Sacrée…

Et c’est de ce bijou qu’il s’agit : rares sont les films qui abordent le cinéma par cet angle sensitif, symbolique et surréaliste tout à la fois.

On peut tenter de résumer non pas le film (impossible) mais au moins la trame, comme suit : un « proto Jésus-Christ » effectue une sorte de quête de sa Spiritualité, de sa Vérité et sur son chemin, il croisera toutes sortes de gens et de situations, jusqu'à ce qu’il rencontre une sorte de « Dieu ». Ce dieu (joué par Jodorowsky, tout va bien) va lui présenter de nouveaux compagnons (des « voleurs » venus des différentes planètes du système solaire), afin qu’ils gravissent ensemble la Montagne Sacrée, pour y déloger les sages y résidant et y prendre leur place. Ouf !

Voila, en substance de quoi il retourne… Cependant, cette trame est difficilement visible tant le film est dense, éclaté, et visuellement hors normes. Pour tout vous dire, il est presque difficile de regarder ce film en une fois tant il y a de choses à retirer et tant cela fourmille d’idées visuelles et de données mystiques et métaphysiques. De même, c’est un film assez difficile à regarder car, c’est une esthétique du « choc » , à la fois visuel et intellectuel.

On y croise un nain sans bras avec un casque allemand, des « Marie-Madeleine » en prostituées à bas résille sortant de l’église, des moutons dépecés et crucifiés, une guerre fort sanglante entre crapauds espagnols et geckos mayas, un homme tronc qui se roule un gros pétard (l’hommage à Freaks semble évident), un bon paquet de christs en terre cuite, mille testicules gauches et j’en passe les trois quarts.

La première moitié du film – jusqu'à ce qu’il rencontre le Grand Initiateur, ou Grand Architecte Alchimiste – est quasiment exempte de tout dialogue : ça grogne, ça crache, ça crie, c’est assez animal. Cette partie du film est l’occasion pour Jodorowsky de mettre en scène des passages iconiques totalement ahurissants, de rendre des tableaux vivants, avec une fulgurance qui, en ce qui me concerne, confine au pur génie.

Mais là où il ne faut pas se méprendre au sujet de notre chilien surréaliste, c’est qu’il ne laisse jamais ce film se désincarner de sa substance mystique et de son arrière plan ésotérique au profit d’images racoleuses. La quête du « méta christ » est la nôtre, et Jodorowsky ne traite rien moins que sa vision du monde et la place de l’être humain dans celui-ci. Et plusieurs visions du métrage ne seront pas de trop si l’on veut s’imprégner totalement de tout ce qui est offert ici.

Par contre, je ne sais s’il faut conseiller ce film épique à ceux qui se désintéressent de toute considération mystique et religieuse, parce que c’est là dessus que se base tout son cheminement démonstratif. L’homme vient de la fange – un christ nu recouvert de mouches se faisant cracher dessus par des enfants – et il doit passer par tout un tas d’étapes – la multiplication jusqu’à l’écoeurement de son effigie – pour pouvoir ensuite s’élever – le crochet et la tour qui touche le ciel – et accomplir la quête finale, qui viserait en somme à devenir l’égal de dieu ou son propre dieu… Bien que la fin du film – qui m’a fortement fait penser à celle d’un film des Monthy Pytons – puisse ouvrir de nouvelles perspectives.

La musique du film est très intéressante et simplifiée, épurée. Une guitare, quelques trompettes et un petit morceau psyché par ci, et un petit chant simili-nazi par là…

Bref, la maîtrise du film est totale, selon moi. On assiste ému au plus grand bordel organisé du cinéma. Jodorowsky a d’ailleurs supervisé son film dans son intégralité, allant jusqu’à s’occuper des costumes, des décors, de la musique et du montage, et se sacrifiera même jusqu’à coucher avec tous les acteurs ou presque : un engagement total, donc.

Le film est traversé par un grand nombre de symboles et de signes : chrétien, bien sûr, mais aussi bouddhiques, alchimiques, ésotériques… C’est d’ailleurs de là que peut provenir la frustration, c’est le manque de connaissances que l’on peut avoir de tout ce qu’il évoque au niveau mystique. Mais ces scènes symboliques s’accompagnent toujours d’une richesse visuelle hallucinatoire et d’une mise en scène virtuose, qui préviendra tout ennui.

Un petit mot tout de même sur le cœur du film, lorsqu’on découvre la personnalité et la planète des sept voleurs. Je me permettrais de dire que j’ai été très déçu de Matthew Barney en découvrant ce film tant il semble s’être fortement inspiré de l’esthétique Jodorowskienne.

C’est en plus un film très moderne, voire même totalement post moderne pour l’époque. C’est également très critique, mais d’une façon inédite, sans lourdeur, mais souvent avec virulence.

C’est un film dont on pourrait parler sans fin, je ne déflore donc pas plus avant ce film unique qui se doit d’être vu pour sa forme, son fond et surtout pour la manière dont Jodorowski marie les deux.


9/10

Sinok


euh... sauf erreur, on a bien affaire à une critique en bonne et due forme là, non? et qui, me semble-t-il, n'a jamais été mise en ligne? était-elle bien destinée au site? si oui, s'il le faut, je peux refaire de nouvelles captures.

Perso, je suis en train de la découvrir cette montagne sacrée et je ne sais pas trop quoi en penser: c'est visuellement très réussi mais j'y pige que pouic et je ne vois pas trop où on veut en venir (et je ne m'y connais que fort peu en religion, ésotérisme, métaphysique et autre tarot).

Sinok disait notamment, je le cite: "le film est dense, éclaté, et visuellement hors normes. Pour tout vous dire, il est presque difficile de regarder ce film en une fois tant il y a de choses à retirer et tant cela fourmille d’idées visuelles et de données mystiques et métaphysiques.".
C'est exactement ce qui m'arrive: j'en ai maté 1/2 heure avant de décrocher, un peu débordé par tant de choses et j'y suis revenu ensuite pour une autre demi-heure... la prochaine fois, je pense en regarder toute la dernière partie!
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flint
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MessagePosté le: Mer Avr 21, 2010 3:55 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour l'avoir vu, "La montagne sacrée" est, tout comme "El Topo", une oeuvre souvent difficile à décrypter, riche et touffue. Chroniquer un tel film n'est pas évident, bien qu'à l'époque Sinok s'en était bien sorti.
Je ne me rappelle plus pourquoi le topo sur "La montagne sacrée" (uh ! uh !) de Sinok était resté tel quel. C'était peut-être à sa demande.
Il faudrait demander au Grand Timonier !
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princesse.rosebonbon
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MessagePosté le: Mer Avr 21, 2010 4:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

et voilà ce qui se passe quand on met un chef d'oeuvre entre les pattes d'un de ces ados hyperactifs élevés au SMS, au chat, au zapping entre 2 clips de R'n'B et aux vidéos de 2 minutes sur youtube : ils ont besoin de fractionner pour maintenir leur attention frank_PDT_10

mario
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