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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Lun Déc 21, 2009 9:46 am Sujet du message: [M] [Critique] Bronson |
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Bronson
Genre : Action, Drame
Année : 2008
Pays d’origine : Royaume-Uni
Réalisateur : Nicolas Winding Refn
Casting : Tom Hardy, Matt King, Kelly Adams, Katy Barker, Edward Bennett-Coles, Amanda Burton, James Lance…
1974, en Angleterre – Michael Peterson braque un bureau de poste, dérobe la bagatelle de 26 livres sterling, avant de se faire arrêter juste après son larcin. Jugé, il est condamné à sept ans de prison. Agé d’une vingtaine d’années, sans casier judiciaire, Peterson peut espérer une remise de peine. Mais au contraire, l’univers carcéral devient très vite son terrain de jeu, et même le théâtre de ses aspirations. Car Peterson éprouve un besoin considérable de reconnaissance. Ses poings constituent son art ; sa force, sa rage et un caractère obstinément asocial vont lui permettre d’accéder à son rêve : la célébrité…
Michael Gordon Peterson est désormais un héros du 7ème Art. Mais il est avant tout un personnage réel, né en 1952, et dont le surnom, Charles « Charlie » Bronson, lui sera trouvé en 1987 par l’organisateur de ses combats.
Marié très jeune, en 1970, Peterson a cumulé divers boulots en rapport avec ses aptitudes naturelles, comme briseur de chaînes, ou encore boxeur à mains nues. Après son incarcération à la suite du vol au bureau de poste de Little Sutton, Peterson verra sa peine rallongée pour des délits répétés à l’intérieur même de la prison. Cela comprend des actes de violence multiples sur des codétenus et des membres du personnel pénitentiaire, ainsi qu’une douzaine de prises d’otages (la plus célèbre étant celle de son professeur d’arts plastiques, relatée dans le film).
Depuis 1974, Peterson n’aura connu la liberté qu’environ quatre mois. Il a passé trente quatre années en prison, dont trente en isolement. Durant cette longue période, il a connu plusieurs dizaines de centres de détention et trois hôpitaux spécialisés. Celui qui est devenu le prisonnier le plus célèbre d’Angleterre se trouve actuellement dans la prison de Wakefield, qui accueille une bonne partie des détenus de « haute sécurité » du Royaume-Uni. Il n’est plus en contact avec le moindre prisonnier depuis dix ans. La justice l’a condamné à la perpétuité en 2000, bien qu’il n’ait jamais commis de meurtre, et qu’il ait été déclaré sain d’esprit. Depuis ces dix dernières années, Peterson, alias Charlie Bronson, a renoncé à la violence. Il a écrit des ouvrages de poésie, des pièces de théâtre, un guide des prisons, un autre de Fitness, et réalisé divers dessins et esquisses. Ses œuvres ont été publiées. D’une certaine manière, Bronson a réalisé son rêve : devenir célèbre, après avoir été le détenu le plus renommé du pays.
Avec un tel background, il n’est guère étonnant qu’un cinéaste se soit penché sur l’histoire de cet homme pour le moins atypique. Chacun sera en droit de trouver le personnage fascinant ou pathétique. Toujours est-il que ses actes ne peuvent laisser indifférents. On pourrait considérer Bronson uniquement comme une brute épaisse sans cervelle. Mais que penser d’un type qui, à la suite d’une de ses nombreuses prises d’otage au sein même d’une prison, demanda comme rançon une poupée gonflable avec une tasse de thé ?
Finalement, c’est le réalisateur danois Nicolas Winding Refn (la trilogie « Pusher », « Fear X », « Valhalla Rising ») qui s’y colle. Il était pourtant occupé à la pré-production de « Valhalla Rising » quand on lui proposa « Bronson ». Il aurait donc pu légitimement refuser. Mais voilà, l’histoire de Bronson était suffisamment riche et originale pour en tirer un long métrage. Encore fallait-il trouver un acteur capable de relever le défi, ce qui n’était pas évident. Et cet acteur, Refn l’aura trouvé en la personne de Tom Hardy (« Layer Cake »).
Pourtant, leur première rencontre ne s’était pas bien passée, bien au contraire. Du coup, le metteur en scène avait envisagé Jason Statham ou Guy Pearce. Mais en fin de compte, Hardy obtiendra le rôle, et c’est tant mieux. Afin d’incarner Bronson, l’acteur s’est offert une transformation digne d’un Robert De Niro dans « Raging Bull ». Une métamorphose autant mentale que physique, puisque Hardy est parvenu à ressembler à Bronson de façon incroyable, dans son look (crâne rasé et grosse moustache, une allure d’hercule de foire que fut d’ailleurs le prisonnier), sa carrure (Hardy a dû prendre pas loin de vingt kilos de masse musculaire en six semaines), et sa façon de marcher ainsi que de s’exprimer. A la différence de Refn (qui dût se contenter d’un entretien téléphonique d’une vingtaine de minutes avec le prisonnier), Hardy avait été en mesure de rendre visite à Bronson à la prison de Wakefield, avant le tournage. Nul doute que cette rencontre aura exercé une forte influence sur l’acteur.
« Bronson » se résume presque à un « One Man Show ». Presque, mais pas totalement. Ce serait commettre une injustice envers les seconds rôles, tous à leur place, qu’il s’agisse d’Amanda Burton (la mère de Charlie), ou de James Lance (le professeur d’arts plastiques). Mais la palme revient sans contexte à Matt King, magistral dans un rôle d’ex-codétenu homosexuel raffiné et décadent, sorte de dandy pervers et pourtant attachant, et qui prendra Bronson sous son aile le peu de temps qu’il passera en liberté, organisant pour lui des combats de boxe clandestins.
L’un des autres tours de force de Refn est d’avoir su s’entourer d’une équipe efficace (et à moindres frais), notamment dans le choix des décors (incroyables scènes dans un asile psychiatrique, tournés dans l’abbaye de Welbeck, à Nottingham), et qui a parfaitement restitué à l’écran trois décennies marquantes au niveau de l’atmosphère du cadre, depuis les « Swinging Sixties », jusqu’aux années 80 « New Wave ». A ce propos, le choix des morceaux musicaux retenus pour « Bronson » est également une grande réussite. Si la dominante est classique (Wagner, Strauss, Bruckner, Puccini, mais aussi le Nabucco de Verdi et le Lakmé de Leo Delibes admirablement intégrés dans le film), les nostalgiques de la scène pop anglaise des années 80 auront le plaisir de reconnaître quelques groupes majeurs de cette époque, comme New Order et les Pet Shop Boys. Certains passages, comme lorsque Bronson se rend chez son oncle Jack, sorte de proxénète maniéré, rappellent même les clips de Frankie Goes To Hollywood. Cette ambiance gay traitée avec légèreté lors des quelques moments de liberté de Peterson contraste évidemment avec la dureté de l’univers carcéral.
« Bronson » n’est pas à proprement parler un biopic. En effet, la vie de Michael Peterson n’y est pas retranscrite de manière fidèle, ni réaliste. En fait, le réalisateur y a apporté une grosse part de lui-même, le film servant en quelque sorte de catharsis, un moyen d’expulser ses propres angoisses. Ainsi, la scène où Bronson prend son professeur de dessin en otage, lui peint le visage après l’avoir attaché, et redessine ses traits à la façon d’un tableau de Magritte, n’a jamais existé en tant que telle. Dans la réalité, ce fait divers fut plus « ordinaire ». Mais l’idée que Refn a développé ici, de retranscrire cette scène, était sa façon de montrer au spectateur le réalisateur achevant son film, de la même manière que Bronson mettait une touche finale à son œuvre. D’une certaine façon, dans cette scène confinant à l’onirisme et au surréalisme (le héros est nu et recouvert de cirage noir), Michael Peterson finit par devenir lui-même une œuvre d’art.
Comme Charlie Bronson, Nicolas Winding Refn avoue avoir été obsédé à l’idée de devenir célèbre, si bien que cela lui a permis de mieux cerner le personnage central de son film, tout en évitant de le glorifier, ou de le condamner. Refn se garde bien de prendre parti, et le fait qu’il ne se soit pas attardé sur le passé de Michael Peterson (l’enfance, l’adolescence…) peut être considéré comme un refus de sa part de le juger, dans un sens ou dans l’autre. Le plus important est que le film soulève de vraies questions. A travers cette allégorie d’un « artiste » cherchant son moyen d’expression, l’exemple de Bronson démontre qu’on ne peut pas changer la nature d’une personne, et que de la mettre en prison ne sert à rien (postulat qui rapproche le film de « Orange mécanique »). En cela, on peut effectivement trouver pas mal de points communs, à travers ce film, avec Stanley Kubrick. Mais Refn, s’il reconnaît quelques apartés avec le réalisateur mythique, avoue avoir été essentiellement influencé par les travaux de Kenneth Anger.
Faut-il aider les gens, ou juste les enfermer ? C’est une autre question que pose le réalisateur en filigrane, de même que le fait de rechercher à tout prix la célébrité, sans en connaître les conséquences. Visuellement, « Bronson » est également une réussite, et Tom Hardy identifie son personnage pour ce qu’il est vraiment : un gladiateur dans l’arène, ou encore un grand fauve dans son milieu naturel. On imagine que le vrai Bronson apprécierait le film, si on l’autorisait à le voir. Après avoir visionné cette œuvre, on aurait presque envie de ne pas plaindre cet homme, bien qu’il ait passé la plus grande partie de sa vie en prison, parce qu’il a, par ce biais, trouvé sa voie, sa raison d’exister.
Note : 8/10
Fiche DVD :
Bronson – Wild Side Vidéo
Région : Zone 2 PAL
Editeur : Wild Side Vidéo
Pays : France
Sortie film : 13 mars 2009
Sortie dvd : 2 décembre 2009
Durée : 89 minutes
Image : 1.85, 16/9e compatible 4/3
Audio : Français DTS 5.1 & Dolby Digital 2.0, Anglais Dolby Digital 5.1
Langues : Anglais, Français
Sous-titres : Français (imposés sur la VO)
Bonus :
- Confessions du réalisateur : entretien avec Nicolas Winding Refn (27 minutes, VOSTF)
- Entretien avec Tom Hardy (21 minutes, VOSTF)
- Monologues du vrai Charlie Bronson (17 minutes, VOSTF)
- Commentaire audio du réalisateur, réalisé par le critique et journaliste de cinéma Alan Jones (VOSTF)
- Bandes-annonces de l’éditeur (Valhalla Rising/Le guerrier silencieux, Tyson, Paintball, Thirst)
Commentaire : Rien à dire sur le film en lui-même, proposé dans un choix de deux langues et dans des conditions optimales, tant au niveau de l’image que du son. Les contrastes de couleurs donnent le ton : dominantes de rouge et de noir lorsque Bronson est en isolement (couleurs que l’on retrouve sur le corps nu du personnage : sang, cirage…), dominante blanche lors de l’internement, avec une utilisation habile des focales. Concernant les bonus, ils sont nombreux et de qualité inégale. On pourra être déçu par l’interview de Tom Hardy, pour la circonstance bien fade, très loin de sa performance d’acteur dans « Bronson ». On se rattrape avec l’interview de Nicolas Winding Refn, qui apparaît sous un jour sympathique, même s’il a tendance à parler beaucoup de lui.
Les enregistrements du vrai Charlie Bronson, sur fond d’images du film et du tournage, constituent la pièce maîtresse des bonus. Son témoignage est poignant, et prouve qu’on aurait tort de réduire le personnage à une simple brute. Evoquant son passé, il dit ne pas avoir honte, ni être fier de ses actes. Il a renoncé à la violence depuis dix ans, et déclare ne plus être un danger pour la société. S’il a pris dans le passé des gens en otage, il est lui-même otage de son passé.
Les mots de Bronson sont aussi percutants que le furent ses coups de poing, et les anecdotes qu’il dévoile à propos de son expérience de la vie en asile psychiatrique font froid dans le dos.
Signalons enfin un commentaire audio particulièrement réussi, et qui justifie une deuxième vision du film, grâce à la pertinence et le dynamisme d’Alan Jones. Pas le moindre temps mort pendant 1 heure 30, c’est suffisamment rare pour être souligné, et une conversation passionnante avec le réalisateur de bout en bout.
Note : 9,5/10
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Sam Déc 26, 2009 8:48 am Sujet du message: |
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Superbe critique, bien documentée et tout et tout...
Perso, j'ai adoré le traitement que fait de Bronson, Nicolas Winding Refn. Pas un film de prison, pas un biopic, non, une sorte de poême, parfois réaliste, parfois onirique, avec un acteur qui fait une prestation immense.
ça laisse sur le cul, ça prend à revers, bref, c'est très original et très fort ! _________________
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Sam Déc 26, 2009 8:55 am Sujet du message: |
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Moi qui ne connaissait pas Tom Hardy, j'avoue qu'il m'a impressionné. Ce rôle va certainement accroitre sa popularité. D'un autre côté, il aura bien du mal à retrouver un rôle aussi fort pour la suite de sa carrière.
Quant à Nicolas Winding Refn, que je ne connaissais pas non plus, cela me donne envie de me pencher sur sa filmographie, notamment sur "Valhalla Rising". |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Sam Déc 26, 2009 10:38 am Sujet du message: |
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La trilogie "Pusher" m'a toujours semblé être à voir absolument. Enfin pour les amateurs de polars notamment. _________________
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The Hard 99 % irradié


Inscrit le: 17 Fév 2005 Messages: 1132
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Posté le: Sam Déc 26, 2009 11:09 am Sujet du message: |
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mallox a écrit: |
La trilogie "Pusher" m'a toujours semblé être à voir absolument. Enfin pour les amateurs de polars notamment. |
Bien d'accord avec toi. Mais le côté "à voir" n'agit pas comme on pourrait l'entendre le plus souvent, suite à des séquences étonnamment violentes, ou d'autres éléments du même accabit... non, ici, ce qui est intéressant, c'est le traitement qu'a adopté Nicolas Winding Refn vis à vis de ses personnages. Il a lui même dit je ne sais plus ou qu'il trouvait, plus jeune, que le milieu du crime était passionnant. Mais que c'est en tournant le premier "Pusher" qu'il s'était rendu compte qu'il ne l'était pas tant que ça. Et par suite logique donc, il s'est très largement orienté sur la psychologie des personnages, faisant de la trilogie Pusher des films traitant de personnages évoluant dans un milieu précis et particulier (ça ressemble de près ou de loin à du Shakespeare) -ici le crime-, et non une oeuvre sur le milieu en lui même. Arf, oui, j'ai beaucoup aimé Pusher! |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Sam Déc 26, 2009 11:47 am Sujet du message: |
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Oui mais les séquences violentes de certains des "Pusher" ne choqueront par exemple pas les amateurs de certains polars de Scorcese.
Et comme tu le dis, on a à chaque fois, une introspection d'un personnage et du milieu avec. des personnages qui ne sont jamais à la même échelle dans le milieu (et à la même échelle sociale tout simplement), selon les opus de la trilogie. Ce qui fait 3 points de vues complémentaires. 3 films qui peuvent se voir les uns à la suite des autres ou non. D'ailleurs, on assiste chaque fois à la descente au enfers d'un protagoniste, mais selon, on aura un final pessimiste ou un autre optimiste. C'est là aussi ou Winding Refn sort du lot à mon avis, car, on y sent aucun passage obligé du genre (noirceur à tout crin/rédemption impossible par exemple).
Ce qui est du reste à nouveau le cas dans cet excellent "Bronson". _________________
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The Hard 99 % irradié


Inscrit le: 17 Fév 2005 Messages: 1132
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Posté le: Mer Fév 17, 2010 6:26 pm Sujet du message: |
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Excellent film que ce "Bronson". Je rejoins Mallox pour ce qui est de l'idée du "poème".
Et le traitement du biopic apporte un peu d'air frais au cinéma. Winding Refn ne juge pas, ne compatit pas (dans le sens ou il ne s'étale pas là ou (presque) tous le monde s'étale: séparation, déception...), et ainsi, il se permet une investigation de Bronson que l'interprétation de Tom Hardy (inoubliable) ne fait que confirmer. J'ai l'impression qu'il a essayé d'atteindre au plus près la vision qu'aurait pu avoir Bronson de sa vie, et surtout, avec toute la sensibilité et la justesse d'approche que seul les vrais artistes possèdent. Pour Winding Refn, c'est donc un apprentissage quoiqu'il en soit, et avant-tout une "expérience", qu'on l'a trouve réussie ou non. Et cela, je crois que seul Bronson pourrait nous le dire. Seul ce dernier serait en mesure de juger si le film est bon ou non.
Après, il est tout aussi vrai, comme le dit Flint, qu'on peut le rapprocher d'"Orange Mécanique". Notamment par ce traitement de la violence quasi-jouissif et empruntant à la musique classique. Mais dans ce cas là, je le considère plus comme un complément, comme si les deux pourraient alors former un diptyque (et encore, là, j'éxagère).
Vivement "Valhalla Rising"!
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Screamy 20 % irradié


Inscrit le: 15 Fév 2010 Messages: 114 Localisation: chez les Poh Poh Poh !
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Posté le: Lun Mar 01, 2010 3:19 pm Sujet du message: |
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Je tempère les avis dithyrambiques de mes camarades. Rassurez-vous, j'ai vraiment beaucoup aimé le film, Winding Refn y manie à merveille le grotesque et le sublime et marie le théâtral et le réalisme avec beaucoup de brio. Je n'ai jamais été interloquée ou gênée par les changements de ton. Et c'est vrai que ça se démarque carrément des trois Pusher qui sont plus frontaux, moins dans la recherche esthétique mais sublimes aussi formellement. Et ce Tom Hardy (pas très "bitu", mmmmm... mais c'est pas grave !), pour moi, il a été une révélation.
Par contre, Bronson pèchent sur les points suivants : la musique, justement ! Son emploi et aussi, les morceaux utilisés (allez, hop, un petit Verdi !) ne sont pas du tout originaux. Une bagarre, pan ! un adaggio ! Une baston ! Zou, un opéra ! Cela a déjà été souligné par flint dans son excellente critique, Kubrick a fait de même avec Orange Mécanique. Du coup, on a l'impression d'avoir affaire à un hommage un peu mal digéré. On a bien compris que pour Bronson, la violence est considérée comme l'une des formes des Beaux-Arts, mais Winding Refn aurait dû trouver une autre façon de souligner cet état d'esprit.
L'autre bémol vient de Bronson lui-même. Le perso m'a paru surtout être une espèce de cromagnon complexé et tellement limité que du coup, le film va un peu nulle part. Vous pouvez bien sûr ne pas être d'accord avec moi, mais ça m'a légèrement gênée à la fin du film. |
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Lun Mar 01, 2010 5:55 pm Sujet du message: |
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Screamy a écrit: |
L'autre bémol vient de Bronson lui-même. Le perso m'a paru surtout être une espèce de cromagnon complexé et tellement limité que du coup, le film va un peu nulle part. Vous pouvez bien sûr ne pas être d'accord avec moi, mais ça m'a légèrement gênée à la fin du film. |
Ben, j'ai l'impression que Refn, ou plutôt Hardy (vu que lui a eu la possibilité de le rencontrer) a cherché à reproduire le personnage tel qu'il est dans la réalité, à savoir un rustre, un gros lourdaud, conscient de ses limites intellectuelles, mais quelque part attachant dans sa volonté de devenir un artiste.
Screamy a écrit: |
Et ce Tom Hardy (pas très "bitu", mmmmm... mais c'est pas grave !), pour moi, il a été une révélation.
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Tu devrais visionner un vieux standard de John Holmes...  |
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mar Mar 02, 2010 10:32 am Sujet du message: |
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Screamy a écrit: |
Et ce Tom Hardy (pas très "bitu", mmmmm... mais c'est pas grave !), pour moi, il a été une révélation.
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La sensibilité féminine, c'est aussi des critères esthétiques différents pour apprécier une œuvre. :ele: |
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Screamy 20 % irradié


Inscrit le: 15 Fév 2010 Messages: 114 Localisation: chez les Poh Poh Poh !
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Posté le: Mar Mar 02, 2010 9:29 pm Sujet du message: |
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The Hard, je voulais répondre sur le post très pertinent que tu avais pondu sur les différentes significations de la musique et en quoi Orange Mécanique se distinguait de Bronson, mais y a plus !
Bah merde, alors ! T'étais le seul à ne pas avoir relevé la référence au tuyau de Tom. (Pour les autres, ne me dites pas que vous ne faites jamais de remarques sur les protubérances mammaires des actrices ?)
Alors, oui, en effet, Kubrick, mais surtout Anthony Burgess dans le livre original fait de l'anti-héros un fan de Beethoven, j'y avais même vu une espèce de pied de nez amusant à tous ceux qui condamnaient le rock, corrupteur de jeunesse. Et du coup, pour Orange Mécnaique, l'ironie de la musique classique était sacrément bien amenée. |
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Mar Mar 02, 2010 9:43 pm Sujet du message: |
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Screamy a écrit: |
(Pour les autres, ne me dites pas que vous ne faites jamais de remarques sur les protubérances mammaires des actrices ?)
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Pas du tout !
(Tiens, je me rematerais bien un Russ Meyer, à ce propos).  |
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The Hard 99 % irradié


Inscrit le: 17 Fév 2005 Messages: 1132
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Posté le: Mer Mar 03, 2010 11:05 am Sujet du message: |
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Screamy a écrit: | The Hard, je voulais répondre sur le post très pertinent que tu avais pondu sur les différentes significations de la musique et en quoi Orange Mécanique se distinguait de Bronson, mais y a plus !
Bah merde, alors ! T'étais le seul à ne pas avoir relevé la référence au tuyau de Tom. (Pour les autres, ne me dites pas que vous ne faites jamais de remarques sur les protubérances mammaires des actrices ?)
Alors, oui, en effet, Kubrick, mais surtout Anthony Burgess dans le livre original fait de l'anti-héros un fan de Beethoven, j'y avais même vu une espèce de pied de nez amusant à tous ceux qui condamnaient le rock, corrupteur de jeunesse. Et du coup, pour Orange Mécnaique, l'ironie de la musique classique était sacrément bien amenée. |
C'était ça:
Enfin, tu sais, je ne trouve pas ça forcément facile comme "emploi", la musique classique. Dans "Bronson", tout comme dans "Orange Mécanique", on peut déceller un véritable travaille réalisé en en arrière plan, une véritable attention portée vis à vis de l'utilisation des morceaux classiques. Mais, la bande originale du film de Refn n'oscille pas du tout vers celle du second puisqu'elle correspond à la fin du 19 ème siècle et au début du 20 ème siècle, la grande époque du romantisme (ce qui donne d'ailleurs et alors un parallèle, une ironie, assez sympa avec le personnage de Tom Hardy). Et donc, à l'inverse du second, qui n'utilisait QUE Beethoven, soit une musique de la fin du 18 ème siècle et du début du 19 ème siècle, mais aussi une musique à l'influence majeur sur le siècle romantique. Aussi, l'utilisation de Beethoven était aussi là pour souligner la passion qu'avait le personnage d' "Orange Mécanique" - Alex - pour le compositeur. Tandis que pour Refn, l'utilisation de la musique classique me faisait plus penser à une illustration, et c'est tout, de la vie de Charlie Bronson, que ce dernier considérait comme épique, et donc emplie de bravoure et à laquelle la musique classique colle à merveille.
À mon sens, il y a donc une différence flagrante de couleur et de ton entre la B.O d'un "Orange Mécanique" et d'un "Bronson". Après, je comprends très bien que l'effet ressenti puisse être le même. Il y a effectivement cette manière assez similaire de faire concorder la perfection classique avec les images, de faire du rythme de la musique le rythme de la séquence et de magnifier les combats, les excès de violence. Comme si les deux avaient été conçus ensemble, par le même artiste. Mais n'est-ce pas le piège et à la fois le plaisir de bon nombre de réalisateurs?
Enfin, il me semble donc que le résultat n'est pas le même. Notamment par la présence de cette variété de compositeurs et de quelques morceaux bien pop dans "Bronson", variété que l'on ne retrouve pas dans "Orange Mécanique" et qui s'oppose ainsi à l'unité musicale de ce dernier.
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Screamy 20 % irradié


Inscrit le: 15 Fév 2010 Messages: 114 Localisation: chez les Poh Poh Poh !
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Posté le: Dim Mar 07, 2010 12:49 pm Sujet du message: |
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Voilà, merci, The Hard.
J'ai presque envie d'aller en ton sens car le côté épique que Bronson donne à sa propre vie doit, en effet, être le principal moteur de l'utilisation de la musique classique.
Mais c'est peut-être ce goût pour l'épique qui influence la passion d'Alex pour Beethoven, non ? Même si (je répète ce que j'ai écrit précédemment) je soupçonne Burgess d'avoir voulu faire un pied de nez aux bien-pensants persuadés que la violence de la jeunesse de l'époque (le bouquin a été écrit en 1962 si je me souviens bien) venait du rock'n'roll musique subversive par excellence. Là, nous avons un jeune délinquant violeur et assassin qui prend son pied avec le sacro saint Beethoven. Dans ce cas, l'utilisation de la musique classique (à côté de laquelle Kubrick ne pouvait se permettre de passer dans son adaptation) prend une saveur encore plus épicée. Epice qui, du coup, semble faire un peu défaut dans Bronson. De plus, les morceaux que l'on entend ont déjà été utilisés dans de nombreux films (je pense à la scène dans True Romance entre Dennis Hopper et Christopher Walken, entre autres) ce qui amoindrit le plaisir que les images et la musique auraient pu me procurer.
Mais mes connaissances en musique classique étant proches du néant, il y a peut-être une pertinence dans les choix (vie du compositeur, titre du morceau, ce qui se passe dans dans l'histoire contée par ce morceau) qui m'est complètement passée à côté. |
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princesse.rosebonbon Stade de décomposition


Inscrit le: 22 Aoû 2005 Messages: 2027 Localisation: variable
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Posté le: Ven Avr 02, 2010 10:26 am Sujet du message: |
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moi je partage un peu l'avis de la screamy : c'est un bon film, mais l'ombre de Kubrick plane de façon un peu trop visible. ceci dit, comme choix d'ombre, on a vu pire.
j'entends bien les arguments du Hard quant à la différence de périodes musicales, il n'empêche que c'est certainement Kubrick qui a popularisé l'emploi de grandes oeuvres classiques au détriment de compositions originales, alors sur un thématique très proche d'Orange Mécanique, ça fait beaucoup.
j'ajouterai que je n'ai pas trouvé d'intérêt particulier aux scènes dans le théâtre, mais l'auteur a droit à ses partis pris... |
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