flint Super héros Toxic


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Posté le: Mar Fév 01, 2011 8:17 am Sujet du message: [M] [Critique] Blackaria |
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mallox le 16 janvier 2010 a écrit: | Blackaria, un giallo français
On le doit au duo François Gaillard et Christophe Robin, deux passionnés du genre, se revendiquant moins de Dario Argento et ses "Frissons de l'angoisse" que de Lucio Fulci et son "Venin de la peur"...
Conçu à l'origine comme une anthologie du genre, avec 3 histoires différentes, le projet s'est vu remanié pour n'en faire plus qu'une.
Blackaria - 2009
Réalisé par François Gaillard, Christophe Robin
Avec Clara Vallet, Aurélie Godefroy, Julie Baron...
Scénario de François Gaillard
Maquillages & effets spéciaux : David Sherrer
Produit par School Out Pictures
Récompenses :
- Prix de Bronze Compétition Officielle au Festival International du Film d'Horreur de Sainte-Maxime 2009
Synopsis :
Angela, une charmante jeune femme, est dérangée par la musique de ses voisines du dessus. Alors qu’elle va leur demander de baisser le son, elle est invitée à participer à une petite orgie par la maîtresse des lieux : Anna Maria. Angela refuse mais reste troublée par les avances de cette mystérieuse femme et commence à avoir des visions d’horreur. Peu de temps après, elle retrouve Anna Marie sauvagement assassinée dans son appartement. Angela trouve une sorte de boule de cristal, qui lui permet de voir l’avenir. Elle décide de fuir avec l’objet.
* Interview de François Gaillard sur shunrize :
* Blackaria sur facebook :
* Le Trailer : ICI |

Blackaria
Genre : Giallo, Gore, Erotique
Année : 2009
Pays d’origine : France
Réalisateurs : Christophe Robin et François Gaillard
Casting : Clara Vallet, Anna Naigeon, Aurélie Godefroy, Frédéric Sassine, Michel Coste, Julie Baron …

Angela est une ravissante jeune femme qui vit seule dans un appartement. Une nuit, elle est perturbée par le bruit que fait l’une de ses voisines de palier. Elle décide d’aller voir ce qui se passe, et se retrouve nez-à-nez avec la voisine en question, qui lui a ouvert la porte à moitié nue. Celle-ci, Anna Maria, au délicieux accent roumain, tente de l’attirer au cœur de cette agitation. Angela se retrouve ainsi en plein milieu d’une partouze. A la fois fascinée et effrayée, elle s’enfuit, sans toutefois dissimuler son trouble à sa voisine. Cet événement va complètement perturber Angela, aussi bien dans la réalité que dans son subconscient. Elle en fait part à son ami psychiatre, qui est secrètement amoureux d’elle.

Peu de temps après, obnubilée par les rêves saphiques accaparant son sommeil, Angela se rend à nouveau chez la mystérieuse et envoutante roumaine. Mais cette dernière a été sauvagement assassinée. Dans sa panique, la jeune femme renverse une boule de cristal qui se brise en plusieurs morceaux. Blessée à la suite de cette maladresse, Angela se rend compte qu’en regardant à travers un fragment du cristal, elle peut voir une réalité déformée. Ou plus exactement, elle a la possibilité de voir dans un avenir proche.
Elle ramasse alors les éclats de verre, et se rend le lendemain chez un opticien afin de se faire fabriquer une paire de lunettes avec les fragments. Avec l’aide de cet artefact, peut-être pourra-t-elle ainsi échapper à l’étrange femme vêtue de rouge emportée dans une spirale meurtrière, et dont la folie n’a d’égale que la cruauté de ses meurtres.

Le cinéma de genre francophone connaît ces derniers temps un regain d’intérêt pour le giallo. Un fait plutôt inattendu quand on sait que le thriller transalpin, après un âge d’or situé entre le milieu des années 1960 et le milieu des années 1970, commença doucement mais sûrement à décliner, malgré quelques bonnes œuvres tardives.
Mais à la fin des années 2000, on n’aurait pas forcément misé sur un retour du giallo, encore moins par l’entremise de jeunes cinéastes belges ou français. C’est pourtant bien ce qui s’est passé, et avec des styles totalement différents, le tandem Hélène Cattet/Bruno Forzani a accouché d’un « Amer » pour le moins atypique, pendant que Marc Dray concoctait, avec « Il gatto dal viso d’uomo », un giallo non moins étrange. Et 2009 aura aussi été l’année de « Blackaria », un thriller horrifique qui se démarque lui aussi des deux films précédemment cités.

François Gaillard adore le cinéma bis, et il ne s’en cache pas. C’est un passionné, et ses influences sont nombreuses. A l’origine un court-métrage de 26 minutes, « Blackaria » ne découle pourtant pas d’un ou plusieurs films proprement dits, mais plutôt de la lecture d’une bande-dessinée qui connut pas mal de succès dans les années 70/80 : « Il est minuit l’heure des sorcières ». C’était l’époque de ces BD au format poche éditées par Aredit/Artima, aux noms évocateurs comme « Le manoir des fantômes », « Eclipso », « Spectral » ou « Le fils de Satan ». C’est donc de là que provient cette histoire de lunettes fabriquées à partir d’une boule de cristal. Autour de ce pitch un peu maigre, il faut bien l’avouer, François Gaillard va étoffer son histoire en piochant allègrement parmi ses réalisateurs attitrés, qui vont des grands maîtres Mario Bava, Dario Argento et Lucio Fulci (ce dernier étant LA référence de Gaillard), en passant par d’autres cinéastes majeurs tels Brian De Palma et Roman Polanski (l’ouverture sur l’œil de l’héroïne, puis les bras surgissant du mur étant un hommage à « Répulsion »). Enfin, le look de la tueuse est repris à celui de Marina Malfatti dans « La dame rouge tue sept fois », d’Emilio Miraglia.

Afin de passer d’un court à un long métrage, « Blackaria » a forcément connu quelques bouleversements dans le scénario, l’un des principaux étant le rajout du personnage d’Angela, alors que dans la première version du film, l’héroïne était la tueuse. Cela étant, à la vision de cette version définitive de « Blackaria », il apparaît que les trois principaux personnages féminins ont un temps de présence presque égal, l’utilisation importante de flashbacks permettant de compenser l’apparition tardive de la tueuse ainsi que la mort prématurée d’Anna Maria.
A propos de cette dernière, on peut adresser un coup de chapeau à Anna Naigeon, qui est à la base directrice de la photo, et qui s’est vue un peu par hasard se dédoubler en actrice pour les besoins du film. Et elle s’en tire fort bien, au même titre que ses deux partenaires, Clara Vallet et Aurélie Godefroy, celle-ci faisant preuve d’un jeu expressionniste admirable d’autant plus qu’elle n’a pas une ligne de texte. Tout passe donc par le regard, la gestuelle, secondée par des maquillages efficaces et des jeux de lumière maîtrisés. Aurélie Godefroy, dans « Blackaria », c’est un croisement improbable entre Marilyn Manson et le Petit Chaperon rouge.

On n’en dira pas autant du casting masculin, réduit essentiellement au psychiatre amoureux un peu benêt, et le flic à la sucette qui nous la refait Kojak.
C’est l’un des points faibles du film, ajouté à un montage un peu déroutant mais auquel on finit par s’habituer. Présenté comme une œuvre sulfureuse érotique et gore, « Blackaria » verse finalement plus dans l’horreur, grâce au travail de David Scherer, que dans l’érotisme qui demeure assez soft. Pas de nudité intégrale, mais quelques très jolies poitrines exposées, et surtout une excellente scène onirique et saphique dans un ascenseur, certainement l’un des moments forts du film. François Gaillard prouve aussi, par l’entremise d’une scène en split-screen, qu’il a bien retenu les leçons de Brian De Palma. Ne négligeons pas pour autant l’importance de Christophe Robin, chargé de la direction d’acteurs, et qui a su mettre au diapason son trio d’actrices.
« Blackaria », malgré ses défauts, laisse entrevoir de réelles possibilités chez les deux réalisateurs, et l’on attend avec impatience leur prochain opus, « Last Caress », dans lequel on retrouvera les trois mêmes actrices principales. En espérant qu’avec le temps, François Gaillard parviendra à se défaire progressivement de ses différentes sources d’inspiration, parfois trop évidentes et marquées dans « Blackaria », afin de personnaliser son style.

Fiche dvd -
Blackaria – Le Chat qui Fume
Editeur : Le Chat qui Fume
Pays : France
Sortie film : non (direct to video)
Sortie dvd : 2 novembre 2010
Durée : 72 minutes
Image : 16/9
Audio : Stéréo
Langues : français
Sous-titres : non

Bonus :
- Commentaire audio des réalisateurs
- Interview Christophe Robin & François Gaillard (31mn)
- Interview Anna Naigeon et Aurélie Godefroy (13mn)
- Interview Clara Vallet (7mn30)
- Interview Double Dragon (10mn)
- Court métrage All Murder, All Fun, All Guts (28mn)
- Court métrage Under the Blade (4mn20)
- Extraits Welcome to my Nightmare (18mn30)
- Trailer Welcome to my Nightmare (1mn40)
- Scène de la première version de Blackaria (1mn)
- Bande-annonce 3 Hits from Hell (2mn30)
- Bande-annonce Blackaria (1mn50)
- Bandes-annonces éditeur (Ouvert 24/7, L’arrière train sifflera trois fois, Last Caress)
CD BONUS
La musique du film composée par Double Dragon dans son intégralité, comprenant le titre inédit « Misery » (50mn14)

Commentaire : Quels reproches pourrait-on décemment adresser à un éditeur indépendant prenant le risque de commercialiser un film réalisé par deux inconnus, par le biais d’un dvd contenant en plus du film environ deux heures de bonus (sans compter le commentaire audio) et un CD supplémentaire englobant la bande originale ? Non, on ne peut que le féliciter, et admirer le résultat. A écouter les différentes interviews, et à découvrir les travaux antérieurs de François Gaillard, on apprend à mieux connaître ce petit groupe, et comprendre comment la passion, de Gaillard avant tout, pour le cinéma de genre en général et le giallo en particulier a fini par déboucher dans une parfaite logique sur ce « Blackaria ».

Les influences de François Gaillard apparaissent évidentes dès ses premiers courts-métrages. L’énucléation de « Under the Blade » est manifestement un clin d’œil (sans jeu de mots) à Olga Karlatos dans « L’enfer des zombies ». Les filtres de couleurs utilisés dans « All Murder, All Fun, All Guts » renvoient bien sûr au cinéma de Mario Bava ; et l’empreinte de Fulci est encore omniprésente, entre la plongée de l’héroïne dans le vide de ses souvenirs (« Le venin de la peur ») et la montre-gousset jouant de la musique (« L’emmurée vivante »). Quant au film « inachevé » du réalisateur, « Welcome to my Nightmare », il apparaît par instants comme un brouillon du futur « Blackaria », où l’on retrouve déjà l’influence de Brian De Palma lors d’une séquence de meurtre par télékinésie évoquant « Furie ». D’ailleurs, l’extrait proposé de la première version de « Blackaria », mettant en lice un tueur habillé comme le tueur de « Six femmes pour l’assassin », qui s’acharne à coups de rasoir sur une jeune femme dans un ascenseur, rappelle l’exécution sauvage d’Angie Dickinson dans « Pulsions ».

En dehors des interviews des trois actrices principales, particulièrement intéressantes, on réalise que celle mettant en lice le duo Gaillard/Robin fait de temps à autres double emploi avec le commentaire audio animé par les deux mêmes réalisateurs. Quelques redites, mais rien de bien méchant, on constatera néanmoins que Christophe Robin se montre très discret, sinon effacé, au contraire de François Gaillard, particulièrement volubile. Le tandem fait du coup penser, par certains côtés, à Jay et Silent Bob. Deux styles et caractères opposés, mais les deux garçons semblent l’un comme l’autre assez peu à l’aise dans l’exercice du commentaire audio. Pour en terminer avec cette pléthore de bonus, l’écoute du CD du groupe electro-pop Double Dragon s’avère plutôt agréable. On retiendra tout particulièrement les titres « Blood Murder », « Dragon Fly » et « Misery », très accrocheurs, et qui évoquent parfois certains groupes qui fleurirent à une époque au sein du label mythique 4AD.
Note : 10/10
Dernière édition par flint le Mar Fév 01, 2011 3:56 pm; édité 2 fois |
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