Le Grand Chantage - 1957

 
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mallox
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MessagePosté le: Mar Sep 24, 2019 8:58 am    Sujet du message: Le Grand Chantage - 1957 Répondre en citant



Le Grand Chantage - 1957
(Sweet Smell of Success)

Origine : États-Unis
Genre : Drame / Film noir / Pavé dans la mare

Réalisé par Alexander Mackendrick
Avec Tony Curtis, Burt Lancaster, Susan Harrison, Martin Milner...




Revu via la superbe édition sortie chez Wild Side...
En tout cas, à la revoyure je me faisais la réflexion que l'œuvre d'Alexander Mackendrick n'avait pas toujours été appréciée à sa juste valeur. Quel que soit le film on sent vraiment que ce cinéaste (de racines écossaises) était réfractaire au conformisme britannique avec, à l'arrivée, de bobines originales et féroces, souvent accompagnée d'une nostalgie profonde pour le monde de l'enfance.




Le Grand Chantage (Sweet Smell of Success) date de 1957 et propose comme on crache une peinture ironique, cruelle et amère de la presse américaine et des milieux intellectuels, sous couvert de film noir. Les caractères "visionnaires" se heurtent assez souvent et la carrière américaine de Mackendrick fut rapidement avortée lors de la collaboration suivante entre Lancaster et lui : deux têtes de mules dont une douche écossaise avec le départ du plateau du réalisateur durant le tournage d'Au fil de l'épée d'après Bernard Shaw, celui-ci étant en profond désaccord avec Lancaster. Un film qui sentait le soufre puisqu'il se situait dans la société coloniale américaine au début de la guerre d'indépendance. Et puis la tension entre Lancaster et lui couvait depuis le tournage de celui-ci pour n'exploser que deux ans plus tard. Passage difficile pour le cinéaste qui se tournera de nouveau vers l'enfance avec L'odyssée du petit Sammy avec la perte subite des parents lors d'un bombardement de Port Saïd, en Égypte, pendant la Crise de Suez, et puis ce film magnifique, Cyclone à la Jamaïque, subtile description de l'univers enfantin où des gamins, liés à une éducation empreinte de mystère et de sorcellerie, finissent par terroriser les pirates qui les ont enlevés... s'ensuit une complicité rêveuse propre à offrir les aventures extraordinaires d'une enfance particulière aux souvenirs communs de tout adulte qui a pu, lui aussi, en rêver de semblables. Cyclone à la Jamaïque finit par déboucher sur le fantastique dans la mesure où il efface insensiblement les frontières du bien et du mal, de l'innocence et de la culpabilité.




Pour revenir à ce Grand Chantage qu'on peut voir également comme le pourrissement de l'enfance, il fait partie d'une époque bénie où, à l'intérieur même d'Hollywood, certains tendaient le miroir grossissant du rêve américain, transformé en arrivisme et en cynisme. L'envers du décor se fait plus sombre que jamais, l'égoïsme féroce et sans scrupule le dispute à une hypocrisie foncière d'une société uniquement préoccupée par sa façade. Une société sur laquelle plane aussi le péril nucléaire et l'ombre menaçante de la guerre froide (ici le musicien faussement accusé de communisme pour le discréditer). Une atmosphère faite d'inquiétude latente, alliée à la soif frénétique de réussite (Tony Curtis). Bref, durant les années 50, l'optimisme pimpant a pris des allures grinçantes. Le Grand Chantage est finalement une sorte d'apogée de cette face obscure mise alors en avant. Le monde de la télévision est démystifié dès 1950 dans Quitte ou double de Richard Whorf, de même pour le monde du cinéma dans Les Ensorcelés de Minelli (1952) et dans Le Grand Couteau d'Aldrich ; concernant les coulisses du grand journalisme, Billy Wilder avait donné le ton dès 1951 avec Le Gouffre au chimères. Quant au monde des affaires en général, ses rouages bien huilés, prêts à broyer tout sentiment humain, ils sont remarquablement montrés dans La Tour des ambitieux de Robert Wise, en 1954.




Le Grand Chantage a pris son petit coup de vieux à ce jour (ou de patine, selon), comme finalement de nombreux films modernes et/ou visionnaires à leur époque. Peut-être aussi que rien n'a changé et qu'on ne peut même pas dire que la réalité a rejoint la fiction. Du coup c'est un regard d'il y a 60 ans sur un phénomène qui n'a cessé d'exister depuis. Beau film quoi qu'il en soit ou quoi qu'il en reste en 2019 !







P.S. : Je mets ça là, j'aurais pu le mettre dans la TV du soir ou dans l'entrepotes vu qu'il s'agit d'un "classique" (certes un peu oublié aujourd'hui) qui n'a que trop moyennement sa place ici. C'était pour donner envie et parce que, en écrivant, je suis parti un peu en vrille, sans prétention particulière ceci dit. (Et puis vu le nombre d'actifs que nous sommes actuellement ici, ça ne risque pas gêner grand monde ! )
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sigtuna
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MessagePosté le: Lun Sep 30, 2019 3:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8
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