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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Sam Jan 23, 2010 9:52 am Sujet du message: [M] [Critique] Le Guerrier silencieux/Valhalla Rising (2009) |
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Valhalla Rising, bientôt dans les salles
Il s'agit du dernier film de l'excellent Nicolas Winding Refn. Un projet très personnel qui a nécessité plus de deux années de préparation. Le film de l'auteur de "Bronson" s'annonce passionnant"...
Le Guerrier silencieux, Valhalla Rising - 2009
Réalisé par Nicolas Winding Refn
Avec Mads Mikkelsen, Maarten Steven, Jamie Sives, Ewan Stewart...
Synopsis :
Pendant des années, One-Eye, un guerrier muet et sauvage, a été le prisonnier de Barde, un redoutable chef de clan.Grâce à l'aide d'un enfant, Are, il parvient à tuer son geôlier et ensemble ils s'échappent, s'embarquant pour un voyage au coeur des ténèbres.A bord d'un bateau viking, ils se retrouvent perdus dans un brouillard sans fin, qui ne va se dissiper que pour révéler une terre inconnue.Alors que ce nouveau territoire dévoile ses secrets, les Vikings affrontent un ennemi invisible et terrifiant.
A propos du film :
Plus de 2 ans de préparation ont été nécessaires avant le début du tournage de VALHALLA RISING dans les Highlands des alentours de Glasgow, en Ecosse. L'histoire fait référence à la théorie selon laquelle les Vikings auraient découvert le Nouveau Monde plusieurs siècles avant Christophe Colomb. On fait confiance à Nicolas Winding Refn, après le succès critique et public de sa trilogie PUSHER sur la pègre danoise et de BRONSON, pour insuffler du style à ce film d'aventures. Le réalisateur fait à nouveau appel à son acteur fétiche, le très impressionnant Mads Mikkelsen, popularisé depuis par son interprétation du Chiffre dans Casino Royale. Le film sortira simultanément au Danemark, en Norvège, Suède et Finlande, ce qui n'a jamais été fait pour un film scandinave.
LE RÉALISATEUR :
- Sources d'inspiration
"Quand j'étais petit, il y a trois choses que j'adorais : la science-fiction, les westerns spaghetti et les combats de sabre entre Samouraïs. Des genres quiont pour personnage principal un héros aux proportions mythiques... un guerrier silencieux et solitaire. One-Eye est de ceux-là.
Lorsque j'avais cinq ans, ma mère m'a lu une vieille bande dessinée bon marché quiracontait le voyage sur la Lune d'un père et de son fils. Dans une caverne, ils découvraient un cercueil fait à la main...
C'est tout ce dont je me rappelle. J'aicomplètement oublié ce que le cercueil faisait là, ou ce quis'est passé ensuite. Mais je pense que c'est de là que me vient mon obsession pour l'inconnu, un thème quia été le moteur de la plupart de mes films".
- Violence
"Pour moi, l'art est un acte de violence. La seule chose quiles distingue, c'est que dans la vraie vie, la violence est une source de destruction, et l'art une source d'inspiration".
- Dans l'inconnu
"Je suis persuadé que le cinéma est un art et que l'art nécessite d'être exploré. C'est pourquoij'insiste pour tourner mes films dans l'ordre chronologique, ce quime permet d'étudier un personnage sous tous ses aspects, et de donner libre cours à ma passion : plonger dans l'inconnu".
- Environnement familial
"Ma mère est photographe et mon père monteur. Il a travaillé notamment sur Breaking the Waves et a aussiréalisé des films. Sa conception du montage repose sur deux questions : quelles informations minimum faut-il donner, et à quelle rapidité se sortir d'une situation. Quand je fais un film, je passe le montage en revue avec lui, et nous l'analysons. Il n'a pas toujours raison. Plus jeune, j'étais un peu
en guerre contre lui, maintenant je fais plus attention à ce qu'il dit. Du côté paternel, mon grand-père était un célèbre décorateur, notamment d'opéra, en Scandinavie. Mon oncle possédait la plus grande salle de cinéma art et essaide Copenhague : le Grand Cinéma.
Il était spécialisé dans le cinéma français mais dans les années 1960, il a également importé des films de Kurosawa. Le cinéma existe toujours mais n'appartient plus à la famille. Mes parents ont divorcé et ma mère a épousé un photographe danois quitravaillait à New York. Nous avons donc déménagé en 1978. J'avais huit ans et cela a changé ma vie. Je ne parlais pas un mot d'anglais et pendant trois mois, mon beau-père allait à l'école avec moipour me traduire les cours. Ne sachant pas lire,
la télévision et les films étaient mon unique échappatoire. Je suis devenu obsédé par les images.
Selon ma mère et mon beau-père socialistes, Reagan était un monstre, l'Amérique, le mal, et la télévision, le diable... Pour ne pas me faire remarquer, je coupais le son et ne regardais que les images.
Les bandes dessinées faisaient aussipartie de mon monde. Je n'ai appris à lire qu'à l'âge de treize ans, dans quelque langue que ce soit. Je suis dyslexique et j'avais pris l'habitude d'apprendre par coeur ce que les gens me lisaient pour faire ensuite semblant de déchiffrer. C'est ma soeur aînée quim'a découvert. Mais j'ai ainsi appris à exercer ma mémoire comme un muscle. C'était un moyen de survie".
- Goûts en matière de cinéma
"Ma vie est scandée par des films très spécifiques. A l'âge de cinq ans, mes parents m'ont emmené au cinéma. On était en retard et j'aijuste vu la fin de Nashville. Il y avait une scène de meurtre, d'où peut-être mon obsession pour la violence. Ensuite, j'aivu Fat City quicomporte une fin ouverte. Tous mes films ont des fins ouvertes, dans la veine de Fat City. Je me souviens aussi de La Chevauchée fantastique. Sinon, le premier film que j'aivu tout seul, c'était Les Schtroumpfs.
Après, nous sommes partis aux Etats-Unis. La fin des années soixante-dix représentait un peu l'âge d'or de la télé. Je me rappelle avoir vu des adaptations en dessins animés de personnages de comics, Thor ou Captain America, réalisés en stop-motion avec une voix-off. J'ai vu toutes sortes de films le samedimatin ou après l'école quand j'avais droit à mon heure de télé : des films de la blaxploitation, des films de Godzilla, des films d'horreur espagnols. Au cinéma, je me souviens des Aventuriers de l'arche perdue... mais aussides 400 coups et de la fin sur la plage quim'a marqué. À neuf ans, une amie de ma mère m'a emmené voir Mean Streets quia eu un impact très profond sur moi.
La narration, la caméra quitourne au ralentiautour d'Harvey Keitel... j'ai senti l'adrénaline avec ces images, la musique. A cette époque, chaque dimanche à 15h, il y avait le "Big Apple Movie" sur la cinquième chaîne. J'ai le souvenir très précis d'Il était une fois dans l'Ouest et de sa musique.
Mon beau-père avait le disque, avec sur la couverture Henry Fonda quimet l'harmonica dans la bouche du "jeune" Charles Bronson. On m'a fait une copie sur cassette, je l'écoutais tout le temps. A quatorze ans, j'ai commencé à assister aux double-programmes d'un cinéma de quartier, sur la 17ème rue, entre la 5ème et la 6ème. C'est là que j'ai découvert Massacre à la tronçonneuse. Et j'ai été scotché : pour la première fois, j'ai vu le cinéma comme une forme d'art. J'ai commencé à comprendre qu'au cinéma, ce qui compte, ce n'est pas ce que vous voyez, mais ce que vous ne voyez pas. Vous croyez comprendre, mais derrière il se passe autre chose... Ce cinéma est ensuite devenu une salle d'art et essai qui, des années plus tard, a diffusé la trilogie Pusher"...
* Le titre Valhalla Rising fait référence au lieu Valhalla ou Walhalla où les guerriers valeureux étaient conduits par les valkyries.
Rendez-vous le 10 mars prochain dans les salles !
Bande-annonce sur la PsychoTV : ICI _________________

Dernière édition par mallox le Dim Juil 18, 2010 6:37 pm; édité 3 fois |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Jeu Fév 25, 2010 9:48 am Sujet du message: |
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Vu hier soir en projo...
"Valhalla Rising, le guerrier silencieux"
Réalisé par Nicolas Winding Refn
Avec Mads Mikkelsen, Gary Lewis, Ewan Stewart, Jamie Sives, Alexander Morton...
Harald (alias One Eyes), un Viking muet doté d’une force phénoménale est réduit en esclavage par un chef de clan des Highlands. Le voici qui parvient à s'échapper de ses géôliers en les tuant férocement les uns après les autres. Son chemin se fera dès lors avec un jeune enfant d'une dizaine d'années qui l'a aidé à s'échapper. Ils rejoindront un Drakkar qui doit rejoindre la Sandinavie et lutter contre l'envahisseur chrétien. On dit "One eyes" venu droit de l'enfer. Celui-ci n'hésite pas à fendre en deux à coups de hache, quiconque se mettant dans son passage, ou même à les vider des leurs intestins. L'homme ne semble mu que par la haine.
Mais n'est-ce pas là finalement un pèlerinage que ce guerrier silencieux se fait ? La destination du drakkar, qui doit soi-disant trouver sa terre sainte, s'échouera dans un continent inconnu, nouveau monde. Peut-être l'enfer...
Bon, faudra surtout pas aller le voir en pensant tomber sur un "Pathfinder" ou je ne sais quel film d'aventures viking.
Il s'agit à mon sens davantage d'un trip sensoriel et d'un trip tout court que d'un spectacle échevelé.
Très éloigné du roman dont il semble de prime abord s'inspirer (Clive Cussler), on pense très vite à Joseph Conrad et son "Au coeur des ténèbres", car c'est de bien cela dont il s'agit tout le film durant. D'une traversée des ténèbres, autant de manière littérale que mystique. La manière dont Nicolas Winding Refn s'attarde sur les décors, ses personnages, prend son temps, rendant son film contemplatif, le rapproche également d'un Werner Herzog et son "Aguirre" ou même d'un Terence Malick pour le rapport mystique qui s'instaure à la nature.
C'est somptueusement filmé, c'est aussi un pari culotté car je reste persuadé qu'il s'agit d'un film exigeant, demandant un effort, sinon une acceptation du spectateur. Un film qui se mérite en quelque sorte. Pas d'un spectacle tout cuit. (Imaginez un film de vikings tourné à la manière de "Bronson" par exemple).
Quoique totalement personnel dans sa démarche, le rapprochant parfois d'un film d'auteur, et dont le principal défaut demeure sa distanciation qui rime avec une certaine froideur, laquelle pouvant laisser son spectateur sur le carreau, le réalisateur puise pourtant dans sa cinéphilie. Que ce soit "Les Vikings" de Fleischer (Harald ressemble étonnamment à Kirk Douglas avec son oeil crevé), "Le grand Silence" (notre héros est muet et est un grand solitaire voué à la mort, s'il n'est déjà mort), au chambara ("Baby Cart" aussi, avec cet enfant qui trouve grâce à ses yeux et qu'il traîne tout le film durant, sans doute aussi les films cités ci-dessus comme le Herzog ou le Coppola de "Apocalypse Now" (seconde partie du film), Bergman aussi ne semble pas bien loin parfois, autant que Tarkovski.
C'est aussi extrêmement violent et pas seulement de façon graphique. Le traitement sonore est étonnant, et l'on entend chaque vertèbre se briser, des tripes se vider, et finalement c'est plus le son que l'image qui la rende réaliste. Elle pourra même paraître difficile à ingurgiter pour certains (surtout dans sa première demi-heure).
La musique de Peter Kyed et Peter Peter est elle aussi étonnante. Elle ressemble parfois à s'y méprendre à ce qu'aurait pu pondre un Thurston Moore échappé des Sonic Youth pour un délire bruitiste maîtrisé. Elle parvient à elle seule, par moments, un faire décoller un film très contemplatif.
Quant à la violence, sachant que plus jeune, Winding Refn a découvert le cinéma en tant qu'art en voyant "Massacre à la tronçonneuse", il est logique qu'elle soit ici omniprésente, avec des cadavres à demi-décomposés sur la la route de nos sombres héros.
Idem pour la tonalité du film qui se rapproche finalement largement plus d'un film métaphysique et fantastique que d'un film d'aventures. Le réalisateur dit lui-même ceci : "Quand je me suis retrouvé sur les montagnes d’Écosse, je ne voulais plus tourner un film de vikings. Ce que je voulais désormais, c’était faire un film de science-fiction !" (d'où le fait que je le classe ici dans la section qui me semble adéquate - si pas d'accords n'hésitez pas à donner votre avis...).
Avec Le Guerrier silencieux, Nicolas Winding Refn retrouve le comédien de ses débuts,
la star danoise Mads Mikkelsen (Casino Royale, Coco Chanel & Igor Stravinsky, et prochainement Le Choc des Titans).
Son prochain film sera vraisemblablement un thriller intitulé "Only God Forgives" qu’il tournera à Bangkok, en Thaïlande.
Voilà, il s'agit pour ma part d'un film à découvrir. Son réalisateur me semble passionnant, ne pondant jamais le film qu'on attend de lui.
Bien sur, comme dit plus haut, on aura droit de ne pas adhérer au Trip proposé. Le défaut que j'ai relevé est une distanciation qui confine à la froideur artistique.
Ceci étant, c'est tout de même un chouette voyage dans l'inconnu (sans passé ni futur), ce fameux inconnu si fantasmatique, qu'il en devient presqu'un voyage abstrait en plein coeur des ténèbres.
Bref, une belle expérience à tenter ! _________________
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Jeu Fév 25, 2010 10:02 am Sujet du message: |
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Ayant aimé "Bronson", j'ai hate de voir "Valhalla Rising".
Il n'y a plus qu'à attendre le DVD de Wild Side...
(oui, je ne vais plus au cinéma depuis la disparition des ouvreuses et des bandes-annonces et/ou courts métrages avant la projection). |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Jeu Fév 25, 2010 10:11 am Sujet du message: |
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flint a écrit: | Ayant aimé "Bronson", j'ai hate de voir "Valhalla Rising".
Il n'y a plus qu'à attendre le DVD de Wild Side...
(oui, je ne vais plus au cinéma depuis la disparition des ouvreuses et des bandes-annonces et/ou courts métrages avant la projection). |
Surtout des ouvreuses !
C'est bizarre mais pour les projos de presse, en revanche on a parfois droit à des court-métrages, c'était d'ailleurs le cas pour La Horde. D'ailleurs, il était bien meilleur que le film !
Quant aux bande-annonces , y en a encore.
Je suis allé voir "Fantastic Mr Fox" lundi en matinée avec mon fiston de 6ans, et hop on a eu droit à 7 ou 8 b.a pour adultes !  _________________
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The Hard 99 % irradié


Inscrit le: 17 Fév 2005 Messages: 1132
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Posté le: Jeu Fév 25, 2010 2:34 pm Sujet du message: |
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flint a écrit: | Ayant aimé "Bronson", j'ai hate de voir "Valhalla Rising".
Il n'y a plus qu'à attendre le DVD de Wild Side...
(oui, je ne vais plus au cinéma depuis la disparition des ouvreuses et des bandes-annonces et/ou courts métrages avant la projection). |
Vieux con !
Ah le temps des ouvreuses, et de l'entracte... Pour toi, c'est de la nostalgie. Pour moi, plus jeune, c'est une époque maintes fois fantasmée!
mallox a écrit: |
C'est bizarre mais pour les projos de presse, en revanche on a parfois droit à des court-métrages, c'était d'ailleurs le cas pour La Horde. [...]
Quant aux bande-annonces , y en a encore.
Je suis allé voir "Fantastic Mr Fox" lundi en matinée avec mon fiston de 6ans, et hop on a eu droit à 7 ou 8 b.a pour adultes !  |
De souvenir, les seules fois ou j'ai vu des courts métrages avant un film, c'était pour les dessins-animés Pixar.
Et en ce qui concerne les bandes annonces, je n'ai pratiquement jamais vu un film au ciné sans qu'il y en ai au moins une avant. Excepté dans un cinéma Clermontois assez récent et dit "de quartier". |
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Bigbonn Psycho-cop


Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Jeu Fév 25, 2010 7:02 pm Sujet du message: |
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The Hard a écrit: | flint a écrit: | Ayant aimé "Bronson", j'ai hate de voir "Valhalla Rising".
Il n'y a plus qu'à attendre le DVD de Wild Side...
(oui, je ne vais plus au cinéma depuis la disparition des ouvreuses et des bandes-annonces et/ou courts métrages avant la projection). |
Vieux con !
Ah le temps des ouvreuses, et de l'entracte... Pour toi, c'est de la nostalgie. Pour moi, plus jeune, c'est une époque maintes fois fantasmée! |
Pas étonnant quand on sait que l'ouvreuse ne porte pas de culotte!  |
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Ven Juil 09, 2010 12:28 pm Sujet du message: |
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Le Guerrier silencieux
Titre original : Valhalla Rising
Genre : Aventures, Fantastique, Expérimental
Année : 2009
Pays d’origine : Danemark, Royaume-Uni
Réalisateur : Nicolas Winding Refn
Casting : Mads Mikkelsen, Jamie Sives, Gary Lewis, Ewan Stewart, Alexander Morton, Callum Mitchell, Andrew Flanagan, Maarten Stevenson, Douglas Russell…
Il n’a pas de nom, pas d’origine. Il a passé une partie de sa vie en esclavage, mais n’est jamais resté la propriété de quelqu’un plus de cinq ans. Sur ces terres sauvages et désolées des Highlands, il passe d’un chef de clan à un autre. Sa haine le maintient en vie, et il peut exprimer la violence qui est en lui au cours de combats organisés par les différentes tribus, enjeux de paris. A un contre un, deux contre un, enchaîné à un poteau, qu’importe… Il ressort inexorablement vainqueur, et regagne la cage de bois où il demeure la plus grande partie de son temps. Parfois, le clan auquel il appartient prend la route, signe de futurs combats. Tout le monde se méfie de lui, du fait qu’il ne parle jamais. Bien que borgne, il a le regard d’un féroce prédateur. Il suscite la peur, mais sa force est une source de revenus non négligeable. Seul un enfant paraît s’intéresser à lui, pour d’autres raisons. Ce gamin aux cheveux blonds, qui n’a pas de chez lui mais voudrait y retourner, baptisera l’esclave One Eye.
Un jour, lors d’une marche, One Eye parvient à se libérer. Il extermine ses geôliers un par un, puis s’en va. L’enfant le suit. Le guerrier silencieux est doué de clairvoyance, un don qui se manifeste par des visions de l’avenir, le concernant. Même si on a l’impression qu’il erre sans but, il suit en fait sa destinée. Et celle-ci le fait croiser une troupe de chrétiens égarés, comme lui, sur ces terres hostiles du Sutherland, au nord de l’Ecosse. La réputation de One Eye est parvenue jusqu’à eux. Les soldats de Dieu proposent au borgne de les rejoindre dans leur quête, qui consiste à se rendre à Jerusalem, où se trouve le tombeau du Christ. Gloire et richesse les attendent, selon le chef, un prêtre mystique et fanatique.
One Eye et le gamin décident d’accompagner la troupe. Commence alors un étrange périple à bord d’un drakkar, le début d’une longue et inexorable descente aux enfers…
« Valhalla Rising » rentre sans coup férir dans la catégorie des œuvres qui ne peuvent laisser le spectateur indifférent. On a d’une part un metteur en scène doué assumant une prise de risque quant au traitement choisi d’une histoire qui, à première vue, peut sembler ordinaire. Mais le sentiment de déjà vu auquel on serait en droit de s’attendre à la vision d’un film sur les vikings n’arrivera jamais. Au contraire, au lieu de comparaisons a priori évidentes avec « Les Vikings » de Richard Fleischer, ou éventuellement avec le premier « Conan » (celui de Milius), le film de Nicolas Winding Refn se voit attribuer en fait d’autres références, surprenantes, ou tout du moins inattendues. Ces références, on a pu le voir dans bien des magazines et des sites internet, elles ont pour nom Kubrick (pour le symbolisme, entre autres), Bergman (un rythme lent, froid, plus l’approche métaphysique), Malick (l’homme face à la nature) et Tarkovski (le mysticisme, la doctrine du panthéisme : Dieu est tout). Mais des cinéastes comme Herzog sont également cités (comment ne pas penser à « Aguirre, la colère de Dieu », effectivement), de même que Coppola pour « Apocalypse Now ». On pourrait rajouter d’autres œuvres, encore, comme le « Mission » de Roland Joffé, par exemple.
D’autre part, Winding Refn prend le parti de sacrifier une structure narrative cohérente (du moins pour le public) et de priver une bonne partie de son œuvre de dialogues, au profit des décors naturels (sublimes) et d’une bande musicale étonnante qui a pour effet de transformer un film d’aventures épique en un étrange trip sensoriel. Le résultat est pour le moins déroutant, et nul doute que l’on peut sortir de la vision de « Valhalla Rising » avec des sentiments très partagés, allant de l’enthousiasme exacerbé à l’ennui profond, en passant par l’incompréhension la plus totale.
Bien que l’histoire soit découpée en six parties distinctes (le courroux, le guerrier silencieux, les hommes de Dieu, la Terre sainte, les enfers, le sacrifice), l’évolution de la trame est masquée à cause de la démarche suivie par le réalisateur. « Valhalla Rising » dégage une impression de statisme, un immobilisme paradoxal dans la mesure où le héros accomplit un voyage. Mais la forme l’emporte sur le fond, et bien que découpé en six parties, le film conserve cette apparente absence de mouvement. Cela est dû en partie à la rareté des dialogues tout du long (les premiers mots sont échangés aux alentours de la septième minute) ; et si le personnage principal est muet, les autres protagonistes sont à peine plus bavards. L’autre raison principale se trouve dans l’importance prise par les décors naturels, le fait que Nicolas Winding Refn, en quelque sorte envouté par ceux-ci, ait voulu transmettre au spectateur la beauté « hypnotique » de son cadre, au détriment d’autres paramètres fondamentaux (notamment la rigueur scénaristique).
De ce point de vue, le metteur en scène est parvenu à ses fins, et l’on ne compte plus les plans de tous ces personnages en osmose avec la nature, semblant figés durant une éternité, et donnant au public le sentiment de contempler une toile de maître (le drakkar immobilisé sur une mer d’huile, avec les hommes épuisés par la faim et la soif, évoque « Le Radeau de la Méduse » de Géricault), ou de feuilleter un « artbook » réalisé par un spécialiste de la science-fantasy.
Winding Refn reconnaît que l’élaboration de « Valhalla Rising » n’a pas été une mince affaire. Il dut déjà mettre de côté provisoirement le projet, alors en pleine phase de pré-production, pour se consacrer à « Bronson ». Plus tard, il faillit tout abandonner seulement deux semaines avant le début du tournage. « Valhalla Rising » est passé par différentes moutures quant à l’élaboration du scénario, où il fut préalablement question d’intégrer dans le film une histoire de vengeance, puis un personnage féminin (finalement, les seules femmes que l’on voit dans le film sont parquées comme des bêtes, nues, en arrière-plan au milieu d’un champ de bataille, l’espace de quelques secondes). Le fait que Refn n’ait à la base aucune affinité avec la mythologie scandinave l’a plus ou moins obligé à repenser le film, au point d’oblitérer l’aspect « aventures » pourtant fondamental au profit d’une trame « fantastique ». Le cinéaste avoue ses influences : « 2001 », « Stalker », le chambara, le western spaghetti… On retrouve d’ailleurs certains caractères de ces deux derniers exemples dans la première partie du film, à travers la rapidité et la violence des combats, et aussi à travers les gros plans sur les visages, dans lesquels on peut lire la peur, ou l’intimidation.
Au début il n’y avait que l’homme et la nature. Des hommes portant des croix vinrent et chassèrent les païens jusqu’aux confins de la Terre. Ces mots ouvrent l’épopée visuelle et sonore de « Valhalla Rising », et amènent l’un des thèmes essentiels développés par le cinéaste : le panthéisme, et l’affrontement entre deux cultures rencontrées successivement par le héros : le polythéisme et le monothéisme. La guerre et la religion, la violence et la croyance constituent l’essence de cette odyssée pour le moins particulière, dans laquelle le personnage central, One Eye, change plusieurs fois de statut (esclave/guerrier/Dieu/homme), tandis que dans le même temps, les chrétiens passent par différents stades comportementaux (exploration/interrogation/incompréhension/désillusion). L’un évolue, les autres régressent, tandis que l’enfant est le témoin du changement des uns et des autres. Dans un cas comme dans l’autre, la mort constitue le dernier maillon de la chaîne, accentuant ainsi le côté foncièrement nihiliste du héros, et à travers lui du metteur en scène.
Quelques mots sur l’acteur qui incarne One Eye, Mads Mikkelsen. L’acteur danois est un habitué des films de Winding Refn, puisqu’il a joué dans les deux premiers « Pusher » et « Bleeder ». Mais on l’a vu aussi dans « Le Roi Arthur », « Casino Royale » et « Le choc des Titans ». Il n’est jamais aisé de se voir confier un rôle sans la moindre once de dialogues, car l’acteur doit tout reporter sur le regard, l’attitude, la gestuelle. Mikkelsen s’en sort bien, même si son jeu a forcément tendance à se répéter tout au long du film. Aussi honorable que puisse être sa prestation, elle ne restera pas aussi mémorable que la performance de Tom Hardy dans « Bronson ». A la décharge de Mikkelsen, son personnage demeure trop énigmatique, mais la faute en revient au réalisateur. One Eye est-il une incarnation d’Odin venue sur Terre ? Est-il une sorte de Christ rédempteur ? Ou simplement un homme dont la clairvoyance donne un but à son existence ? Peut-être un mélange de tout cela. A force d’hésitations dans la manière d’aborder son film, à se demander quelle ligne directrice lui donner, Winding Refn s’est peut-être noyé dans un « trop plein » de références. Alors, effectivement, il est parvenu une fois encore à prendre son public à contre-pied, et à proposer une œuvre personnelle et qui parvient à être originale malgré toutes ces références. « Valhalla Rising » possède les atouts nécessaires pour séduire un certain public et les ingrédients, également, pour en agacer un autre. Chef d’œuvre ou gros plantage ? Il est peut-être encore trop tôt pour le dire. En ce qui me concerne, je trouve que « Valhalla Rising » est un film raté qui mérite pourtant d’être vu ; un constat paradoxal qui résume en quelque sorte la complexité de Nicolas Winding Refn.
Fiche DVD :
Valhalla Rising – Wild Side
Région : Zone 2 PAL
Editeur : Wild Side
Pays : France
Sortie film : 10 mars 2010
Sortie dvd : 28 juillet 2010
Durée : 89 minutes
Image : 2.35 – 16/9e compatible 4/3
Audio : Anglais DTS 5.1 et Dolby Digital 2.0, Français Dolby Digital 5.1
Bonus :
- « L’enfer d’Odin », entretien avec Nicolas Winding Refn et Mads Mikkelsen (VOSTF, 26 mn 37 sec)
- bande-annonce française
- galerie de photos
- liens internet
- crédits
Commentaire : Que l’on aime ou non le film, il sera difficile de faire des reproches à cette édition dvd, qui restitue à la perfection l’expérience visuelle et sonore qui nous est offerte. Quitte à être convié à un trip sensoriel, autant que cela se fasse dans les meilleures conditions, et pour cela on peut toujours faire confiance à Wild Side. Après, peu importe la portée du discours de Refn, qu’on sera autant en droit de trouver génial ou fumeux. Esthétiquement, le film est une réussite, la bande son est surprenante, s’accordant avec la beauté sauvage des décors dans une osmose qui force le respect. Techniquement, les versions proposées, anglaise et française, sont irréprochables, et l’image est somptueuse. Les contrastes entre les couleurs froides et les tons plus chauds (sans parler de l’utilisation des filtres rouges pour identifier la clairvoyance du héros) sont parfaitement restitués, et la musique des deux Peter (Kyed Larsen et Schneidermann, ce dernier étant l’auteur des B.O. des trois « Pusher ») prend la forme d’une entité organique.
Au niveau des bonus, seul l’entretien avec le réalisateur et l’acteur principal constitue un réel intérêt. On pourra regretter que Mads Mikkelsen soit aussi peu loquace (peut-être était-il encore imprégné de son personnage). Nicolas Winding Refn se montre quant à lui plus disert, dans la continuité de son discours qui faisait suite à « Bronson ». Le metteur en scène apporte des éclairages intéressants, sinon essentiels, sur la genèse du film, et sa mise en œuvre. Toutefois, un film comme « Valhalla Rising », que l’on est en droit de trouver opaque et hermétique, aurait mérité un commentaire audio. Un apport presque nécessaire qui aurait permis au spectateur d’avoir des réponses aux nombreuses questions que le film soulève.
Note : 8/10 |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Dim Juil 18, 2010 6:51 pm Sujet du message: |
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Bravo flintos, ta critique est superbe !
Je ne suis pas d'accord avec le fait qu'on puisse parler de film raté, mais en fait je suis globalement d'accord donc d'accord tout court quoi.
D'accord aussi sur le fait qu'il faille mieux attendre que le temps fasse son oeuvre pour bien juger ce film qui à mon avis peut autant surprendre que décevoir lors d'une seconde vision. (Une seconde vision que je ne tarderai pas à me faire dans des conditions plus casanières). _________________
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Jeu Juil 22, 2010 4:04 pm Sujet du message: |
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Revu hier soir. J'aime définitivement beaucoup ce film qui a sur moi un grand pouvoir hypnotique. A le revoir et sachant à quoi m'attendre (ce qui n'était pas du tout le cas en projo), j'ai marché à 200%. Le plus étonnant là-dedans finalement, c'est la façon dont Winding Refn parvient à phagocyter des influences écrasantes pour livrer un film au final très homogène, personnel, tripant, planant sensoriel et surtout prenant de bout en bout.
Non, décidément perso j'aime beaucoup et comme il supporte largement une seconde vision, c'est définitif entre le film et moi. Tout simplement l'un des meilleurs films de 2009 !  _________________

Dernière édition par mallox le Jeu Juil 22, 2010 4:46 pm; édité 1 fois |
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Jeu Juil 22, 2010 4:46 pm Sujet du message: |
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A revoir, donc, avec des herbes de chez Ducros.  |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Jeu Juil 22, 2010 4:47 pm Sujet du message: |
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flint a écrit: | A revoir, donc, avec des herbes de chez Ducros.  |
Comment tu sais que je suis allé acheter de la beuh pour juillet/août ?!  _________________
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The Hard 99 % irradié


Inscrit le: 17 Fév 2005 Messages: 1132
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Posté le: Jeu Juil 22, 2010 4:49 pm Sujet du message: |
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flint a écrit: | A revoir, donc, avec des herbes de chez Ducros.  |
Encore un film à rajouter à ma liste des films à herbier ?
Je vous dis ça demain matin, ou dans la nuit...
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Valor Psycho-cop


Inscrit le: 22 Fév 2007 Messages: 4497 Localisation: Vanves
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Posté le: Jeu Juil 22, 2010 8:27 pm Sujet du message: |
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mallox a écrit: |  |
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Jeu Juil 22, 2010 8:47 pm Sujet du message: |
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"Valhalla Rising" vu par Mallox après absorption d'herbes qui font rire :
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Ven Juil 23, 2010 8:46 am Sujet du message: |
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N'empêche, je ne veux pas pousser au vice mais le film s'accommode parfaitement d'un bon petit bonk bong. à bon(s) entendeur(s)...  _________________
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