La montagne blanche (Bílá hora)

[sigtuna]

La montagne blanche (Bílá hora)
Tchécoslovaquie/ Autriche/ France (1960)
Réalisation : Dubna Bláznů
Avec : Milos Treský, Gerard Barray, Karel Fisch, Václav Rybar, Louis De Funès, Dubna Bláznů, Wolfgang Bolondok, Mercedes d’Avril
Genre : Historique, Cape et épée
AKA Bílá hora
Accroche : Fufu général belge

Prague 1618, la noblesse tchèque protestante lassé de la politique trop pro catholique du nouvel empereur Ferdinand II se révolte, défenestrant le gouverneur de Bohême. Le mercenaire luthérien Ernst Von Mansfeld prend le commandement des forces tchèques révoltés. Mais après quelques revers initiaux le camp catholique s’organise avec l’arrivée des troupes impériales à la têtes desquelles se trouvent 2 généraux Wallons : Tilly et Bucquoy…


Ce film narrant les débuts de la guerre de 30 ans (de la 2nde défenestration de Prague à l’écrasante victoire impériale de la montagne blanche) vaut surtout par son statut de curiosité lié à son casting. En effet le film bien qu’étant une coproduction française ne sortit jamais en France, car la société hexagonale qui le coproduisit fit faillite juste après le tournage, à la veille de la postsynchronisation dans la langue de J F Coppé (qui n’aura donc jamais lieu). En tous cas si l’on en croit Gérard Barray dans ses mémoires (« un petit poisson parmi les requins » Plomb 1991). D’après Barray (dont l’autobiographie pleine d’aigreurs et peu avare d’anecdotes assez crapoteuses, n’est pas réputée très fiable) l’industriel français Raymond D’avril, propriétaire de Sardinerie travaillant pour l’Europe centrale, aurait cofinancé ce film dans le but de lancer la carrière de son épouse Mercedes (une ex stripteaseuse d’origine cubaine). D’où la présence au générique, outre Mercedes, de deux acteurs français, alors peu connu : Barray dans le rôle de Tilly, et De Funes dans celui de Bucquoy.

Si Barray n’as pas de grand souvenir du tournage, il est par contre très disert sur de Funès, qui à le lire serait un individu imbuvable et totalement méprisable. Je cite « Le soir du second jour du tournage Louis avait disparu de l’hôtel (un palace au centre de Prague) ou nous (les français) étions logés, on appris le lendemain matin qu’il avait trouvé refuge à l’ambassade de France, la peur d’être victime d’une rafle bolchevique l’empêchant de dormir hors du territoire français ». Je cite encore « De toute mon existence, De Funès est sans le moindre doute le type le moins drôle et le plus sinistre que j’ai jamais rencontré. Je tournerais à nouveau avec lui 2 ans plus tard dans un film avec Jean Marais ; un sacré fêtard d’ailleurs le Jeannot, n’hésitant pas à faire preuve d’autodérision, je me rappellerais toujours la fois où complètement bourré, à la fin d’un repas très arrosé, il s’était coincé la bite dans une flûte à champagne. »

Si Barray est comme à son habitude transparent, il faut bien reconnaître que De Funès, peu à l’aise dans un rôle sérieux, semble totalement absent. Il est vrai que les entendre avec des voix tchèques qui ne sont pas les leurs n’aide pas à apprécier leurs jeux d’acteurs. En bref aucun des deux n’échappe au désastre artistique presque total que constitue ce film, considéré comme l’un des pires du cinéma tchèque (avec le fameux « la métamorphose poissonnière » une parodie de la nouvelle de Kafka). Je n’entrerais pas dans les détails, mais disons que tout est raté, de la mise en scène à l’interprétation en passant par la musique. Enfin bref il n’y a rien à sauver du naufrage sauf peut être la scène de combat naval sur la Vlatva. Il va sans dire que la carrière d’actrice de Mercedes D’avril s’arrêta, tout comme la carrière de producteur de son mari, avec ce film. Là je cite à nouveau Barray : « Je ne pensais pas alors que je la croiserais 20 ans plus tard tenancière d’un bordel catalan ».

Sorti le 31 mars 1960, uniquement en République Tchèque et en Autriche « Bílá hora » détiendrait le record du plus court passage en salle puisqu’il fut retiré de l’affiche le lendemain. Ce film dont De Funès cacha soigneusement l’existence dans sa pléthorique filmographie mérite t-il l’opprobre et l’oubli dans lequel il est plongé depuis plus de 50 ans ? Et bien il me coûte de le dire mais oui, 2/10.

[flint]

J'ignorais complètement l'existence de ce film ! J'ai revu il n'y a pas longtemps "Le Capitaine Fracasse", avec, donc, Gérard Barray et De Funès.
Enfin, comme toi, je ne prendrais pas tout ce que raconte Barray comme argent comptant. J'ai l'impression qu'il a toujours vécu dans l'ombre de Jean Marais, et qu'il a eu du mal à le supporter. Mais n'est pas Jean Marais qui veut...


Edit : maintenant que je regarde les captures, on dirait qu'elles viennent du "Capitaine Fracasse". Sigtuna aurait-il mijoté un poisson d'avril avant l'heure ?

[sigtuna]

[Bigbonn]

[sigtuna]

Il faut bien compenser le 32 mai.

[Bigbonn]

Enfin lue cette brillante critique et quel plaisir de découvrir un film trop méconnu.
J'aime bien cette anecdote:

[sigtuna]