[M] [Critique] L'Ile du Docteur Moreau

[flint]

L’Ile du Docteur Moreau – 1977
(The Island of Dr Moreau)

Origine : Etats-Unis
Genre : fantastique

Réalisé par Don Taylor
Avec Burt Lancaster, Michael York, Nigel Davenport, Barbara Carrera


Andrew Braddock, officier mécanicien sur un navire ayant sombré, échoue sur une île après avoir dérivé pendant plus de deux semaines. Epuisé par ce naufrage, il s’enfonce dans la jungle avec un autre marin particulièrement mal en point. Après avoir laissé le blessé près d’un arbre, Braddock part en quête d’un hypothétique secours, ou tout du moins à la recherche d’eau potable. Ayant le sentiment d’être épié, il se met à fuir un ennemi invisible avant de tomber dans un piège et perdre rapidement conscience. Il se réveille dans un lit, au beau milieu d’une propriété de type colonial, domaine appartenant à un certain Docteur Moreau, qui vit depuis onze ans dans cette île du Pacifique en compagnie de Montgomery, un ancien mercenaire, et de Maria, une jeune femme magnifique que le scientifique arracha autrefois d’un bordel sordide. Andrew apprend que son compagnon de fortune est décédé, que très peu de bateaux viennent accoster sur l’île, et qu’il est préférable de ne pas s’y aventurer la nuit. Le voilà contraint et forcé de cohabiter avec les trois occupants des lieux, plus quelques domestiques présentant quelques singularités physiques inhabituelles. Peu à peu, devant la curiosité de l’officier mécanicien, Moreau explique que ses études l’ont poussé très tôt vers la génétique. Malgré tout, le scientifique ne paraît guère disposé à en dire plus sur ses travaux. Jusqu’au jour où Braddock explore un bâtiment renfermant un laboratoire de recherches. Il finit par apprendre que le Docteur Moreau se livre à des expériences visant à transformer les animaux en êtres humains.



Le thème du scientifique se prenant pour Dieu est incontournable dans le cinéma fantastique. Après l’indétrônable « Frankenstein » de Mary Shelley, c’est peut-être « L’Ile du Docteur Moreau », écrit par Herbert George Welles en 1896, qui a connu le plus d’adaptations pour le grand écran. Parmi les plus fameuses, on peut citer, par ordre chronologique, « Island of Lost Souls » (Erle C. Kenton, 1932), qui réunissait Charles Laughton et Bela Lugosi ; « Terror is a Man » (Gerardo de Leon, 1959) ; ou encore « The Twilight People (Eddie Romero, 1973), dans lequel on pouvait apercevoir Pam Grier. On a pu également trouver en maintes occasions des scientifiques passablement allumés, et qui présentaient des caractéristiques similaires au personnage de Moreau, comme par exemple dans « Atlantis Terre engloutie » (George Pal, 1961) ou encore « Le Continent des Hommes-Poissons » (Sergio Martino, 1979). Curieusement, il aura fallu attendre 1977 pour avoir un film reprenant le titre même de l’œuvre de Welles, par le biais de Don Taylor. Et presque vingt années plus tard, c’est John Frankenheimer qui livrera aussi sa version de « L’Ile du Docteur Moreau » (en 1996), avec Marlon Brando et Val Kilmer.

L’opus de Don Taylor réunit lui aussi un joli duo de stars, à savoir Burt Lancaster (alors âgé de soixante trois ans), et Michael York, qui sortait juste du tournage de « L’Age de Cristal ». A leurs côtés, on retrouve Nigel Davenport (« Phase IV »), et puis la superbe Barbara Carrera, qui avait tourné l’année précédente avec Rock Hudson dans un film qui traitait déjà de manipulations génétiques : « Embryo ».
Don Taylor, quant à lui, fut d’abord acteur au début de sa carrière dans le cinéma, avant de devenir réalisateur, essentiellement pour la télévision. C’est à la fin des années 1970 qu’il se fera remarquer des amateurs de fantastique, non seulement avec « L’Ile du Docteur Moreau », mais aussi grâce à « La Malédiction 2 » et « Nimitz, Retour vers l’Enfer ».



Sa version de « L’Ile du Docteur Moreau » propose un Burt Lancaster assez sobre, et à l’opposé des scientifiques fous auxquels les cinéphiles sont généralement habitués. L’acteur compose en effet un savant plutôt posé, presque affable, en tous cas sympathique, du moins jusqu’à ce qu’il perde le contrôle de ses expérimentations. Face à lui, Michael York, dans un rôle proche du candide, paraît presque transparent. Loin du héros aventureux et casse-cou, il subit les événements et tombe évidemment amoureux de Maria (Barbara Carrera). Cela nous vaut quelques scènes (tournées dans le cadre magnifique des Iles Vierges) proches du « Lagon Bleu », et qui ont tendance à ralentir l’intrigue. En fait, on peut dire que l’action est rare dans la première moitié du métrage. Le réalisateur s’attarde (un peu trop peut-être) à planter le décor et les personnages. Montgomery, dans cet opus de Taylor, n’est plus l’assistant de Moreau dans ses recherches, mais un ancien mercenaire dont la fonction se rapproche de celle d’un garde du corps. Le personnage de Maria demeure nébuleux, et c’est plutôt regrettable ; on aurait aimé que le réalisateur apporte plus de profondeur à l’unique élément féminin de ce film.

Heureusement, les événements s’enchaînent dans la seconde partie, laissant place aux créatures hybrides, mi-humaines, mi-animales, magnifiquement réalisées au niveau des maquillages. Tout le talent en revient à Thomas Burman (« Prophecy », « La Féline »), ainsi qu’au duo John Chambers/Dan Striepeke, qui avait auparavant officié sur les cinq volets de « La Planète des Singes ». La ressemblance de certaines des créatures de Moreau avec celles issues de la saga initiée en 1968 est d’ailleurs stupéfiante. La seconde réussite concerne les cascades animales, incroyablement réalistes. Le combat entre une créature hybride et un tigre, puis l’échappée finale des fauves de leurs cages, allant se jeter sur leurs proies, sont assurément des morceaux de bravoure. Pour un peu, on pourrait affirmer que l’entraîneur animalier a réussi la prouesse de faire des animaux les véritables vedettes du film, au détriment des acteurs. Notons enfin que les créatures mutantes de Moreau sont interprétées par des cascadeurs professionnels.



La partition musicale, enfin, a été composée par Laurence Rosenthal, à qui l’on doit notamment la bande originale du « Choc des Titans ».
Au final, cette version de « L’Ile du Docteur Moreau » est plutôt inégale, proposant une intrigue mettant du temps à se développer, peu spectaculaire durant toute la première moitié du film. Le jeu des acteurs reste un peu trop classique par rapport au sujet ; et de ce fait l’œuvre baigne trop rarement dans une atmosphère fantastique. Heureusement, quelques scènes spectaculaires sortent du lot, permettant à l’œuvre de Don Taylor d’être vue comme un spectacle agréable, même si un peu trop lisse, et auquel il manque indéniablement un brin de folie.

note : 7/10
accroche : L’île (presque) fantastique


Fiche DVD

[img]http://www.psychovision.net/films/images/stories/dvd/i/ile-du-docteur-moreau/jak.jpg
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Région : Zone 2

Editeur : Wild Side
Pays : France

Sortie film : 13 juillet 1977 (France)
Sortie dvd : 30 septembre 2008

Durée : 95 minutes
Image : 1.85 – 16/9e comp. 4/3
Audio : mono (pistes anglaise et française)

Langues : anglais, français
Sous-titres : français (imposés sur la V.O.)


Bonus :
- Présentation du film par Jean-Baptiste Thoret (15mn31)
- Portrait de Barbara Carrera par Christophe Lemaire (12mn41)
- Galerie de photos
- Bande-annonce américaine (2mn06)
- Filmographie de Don Taylor
- Liens Internet



Commentaire : L’éditeur nous propose un master restauré hautement appréciable au vu des nombreuses scènes sombres (jungle, grottes…) et nocturnes parsemant le film. Le résultat est très satisfaisant, tant au niveau de l’image que du son.
Au niveau des bonus, Wild Side a fait appel à deux « écoles » du journalisme très distinctes en matière de cinéma ; avec d’un côté Jean-Baptiste Thoret, plutôt académique et « 1er degré » ; et de l’autre Christophe Lemaire, débonnaire, passionné et comme toujours plein d’humour. Les deux interviews ont l’avantage d’être complémentaires, tant au niveau du film en lui-même que des anecdotes.



Note : 8/10

[flint]

J'en profite pour faire un parallèle (musical) avec ceci :

http://www.youtube.com/watch?v=V112pTo--Js&feature=related


Hasard ou pas, le tube de Cerrone date de 1977, la même année que le film de Don Taylor.

A part ça, j'avoue sans honte qu'à l'époque, le disque tournait inlassablement sur ma platine.


Once upon a time
Science opened up the door
We would feed the hungry fields
'Til they couldn't eat no more
But the potions that were made
Touched the creatures down below
And they grew up in a way
That we'd never seen before

Supernature, Supernature
Supernature, Supernature

They were angry with the man
'Cause he'd changed their way of life
And they take their sweet revenge
As they trample through the night
For a hundred miles or more
You could hear the people cry
But there is nothing you can do
Even God is on their side

Supernature, Supernature
Supernature, Supernature

Gods will break the ice, and throw it in the air
The creatures will decide who goes where

How can I explain?
Things are different today
Darkness all around, no one makes a sound
Such a sad affair, no one seems to care

Supernature, Supernature
Supernature, Supernature

Better watch out, there's no way to stop it now
You can't escape, it's too late
Look what you've done
There's no place that you can run
The monsters made, we must pay

Maybe nature has a plan
To control the ways of man
He must start from scratch again
Many battles must he win
'Til he earns his place on earth
Like the other creatures do
Will there be a happy end?
Now that all depends on you

Supernature, Supernature
Supernature, Supernature
Supernature, Supernature
Supernature, Supernature

[Camif]

Ah ! Mais moi je l'écoute encore Cerrone. :timide:

Sinon aucun souvenir du film, ou presque.Ma mémoire cerronne donc.
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"Du 2 au 22 mai, y avait pas loin" Mallox

[RuggeroPark]

C'est vrai que passée la première partie très plate, le film devient tout d'un coup agréable. Les maquillages sauvent parfois même le film. La version avec Laughton et Karlof avec 40 ans de plus a mieux vieillie je trouve.

[mallox]

Revu hier, la vision a été plutôt bénéfique. J'avais tenté de le voir lors d'un passage il y a plusiseurs mois sur M6 et le format pan & scan délavé et somme toute peu spectaculaire m'avait fait abandonner au bout d'1/4h. D'autant que j'en gardais un souvenir un peu chiant même enfant lors de diffs notamment pour "L'avenir du futur".
Il n'y a pas que les maquillages qui lorgnent sur "la planète des singes", et les 20 1eres minutes tentent de créer la même atmosphère que les astronautes débarqués du film de schaffner, avec des broussailles en mouvement et une musique de Laurence Rosenthal qui singe celle de Jerry Goldsmith. Flint a plutôt raison de dire que la 1ere partie a du mal à s'emballer. Don Tailor m'a toujours parut être un artisan à la mise en scène un peu trop inexpressive. Ceux que je préfère restent son western "5 hommes armés" et "Les évadés de la planète des singes". Nimitz m'a toujours ennuyé et Damien 2, je le trouve bien moyen.
Bref, c'est tout de même un spectacle plutôt chouette, grâce à ses maquillages et l'utilisation de certains acteurs dont Lancaster qui comme l'a dit Flint, est sobre, campant un savant 'humain' loin de l'exhubérance des Laughton ou Brando.
Si la mise en scène avait été aussi trépidante que dans son dernier quart d'heure, le film aurait été excellent. Hélas, ce n'est pas vraiment le cas.
Certaine scènes avec de vrais animaux sont elles aussi très efficaces. Inégal mais globalement pas mal.
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[The Omega Man]

Moi aussi j'aime beaucoup cette version qui m'avait beaucoup impressionné dans ma jeunesse (allez savoir pourquoi).

Vu les photos publiées à l'époque le parallèle musical de flint est des plus judicieux.

[flint]

Je ne sais pas où tu as pêché ces photos, mais elles sont formidablement kitsch ! Et Barbara Carrera est magnifique (Don Taylor aurait pu donner plus de"corps" au rôle tenu par l'actrice).

Merci pour ces superbes captures.

[The Omega Man]

On peut trouver ces captures sur les très nombreux sites spécialisé (il suffit de taper Barbara Carrera nude),il semblerait que cela vienne d'une séance de photos réalisée pour un magazine spécialisé de l'époque. Par contre la photo avec M. York sur le lit a longtemps été utilisée comme une photo du film.

[mallox]

Sacré Google !
En tout cas merci Omega pour ce gros Flash en quelques photos, chacune d'elles est plus hallucinante que l'autre. A côté Cerrone peut aller se rhabiller !

PSG: Y a t-il possibilité de mettre en ligne cette critique et fiche aujourd'hui ? Demain ce ne sera plus une avant-première. Ce ne serait pas un drame, mais ce serait dommage...
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[mallox]

http://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/410-ile-du-docteur-moreau-l

Merci Gregos.

Une superbe critique de moi-même, il convenait de le souligner !
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[flint]

Oui, je n'aurais pas fait mieux !

[Naughty Pussy]

J'ai trouvé magistrale le lien L'ile du Docteur Moreau à cet album de Cerrone. Les photos sont absolument magnifiques!

C'est bath Cerrone. J'écoute également cet album entre un album de Throbbing et de Psychic TV. ça passe très bien
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Yanna Raskala? Mind it!

[Kidam]

Moi je le trouve moyen ce film. Même Lancaster sobre semble étrangement fadasse. Y a pas de rythme, visuellement, hormis les maquillages, c'est terne, enfin bof quoi. 5/10

[mallox]

Le Making of promotionnel de L’île du docteur Moreau : On the Edge of Reality Un document rare, absent de toutes les éditions dvd présentes sur le marché
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