[M] [Critique] Le Voyageur

 
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flint
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MessagePosté le: Lun Juin 26, 2017 3:05 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Le Voyageur Répondre en citant



Le Voyageur

Titre original : El caminante

Genre : Fantastique, Erotique, Satanisme

Année : 1979

Pays d'origine : Espagne

Réalisateur : Jacinto Molina (Paul Naschy)

Casting : Paul Naschy, Sara Lezana, David Rocha, Ana Harpo, Blanca Estrada, Silvia Aguilar...

Aka : The Traveller



Au cours de sa longue et belle carrière, Paul Naschy aura incarné moult rôles issus du bestiaire fantastique. Il fut évidemment Waldemar Daninsky une bonne douzaine de fois, loup-garou cherchant à briser la malédiction dont il était l'objet. Dans l'un de ces films, d'ailleurs (Dr Jekyll vs The Werewolf), il interpréta même le personnage de Mr Hyde en plus du fameux lycanthrope. L'acteur et réalisateur endossa également le rôle de Dracula (Le grand amour du comte Dracula) et celui de la momie Amenhotep dans The Vengeance of the Mummy. Il n'hésita pas non plus à jouer régulièrement (avec un malin plaisir) des personnages hautement antipathiques, du seigneur féodal tyrannique (Le maréchal de l'enfer) au sorcier démoniaque (son personnage d'Alaric de Marnac dans Horror Rises from the Tomb et Panic Beats) en passant par le chasseur de sorcières (Inquisition). Et puis, Jacinto Molina a même été l'incarnation du Diable en personne, assez furtivement dans Vengeance of the Zombies et Inquisition, mais à temps complet dans El caminante, qu'il a lui même réalisé.



Au début du film, qui se déroule au Moyen-Age, nous le voyons déambuler dans la campagne ibérique, apparaissant comme un vagabond miséreux. Apercevant un homme bien vêtu ayant établi un campement pour manger, Leonardo (tel est le nom de notre voyageur) s'incruste et vient en quête de nourriture. S'ensuit une discussion prenant une mauvaise tournure, Leonardo poignardant son hôte pour le détrousser. Il reprend ensuite sa route sans état d'âme, et croise sur son chemin un jeune garçon nommé Tomas qu'il prend sous son aile protectrice. Le disciple va être initié au mal par son maître, qui lui fera découvrir les « vertus » des sept pêchés capitaux. Car Leonardo n'est autre que le Diable ayant pris forme humaine. Sa devise est que chacun doit vendre son âme au Diable pour atteindre la renommée. En cela, il fera tout pour convaincre Tomas que faire le mal est nécessaire pour arriver au but que l'on s'est fixé.



On peut quasiment décrire l'intrigue de El caminante comme un road movie dans lequel Leonardo use et abuse de son cynisme, laissant un sillage de destruction (physique ou mentale) derrière lui. Un voyage qui sera pour Tomas un parcours initiatique, où il sera à même de juger qui du bien ou du mal servira au mieux ses intérêts.

Les deux moteurs de Satan sont sans surprise le sexe et l'argent, les marches accédant au pouvoir. Tous deux constituent l'ascenseur social indispensable pour gravir au sommet, ce que constatera bien vite le jeune Tomas. Et lorsque ce dernier sera en proie au doute, qu'il voudra croire en un avenir meilleur, un monde sans guerre et sans injustice, Leonardo ne manquera pas de lui garantir que l'homme ne cessera jamais de commettre encore et toujours les mêmes erreurs et les mêmes pêchés. Et pour le convaincre efficacement, le Diable implantera durant le sommeil du jeune homme des visions cauchemardesques du futur, issues de la Seconde Guerre mondiale. Ces visions de l'holocauste et de l'arme atomique marqueront Tomas à tout jamais.



On notera d'ailleurs que tout au long du film, notre Diable utilise ses pouvoirs à dose homéopathique. Comme il l'expliquera d'ailleurs lors de la scène finale ressemblant d'ailleurs comme une goutte d'eau à celle du générique d'ouverture (mais avec un dénouement différent), Satan est venu sur Terre car il s'ennuyait en Enfer. En prenant une enveloppe humaine, il en a accepté les contraintes et les conséquences, à savoir d'être vulnérable comme tout mortel qui se respecte. Leonardo a commis les pêchés capitaux, pour réaliser que les hommes étaient finalement plus corrompus que lui. Aussi, dans sa quête, en dehors de la vision du futur transmise à Tomas, il ne commettra qu'un seul miracle : celui de sauver un enfant incurable, en échange de quoi sa mère, une noble désargentée, se sera donnée à lui. Seulement après, une fois notre mystérieux voyageur parti, la mère s'apercevra horrifiée que son enfant a rendu l'âme le lendemain. Car le Diable a toujours le dernier mot…



On dit souvent que l'on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, un adage que Jacinto Molina applique à la lettre dans ce film où il s'envoie tout le casting féminin ou presque. A commencer par une paysanne qu'il séduit même si une vilaine blessure à une jambe l'a rendue boiteuse. Profitant que le mari soit parti aux champs, il possède sans mal cette femme qu'il a immédiatement senti sexuellement frustrée. Elle prendra enfin son pied après des années de disette, mais tout a un prix puisqu'elle y perdra les économies de toute une vie de labeur. Leonardo lui dérobera sa bourse après avoir vidé les siennes, et laissera sa marque sur le postérieur de la donzelle : une croix inversée gravée dans le sang.



Vient ensuite l'infortunée dame à l'enfant malade, dont notre voyageur saura tirer profit du malheur l'accablant. Qui plus est, il laissera sa semence en elle, de manière à ce que la perte de sa fille soit compensée par la naissance d'un fils… le fils de Satan ! Plus tard, Leonardo tue un homme adultérin et s'en va prendre sa place pour y rejoindre la maîtresse épanouie, l'attendant dans l'obscurité d'un grenier, offerte au plaisir de la chair. Après cette escapade, le duo est accueilli dans un couvent où la mère supérieure, Elvira, confie à Leonardo (devenu pèlerin pour l'occasion) qu'un démon se cache dans le couvent, cherchant à tenter plusieurs nonnes dont elle. Pas de problème, notre pèlerin dévoyé va rendre visite à Elvira durant la nuit et pratiquer un exorcisme à sa manière en la pénétrant avec son goupillon magique, tout en prononçant des « Vade retro satana »… Retire-toi Satan, hurle-t-il alors qu'il est bel et bien rentré dans la grotte humide de la religieuse et semble s'y trouver fort à son aise.



Cet exemple montre à quel point Naschy défie les règles de la morale dans cette œuvre qui lui est propre mais dans laquelle l'ombre de Pasolini n'est jamais très loin. L'humour est féroce, cynique, pas toujours subtil certes (Leonardo vole une pastèque à un homme en train de déféquer, puis urine dans le verre d'un aveugle), mais reflétant en tous points les travers de l'homme, et pire encore : sa mauvaise nature. Oui, l'être humain est naturellement mauvais, et la société ne le corrompt pas : elle ne fait que dévoiler son visage véritable, n'en déplaise à Jean-Jacques Rousseau.

El caminante est une œuvre brillante, un écrin dans la filmographie de Paul Naschy, dans laquelle l'auteur livre une métaphore sur le Mal, et démontre que le Diable n'est en réalité qu'un alibi pour justifier la part d'ombre de l'homme.



Projeté en novembre 1979 à Paris à l'occasion du Festival du Film Fantastique, El caminante ne bénéficia pas par la suite d'une exploitation dans les salles françaises. Pas de sortie francophone non plus par le biais de la vidéo ou du dvd, même si le film est proposé en streaming sous le titre Le Voyageur. Mais bon, une sortie sous un support physique serait quand même la bienvenue, le film le méritant amplement.



















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sigtuna
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MessagePosté le: Lun Juin 26, 2017 3:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8
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Throma
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MessagePosté le: Lun Juin 26, 2017 6:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Même si il souffre de quelques longueurs, le film est une vraie réussite et permet de montrer une autre facette de Naschy. Un Naschy lorgnant vers le cinéma d'auteur... Mais avec des femmes à poil.

Peut-être qu'Alex de la Iglesia a vu ce film car j'ai beaucoup pensé au "Jour de la Bête" en le voyant.
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