[M] [Critique] Une Blonde, une brune et une moto

 
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The Omega Man
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MessagePosté le: Dim Déc 08, 2019 6:21 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Une Blonde, une brune et une moto Répondre en citant

Une Blonde, une brune et une moto (Fr.)
Blonde in Black Leather
Ici commence l'aventure (Bel.)
Qui comincia l'avventura
Cita al final del camino

Année : 1975
Origine : Italie
Genre : comédie





Réalisateur : Carlo Di Palma
Avec Claudia Cardinale et Monica Vitti

Scénario : Carlo Di Palma, Barbara Alberti, Amedeo Pagani
Musique : Riz Ortolani
Image : Dario Di Palma
Montage : Ruggero Mastroianni
Accroche : Monica & Claudia

Distribution :
Monica Vitti (Miele) ; Claudia Cardinale (Laura) ; Ninetto Davoli (le vagabond / l'ange / le diable) ; Guido Leontini (Le mari de Laura) ; Fernando Camerini (Michelone) ; Salvatore Baccaro ; Viviana Pezzani ; Gennaro Ombra ; Marcello Fiocchetti ; Luciano Fiocchetti ; Paolo Zilli

Dans une ville des Pouilles, Laura, une blanchisseuse insatisfaite (Claudia Cardinale), est fascinée par Miele, une mystérieuse femme vêtue d’une combinaison de cuir (Monica Vitti) et qui, arrivée à moto, lui raconte ses aventures. Laura décide de s'enfuir avec Miele. Cette dernière accepte à contrecœur de l’accompagner à condition qu'elles se séparent à Naples…

Dans le paysage cinématographique italien de l’époque, la blonde Monica Vitti (née en 1931) est un vrai monument. Elle débute sa carrière comme égérie du réalisateur Michelangelo Antonioni (tout en jouant le rôle de sa compagne à la ville, de 1957 à 1967). Ainsi tourne-t-elle « L'Avventura », « L'Éclipse », « La Nuit » et « Le Désert rouge ». En 1968, après sa séparation d'avec le cinéaste, elle change de registre avec une comédie, « La Fille au pistolet » (La ragazza con la pistola) qui connaît un énorme succès en Italie avec, en sus, un effet collatéral inattendu pour l’actrice. En effet, alors que ses consœurs Gina Lollobrigida, Carla Gravina, Sophia Loren et Virna Lisi apportent à la comédie italienne une contribution non négligeable bien qu’intermittente, Monica Vitti devient le « cinquième pilier » de la comédie italienne, se retrouvant sur un même pied d’égalité que les actrices susnommées et donne dès lors la réplique à Alberto Sordi, Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman et Nino Manfredi.
Claudia Cardinale (née en 1938 et d’origine italo-tunisienne) fait bien entendu partie du patrimoine cinématographique. Tout comme Sophia Loren et Gina Lollobrigida, elle a enflammé le cinéma européen, puis international, des années soixante et soixante-dix. Contrairement à Monica Vitti (si on excepte sa participation à « Modesty Blaise »), elle connaît assez vite une étonnante carrière internationale, avec des films comme « La Panthère rose », « Le Plus Grand Cirque du monde », « Il était une fois dans l’Ouest » « Les Professionnels », « Les Centurions », « Bons baisers d'Athènes », etc.
Le réalisateur Carlo Di Palma n’est pas un étranger pour Monica Vitti, il est même à l'origine du virage amorcé au sein de sa carrière. En effet, il est, dès 1967, le nouveau compagnon de l’actrice. Directeur de la photographie œuvrant pour les plus grands réalisateurs italiens de l’époque (Scola, Risi, Monicelli, Bertolucci, …) il ne réalisera que trois films, tous avec sa compagne (« Teresa la ladra », « Qui comincia l'avventura » et « Mimì Bluette fiore del mio giardino », avant de travailler également avec Woody Allen de 1987 à 1997.

L’association Monica Vitti / Claudia Cardinale est époustouflante ! Monica est parfaite et a fière allure dans sa combinaison de cuir. Elle prouve, s'il était encore nécessaire alors, qu'elle est une grande comédienne. Cardinale dégage quant à elle une sensualité exacerbée avec son uniforme de travail complètement humide et presque transparent ; elle est tout bonnement incroyable et fait preuve d'un réel talent comique !
Certes l'humour n'est pas toujours drôle et les situations se font parfois lourdes mais « Une Blonde, une brune et une moto » recèle des éclairs de créativité du réalisateur qui, l’espace de quelques scènes, fait preuve d’une inspiration inespérée. On retient notamment un hommage au cinéma muet le temps d’une poursuite sur le toit d’un train (qui passe en noir et blanc avec les encarts de dialogues), une scène plus graphique dans laquelle un heureux cireur de chaussures brosse la combinaison de Monica Vitti à même le corps. Quant à Claudia Cardinale, elle se retrouve dans une mercerie, le corps recouvert de fils formant une toile d’araignée…

L'histoire reste toutefois assez classique : une fabulatrice vient perturber la vie terne d'une blanchisseuse qui se met à rêver de liberté ; les deux femmes arpentent les routes italiennes et nous transportent dans un road-movie au sein duquel la plupart des personnages masculins que vont rencontrer les deux séductrices en puissance ne que sont des imbéciles, le plus souvent minables et pervers. Parmi ces derniers, on reconnaît deux acteurs aussi dissemblables que représentatifs et complémentaires : Salvatore Baccaro, avec son physique particulier, représente un cinéma d’exploitation transalpin où tout était permis (« Holocauste Nazi », « Le Château de l'horreur », « Emmanuelle en Amérique », …). L’éphèbe Ninetto Davoli, amant et acteur fétiche de Pier Paolo Pasolini («Oedipe Roi, » « Théorème », « Les Contes de Canterbury », « Le Décaméron », … n’hésite pas à cette même époque à se diversifier jusqu’à jouer dans tout et n’importe quoi (« Quatre zizis dans la marine », « La Lycéenne séduit ses professeurs », « Plus Moche que Frankenstein tu meurs ».

Pour revenir à « Une Blonde, une brune et une moto », il faut bien admettre que cette comédie boiteuse aurait pu rester dans les placards si elle n’avait pas la chance d’avoir au générique deux actrices d’exception. La combinaison de leur fraîcheur et de leur charme suffit à combler les lacunes d’une bobine qu’on pourrait presque considérer comme féministe, chose assez peu courante dans l’Italie des années soixante-dix. La tendance était en effet plutôt tournée vers les comédies érotiques comme la trilogie « La Poliziotta » (La Flic) » avec Edwige Fenech ou « La Liceale » (La Lycéenne) avec Gloria Guilda. Des productions où les personnages féminins étaient toujours à moitié dénudés mais néanmoins plus substantiels et plus gratifiants que les protagonistes masculins en général stupides et obsédés. En partant d’un postulat assez similaire, le film de Carlo Di Palma est cependant beaucoup plus désabusé et moins déshabillé, les deux femmes y parcourant une Italie peu reluisante mais populaire, le tout dans une version féminine du duo Terence Hill / Bud Spencer (auquel il est rendu hommage avec l'utilisation d'images de « On continue à l'appeler Trinita »). À ce sujet encore, on a même droit à une bagarre générale dans un casino où la belle Claudia s’en sort plutôt bien tandis que Monica préfère utiliser l’esquive. Bref, on a connu franchement bien pire que « Une Blonde, une brune et une moto », petit spectacle sans grande prétention mais dont on aurait tort de se priver !


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