[M] [Critique] À la limite du cauchemar - 1982

 
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mallox
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MessagePosté le: Dim Déc 03, 2017 7:02 am    Sujet du message: [M] [Critique] À la limite du cauchemar - 1982 Répondre en citant



À la limite du cauchemar - 1982
(Night Warning)

Origine : États-Unis
Genre : Horreur / Psycho Killeuse / Thriller

Réalisé par William Asher

Avec Jimmy McNichol, Susan Tyrrell, Bo Svenson, Marcia Lewis, Julia Duffy, Bill Paxton, Britt Leach, Caskey Swaim...

Autre titre : Butcher, Baker, Nightmare Maker / Nightmare Maker


Depuis la mort de ses parents lors d'un accident de voiture, quatorze ans auparavant, Billy Lynch (Jimmy McNichol) est élevé par sa tante Cheryl (Susan Tyrrell). Un jour qu'il rentre du collège, il la surprend en train de poignarder un homme venu réparer la télévision et qui, selon elle, s'apprêtait à la violer. Un cas de légitime défense dont Billy se porte garant, appuyant même les faits de par son témoignage concordant tout en tenant tête au shérif Joe Carlson (Bo Svenson), plutôt sceptique sur cette versions des faits et pour cause, c'est Billy qui a été retrouvé le couteau à la main...




Originellement titré Butcher, Baker, Nightmare Maker, Night Warning, sorti en France en vidéo sous le titre À la limite du Cauchemar, est un film horrifique ayant acquis une bonne réputation le temps passant mais qui reste néanmoins méconnu, discret, encore à ce jour. Un fait que l'on peut imputer, en tout cas en partie, à un scénario moins balisé qu'à l'usuel dans un genre horrifique au sein duquel il s'inscrit pourtant sans discussion. On est loin ici du slasher lambda. L'horreur surgit de l'intérieur tandis que les psychés et les thématiques en font un objet borderline. Sa distribution en mode Home-cinéma ne l'a guère mis en avant également et ce n'est qu'en 2014 que l'éditeur Code Red a eu la bonne idée de l'éditer en dvd, ce avant un blu-ray en 2017, dans une copie restaurée en 2K à partir du négatif et agrémentée de bonus intéressants comme les interviews du producteur-scénariste Stephen Breimer, du maquilleur Alan Apone et des acteurs Susan Tyrrell, Jimmy McNichol et Steve Eastin.

À la mise en scène on retrouve William Asher, réalisateur de quelques Beach Party ("Bikini Beach", "Beach Blanket Bingo", "How to Stuff a Wild Bikini"...) et vieux briscard de la télévision, dont l'un des faits d'armes les plus connus est d'avoir produit "Ma sorcière bien aimée", dont il a réalisé lui-même 131 épisodes sur les 147 que comptait la série, mettant en avant son épouse d'alors, Elizabeth Montgomery, avec laquelle il fut marié dix ans et eut trois enfants.




Night Warning fait partie de ces œuvres à la fois vénéneuses et minées de l'intérieur. Il commence de façon sournoise, comme un fait divers purement dramatique mais dénué de sordide. Des parents partent en vacances, laissent en garde leur enfant en bas âge à sa tante, puis sont victimes d'un accident mortel de la route. Quatorze années ont passé, tout indique que le jeune Billy, vivant chez sa tante Cheryl qui semble l'avoir élevé avec une bienveillance toute maternelle, s'est plutôt bien remis de ce drame. L'adolescent, âgé alors de 17 ans, joue au basket dans le club du Collège, ne se laisse pas intimider par les provocations d'élèves plus belliqueux (Bill Paxton, déjà très à l'aise), semble respectueux et très reconnaissant envers sa tante et se montre à la fois équilibré et mâture. C'est donc sournoisement que Night Warning débute, avec tous les signes d'une éducation saine. Jusqu'au jour où Cheryl poignarde le réparateur de télé, prétextant la légitime défense face à un viol. Une scène qui d'ailleurs surgit de manière inattendue, sans que l'on en capte de suite forcément la cause et les enjeux. Dès lors, malgré ce que prétend le titre français et sans qu'on le soupçonne forcément, la limite du cauchemar vient d'être franchie et la scène en question sert d'avertissement nocturne (le Night Warning du titre original).




Tout être susceptible de contrarier la possessivité de tante Cheryl, qui peu à peu va se révéler carrément psychotique, risque sa vie. Du reste, lorsqu'il s'apprête à fêter ses 18 ans, Billy projette de partir pour l'université et commence à fréquenter une fille du coin, Julie (Julia Duffy). Cheryl se montre de plus en plus protectrice, au point de devenir carrément menaçante. Les apparences du début de bobine étaient trompeuses et celles-ci sont finalement mises à jour de manière involontaire et balourdes par un shérif particulièrement beauf, buté, rempli de préjugés et, cerise sur le gâteau, parfaitement homophobe. Sa fixette sur la culpabilité de Billy l'oriente vers un crime passionnel et l'homosexualité de la victime poignardée étant connue par certains d'habitants, elle le conforte vers le drame de la jalousie entre "tantouzes" plutôt que sur une supposée tentative de viol sur la vieille tante. Pas faute que son adjoint, faisant preuve de bien plus de recul dans ses investigations, ne lui mette la puce à l'oreille à plusieurs reprises en lui révélant plusieurs indices dont un, crucial, du passé.
Mais le départ prévu de Billy pour l'Université, sa fréquentation amoureuse qui l'éloigne d'elle et les soupçons sur son neveu chéri qu'elle a élevé comme son propre fils, avec amour (...), sont des éléments qui vont contribuer à accélérer la folie meurtrière de Cheryl. De celles fouies jusqu'à présent dans les tréfonds d'une enfance purement maternée mais qui n'attendaient que l'adolescence pour se révéler...




Rares sont les films qui parviennent à plonger le spectateur dans une telle spirale de folie et de dégénérescence tout en abordant de manière assez explicite des thèmes qui peuvent paraître dérangeants. Le couple monstrueux que forment Cheryl et Billy évolue sous le joug de l'inceste féminin, voire même de la pédophilie féminine dans la mesure où l'enfant a été récupéré bébé avant d'être éduqué de façon vampirique. Le trouble de Billy, devenu adolescent et à demi-témoin d'un meurtre, tend vers le trouble en premier lieu puis vers la prise de conscience. Son émancipation fait donc exploser le vernis des apparences et contraint sa tante à tuer pour le garder près d'elle. Logique alors que la plongée dans l'horreur se fasse par paliers pour finir dans une succession de scènes hystériques et de bains de sang.

Susan Tyrrell ("Forbidden Zone", La chair et le sang, les deux premiers Angel, "Cry-Baby"...) fait dans Night Warning une composition absolument saisissante. Elle passe du registre de la douceur et de la normalité au statut de névrosée puis, enfin, à celui de folle meurtrière avec une rage et une puissance rarement vues au cinéma. On pourrait presque affirmer qu'elle porte le film sur ses épaules si la réplique, plus sobre, donnée par le jeune Jimmy McNichol (principalement acteur pour la télévision) ne complétait pas à merveille ce tableau malsain.

L'illustration à l'écran tend par moments vers le ton décalé (le repas avec les voisins, juste après le premier meurtre, a quelque chose d'horriblement drolatique) mais est par ailleurs délestée de toute fioriture, tout en laissant le malaise s'installer petit à petit. Le montage heurté de Ted Nicolaou et la partition schizo de Bruce Langhorne (souvent au générique des films de ou avec Peter Fonda, L'homme sans frontière étant sa première composition pour le cinéma) y participent aussi. Même une scène où le jeune homme, loin des arrières-pensées de sa tante, sort de la douche sans gêne particulière quant à sa nudité, distille un sentiment diffus mais obstinément malsain.




L'un des principaux et seuls reproches qu'on puisse faire à Night Warning, encore qu'il contribue à plonger le spectateur dans un cauchemar plus grand encore, celui d'une petite ville dégénérée, est de trop charger le personnage du flic campé par Bo Svenson, au point de le rendre grotesque (et, à sa manière, pas loin d'être aussi taré que tante Cheryl). En dépit de cela, À la limite du cauchemar qui, en 1982, a récolté de façon amplement méritée le Saturn Award du meilleur film à petit budget, est une sorte de grand petit film malade qui mériterait une reconnaissance bien plus grande à ce jour, notamment par les amateurs de thrillers horrifiques.

Et si le Psycho Killer le plus effrayant des eighties était une femme ?
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Dernière édition par mallox le Jeu Mai 31, 2018 2:41 pm; édité 2 fois
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MessagePosté le: Dim Déc 03, 2017 2:44 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour ton papier.
Film formidable et terrifiant, avec une Susan Tyrrell à deux faces.
Une performance schizo comme on en voit finalement peu.
Etrangement, ce film n'est pas sorti en salles en France (mais je peux me tromper). Un direct-to-video percutant, avec des doublages pas folichons, sort hélas de coutume pour les inédits, déclamés par les mêmes incapables.
Et ce titre un peu con, passe-partout. D'ailleurs, ça n'a pas raté : pas mal de monde le confond encore aujourd'hui avec le slasher de Paul Hunt "Au-delà du cauchemar".
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MessagePosté le: Dim Déc 03, 2017 3:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Vraiment de rien pour le papier.
Je ne savais rien de cette chose. Du coup je suis resté un peu coi dès la venue du réparateur de télévision et ce qui s'ensuit. Ce n'est qu'un peu après que j'ai commencé à me dire "mais qu'est-ce que c'est que ce film de folie ?! icon_eek
Bref, c'est vraiment très bon et je m'en serais un peu voulu de ne pas le mettre en avant alors que je parle assez souvent de bobines plus anecdotiques.
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MessagePosté le: Dim Déc 03, 2017 3:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour la petite anecdote, confirmée par Imdb, la scène d'ouverture et son accident spectaculaire a été troussée par un Jan de Bont débutant. Manquait plus qu'une charge explosive sous la tuture.

https://www.youtube.com/watch?v=e2ATH_s8b24
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MessagePosté le: Dim Mai 20, 2018 9:07 am    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, il a l'air vraiment bien ce film. Quelqu'un sait si la VHS française est intégrale ?
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Throma
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MessagePosté le: Dim Mai 20, 2018 2:33 pm    Sujet du message: Répondre en citant

A priori oui dans la mesure où toutes les scènes chocs sont bien présentes et la copie est propre ne souffre pas de "sautes". Après je ne l'ai jamais vu autrement que par le support vhs donc je peux me tromper.
L'un dans l'autre c'est tout de même préférable de le voir en VOSTFR (si cela existe) parce que doublage français moyen (Jacques Bernard et cie).
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MessagePosté le: Dim Mai 20, 2018 4:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

OK, merci Throma icon_wink
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MessagePosté le: Mar Juil 31, 2018 8:52 am    Sujet du message: Répondre en citant

Excellente découverte que ce film original et trés bien troussé.
En dehors de l'homophobie fanfaronne un peu caricaturale de Bo, c'est captivant d'un bout à l'autre. A l'inverse Susan Tyrell fait vraiment des merveilles.
Et comme toujours très bonne critique de mallox. Je n'aurais pas deviné que c'était l'oeuvre de Mr "ma sorcière bien aimée", merci pour l'info.
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