[M] [Critique] Don Cesare di Bazan

 
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sigtuna
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MessagePosté le: Lun Juin 07, 2010 2:00 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Don Cesare di Bazan Répondre en citant



Don César de Bazan (Don Cesare di Bazan)
Italie – 1942
Réalisation : Riccardo Freda
Avec : Gino Cervi, Anneliese Uhlig, Enrico Glori, Paolo Stoppa, Enzo Biliotti, Giovanni Grasso, un couple de nains
Genre : Cape & épées
Accroche : Peppone meets Velázquez



Barcelone, 1650 - Dans une vaste auberge de la ville, des officiers, de retour des Flandres, fêtent bruyamment l'un des leurs, Don César de Bazan (Gino Cervi) "le plus héroïque soldat d'Espagne". A l'étage de cette même auberge, dans une pièce privée, des conspirateurs préparent l'insurrection de la Catalogne. Leur chef, le Vicomte de Beaumont (Enrico Glori), ambassadeur de France en Espagne, leur annonce l'arrivée de poudre et d'armes fournies par la France, mais il leur propose aussi un plan plus subtil : enlever le roi d'Espagne, préalablement attiré hors de la Cour par un appât féminin qu'il leur présente (Anneliese Uhlig). Pendant ce temps, Don César provoque un esclandre avec des soldats de la garnison, en prenant la défense d'un jeune valet d'armes. Arrivé entretemps, Renée Duras (la jeune femme impliquée dans le complot), prend aussi la défense du garçon, mais l'intervention du Vicomte de Beaumont permet de ramener le calme. Don César reconnaît en ce dernier un valeureux adversaire lors de la campagne des Flandres, et le Vicomte lui apprend qu'en Espagne les duels sont désormais punis de mort. Le soir, Don César est rejoint par son valet (Paolo Stoppa) qui lui apprend qu'il a découvert par "inadvertance" que les barils de vin de Champagne, embarqués dans le navire qui les a ramenés des Flandres, contiennent en fait de la poudre à fusil...



« Don Cesare di Bazan » est le premier film de Riccardo Freda, et pour un coup d'essai c'est sans aucun doute un coup de maître, salué unanimement par la critique de l'époque qui s'étonna d'ailleurs que ce film fut le fait d'un débutant. Les détracteurs de Freda pourront d'ailleurs dire que le maître ne fit aucun progrès par la suite, car tout ce qui fait sa patte est là : des images superbes, avec une caméra statique mais un cadrage pensé en amont, pour faire ressortir la beauté plastique des scènes et des décors ; et, à l'inverse, une direction d'acteurs parfois en roue libre, ce qui pour ce film ne sera pas gênant car la distribution est expérimentée et talentueuse.
Tout cela n'est pas surprenant, car si Freda débutait alors dans la réalisation, cela faisait un moment qu'il œuvrait dans le milieu cinématographique en tant que scénariste.
Quoique non crédité au générique, Freda participa d'ailleurs à l'adaptation de cette obscure pièce française du 19e inspirée du Ruy Blas de Victor Hugo ; il le fît au coté du futur scénariste "officiel" du néoréalisme : Cesare Zavattini.



Dans le rôle titre, la présence de Gino Cervi, grande vedette du cinéma italien d'alors, peut paraître assez surprenante tant son physique puissant, pour ne pas dire lourd, semble mal adapté au rôle d'un jeune premier de film d'action, à la fois bretteur et séducteur. Mais si au départ il peut paraître déguisé dans sa tenue de mousquetaire, sa truculence et sa présence naturelle finissent par emporter l'adhésion du spectateur.
Dans le rôle du méchant, raffiné mais perfide, Enrico Glori est excellent et porte la perruque blonde avec plus de naturel que Gino Cervi. Moins connu que ce dernier, il n'en eut pas moins une carrière bien remplie, partagée entre la France et l'Italie. Ses débuts au cinéma furent particulièrement atypiques : correspondant en France pour des journaux italiens, c'est par amitié pour le réalisateur français Pierre Chenal qu'il joua dans un film de ce dernier. Il n'arrêta alors plus de tourner jusqu'à sa mort, en France et dans son pays natal, se spécialisant dans les rôles de "méchants" issus d'un milieu social aisé. Il mourut en plein tournage d'une adaptation italienne de Maigret qu'il jouait au côté de son fils, et de Gino Cervi dans le rôle titre.



Premier rôle féminin de ce film, l'allemande Anneliese Uhlig, dont la beauté sévère est ici magnifiée par la caméra de Riccardo Freda, eut une carrière plus surprenante encore. Enfant de la balle, elle débuta sous les caméras de Carmine Gallone (réalisateur symbole du cinéma fasciste, qui commit dans les années 60 des épisodes de Don Camillo avec Gino Cervi) mais à Berlin, et en langue allemande. Elle devînt rapidement une vedette populaire, tournant essentiellement dans des films policiers et des films de propagande nazie. Popularité accrue par sa participation active dès le début du second conflit mondial aux tournées de soutien aux victorieuses troupes du Reich. Mais en 1942, Anneliese Uhlig entra en conflit avec Joseph Goebbels (comprendre : l'actrice refusa de devenir une de ses maîtresses) et dut s'exiler chez l'allié italien. Elle tourna alors, entre 1942 et 1944, essentiellement des films en costumes, et exerça parallèlement un travail d'interprète auprès de la famille de Benito Mussolini. De retour en Allemagne, après la seconde guerre mondiale, elle sut rebondir (comme tous les gens d'une grande élasticité morale et idéologique), malgré ce lourd passif, en entrant dans les services cinématographiques... de propagande américaine en langue allemande, pour lesquels elle produisit et réalisa des courts métrages. Elle épousa même, en secondes noces, un officier américain.



Mais plus que l'interprétation, c'est la beauté des images, et plus particulièrement des costumes et des décors, qui font de ce film une réussite. On a d'ailleurs peine à croire que les intérieurs de « Don Cesare di Bazan » furent entièrement réalisés en studio tellement ils sont réalistes. La référence plastique marquée du film est d'ailleurs la peinture de Velázquez, une référence sans doute un peu trop soulignée, avec la présence de nains tenant en laisse des Mastiffs, mais aussi d'un acteur jouant le rôle complètement superfétatoire du peintre.
On passera aisément sur ces défauts mineurs et sur la relative brièveté du métrage.



Vingt ans plus tard, Riccardo Freda réalisera ce qui sera son chant du signe, "Sept épées pour le Roi", à partir d'un pitch identique (mais pour un résultat totalement différent), avant de s'enfoncer dans la médiocrité.



6,5/8 pour ce "Don Cesare di Bazan" de bonne cuvée



Dernière édition par sigtuna le Mar Juin 08, 2010 9:54 am; édité 2 fois
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mallox
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MessagePosté le: Lun Juin 07, 2010 6:08 pm    Sujet du message: Répondre en citant

ça a l'air bien. Belle critique. icon_wink

J'ai trouvé ça... même si elle tire une drôle de gueule à sa fenêtre. frank_PDT_10


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sigtuna
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MessagePosté le: Mar Juin 08, 2010 6:42 am    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:
elle tire une drôle de gueule à sa fenêtre. frank_PDT_10

Par contre Cervi a subit un régime drastique ico_mrgreen
Sinon je la trouve pas mal cette affiche, plus représentative du film en tous cas.

Détail amusant (enfin icon_confused), dans la VF (plutôt raté) le "méchant" ambassadeur français devient ambassadeur de.... Gênes et se nomme d'ailleurs le Vicomte de Livourne. Le chevalier de San Remo était lui retenu au consulat de Milan. frank_PDT_01
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rémo
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MessagePosté le: Sam Sep 04, 2010 4:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Vu dans la très bonne édition de M6,le film souffre quand même de l'interprétation de Gino Cervi qui n'est quand même pas tyrone power ni même brett halsey,je préfère les freda ultérieurs celui-ci souffre aussi des contingences de l'époque ,les scènes d'action en accéléré par exemple;A voir tout de même comme film commercial représentatif de l'époque.4/8
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sigtuna
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MessagePosté le: Lun Sep 06, 2010 7:10 am    Sujet du message: Répondre en citant

rémo a écrit:
le film souffre quand même de l'interprétation de Gino Cervi qui n'est quand même pas tyrone power ni même brett halsey

C'est pas Hashley plutôt ico_mrgreen (private joke flintienne)

C'est vrai que Cervi est à contre emploi et qu'il n'a jamais joué dans la subtilité mais ça reste un excellent acteur quand il veut s'en donner la peine (ce qui est le cas ici) à l'image d'un Raimu ou un Harry Baur (pour tracer un parallèle avec des contemporains soufrant de la même tendance à parfois en faire trop), contrairement à un Halsey totalement transparent.
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rémo
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MessagePosté le: Lun Sep 06, 2010 4:02 pm    Sujet du message: Répondre en citant

certes transparent mais au combien plus crédible dans le rôle du héros bondissant que gino cervi bien meilleur comédien mais peu à son avantage dans cet emploi!!

Dernière édition par rémo le Mar Sep 07, 2010 12:41 pm; édité 1 fois
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sigtuna
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MessagePosté le: Mar Sep 07, 2010 8:04 am    Sujet du message: Répondre en citant

En gros nous somme d'accord icon_wink
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flint
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MessagePosté le: Dim Jan 22, 2012 9:39 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Très bon spectacle, même si j'ai eu également un temps d'adaptation en voyant Gino Cervi avec une coiffure impossible. Tous les ingrédients ou presque du film de cape et d'épée sont présents : complot, héros valeureux (pas trop de cascades de la part de Cervi, néanmoins ), une Cour d'intrigants, un ignoble félon, quelques duels (pas assez, à mon goût) et une femme fatale. A ce propos, Anneliese Uhlig en impose vraiment, c'est une beauté à la Marlene Dietrich qui m'a laissé une belle impression.
Sinon, la duègne est particulièrement effrayante ! ico_mrgreen (en comparaison, Alice Sapritch dans "La folie des grandeurs" est un sex-symbol).
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sigtuna
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MessagePosté le: Lun Jan 23, 2012 10:36 am    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
Gino Cervi avec une coiffure impossible.
ico_mrgreen
Gino Cervi peut tout porter (c'est pas Brett Halsey qui peut en dire autant) new_diable
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